Sfax le 09/11/2005

Prof Moncef BEN SALEM

Universitaire, ex détenu politique

Tel : 216 97 856 447

Excellence,

Cher Monsieur, chère madame,

Au troisième millénaire, le régime tunisien qui prétend l’Etat de Droit et de Constitution et qui a ratifié toutes les conventions onusiennes qui concernent les Droits de l’homme, ne cesse d’accentuer les souffrances d’un bon nombre de familles d’intellectuels opposants (en appliquant la règle de la punition globale ). Au su et au vu des grandes puissances qui malheureusement ont manifesté leur charité et générosité envers les dirigeants de Tunis, une nouvelle forme d’Apartheid est appliquée aux détenus et ex-détenus politiques ainsi qu’à leurs proches.

Ce cauchemar qui date depuis 1987 a créé au sein de la société une sorte de racisme politique pourrant aboutir à une explosion sociale et sécuritaire non maîtrisable, fruit naturel d’un terrorisme d’Etat alimenté bel et bien par une haine officielle de dirigeants politiques sans conscience ni pitié. En effet, les dirigeants de Tunis ont bien profité de la campagne internationale contre le terrorisme pour rendre inaudible par les moyens sécuritaires toute voix non conforme à la leur. Depuis plus d’une décennie et demie, des centaines d’intellectuels (Ingénieurs, médecins, universitaires, étudiants,….) sont incarcérés dans des conditions inadmissibles, plusieurs grèves de la faim ont été entamées et des décès ont eu lieu dans les prisons sans améliorer leur situation, leurs familles et sous les menaces incessantes de la police politique se trouvent incapables de se faire entendre (les proches des détenus sont toujours exposés aux harcèlements, au divorce forcé des femmes, à la perte de travail ou de scolarité des enfants, aux arrestations, à la torture sauvage,……). A la fin de la punition incarcérale, les ex – détenus politique se trouvent dans une autre forme de prison : contrôle policier de 2 à 8 fois par jour et sans rendez-vous préalable, manque de papiers officiels, aucune couverture sociale, visite nocturne et inopinée de la police à domicile, fouille de la maison, …Ces ex- détenus sont obligés de bien savoir répondre à la question permanente de la police : comment vous vivez ? Une réponse mal préparée peut causer l’arrestation d’un proche ou d’un bienfaiteur. Le contact avec des personnes non parentées est parfois risqué ce qui rend difficile aux célibataires (ex-détenus ou fils ou filles d’ex-détenus) de fonder librement un foyer comme un droit divin et humain.

Mon cas est un exemple de ce terrorisme d’Etat : depuis 1987 mon salaire est gelé et la vie de toute ma famille est infernale : sans travail, sans assurance maladie, sans couverture sociale, sans bourses d’études pour mes enfants, parfois sans téléphone (1999-2003), sans services nécessaires (postes, municipalité, assainissement,…) mais surtout des provocations policières permanentes.

Cette oppression constante s’est répercutée sur mes enfants et pourrait avoir des conséquences néfastes et déplorables sur leur vie (mes 4 enfants ont perdu 13 ans de leur scolarité).
J’implore l’indulgence de touts les consciences vives pour que soit mis fin à cette ASPHYXIE, pour que cessent les tracasseries policières et que droits soient rendus.

Moncef BEN SALEM
Tél : 216-97856 447

“Ingénieur diplômé des Ecoles de Paris, Docteur de Spécialité, Docteur d’Etat en Math, ex-directeur fondateur du Département de Math de l’université de Sfax, Réferry at. Math, Review Michigan USA , at Zentralblätt für Math Belin, associé à ICTP Trieste Italie,KEFAS Kuwait, AUPDELF et à l’Union des mathématiciens et Physiciens Arabes,….