Pendant que dans les pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, les exécutions ont augmenté de 50% en 2011 comparé à l’année 2010, en Tunisie, depuis 1991, la peine de mort est abolie dans la pratique. Le 21 décembre 2012, le berceau du Printemps arabe a franchi un pas historique. En effet, Mohamed Khaled Khiari, représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Organisation des Nations unies, a signé à l’ assemblée générale de l’ONU, un moratoire sur les exécutions de la peine de mort.
Grâce à un accord au sein de la Troïka, un pas géant dans le domaine des droits humains a été franchi. Selon Lotfi Azzouz, Directeur de la section Tunisie d’Amnesty International, il faudra maintenant procéder à la promulgation d’un décret présidentiel ou d’une loi pour rendre cette signature effective.
Depuis la journée historique de la chute du dictateur Ben Ali le 14 janvier 2011, la Tunisie poursuit sa transition vers un avenir encore incertain. Cependant, contrairement à d’autres révolutions où l’esprit de vengeance et la chasse aux sorcières ont été la norme, aucune peine capitale n’a été prononcée en Tunisie en 2011, et 22 détenus condamnés à mort ont été graciés et condamnés à perpétuité d’après le rapport d’Amnesty International.
Il est évident que ce pas historique est dû en grande partie à la société civile et aux ONGs militant pour l’abolition de la peine de mort. Du côté de la page facebook officielle du ministère des Droits de l’Homme de la Justice transitionnelle, aucune information n’a été observée à ce sujet bien que la nouvelle soit très importante et significative pour le processus démocratique du pays.
En effet, au mois d’août dernier, le ministre Samir Dilou a déclaré que la décision du maintien ou de l’abolition de la peine de mort relève des compétences de l’Assemblée Constituante et du pouvoir législatif en général.
Grâce à la pression de l’Union Européenne, engagée à soutenir la Tunisie dans sa démarche pour l’abolition de la peine de mort, l’ambassadrice et chef de la délégation européenne en Tunisie, Laura Baeza a déclaré au mois d’octobre que le soutien de l’UE interviendra à travers la ratification d’un «deuxième protocole facultatif portant sur le pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine capitale»
Récemment également, au mois de novembre, Mme Baeza a réitéré la volonté de l’UE en vue de la finalisation du plan d’action pour un “partenariat privilégié Tunisie-UE”. Par ailleurs, il est important de se rappeler que le 10 décembre 2011, la Troïka (Ennahdha, Ettakatol et CPR) a refusé de signer le manifeste d’Amnesty, notamment pour son opposition à l’abolition de la peine de mort.
Ainsi, il est évident que les obstacles culturels à l’abolition de la peine de mort persistent encore, bien que, d’après M. Lotfi Azzouz, la moitié des personnes faisant partie du gouvernement actuel seraient morts si Amnesty International et d’autres ONGs ne se sont pas opposés à l’exécution de la peine capitale contre les dissidents sous les régimes Bourguiba et Ben Ali.
Le pas qui a été franchi de la part du gouvernement en place n’est pas, en toute évidence, de l’ordre de la conviction ou d’une quelconque aspiration humaniste mais plutôt à cause des pressions sur le gouvernement Jebali, dont la plus importante reste sans équivoque l’argent et le soutien financier des pays occidentaux.
A lire aussi :
Amnesty International Tunisie :” Les obstacles culturels à l’abolition de la peine de mort “
Non, l’abolition de la peine de mort n’est pas incompatible avec l’islam !
Bravo Lilia pour ce post et un salut à Nawaat et à tous les militants tunisiens pour les droits de l’Homme.
C’est surtout leur action qui porte, intelligemment articulée à celle des amis étrangers, dont le soutien, bien évidemment capital, est insuffisant sans le levier interne.
En fait d’obstacles culturels, il ne s’agit que d’ignorance flagrante ou de mauvaise foi avérée, car l’argument majeur qu’on avance sur la question et qui serait l’opposition de la religion n’est que fallacieux comme cela a été démontré
– ici sur nawaat, en français : Non, l’abolition de la peine de mort n’est pas incompatible avec l’islam !
http://nawaat.org/portail/2012/05/16/non-labolition-de-la-peine-de-mort-nest-pas-incompatible-avec-lislam/
– et sur mon blog, en arabe :
هل يقبض الأرواح غير الله؟ منع عقوبة الإعدام بتونس من المنظور الإسلامي
http://tunisienouvellerepublique.blogspot.fr/2012/05/nouvelle-modernite-politique-8.html#more
Bonne continuation !
Merci Farhat : )
A mon avis, on ne devrait pas croire qu’une fois que la peine de mort soit abolie, le pays serait dorénavant plus civilisé qu’avant !? C’est du rêve et c’est surtout naïf . D’abord parce que la peine de mort ne s’applique que sur des gens qui ont commis des sauvageries à l’égard d’un ou de plusieurs individus . Donc qui dirait qu’un assassin condamné ne récidivait pas quand il sortirait de la prison ?
Dans une société comme la notre, nous devrions toujours nous méfier des alíénés parmi nous ; Nous ne devons pas leur “faciliter la tâche “, en leur disant : Allez-y ! Vous ne risquez en aucun cas, la peine de mort ! Dites merci à ces gens naïfs qui l’ont supprimé !
Conclusion : La peine de mort n’est que l’application de la loi vis-à-vis un acte grave, et que cette loi n’aurait été promulguée que pour protéger la société .
Ce qu’il nous faut comprendre, c’est que l’abolition de la peine de mort est moins une question de civilisation que d’éthique et de justice vraie.
Au lieu de vous focaliser sur la sauvagerie, imaginez un instant une erreur judiciaire condamnant un innocent; or, elles sont bien plus fréquentes qu’on ne le pense. Et avec la peine de mort, il n’y a aucun moyen de réparer l’erreur fatale.
Pour la sauvagerie dont vous parlez, ce qui est naïf, c’est de croire que le coupable, parce qu’il n’est pas mis à mort, serait remis en liberté; puisque c’est la perpétuité qui se substitue à la peine de mort (et si libération il y a, ce n’est qu’après une longue période incompressible d’emprisonnement). Donc, la question de la récidive ne se pose pas.
Enfin, il ne faut pas faire du manichéisme et croire que le monde est fait de bons et de mauvais par naissance. En effet, pour différentes raisons, sociales entre autres, le bon peut devenir mauvais comme le mauvais peut s’amender et devenir bon.
Aussi faut-il garder toujours ouverte la porte au pardon et à la rédemption, alors que la peine de mort interdit pareille possibilité.
Comme Dieu, nous devons apprendre à être cléments et miséricordieux, tout en étant justes.
Reponse parfaite, je rajouterais cependant l’injustice faite aux pauvres qui se trouvent eux plus exposes au risque de la peine capitale car disposant de moins de ressources pour se payer un bon avocat
Ce n’est guère une question de tolérence ou de clémence quand il s’agirait d’un verdict de ce genre . D’ailleurs vous faites allusion aux erreurs judiciaires, comme si vous parliez d’une règle générale alors que l’erreur resterait toujours humaine, mais la marge d’erreur demeure relativement minime, sur la totalité des verdicts qui se prononcent .
Encore une fois, je ne suis ni pour ni contre “la Loi de la peine capitale” . J’ai simplement voulu nuancer que l’abolition de cette Loi ne pourrait pas rendre service à cette société tunisienne, encore incertaine de son destin au milieu d’une phase de transition pénible et assez longue, d’où ces innombrables démontrations et ce mécontentement général, accompagné d’un scepticisme sur la hausse ‘folle’ des prix, et de la qualité médiocre du service public . En même temps, il existe dans notre pays ce qu’on appelle le Crime organisé, comme chacun devrait le savoir . Pour y faire face adéquatement, l’Etat, a l’obligation évidente de fournir la protection à ses citoyens, à l’intermédiaire d’une série de lois spécifiant le degré de chaque crime en relation avec la pénalisation qui y correspond . Ni plus ni moins . Mais nous savons au fond de nous, que nous avions voulu faire plaisir aux Nations Unis / Human rights watch . C’est du marketing diplomatique . Espérons qu’il prouverait son utilité, mais je m’en douterais franchement, car une Loi s’adresse uniquement à l’acte commis, ce qui n’a rien à voir avec la notion tolérence / clémence etc…
— Minime ou pas, quand il y a une seule vie innocente victime de pareille erreur, c’est déjà une de trop. Pour mieux comprendre la question, imaginez-vous un jour victime d’une pareille erreur judiciaire…
— La meilleure façon de rendre service à la société, c’est de prôner les vertus de la tolérance et de la justice, sans excès mais avec équité. L’abolition sera utile à la société en permettant d’y cultiver la tolérance et en y instaurant une justice rationnelle et non purement émotionnelle; or, on sait que les émotions autorisent les pires excès. Elle aidera la démocratie naissante à se consolider; et qui dit démocratie, dit d’abord tolérance. Ce qui ne signifie pas, bien évidemment, laxisme, mais une véritable justice qui ne relève pas de la loi du talion.
— La phase de transition est justement propice à tous les changements positifs pour construire une démocratie véritable. Pour le crime organisé, ce n’est pas la peine de mort qui va le faire diminuer; mais l’action sur ses causes. Et la meilleure protection que l’État peut donner à ses citoyens, c’est de leur permettre de vivre dans une véritable démocratie. Or, l’un des critères d’une démocratie sereine, c’est bien l’abolition de la peine de mort.
— Vous exagérez le rôle des institutions internationales; n’oubliez pas celui de la société civile et des combattants tunisiens des droits de l’Homme. Surtout, rappelez-vous le rôle des cyberactivistes tunisiens dans le Coup du peuple tunisien des 17 décembre-14 janvier. Certes, il y a eu un coup de pouce extérieur, mais il n’aurait jamais eu lieu sans l’action tunisienne sur le terrain. Il en va de même pour toutes les questions sensibles comme celle de la peine de mort, mais aussi de l’atteinte au sacré, de l’apostasie ou encore de l’homosexualité, pour ne citer que celles-là.
— La loi ne s’adresse pas uniquement aux actes commis; elle doit avoir une dimension supérieure composée de principes de conscience et des normes exprimant des idéaux; sinon elle n’a véritablement aucune force durable. La loi ne doit surtout pas opposer la violence à la violence, mais tenter d’y opposer la justice en gardant toujours la porte ouverte à la rédemption. Ainsi la loi remplit-elle sa véritable fonction d’organisation sociale en n’étant pas la loi de la jungle. C’est la différence entre la loi dans une démocratie, dont la fonction est de réformer la société et de l’améliorer, et la loi dans une dictature, qui est une pure répression. Nous avons connu la loi de la dictature, haineuse et intolérante, et il nous faut maintenant connaître la loi de la démocratie, compréhensive et juste !
Votre discours sur “la Démocratie” devait être issu de votre opportunisme, plutôt que d’autre chose , puisque vous refusez toujours de voir l’autre côté de la médaille . Vous parliez d’une démocratie utopique qui ne pourra jamais être réalisée, selon votre schema / feuille de (dé)route .
Une démocratie ne s’impose pas, mais elle nait au sein d’une société, comme étant une des phase d’un long procès de conscience et d’auto-réflection, parmi toute une sociéte et non par des “Sarfagas” sur-enthousiastes qui veulent toujours se mettre au premier rang ( à la pom-pom girl ) .
Fonder une démocratie n’est pas une aventure, ni une blague . C’est un changement radical de mentalité chez un peuple et ses instutitions . C’est une tâche qui semble facile à faire, mais l’opportunisme pourrait bien la gâcher . Quelle sera votre solution alors ? Recommencer à nouveau ? c’est le désastre .
Vous vous contredisez, cher Monsieur. Vos arguments détruisant votre propre
argumentation.
Oui, tout changement nécessite du temps; mais encore plus, un point de départ. Et qui ne tente rien n’a rien !
Pour le désastre dont vous parlez, disons plutôt qu’on ne fait pas d’omelette sans casser d’oeufs. Et les oeufs cassés ici sont l’ordre ancien sans valeurs à remplacer par un ordre basé sur de véritables valeurs humanistes.
Ensuite, qu’est-ce qui est plus important : l’omelette qui nourrit ou les oeufs à garder intacts? Ne sont-ils pas destinés à être mangés, sinon ils ne seraient que bons à jeter?
Non, fonder une démocratie n’est pas une blague, mais elle est bien une aventure, une belle aventure au sens d’aller au-devant des difficultés pour déblayer le terrain vers un monde meilleur.
Et le changement de mentalité a besoin de changement de vision; plus exactement une vision claire et juste; et c’est ce que vous appelez, bien à tort, opportunisme.
Permettez, à ce propos, que je vous signale que l’opportunisme c’est l’action qui consiste à placer ses intérêts immédiats au-dessus de ses principes. Aussi, il n’est nul opportunisme dans la lutte des combattants des droits de l’Homme pour l’abolition de la peine de mort.
D’abord, car cela ne sert pas nécessairement leurs intérêts eu égard aux résistances rencontrées; ensuite, car ils ne font pas de la politique pour avoir des intérêts; et enfin, car ils n’ont pour intérêt que le service de leurs principes et idéaux pour une société meilleure.
S’agit-il alors d’idéalisme? Pourquoi pas, mais dans le sens ou c’est de tendre vers l’idéal en tenant compte du réel. Et c’est ce qu’on appelle avoir du courage.
Brisons là et bonne réflexion !
Et, surtout, cher ami, ne parlez plus de pareille question sensible à tort et à travers comme vous usez du mot opportunisme !
Vous prouvez encore une fois, et avec tous mes repects, qu´il n´y a pas moyen de “négocier” avec vous, sur quoi que ce soit . Vous préferez le sens unique . Or, ce n´est pas la bonne attitude .
C´est curieux, mais ceci me rappelle les discours de Borhan Bseyess qui, lui aussi, n´est jamais d´accord, qu´avec lui-même . Chez lui, on découvre souvent ce genre d’opportunisme ( un terme qui ne vous plait pas ), et une rhétorique basée sur la désorientation, avec beaucoup de mots et peu de concret . C’est l’attaque qui est la meilleure défence, n’est-ce pas .
En tout cas, cette fois-ci j’ai pris la peine de vous répondre, mais il me semble que vous et moi, sommes incapables de communiquer sur la même longueur d’onde, malheureusement .
Il n’y a que celui qui donne la vie qui peut la supprimer. Les pays avancés sue le plan des droits de l’homme se sont rendus compte après son abolition que les délits de meurtre n’ont ni augmenté ni diminué. Dans toute l’Europe ce constat a été démontré sur une période d’observation de plus de 20 ans, en France depuis 1981. On s’était rendu compte que la peine de mort n’était pas dissuasive et répondait essentiellement à un sentiment de pure vengeance. Un sentiment que l’homme a hérité de son passé sauvage. Considérant que l’Européen d’aujourd’hui a quitté définitivement ce stade, ses dirigeants ont jugé qu’ils se devaient d’épouser leur siècle.
Leur débat n’est pas comparable au nôtre où Ennahdha et ses partisans veulent par le biais de la religion qu’ils interprètent étroitement régenter tous les actes de la vie en Tunisie et dans le monde musulman tout entier. C’est la cause principale du sous-développement et de l’immobilisme de ce dernier. C’est triste, c’est démoralisant mais il faut le souligner pour mieux le comprendre et mieux l’appréhender car il y va désormais de notre avenir et de l’avenir de notre peuple parmi les autres nations.
[…] années 2000. En 2012, trois nouvelles condamnations à mort ont été prononcées malgré un autre moratoire signé avec les Nations Unies sur les exécutions. Au premier semestre 2013, une autre condamnation à mort a été encore prononcée. Loin […]
[…] named among the countries considered to be abolitionist in practice.4 On 21 December 2012, Tunisia signed a moratorium on the death penalty. At the begining of April, the International Federation for Human Rights (FIDH) declared its […]
la peine de mort finira par être abolie mondialement, tout comme la torture et l’esclavage ! Nul n’a le droit d’ôter la vie de quiconque fut-il le plus abominable parmi nous, d’autant plus qu’on dispose d’un moyen de châtiment redoutable c’est celui de la privation de liberté tant que cela est nécessaire! je suis en France et dans les années 70 j’ai prié pour qu’un criminel* ait la vie sauve et un grand avocat lui a sauvé la vie! cet homme a passé plus de 40 ans de prison en France, je n’ai milité pour sa libération! maintenant s’il avait trouvé le temps assez long ….
*il sagit de patrick HENRI il vient d’etre libré car mourrant