Les dirigeants du mouvement de protestation du bassin minier de Gafsa tirent la sonnette d’alarme. Sur la Photo des banderoles demandant du travail pour les chômeurs des villes de la région

Les mouvements de protestations qui ont embrasés la petite ville de Redeyef pour se propager à tout le bassin minier de Gafsa, le souvenir de cet appel à l’aide d’une partie de la population tunisienne et surtout la répression qui s’en est suivie sont encore dans tous les esprits.

Deux ans après le début de la protestation, le siège de la ville est toujours en œuvre et la situation serait même, toujours aussi “explosive“, si l’on croit les anciens prisonniers et dirigeants des contestations sociales qui viennent de rendre public un communiqué ou ils regrettent la logique répressive de l’État face aux revendications légitimes des habitants de la région :

Au lieu de prendre des mesures pour combattre les vraies causes des tensions qui secouent la région, le pouvoir a préféré réprimer, humilier, organiser les procès inéquitables et emprisonner des centaines de personnes qui ont participé au mouvement de protestation.

Le communiqué condamne également “le silence des pouvoirs publics” et leur refus persistant à répondre par des actions concrètes aux préoccupations des habitants de la ville. Les signataires dénoncent même une dégradation de la situation :

Aujourd’hui, plus de trois mois après notre sortie de prison, le pouvoir n’a pas fait le moindre pas pour régler cette crise. Bien au contraire, la corruption s’est encore aggravée, les autorités ont renié tous les accords conclus, y compris les projets qu’elles ont promis de réaliser. Elles se sont contentées de créer des sociétés de sous-traitance, les dirigeants de ces sociétés ont en profité pour s’enrichir, se remplir les poches et abuser de l’argent public. Les anciens détenus renvoyés de leur travail n’ont pas été réintégrés et les chômeurs d’entre-eux n’ont eu aucune proposition de travail“.

Adnane Hajji, Tarek Hlaïmi, Taeïb Ben Othmane, Hafnaoui Ben Othmane, Adel Jayer et Abid Khlaïfi, à l’origine de cet appel, regrettent le “mutisme total” des autorités et le renforcement de “la filature et la surveillance des anciens détenus” estimant que “ceci ne peut que faire monter la tension et rendre la situation explosive à nouveau“.

Enfin, pour ramener le calme et trouver une solution à une situation qui n’a que trop durée, les signataires proposent :

– La libération des détenus qui croupissent toujours en prison et l’arrêt des procès et des poursuites en cours.
– La clôture du dossier judiciaire et l’annulation de la mesure de libération conditionnelle par la promulgation d’une amnistie qui nous permet de recouvrir nos droits civils légitimes.
– La réintégration des anciens détenus renvoyés de leur travail et la proposition d’un emploi pour les autres.
– La création de projets de développement viables permettant d’alléger le poids de la misère et du chômage.
– L’ouverture d’une enquête sérieuse sur les dossiers de corruption et de malversations financières, et la poursuite des responsables du pourrissement de la situation.

Il est à rappeler qu’au début de mois de février, un rassemblement de jeune diplômés chômeurs de la ville de Skhira a tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. La nature des revendications et la réponse disproportionnée de la police, ne pouvaient que nous rappeler le début des événements de Redayef. Une preuve supplémentaire de la profondeur du malaise et de l’incapacité du pouvoir à l’apaiser.

Malek. K
La rédaction
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