A travers l’entretien du Président de l’Assemblée Constituante Mostapha Ben Jaafer sur France 24 le 5 mars, nous avons appris des choses que M. Ben Jaafer n’avait pas dévoilé dans les médias tunisiens jusqu’à maintenant. Ainsi nous apprenons que la Constitution sera prête au mois d’avril 2013, qu’il n’y a pas de crise politique en Tunisie et que M. Ben Jaafer pense que le Harlem Shake est “un signe positif de la vivacité des jeunes Tunisiens“. Le Président de l’Assemblée Constituante (ANC) ajoute même que “Si on pouvait remplacer la violence par le harlem shake ça serait formidable !” “Bonté divine ! ” dira-t-on …
Encore des promesses quant au calendrier!
Lassés par les effets d’annonce, que ce soit concernant le remaniement ministériel, la rédaction de la Constitution ou le calendrier des élections, les Tunisiens ne prennent plus les promesses au sérieux. Cependant, face au journaliste de France 24, le président de l’ANC, Mostapha Ben Jaafer, affirme, avec certitude et un sourire satisfait, que les élections auront lieu au cours de l’année 2013.
Or en Tunisie nous savons pertinemment que cela est impossible puisque, sans même parler en détail du régime politique qui n’a pas été encore décidé, l’Instance Supérieur Indépendante pour les élections (l’ISIE) n’a toujours pas été mise en place et qu’il faudra, selon les experts, au moins six mois pour organiser des élections.
Concernant le retard de mise en place de l’ISIE, M. Ben Jaafer rétorque :
« Ça y est ! Ça y est ! La loi a été adoptée, nous avons fait appel à candidature, nous allons recevoir les candidatures et nous allons élire cette instance très très bientôt, dans un mois, au plus tard un mois et dix jours. »
En ce qui concerne la Constitution, le Président de l’Assemblée Constituante donne une énième date, celle du mois d’avril…
– Le journaliste : « tous les délais pour ce processus, constitution, tous les délais ne sont pas respectés…»
– MBJ : « D’abord il faudrait rappeler que de l’extérieur ou même de l’intérieur de la Tunisie, certains considèrent qu’on a été lentement. Sincèrement, le temps qui a été réservé à la Constitution a été un temps correct, normal. Nous sommes à notre deuxième draft, brouillon.»
– Le journaliste : « Combien il y en aura-t-il ? »
A cette question, M. Ben Jaafer répond avec enthousiasme :
« Ça y est ! Le deuxième a été débattu en plénière et nous préparons un peu la dernière étape, le dernier projet qui sera soumis très probablement à l’ANC dans un mois et je pense que d’ici le mois d’avril la boucle sera bouclée. En avril, la Tunisie aura une Constitution. »
Ensuite, le président de l’ANC tempère ses propos en ajoutant : « Je l’espère si on arrive à établir un consensus qui nous permettrait de l’adopter aux 2/3 des voix. Ça c’est capital sinon, ça sera une première lecture au mois d’avril, une deuxième au mois de juin et j’espère qu’on ne sera pas obligé d’aller au référendum. »
La dernière date évoquée dans l’entretien concerne l’annonce du nouveau gouvernement que Ali Laarayadh est en train de former. Le journaliste interroge M. Ben Jaafer sur la participation de son parti, Ettakatol, à ce futur gouvernement. Ce dernier riposte que le réponse sera connue dans les 48 heures. (C’est-à-dire le 7 mars.)
Selon Mostapha Ben Jaafer, il n’y a pas de crise politique en Tunisie
La grande surprise de cette interview sur France 24 a été le déni total du président de l’ANC quant à l’existence d’une quelconque crise politique en Tunisie. Quand le journaliste parle d’« absence de gouvernement, de Constitution, d’un agenda électoral et des tensions économiques et sociales qui font que le jasmin de la Révolution serait fané, M. Ben Jaafer passe directement aux « injazaat : réussites » !
Et en parlant de réussites, M. Mostapha Ben Jaafer s’approprie bizarrement les réussites du gouvernement Essebsi : « Nous avons réalisé des premières élections plurielles et démocratiques dans l’Histoire de la Tunisie», dit-il.
Puis M. Ben Jaafer revient sur la période de l’après 23 octobre 2011, celle du gouvernement Jebali et affirme que le problème de la sécurité est assuré. Alors que dans les faits en Tunisie, s’il y a bien un problème devenu accru et ressenti par la majorité des Tunisiens, au-delà des chiffres avancés par le ministère de l’Intérieur, il s’agit bien de celui de la sécurité. L’exemple de l’attaque contre l’ambassade des Etats-Unis à Tunis a d’ailleurs suffit à montrer la défaillance sécuritaire… Cependant, pour M. Ben Jaafer, le gouvernement « a assuré l’essentiel. »
« Nous avons assuré l’essentiel, nous avons assuré la sécurité, la stabilité. » Et il se reprend : « je parle d’une manière globale bien sur pas dans le détail. On a eu des incidents plus ou moins graves le dernier étant la grande tragédie du 6 février avec l’assassinat d’un des leaders politiques. »
Passant ensuite à la question de la crise politique en Tunisie, M. Ben Jaafer riposte immédiatement : « Parce qu’il y a un gouvernement qui a présenté sa démission et un gouvernement nouveau qui est en train de se former. »
Le journaliste réitère sa question « Est-ce qu’il y a une crise politique en Tunisie ? » et M. MBJ répond :
« Pour moi non, après une Révolution je pense que c’était des choses qui étaient tout à fait possibles, en tous cas envisageables. Ce qui s’est passé prouve que la politique est en réaction totale avec ce qui se passe dans l’espace politique tunisien. »
En écoutant le président de l’Assemblée Constituante, nous avons donc appris qu’il n’y a pas de crise politique en Tunisie, que la Constitution sera prête dans un mois et que les élections auront lieu au cours de cette année, entre les mois d’octore et novembre 2013. Après tant de rendez-vous manquées on peut s’interroger sur la véracité des déclarations, notamment celles concernant les élections et la Constitution ? Mais normalement il ne nous faudra pas plus d’un mois pour le savoir…
c’est parcequ’il vit dans une autre planéte et pas en tunisie qu’il s’exprime de cette façon!
pour se faire élire à la tête de la constituante, il a trahit la confiance de ses électeurs et il a trahit les valeurs universelles des droits de l’homme qu’il a représentées en Tunisie. J’ai honte pour lui j’ai honte pour les tunisiens.
La réponse pour Ben Jaafer se trouve déjà dans l’analyse du directeur de recherche à l’institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) d’hier. Une analyse qui devrait l’inciter à réfléchir sur l’avenir de la Tunisie et de sa place dans le monde.
« Le mythe des printemps arabes démocratiques s’est aujourd’hui effondré. Salafistes en Tunisie, Frères musulmans en Égypte ou soi-disant « combattants de la liberté » de Benghazi montrent aujourd’hui leur vrai visage. C’est le même que celui de Mohamed Merah. »
La totalité de l’article sur ce lien : http://larussiedaujourdhui.fr/opinions/2013/02/19/une_menace_qui_nous_rapproche_22057.html
L’ironie de mauvais goût de cet article, à commencer par son titre, est on ne peut plus mal placée. C’est bien sûr la conséquence d’une formation journalistique défaillante, si jamais formation il y a eu, en même temps qu’un total analphabétisme politique. Pour commencer l’auteur oublie un élément primordial dans les médias, celui de l’identité. Elle prend donc fait et cause pour un média dont nous devrions savoir qu’il est loin d’être bien intentionné à notre égard. Encore récemment on nous rapportait que le ministre de l’intérieur français, personnage grossier et mal léché, se croyait obligé de rappeler que la Tunisie était une ancienne colonie française. Une raison pour un média tunisien de plier le genou? L’auteur ne cache pas qu’elle aurait voulu voir un Ben Jaafar condescendant devant un journaliste arrogant qui lui, représente bien l’identité de son organe de presse. Il s’est bien profilé comme représentant d’une ancienne puissance coloniale, bien qu’elle soit sur le déclin, qui veut nous donner des leçons. Du temps de Ben Ali, Sarkozy disait: On n’a pas de leçons à donner à la Tunisie. Le grand prédateur sexuel DSK, en sa qualité de directeur du FMI, déclarait: Ça va mal dans le monde mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour la Tunisie. Il va de soi que ce n’est pas uniquement un échange de politesses après la haute décoration que Ben Ali venait de lui épingler. Il y avait aussi certaines libertés très spéciales que DSK appréciait en Tunisie et qui n’avaient rien à voir avec la liberté de la presse par exemple. Je me rappelle aussi que quelque temps avant la révolution Tekkari, ministre de l’injustice et du viol des droits de l’homme, passait à France 24 où on lui avait déroulé le tapis rouge. Le journaliste, en guise d’interview, n’arrêtait pas de lui balancer des fleurs, de le caresser dans le sens du poil et de rappeler le miracle économique de Ben Ali. C’est une autre paire de manches lorsque France 24 envoie son harki tunisien du service arabe interviewer Ghannouchi sur un ton insultant. Les questions posées à Ben Jaafar n’étaient nullement destinées à informer le public mais plutôt à dénigrer le processus politique en Tunisie et stigmatiser le pays en lui collant l’étiquette la plus horrible aux yeux des médias français, celle de l’islamisme. Comme si un journaliste tunisien qui parlerait à un politicien français allait lui poser des questions sur le christianisme ou le judaïsme chez eux. Pourtant si on veut se donner la peine ce ne sont pas les chrétiens fanatiques qui manqueraient en France ni les juifs sionistes agressifs qui dans des émissions en direct sur le petit écran français ont molesté des invités dont ils n’appréciaient pas les arguments. Je ferai remarquer qu’un politicien français en déplacement hors de son pays, qu’il soit du parti au gouvernement ou de l’opposition, refuse de répondre à des questions concernant la politique intérieure française. Même Mélanchon, grand pourfendeur du gouvernement français, aussi bien le précédent que l’actuel, a refusé lors de son dernier dépacement en Tunisie de répondre à des questions de France 24 qui voulait l’entendre commenter certains cris anti-français lors d’une manifestation à Tunis. Mélanchon s’est contenté de dire: Il n’y a pas de problème entre la Tunisie et la France et a refusé de se laisser entraîner plus loin. Ben Jaafar a été plus que courtois en répondant à France 24 à des questions concernant les affaires intérieures de la Tunisie. Il est aussi resté calme et digne devant les provocations du journaliste. Si quelqu’un s’imagine qu’un journaliste français oserait poser le même genre de questions ou utiliser le même ton avec un responsable allemand, anglais, américain, etc… il se fourre le doigt dans l’oeil. Mais le complexe de colonisé continue à pourrir la mentalité de certains tunisiens qui aimeraient bien voir leur pays humilié par des personnes mal intentionnées. C’est malheureux, et je ne sais pas combien de temps il nous faut encore pour décoloniser nos esprits et arrêter de corrompre l’opinion publique.
Pour ceux qui chercheraient un complément d’information pour mieux comprendre l’attitude des médias français vis-à-vis la Tunisie, je leur ferais savoir qu’il ne s’agit pas uniquement de frustrations d’une ancienne puissance colonisatrice sur le déclin mais aussi du caractère de la nation française tel qu’il est ressenti internationalement. Vous pouvez chercher sur Google ‘World’s 10 rudest countries for travelers’, et vous trouverez le classement des 10 pays les plus mal léchés du monde. Vous verrez que c’est la douce France qui remporte la palme de la grossiéreté et des mauvaises manières. C’est de toute façon ce que rapporte le site CNN sur la base d’enquêtes internationales. 20% des voyageurs de par le monde se bouchent le nez quand il s’agit du pays que certains tunisiens qui se prennent pour des intellectuels admirent ou veulent singer, surtout ceux qui se prennent pour des progressistes et trouvent leur orgasme en médisant de leur pays. Vous pouvez si vous voulez vous rendre sur le site super moderniste de Kapitalis qui ne trouve rien de mieux que de laisser sur son torchon le champ libre à un vieux con octogénaire présenté comme un journaliste français vivant en Tunisie: le sieur Henri Diacono. Cette vieille ordure, sous couvert de prendre parti pour la Tunisie, vomit tous les préjugés nauséabonds du racisme anti-arabe qui remplissent ses tripes. Il se permet, ou plutôt le torchon Kapitalis lui permet sous le titre de “De la vermine arabique dans le fruit du printemps arabe” d’écrire au sujet de la Tunisie: “La vermine s’y est installée avec la complicité et le laxisme des dirigeants actuels du pays, issus dans leur quasi totalité du parti religieux Ennahdha, La peste et le choléra confondus, le danger, le pire de tous car souterrain, souvent invisible, est là à quelques encablures de l’Europe”. Il ne parle pas d’un régime arabe quelconque mais utilise un raccourci comme alibi pour étaler sa merde raciste sur la face de Kapitalis. Imaginez-vous maintenant qu’un arabe vivant en France ait l’envie lui aussi de vider ses boyaux contre n’importe quel peuple européen dans un média français. Mais que grâces soient rendues à Bourguiba et Ben Ali qui à coups de matraques et de lavage de cerveau ont débarrassé les tunisiens de leur fierté nationale et de leur affiliation culturelle.
ce type n’a aucune considération pour le peuple tunisien! Tout ce qui l’intéresse c’est le pouvoir et si par malheur il y arrivait , il serait pire que tous les autres réunis !