Crédit image : Sami Ben Gharbia - www.nawaat.org

Aujourd’hui au SNJT une conférence de presse annonçait le lancement d’une coalition civile pour défendre la liberté d’expression en Tunisie. Une manière de montrer au gouvernement que la société civile est unie et qu’elle n’entend pas baisser les bras. En effet, deux ans depuis le déclenchement de la révolution le temps n’est pas au beau fixe pour la liberté d’expression en Tunisie. Plusieurs différentes tentatives de main mise sur la presse ont été observées, des universitaires et des blogueurs ont été inquiétés.

La salle du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) était bien pleine ce matin pour la conférence de presse de lancement de coalition civile pour défendre la liberté d’expression en Tunisie. Si cette coalition voit le jour c’est que le besoin de se regrouper pour lutter sur un même front se fait sentir au sein de la société civile. La militante et journaliste Naziha Rjiba, membre de l’association Vigilance pour la démocratie l’explique bien 

« Nous aurions aimé ne pas avoir le besoin de faire ce recours, mais parfois il y a des aléas dans l’Histoire. Elle va toujours de l’avant mais il lui arrive de faire des zig-zags. Nous sommes dans un zig-zag aigu contre les libertés. Certains veulent installer la « république des mollahs » en Tunisie. »

Sept organisations ont décidé de s’allier pour défendre la liberté d’expression : la LTDH, le SNJT, le Syndicat de la culture et de la presse de lUGTT, le Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse, l’Association Vigilance pour la démocratie, le Syndicat pour les radios libres et le Syndicat tunisien pour la presse indépendante.

Cette coalition a plusieurs buts. Elle veut travailler à sensibiliser les citoyens à leur droit à l’information, accélérer le processus de mise en place de lois garantissant la liberté de la presse et d’accès aux documents administratifs ou encore lutter contre les lois liberticides.

Kamel Labidi, membre de l’association Vigilance explique lui aussi que lors de l’année 2012 de nombreuses tentatives de main mise sur les médias ont été faites et qu’il est important de mettre en garde la société tunisienne face au risque de revenir « à la case départ ».  :

« Nous avons cru que la page de la main mise sur les médias était tournée définitivement, or depuis début 2012 le nouveau pouvoir n’a pas cessé de multiplier les initiatives pour tourner le dos au processus de réforme des médias, pour empêcher toute restructuration. »

Fahem Boukadous du Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse explique que : «  Cette coalition, qui réunit différentes organisations de la société civile a plusieurs initiatives à l’agenda. Nous voulons, entre autres, agir dans les rues, dans les milieux publics pour sensibiliser les gens à la liberté d’expression. Nous sommes convaincus qu’après la révolution il y a des menaces contre la liberté d’expression, contre les journalistes, les artistes, les écrivains et cette situation ne reflète pas notre révolution et ses demandes. » Fahem Boukadous explique également que cette sensibilisation doit permettre de lutter pour cette liberté d’expression sans laquelle la démocratie ne peut réussir en Tunisie.

Il aura fallu du temps pour qu’une telle coalition voit le jour. Mais Hichem Snoussi, ancien membre de l’INRIC, salue l’initiative et explique qu’elle est un message fort lancé au gouvernement : « Il doit avouer le fait qu’il s’est trompé à plusieurs reprises sur la question de la liberté d’expression. Il doit revoir sa vision et ses projets pour la Constitution comme pour les projets de loi. Il doit changer ses pratiques. Sinon la situation va tourner à la confrontation, ce qui serait décevant et ne serait pas dans l’intérêt de la révolution. » Le gouvernement est-il prêt à entendre le message ?