Le ministère de l’Intérieur vient d’interdire le congrès d’Ansar charia programmé pour ce dimanche 19 mai 2013 à Kairouan. Bravant les déclarations des autorités, les islamistes d’Ansar Charia, guidés par Seif-Allah Ben Hassine, ont annoncé qu’ils n’avaient pas besoin de demander une autorisation pour leur troisième meeting annuel dans la ville de Kairouan.
A la suite de ce bras de fer, le ministère de l’Intérieur a indiqué que les déclarations des responsables d’Ansar Charia sont considérées “comme un défi ouvert contre les institutions de l’Etat, une incitation contre elles et une menace de l’ordre public.”
En cinq points, le ministère a donc indiqué que
- Le congrès est interdit
- Ceux qui défient l’Etat doivent assumer leur responsabilité
- Toute attaque contre les forces de l’ordre aura la riposte adéquate et dans le cadre de la loi, que le ministère de L’Intérieur garantit la liberté de manifester, la liberté d’expression, la liberté de culte et de la dawa (prosélytisme) selon la loi.
- Il rassure les citoyens en assurant la préparation complète des forces de sécurité en collaboration avec les forces armées, pour garantir la paix, protéger les biens publics et faire face au chaos et à la fitna (discorde).
Rappelons que Seif-Allah Ben Hassine, connu pour son pseudonyme de Abou Iaydh est recherché par la police depuis les attaques qui ont eu lieu le 14 septembre 2012 contre l’ambassade et l’école américaines à Tunis.
[…] Source Nawaat Autheur: Lilia Weslaty […]
Le ton sec de cette dépêche ne trompe pas. La rédactrice se prend pour le PR du ministère de l’intérieur. Je la trouve bien amusante, surtout lorsque je compare le ton qu’elle utilise ci-haut pour nous faire comprendre que les salafistes sont dans leur tort si jamais ils manifestent et le ton qu’elle utilisait le 29 mars 2012 lorsque des anti-salafistes bravaient l’interdiction de manifester sur l’avenue Bourguiba à Tunis. Leur manifestation jouissait visiblement de la bénédiction urbi et orbi de la jeune rédactrice. Parmi les nombreuse perles agrémentant l’article du 29 mars 2012, j’en relève quelques unes. À propos de l’interdiction: “Cela est absolument illégal et c’est, de ce fait, une régression du droit à manifester et de nos droits en général”. Continuons: “C’est une décision qui n’a pas été prise par hasard, elle était dans leur plan et fait partie d’un projet plus large de restrictions progressives des libertés pour pouvoir mettre en place une dictature théocratique planifiée depuis le début”. Et encore ceci: “Par ailleurs, cette nouvelle d’interdiction est irrévocablement une régression vers une ère liberticide”. Pour paraître objective, la rédactrice cède aussi la parole à une tierce personne. Inutilement, car les deux voix se ressemblent comme deux gouttes d’eau. En Tunisien on dit: l’oiseau chante et son aile lui fait écho. Mais jugez plutôt: “Cet espace n’appartient pas au ministère de l’intérieur c’est un espace public. Le rôle du ministère n’est pas d’interdire mais de réguler les autorisations de manifester en apportant la sécurité nécessaire”. Et puis ceci: “Liberté, justice et travail, tels sont les mots en or de la Révolution tunisienne et personne ne pourra les arracher des feuilles de l’Histoire. L’avenue est aux Tunisiens et le ministère n’a qu’à gérer l’agenda des manifestations tant qu’elles respectent la loi, car telle est sa fonction. L’avenue est à nous et elle le restera car elle est le berceau des révolutions arabes et plus rien ne pourra nous empêcher de respirer l’air de la liberté auquel on en a été privé pendant si longtemps.” C’est beau et c’est pathétique. Quelle différence avec le ton sec et cassant utilisé cette fois-ci. Mon ton à moi est celui de l’étonnement devant les contorsions de l’intégrité journalistique. Ou bien le mot “journalistique” n’aurait-il rien à voir avec le mot anglais “journalist” utilisé dans la bio accompagnant la photo ci-haut d’une jeune femme faisant mine de se plonger les doigts dans les yeux?
Sous le régime dictatorial les ténors de la propagande exprimaient leur mépris envers le public en mélangeant information et endoctrinement. Doit-on encore téléguider les lecteurs au lieu de les laisser se faire une opinion par eux-mêmes et se prononcer à leur guise dans l’espace réservé aux commentaires? Le temps des démocraties dirigées de Europe de l’Est n’est-il pas devenu périmé depuis la chute du mur de Berlin? Autre question: La Tunisie serait-elle devenue la Ferme des animaux de George Orwell? Dans ce célèbre roman, les animaux de la ferme se révoltent, prennent le pouvoir et chassent les hommes à cause de leur injustice. Un nouvel ordre s’établit dans la ferme. Toute question sera débattue par un comité de cochons. De nouveaux slogans apparaissent comme: “Tous les animaux sont égaux”. “Nul animal ne tuera un autre animal”. Mais petit à petit un changement s’opère. Les slogans deviennent: “Nul animal ne tuera un autre animal sans raison”. Et: “Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres”. En sommes-nous arrivés à ce point?
Dans ma tête trottent de très anciennes allégories dont celle de Iustitia, la déesse de la justice dans la mythologie romaine. Elle avait les traits d’une femme, dont les yeux bandés symbolisaient l’impartialité. Dans une main elle tenait un glaive et dans l’autre une balance. Ne saurions-nous pas nous mettre à la hauteur d’une allégorie vieille de plus de 2000 ans et faire un effort d’impartialité en acceptant que la loi est la même pour tout le monde? C’est à dire: Tout le monde respecte la loi, ou bien tout le monde la défie. Mais pas une caresse pour l’un et une gifle pour l’autre.
“Liberté, justice et travail, tels sont les mots en or de la Révolution tunisienne et personne ne pourra les arracher des feuilles de l’Histoire. L’avenue est aux Tunisiens et le ministère n’a qu’à gérer l’agenda des manifestations TANT QU ELLES RESPECTENT LA LOI, car telle est sa fonction. L’avenue est à nous et elle le restera car elle est le berceau des révolutions arabes et plus rien ne pourra nous empêcher de respirer l’air de la liberté auquel on en a été privé pendant si longtemps.”
pour rester sur lustitia,le 29/03/12 on reprochait au glaive d’agir en contradiction avec les principes de la balance. aujourd’hui, on exhorte le glaive d’agir contre ceux qui menacent la balance. dommage que certains hommes d’aujourd’hui ne sont même pas à la hauteur de la sagesse d’il y a 2milles ans.ils ne sont même pas au stade du règne animal car d’après george orwell la fontaine “kalila wa demna” et bien d’autres les animaux peuvent se montrer d’une grandiose sagesse. ils n’arrivent pas à voir que certains animaux refusent les principes de la balance. ils n’arrivent pas à saisir la dimension philosophique de lustitia, et ne jettent pas un coup d’œil sur les principes de séparation des pouvoirs. ils ne se rendent pas compte que c’est eux les animaux qui veulent créer les exceptions dans les lois de la ferme.
le glaive a pour rôle de protéger la balance et d’appliquer les lois de la balance. est ce que vos barbus surexcités croient en cette balance. ils ne veulent même pas déposer une autorisation pour manifester.
Fathi vous me faites pitié par votre mauvaise foi, mais ce qui est le plus dangereux c’est que vous vous croyez intelligent.
[…] le congrès d’Ansar Charia n’a finalement pas eu lieu le dimanche 19 mai à Kairouan suite à une interdiction du ministère de l’Intérieur. Toutefois, pour les salafistes, cela n’atteint en rien leur conviction dans ce qu’ils […]
[…] a long suspense, the Ansar Charia rally planned for 19 May in Kairouan but banned by the interior ministry finally didn’t take place. But this did nothing to dent the commitment of Salafists to what they […]