Nejib Belkadhi Bastardo Khadhra

Si vous n’avez pas encore vu le remarquable univers de Néjib Belkadhi dépeint dans son dernier Film, au demeurant sélectionné dans plusieurs festivals internationaux, il n’est pas trop tard. Le film qui poursuit une brillante carrière était à l’affiche du Festival international de Luxor (16-24 mars) et actuellement participe au 20e Festival international de Tétouan (29 mars-5 avril 2014).

Après une première projection en Tunisie, le film reviendra à l’affiche, selon Néjib Belkadhi, probablement vers début mai 2014. De même, si vous êtes en France du côté de la ville de Lyon, le film y sera projeté vers fin avril. Toujours selon le réalisateur de « Bastardo », « une sortie en DVD et en téléchargement payant n’est pas à exclure non plus. »

Dans “Bastardo”, le cinéaste Tunisien nous offre une lecture originale de la nature humaine en abordant ce que deviennent les individus lorsque l’État, ce régulateur des rapports sociaux, devient défaillant. Qu’advient-il des groupes humains lorsqu’ils sont livrés à eux-mêmes et, par-delà, aux bas instincts des uns et des autres ? En somme, face à la cupidité, la convoitise, l’ambition et l’arrivisme, que deviennent l’amour, la générosité, la compassion et le dévouement ?

En entamant sa carrière en Tunisie, « Bastardo » fût projeté dans cinq (5) salles à Tunis et dans des centres culturels et théâtres municipaux pour l’intérieur du pays. C’est dire que l’infrastructure cinématographique se meurt sous nos regards impuissants. Si, pour les cinéphiles, rien ne se substituera jamais à une vraie salle de cinéma, le drame, c’est que derrière le démantèlement des salles de notre pays, il n’y a toujours pas d’alternative acceptable tant pour les auteurs et que pour la qualité de la projection.

« La Tunisie ne compte plus -souligne avec amertume Nejib Belkadhi à Nawaat- que 12 salles sur tout le territoire, soit 1 salle pour 1 million d’habitants. Les quelques salles qui restent n’existent -insiste le réalisateur- que par la volonté des gens qui les gèrent. Une volonté politique s’impose pour remonter la pente et sauver le secteur qui est totalement sinistré ».

Pourtant, malgré ces difficultés d’infrastructure, le film a été vu par 50 000 personnes en Tunisie. Ce qui incarne, en soi, une performance. D’autres films tunisiens n’atteindront jamais ce chiffre en Tunisie, tant l’infrastructure cinématographique est à l’agonie. Avoir des mosquées dans chaque quartier, cela sert sûrement la foi. Que quelques-unes de ces mosquées ne soient pas adossées à des « temples » de la culture, et toutes les mosquées risqueraient de ne plus servir uniquement la foi !

Pour lire la critique du film « Bastardo » publiée sur le blog de Nawaat le 29 septembre 2013, c’est sur ce lien.