Entachée d’appartenance partisane au RCD, la nomination d’Abdessatar Sahli au poste de PDG de la télévision tunisienne n’aura finalement duré qu’une semaine. Mais, en relançant la sélection des candidats aux deux postes de responsables de l’audiovisuel public, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) va être, inévitablement, confrontée au casse-tête d’une procédure publique viciée à la base.
Fin mai dernier, le boycott de l’audition des candidats par trois membres de la Haica, révélait que le premier ministère avait triché sur les critères de sélection en ajoutant des noms, hors classement et hors recrutement, à la liste de candidature. Une tricherie qui n’a fait rien moins qu’ébranler le pouvoir, à peine conquis, de la Haica. Optant pour un consensus partiel plutôt que pour la polémique, celle-ci a fini, cependant, par émettre un avis favorable pour le choix d’Abdessatar Sahli. Mais, cet ancien contrôleur des impôts aura beau clamer “sa volonté de réformer la télévision tunisienne et de garantir son indépendance et sa neutralité”, sa nomination sera contestée par le syndicat de base de la télévision tunisienne, qui lui reproche d’avoir dirigé une cellule rcdiste, au temps de Ben Ali.
Avant que le malheureux candidat ne se rétracte, un duel avait opposé la Haute Autorité et le premier ministère, à coups de communiqués où chaque partie rejetait sur l’autre la responsabilité des failles de la procédure. Ainsi, le 23 mai dernier, la Haica précisait que c’est elle qui avait inclut “le critère d’indépendance dans l’évaluation des dossiers des candidats, mais que l’investigation sur le parcours des candidats incombait au premier ministère, qui en avait les moyens administratifs”. L’exécutif ripostait, à son tour, dans un communiqué publié le jour même, pour dire que « la nomination de Abdessatar Sahli a été menée conformément aux étapes de la procédure, dans le cadre d’un processus collaboratif avec la Haica, et selon les critères juridiques requis ».
Cependant, si l’indépendance du candidat est garantie par sa déclaration sur l’honneur, comme l’affirme le communiqué du premier ministère, qu’implique alors son mensonge ? Mieux encore, à quoi sert d’exiger l’indépendance d’un responsable du service public, quand l’exécutif continue à détourner la procédure pour imposer son propre candidat ?
Le problème, c’est que, dès le départ, les dès étaient pipés, au vu des critères annoncés pour le recrutement, dont les « 15 ans d’expérience » requise. Une condition qui exclut automatiquement des candidats plus jeunes et potentiellement compétents et indépendants.
Et maintenant que va faire la Haica ? Inévitablement, se rabattre sur les candidats restants dans la short-list qui comptait, à l’origine, cinq candidats classés par ordre de mérite. Ce qui ne garantit pas pour autant de trouver la perle rare dans ce lot. Au pire, les deux parties devront trouver un compromis pour coopter des candidats hors liste. Et dans ce dernier cas, vont-ils opter pour les candidats éliminés, lors du dépôt des dossiers, pour fausse déclaration sur l’honneur ou pour omission d’un justificatif de l’expérience? Sinon, l’avis conforme de la Haica sera-t-il appuyé, cette fois-ci, par une investigation sérieuse sur les candidats?
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