Ce 25 août, à la fin du JT de la Wataniya I, Zina Khemiri annonce qu’elle ne présentera plus le 20 heures. La déclaration fait boule de neige sur les réseaux sociaux, transformée en démission par les médias dominants. Même des médias étrangers relayent sans vérification la fausse nouvelle.
Plus tard dans la soirée, la journaliste dément et s’explique : Son retrait est motivé par son refus de se soumettre à un casting « humiliant », imposé aussi bien aux anciens présentateurs qu’aux novices par la section syndicale du SNJT. Khemiri regrette que le PDG ait cédé à la pression et que derrière le casting se cache la réintégration de deux journalistes écartées par le rédacteur en chef pour fautes professionnelles.
Mustapha Beltaief, PDG de l’Etablissement de la Télévision Tunisienne (ERT), a réagi en menaçant de traduire la journaliste récalcitrante devant le conseil de discipline pour infraction au règlement intérieur. Propos pour le moins étonnants venant de l’un des auteurs du décret-loi 116 censé rompre avec l’héritage de la dictature dans le secteur audiovisuel. Par ailleurs, Beltaief explique que le casting en question vise à « insuffler du sang neuf au 20 heures », qu’il est soumis à « des critères professionnels déterminés », mais qu’il « ne tient pas compte de l’ancienneté ». Dans la foulée, le PDG fustige Zina Khemiri « en colère parce qu’elle craint la concurrence ».
De son côté, Néji Bghouri, président du SNJT a déclaré que « ce qui se passe à la Wataniya 1 est symptomatique de problèmes au sein de la télévision nationale » sans plus de précision.
Un casting, en veux-tu en voilà !
En réalité, le casting s’est déroulé dans des conditions qui balancent entre opacité et irrégularités. D’abord le communiqué officiel annonce que le casting est ouvert à tous les employés de l’établissement. Sautant sur l’occasion, un commis d’administration et un employé de décor se sont présentés, en vain. Ensuite le jury, composé de quatre membres, à savoir Hamida El Bour, enseignante de journalisme et actuelle PDG de la TAP, Abdelkader Jedidi, phonéticien, Leila Chaieb, ancienne journaliste à Al Jazeera, et Salma Baccar, cinéaste et députée du parti Massar de la Constituante. On se demande selon quels critères ce jury a été sélectionné, quelle a été sa grille d’évaluation et pourquoi son rapport final remis au PDG n’a pas été rendu public.
Faut-il rappeler que deux autres castings organisés, en 2012 et 2014, par la BBC Media Action et Canal France International (CFI) pour sélectionner les présentateurs des différentes éditions du JT de Wataniya I, se sont déroulés dans les mêmes conditions : opacité, conflits d’intérêts et corporatisme.
Petites guéguerres et jeu d’influence
Ce énième épisode dans le jeu d’influence autour du JT avait commencé fin février 2015. La section syndicale avait organisé un sit-in de protestation avec à la clé une motion réclamant notamment la réintégration de Lamia Lazreg et Arem Rejaibi, mises au placard par le rédacteur en chef pour faute professionnelle.
Hamadi Ghidaoui, a été nommé à la tête de la rédaction suite à un concours organisé par la direction de l’ERT, en août 2014. Bob Eggington, expert auprès de la BBC Media Action, vole au secours du rédacteur en chef. Dans une lettre amicale, datée du 2 mars 2015, dont Nawaat a obtenu une copie, il lui conseille de choisir lui-même les présentateurs des bulletins d’information.
L’expert britannique écrit, à Ghidaoui, dans un français approximatif :
Choisir un présentateur n’est pas comme le choix d’un éditeur de programmes. Il est plus subjectif. C’est une décision du cœur ainsi que la tête. C’est une question d’instinct ainsi que d’intellect. Pour cette raison, il n’est pas utile d’utiliser un groupe d’experts, à mon avis. Vous ferez une meilleure décision que tous les comités d’experts. Bob Eggington, expert BBC Media Action.
Au final, les résultats du casting controversé ont promu Ikbal Kalboussi en tête de liste, suivi de Arem Rejaibi et Dorra Dhaoui, ainsi que Samia Hassine Skandrani et Leila Hakiri, qui, selon nos informations, vont être encadrées par Najeh Missaoui, rédacteur en chef du JT de TV7 jusqu’au 14 janvier 2011. Zina Khemiri, Taieb Bouzid et Leila Jaouadi ont également réussi l’épreuve, bien qu’ayant boycotté le concours. Leur sélection s’est faite, semble-t-il, sur la base d’enregistrements que la direction a proposé au jury de visionner. Cela est d’autant plus surprenant que Zina Khemiri a reçu un questionnaire après l’annonce de son retrait du 20 heures.
Les guerres intestines, tout autant que le battage médiatique récurrent, autour de l’homme ou la femme-tronc du JT de Wataniya I esquivent, invariablement, la question des contenus, des choix éditoriaux, de la distance nécessaire des pouvoirs politiques et économiques et de la légitimité, après la longue nuit propagandiste. Sans compter les ratages dont le dernier exemple en date concerne Habiba Ghribi devenue, avec sa dernière médaille d’argent décrochée à Pékin, première double médaillée mondiale de l’histoire de l’athlétisme tunisien et double vice-championne du monde. Une information que la rédaction a reléguée, dans la page sportive, en fin d’édition du JT du 26 août 2015.
Aux dernières nouvelles, la direction de l’ERT a publié, sur le site de Wataniya I, un communiqué dénonçant “une campagne diffamatoire “. Ce communiqué obscur vient, vraisemblablement, répondre au Sécrétaire général du syndicat de base des techniciens de la télévision tunisienne.
عيطة و شهود على ذبيحت قنفود
La réaction de cette présentatrice de Télé illustre bien 1) l’attitude de ceux qui ont acquis dans le passé un grand nombre de “droits acquis” et qui refusent tout changement qui touche à leurs interêts personnels.2) Le manque de compétence de responsables qui font table rase du passé pour introduire soi disant le changement. Et qui au lieu d’utiliser des méthodes scientifiques et modernes, décident arbitrairement selon leur bon vouloir, et finissent par aboutir à une catatrophe.
Cet incident n’est pas minime. Il révèle partout chez les nouveaux responsables l’incompétence ou l’amateurisme au nom de l’autorité de leur fonction.Il ya de quoi écrite un livre sur de pareilles gaffes.On croyait en avoir fini avec les islamistes qui se contentaient d’ajouter l’adjectif “islamique” pour faire des miracles? Nous voilà avec le pire: Des modernistes qui nous prennent pour des imbéciles aunom de rien du tout ou de leur autorité. Ce qui s’appelle du faschisme.
Une député (Salma Baccar) qui fait partie d’un jury pour un casting concernant le recrutement de futures journalistes, donc qui va choisir les nouveau journalistes qui vont travailler sur une chaine publique, sa ne s’appel pas un conflit d’intérêt ça ? On marche sur la tête dans ce pays.