Un livre de MESKAOUI AHMADY
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Meskaoui Ahmady, qui aime se présenter en tant qu’un citoyen du Maghreb, est docteur en médecine et licencié en sciences de la nature. Il s’occupe depuis quelques années d’études autodidactes en philosophie, en linguistique et en psychologie cognitive.
بيـــــــــا ن في ا لـــــــحــد ا ثـــــة ا لتـكـا مـلـيـــــــة
un livre de
MESKAOUI AHMADY
Prologue du manifeste :
« Je ne veux pas démontrer que je suis libre, responsable, autonome. Je ne peux que le croire et le croire avec un degré de confiance dans mon propre je peux » PAUL Ricoeur
PREFACE
Ce document n’est pas un traité de philosophie qui disserterait sur toutes les théories en toute matière qu’il aura soulevée.
Ce n’est pas non plus une plaidoirie en faveur d’un courant particulier de la philosophie contemporaine, moderne ou passée. Il est encore moins une construction éclectique qui voudrait concilier l’inconciliable.
Il est plutôt un regard porté sur la modernité, ses origines, ses acquis et ses échecs par l’œil d’un oriental et en même temps, une ré exploration de l’esprit de l’Islam par les outils de la philosophie et de la Science, la synthèse étant toujours facteur de fécondité. Et comme la première étape dans une synthèse est toujours la connaissance et la reconnaissance des parties à assembler, je tiens à signaler que la lecture de ce travail sera plus aisée pour un lecteur qui possèderait à la fois, une culture islamique et philosophique minimales.
Ses objectifs sont :
- Délimiter un champ d’action intellectuelle compte tenu des points forts et des faiblesses de nos sociétés qui aspirent au développement.
- Faire retrouver une confiance en soi pour les intellectuels Arabo musulmans* et du tiers monde ainsi que pour tous les sages de l’humanité qui auraient chacun, choisi de prendre conscience de l’Autre.
- Enfin montrer à tous que l’ouverture concomitante des uns et des autres sur la philosophie et sur la question supranaturelle font découvrir les possibilités de démarcation d’une pensée nouvelle qui ne s’identifierait pas nécessairement à une origine ethnique ni à une appartenance religieuse ou politique.
I – INTRODUCTION
Le droit de parler, est-ce une compétence ou une revendication ?
Si l’on est plusieurs (1) à constater qu’une immense frange de l’humanité est aujourd’hui, privée de son droit naturel de s’exprimer, on n’est pas aussi nombreux à s’interroger si des hommes auraient encore quelque chose à dire , si tout n’aurait pas été dit par les sages des siècles précédents, ou bien si tout ce qui peut être encore dit et fait n’aurait pas été exprimé et réalisé par l’institution en marche ?…
Pour ma part, je répondrai que le mal de notre époque ne réside pas tant dans l’oppression intellectuelle ou politique que subit –réellement et quotidiennement- des peuples contemporains, au sud comme au nord (car au contraire, tout semble dire que notre siècle est parmi les plus ouverts à l’initiative individuelle avec une liberté apparente de l’action et de la causerie qui frôle l’anarchie) mais surtout dans le fait que le projet moderniste ait touché à sa fin et qu’il n’avait plus depuis quelque temps, rien de consistant à proposer comme objet de débat.
En effet, si les Sudistes sous le joug de l’oppression directe, et de la peur, n’arrivent à se concentrer efficacement sur aucun thème de réflexion, les Nordistes – eux dans les sociétés dites libres- vivent une réelle crise qui se manifeste par la pétrification du discours dominant faisant plonger les masses dans une écholalie stérile et même dans une sorte de confusion les empêchant de réorganiser leurs idées pour y voir la profondeur de leur propre méprise et partant, celle de toute l’humanité ; la manière actuelle de gouverner les affaires et les conflits mondiaux n’est qu’un exemple de preuve de ce que nous avançons (la composition de ce livre se passe durant l’invasion et l’occupation facilitées de l’Iraq).
Devant cette impasse pragmatique et intellectuelle, j’entrevois pourtant une lueur d’espoir. Cet espoir vient par l’idée de se rappeler : que le droit de parler a été arraché un jour, aux mains des inquisiteurs (européens) à travers la méditation ; qu’à chaque fois que l’on a quelque chose de pertinent à dire, on trouve le courage et l’habileté nécessaires pour l’exprimer et parfois à voix haute et même sous les yeux du censeur ; mais que l’on sombre dans l’inertie et l’aphasie les plus totales dés qu’on renonce à méditer et ce quelques-soient les encouragements et les sollicitations qu’on aurait beau nous présenter pour nous guérir de la mutité.
Ainsi, l’acte de parler n’est-il pas -à l’origine- ni une revendication, ni une bataille contre quiconque mais une manifestation externe, toute naturelle et spontanée de ce que produit la pensée de l’individu (2) ; donc si des gens plus ou moins « illuminés » voulaient nous faire rompre avec la léthargie, il n’ont qu’à poser les problèmes qui appellent à méditer, puis à les expliciter dans un esprit nouveau tout en esquissant des réponses pertinentes qui rendraient au patient – humanité la confiance en soi et qui le remettraient à nouveau à l’atelier de la spéculation…
C’est sur cette voie de l’espoir mais aussi de la critique sincère que les propos qui suivront tout au long de ce texte essaieront de se placer. L’auteur qui vit l’entre – deux siècles à cheval entre deux cultures et sur un mode particulier que les circonstances l’ont conduit à adopter, aspire à être parmi ceux qui entendent redonner un objet et une destinée à la parole.
Parmi les concepts revenant souvent dans ce travail et depuis le titre, nous utiliserons celui de Modernité*.
Quelle modernité et pourquoi ?
Doit-on préciser d’emblée que la modernité dont il est affaire ici c’est cette phase du développement de la civilisation* qui s’est constituée en Europe à partir de l’appel de Roger Bacon* à « la réforme de la société chrétienne par la science et la sagesse. »
Nous insisterons sur le fait que cette construction ne s’est pas élevée à partir du néant, et qu’elle a été au contraire le fruit d’une certaine assimilation /appropriation de tout le patrimoine de l’humanité par l’homme blanc européen (voir § 29-30 et figure (1) ) ; et si personne ne pourra nier le caractère ethnocentrique de cette réalisation, il n’est pas de la même facilité que l’on comprenne sur quelles bases et par quelle genèse est-elle devenue ce qu’elle est aujourd’hui ? Pourquoi reste-elle toujours le privilège d’une race ? Pourquoi campe –t-elle dans son particularisme et n’admet-elle aucune concession à l’autre moitié de l’espèce, je vise les peuples se réclamant de l’Islam ?
Qu’est ce qui devrait changer dans cette situation ? Qui est-ce qui est appelé à faire le premier pas, est-ce les occidentaux qui devront s’acquitter de leur dette envers la culture* qui leur a passé le flambeau avant de tomber en martyr de l’histoire ? Ou bien est-ce les musulmans qui doivent changer d’attitude à l’égard d’une civilisation* universelle à laquelle ce sont eux qui un jour, ont apporté une contribution décisive ?
La réponse à ces questions est loin d’être tranchée ; à mon sens, ce sera un jour, chose faite mais uniquement dans un esprit de complémentarité (3) tant bien pragmatique qu’épistémologique.
Pourquoi la complémentarité ?
Sans anticiper sur l’idée que se fera le lecteur autour de ce concept, qui représente l’objet et le dessein de ce modeste essai, je prierai simplement tout le monde de ne pas taxer mon projet d’optimisme philosophique démesuré, à l’époque où des conflits cosmopolites des plus dangereux semblent pointer à l’horizon.
Reste que la complémentarité est à mon sens, plus qu’une nécessité historique, elle est une réalité philosophique (si en philosophie, il serait permis de parler de réalité) ; elle est par ailleurs, un état avancé dans le parcours des hommes vers la connaissance ; elle sera enfin l’alternative que proposeront -aux naufragés de la civilisation- les oubliés et les opprimés du siècle révolu.
Un mot concernant la forme
Ce texte est constitué de quelques 180 paragraphes indépendants agencés autour de huit chapitres :
A, B et C qui esquissent une critique de l’islamité* puis de la modernité.
D et E comme introduction à la pensée et à l’alternative complémentaires.
F, G et H qui essaient de fonder un exemple de pensée pure et pratique complémentaire sur les richesses du discours et de l’expérience coraniques.
Reste à constater l’audace et peut-être l’imprudence de l’auteur concernant ce titre provocateur de « manifeste » et cette manière de parler un peu trop catégorique, je prie tout le monde que ces thèses et ces convictions soient jugées plus sur le contenu que sur la forme et que leur audace soit prise par le bon côté, celui de vouloir secouer un débat… Et que tout le monde se rappelle l’idée de l’un des maîtres de la philosophie selon laquelle le penseur formule d’abord sa thèse et ce n’est qu’ensuite qu’il en rassemble les preuves.
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note :
1 –v. Marcuse-Herbert, l’homme unidimensionnel, …,p.27.
v. aussi Djaït-Hichem, Régression des libertés ou retour du mal ?, in Académie Tunisienne des Sciences des Lettres et des Arts, 1ère rencontre internationale de Carthage, Tunis, 1996, pp.45-55.
2 – Ici, nous prenons une position précise et voulue par rapport à la théorie du langage, voir § 76
3-La complémentarité à l’origine était l’interprétation donnée par Niels Bohr au principe d’indéterminisme de Heisenberg (suivant lequel nous ne pouvons jamais connaître exactement et simultanément la position et l’état de mouvement d’un corpuscule ; toute observation ou expérience qui augmentent notre connaissance de la position ayant comme contre partie une diminution de notre connaissance de la quantité de mouvement, et inversement.) En Physique des particules, cette idée exprime une restriction de l’emploi simultané de concepts conjugués tels que ceux de localisation et d’impulsion. Mais en fait « à qui veut bien regarder, complémentarité et dualité se révèlent non comme des mystères propres à l’atome mais comme condition générale de notre connaissance à tous les niveaux »… « les aspects dualistes se multiplient à l’infini, aussi bien dans le domaine psychologique que physique ou physiologique. Double aspect des choses et des phénomènes qui se répercute sur la double trame de la connaissance » d’après Moreau – Jacques, Problèmes et Pseudo Problèmes du Déterminisme, Masson ed, Paris, 1964.
Notre choix de l’expression part d’une analogie entre cette complémentarité dans l’observation microphysique et la connaissance existentielle par l’homme qui –elle aussi- obéit au même principe « de la précision (ou d’accessibilité) antagoniste » à savoir l’impossibilité pour l’homme de saisir à la fois le monde matériel et le monde divin (v. nos § 115,116, 130… ), une vision complémentaire de ces deux points de vue au fond -antagonistes- représente la seule conception d’une connaissance existentielle qui soit ouverte sur les deux mondes.
Vous avez déjà remarqué que certains termes sont suivis d’un astérisque, ils feront l’objet de définition soit dans le glossaire soit dans l’index des noms propres.
Meskaoui Ahmady, qui aime se présenter en tant qu’un citoyen du Maghreb, est docteur en médecine et licencié en sciences de la nature. Il s’occupe depuis quelques années d’études autodidactes en philosophie, en linguistique et en psychologie cognitive.
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