D’aucuns vous diront que l’appel au boycott des élections présidentielles et législatives du 24 octobre est une vaine démarche. Rétorquant que les Tunisiens qui ne se sont jamais précipités sur les bureaux de vote, n’ont pas besoin de consignes ou de mots d’ordre à cet égard.
D’aucuns vous diront que l’appel au boycott des élections présidentielles et législatives du 24 octobre est une vaine démarche. Rétorquant que les Tunisiens qui ne se sont jamais précipités sur les bureaux de vote, n’ont pas besoin de consignes ou de mots d’ordre à cet égard. Leur enthousiasme, pour des élections dont l’issue est connue d’avance et qui plus est ne changeront rien de leur quotidien, n’a jamais été aussi tiède.
Aussi paradoxal que cela pourrait paraître, les défenseurs du boycott et leurs contradicteurs partagent non seulement le diagnostic d’une situation politique et sociale qui s’empire de jour en jour, mais anticipent également sur la réaction de Tunisiens las de participer à la même comédie toujours en tant que figurants mais jamais en vrais acteurs et encore moins en héros jouant les premiers rôles.
Le boycott des Tunisiens qui est le plus souvent l’expression d’un sentiment de ras-le-bol est tout aussi une manifestation de résignation et de perte de confiance en un avenir meilleur. Une sorte de fatalisme méthodologique s’est emparée de nos concitoyens les dépossédant des derniers éléments constitutifs de leur citoyenneté et par conséquent de tout rempart à la médiocrité ambiante.
C’est pour cette raison qu’il fallait mettre l’accent sur le caractère actif du boycott afin de transformer ce qui était conçu au départ comme une démonstration de force de la dictature et une atteinte à la dignité des citoyens, en un acte fondateur annonçant le début d’une conscience populaire se réappropriant les fondements d’une citoyenneté longtemps placardisée, à savoir : la dignité et la liberté.
Et c’est là l’enjeu de ces élections : transformer l’attitude négative des Tunisiens en une démarche positive. Les aider à sortir de leur léthargie pour qu’ils disent enfin NON à la dictature.
Dès lors, le 24 octobre ne serait qu’un prélude à ce travail de reconquête. Car faut il rappeler que les Tunisiens dans leur vie de tous les jours, boudent la dictature, dénoncent ses pratiques. Mais ils le font de la manière la plus discrète possible, à travers les blagues, le report sur les chaînes étrangères, l’émigration clandestine périlleuse, le repli sur la vie privée et l’abandon des espaces publics…
Réussir le passage du désengagement de la compréhension à l’engagement de la réaction, transformer la volonté de se taire en une volonté de faire, sont les grands enjeux de ces élections.
Face à une situation de malaise général, l’appel à la participation est en deçà du désarroi d’une majorité de Tunisiens silencieux mais bien conscients de leur drame. Leur demander de participer à un système conçu pour les comprimer, revient à leur demander de s’auto humilier. C’est un dédain !
Par ailleurs, ne rien faire et se satisfaire de leur apathie électorale, équivaut à les cantonner dans leur fatalisme et donner longue vie à la dictature.
Dans ces conditions, le boycott actif s’avère, ni plus ni moins, comme la meilleure des stratégies, et ce, afin de rompre avec l’insouciance ambiante et engager le combat de la dernière ligne droite contre la dictature.
Paris, le 21 octobre 2004
Chokri Hamrouni
Coordinateur du Collectif pour le boycott actif des élections.
iThere are no comments
Add yours