« Incroyable ! », « ahurissant ! », « grotesque ! », « invraisemblable ! », « du jamais vu ! », « quand est-ce que on va revenir sur terre ? »…Les avocats et tous les observateurs présents au procès en appel de Mohamed Abbou ne reviennent pas ! Leur désarroi est total !
Dans un climat de terreur, de grand banditisme d’Etat où la police politique s’est emparée du palais de justice, s’est déroulée, en pire et en plus tragique, la deuxième phase du plus grand scandale judiciaire de la Tunisie de Ben Ali.
Les avocats venus ce matin avec des roses où on peut lire la transcription suivante « Liberté pour Abbou » (offertes surtout aux citoyens), ne s’attendaient pas à ce scénario inédit d’un état de siège et d’une hostilité sans commune mesure à leur égard.
En première instance, ils avaient été empêchés de plaider. En appel, c’est encore pire ! On leur a interdit tout crûment l’accès au palais de justice.
Les représentants de la société civile tunisienne, les journalistes indépendants (à l’exception de ceux de l’AFP et de Reuters), les observateurs tunisiens ont été refoulés et empêchés d’assister au procès. Seuls les avocats étrangers, les diplomates et les observateurs internationaux ont pu pénétrer à la salle d’audience pour être évacués (sans aucune autre explication) à l’annonce du verdict.
Dans ce climat tendu et délétère, les avocats et à leur tête le bâtonnier ont décidé de se retirer et de ne pas plaider dans un procès où les conditions minimales d’équité et d’indépendance ne sont pas garanties.
Evacués après avoir été autorisés à entrer, les avocats solidaires de leur collègue ont été finalement empêchés d’assister à l’annonce du jugement comme par ailleurs Samia Abbou , l’épouse de l’avocat victime de cette machination policière et judiciaire.
Résultats d’une journée devenue presque banale d’une dictature au sommet de son arbitraire :
- Des cœurs brisés. Ceux de l’épouse, des enfants, de la famille et de tous les amis de Mohamed Abbou.
- Des avocats humiliés et une profession dépossédée de ses attributs et de son honneur.
- Une juge (Faïza Snoussi) ajoutée à la liste noire des juges corrompus et aux ordres.
- Une justice anecdotique qui ressemble à un champ de ruine.
- Une image de la Tunisie irréversiblement écorchée.
- Un régime résolu préparé à la répression de la rue (les avocats n’ont pas manqué de constater les nouvelles techniques utilisées par les forces de l’ordre pour placer les cordons et repousser les avocats).
- Mais en même temps notre détermination à continuer le combat jusqu’à la libération inconditionnelle de Mohamed Abbou.
Paris, le 10 juin 2005
Imad Daïmi, Vincent Geisser, Chokri Hamrouni
Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou
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