Abdelaziz Ben Dhia est le plus ancien des Ministres de la planète Terre toute entière, il a le plus long des titres, ME2M : Ministre d’Etat, Ministre conseiller principal du Président de la République, Ministre Porte-parole officiel de la Présidence (entendu : Monsieur, l’actuel Président et Madame, son actuelle épouse), membre du Politburo du RCD, ancien PSD, ancien, PD, ancien PLDT, ancien Destour, le parti le plus ancien au pouvoir après le PC chinois, mais qui reste le record mondial en terme d’adhérents par tête d’habitant, frolant les 35%. Le mokininien Ben Dhia vient d’annoncer “l’annulation des mesures administratives” prises, par le Ministre de l’Enseignement supérieur, à l’encontre “d’enseignants universitaires ayant fait grève”. Le Ben Dhia, ancien enseignant universitaire lui même et ancien ministre de l’Enseignement supérieur ajoute qu’il (Le Présidnet dont il porte la parole-officielle) a pris cette décision “en concrétisation de l’estime qu’il porte à la famille de l’éducation et de l’enseignement”.
C’est une victoire pour le coprs enseignant et pour le mouvement syndical autonome dans son ensemble. Le régime cède ainsi face au malaise généralisé qui enveloppe le pays et tente de limiter les dégats de sa gestion autoritaire et de ses décisions répressives prises à la hâte et à l’encontre des aspirations de la société.
Mais cela dit, la méthode Ben Dhia pose problème :
Primo : Qui a pris cette décision d’annulation ? Le Président ou son Ministre d’Etat, Ministre Conseiller principal, qui porte aussi sa parole officielle ? Cela pose le problème de la prise de décision (occulte) au sein d’un pouvoir présidentiable manichéen et poussé à l’extrême de la personnalisation, mais avec un présidnet, prisonnier de son Palais, agé de près de 70 ans et qui est, dit-on, selon la vox populi, atteint de cancer, de défection chronique du foie et d’état maniaco-dépressif continu.
Secondo : Le mode de décision, par communiqué du Ministre porte-parole officiel de la présidence, est humiliant, non seulement pour son collègue au gouvernement, et confrère dans l’enseignement, le juriste Lazhar Bououni, mais aussi pour le Premier Ministre, chef du gouvernement, Mohamed Ghannoucui, et l’ensemble de son gouvrnement, dont fait partie d’ailleurs le Mokninien Ben Dhia.
Tertio : La tradition républicaine veut que lorsque le gouverment recule sur un dossier, le Ministre en charge du même dossier prend le soin de l’annoncer, ou le Premier Ministre. Dans notre système présidentialiste, c’est le chef de l’Etat, chef de l’exécutif qui assume cette tâche pour ramener la paix sociale, lorsque la question est grave, mais point un autre Ministre du même gouvernement, fût-il le ME2M (Ministre d’Etat, Ministre (conseiller), Ministre (porte-parole)).
Par le passé, ce fut le Premier Ministre, feu Bahi Ladgham, qui fit l’annonce de la fin de l’expérience collectiviste de son excellence le”s” Ministre”s” Ahmed Ben Saleh. Même agé, feu Habib Bourguiba, premier président de la République, tenait à annoncer lui même la décision d’annuler les hausses des prix du pain à la veille des émeutes du 3 janvier 1984.
Quarto : Par dessus le cinéma (préidentiel) continu de vouloir présenter Carthage, depuis le 07-11 du siècle dernier, sous l’angle de l’humanisme, de l’angélisme et de l’écoute des citoyens, contre des Ministres méchants et incompétents, on est en droit de se demander qui est le commanditeur de la première décision, aujourd’hui annulée. Qui a pris cette décision, de ponctionner les salaires des Enseignants du supérieur, si ce n’est l’actuel chef de l’Etat en personne, depuis son Bunker de Carthage ? Aucun ministre n’a la capacité, ni le courage de prendre la moindre décision sans l’intervention et la bénédiction du Bunker et de son locataire en chef, Mr Ben Ali en personne.
Quinto : Le Bunker de Carthage, qui abrite la présidence, dispose depuis le 07-11 du siècle dernier, d’un gouvernement parallèle, un gouvernement de l’ombre qui double le gouverneent de la République, sis au Palais de la Casbah. Au Bunker, c’est le proche conseiller du Président et son proche tout court, le Ministre Conseiller Hamed Mlika, qui s’occupe du Département (présidentiel) de l’Education et de l’Enseignement. Selon toute vraisemblance, ce Mlika-là a été, ou à l’origine de la décision annulée, ou à l’origine de sa transmission au Ministre de la République en charge du département (ministériel) de Enseignement supérier. Résultat des courses, c’est le Ministre de la République qui en sort affaibli, alors que son alter-ego de l’ombre s’en trouve conforté.
Sexto : Le Ben Dhia occupe de plus en plus de place dans les médias. Il vient de donner un grand meeting, dit de franchise !, avec les intellectuels et l’lite du parti, puis s’est déplacé en grande phanphare (présidentielle) à la grande foire de Sfax. Ce qui a fait dire au bulletin d’information Maghreb Confidentiel, qu’il se prépare à succèder à Mohamed Ghannouchi à la Casbah. Peut être même que cette intense “activité” et visibilité ne serait pas l’amorce d’une autre succession. Ce qui serait, dans les deux cas, l’expression et la démonstration ultime de la sclérose du système politique tunisien.
Septuo : Si le Ministre d’Etat ME2M prend toute cette place dans les institutions de la République, au dessus du gouvernement et de son Premier Ministre, quelle est l’utilité de ce dernier ?
Octo : Si le Bunker décide tout seul, avec son armada de policiers, de conseillers et de Ministres conseillers, quel est l’utilité du gouvernement ? Cette situation nous rappoche plus du modèle Ould Taya, général de son Etat de Mauritanie, qui a vidé le gouvernement de son sens et l’a affaibli face au Palais depuis son arrivé au pouvoir. Cela nous rapproche, malheursement, du modèle de Kadafi, Colonel de son Etat de Libye, qui a détruit tout sens du mot Etat, tout simplement. De quoi nous poser des questions sur la persepctive politique de la “République de Demain”, qui nous attend à l’automne 2009, si rien n’est fait. Cette République-là, est déjà inscrite dans le calendrier de la “République d’Aujourd’hui” et de sa propaganda, comme à la Mao-Ze-Dong.
Abdel Wahab Hani
Paris, le 15 juillet 2005
TUNIS – Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a fait annuler jeudi des “mesures administratives” prises à l’encontre d’enseignants universitaires ayant fait grève pour de meilleures conditions de travail, a annoncé jeudi le porte-parole de la présidence de la République.
M. Ben Ali a pris cette décision “en concrétisation de l’estime qu’il porte à la famille de l’éducation et de l’enseignement” et “de sa considération pour la noble mission qu’assument les cadres de l’enseignement supérieur”, a déclaré le porte-parole cité par l’agence officielle TAP.
Cette mesure répond ausi “au désir de plusieurs d’entre eux de consolider la qualité du climat social sain prévalant dans les institutions universitaires” en Tunisie, a-t-il poursuivi.
L’annulation des sanctions est intervenue au lendemain de la “Journée nationale du savoir”, marquant la fin de l’année scolaire et universitaire.
Des universitaires n’avaient pas été payés en juin à la suite d’une grève de plus d’un mois, suspendue le 30 juin pour “préserver les intérêts des étudiants et de l’université”.
Lancée par le Syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SGERRS), le mouvement avait empêché la correction des examens de fin d’année dans plusieurs universités, provoquant un retard des délibérations et le risque d’une année blanche.
L’administration avait fait appel à des vacataires pour remplacer les grévistes qui demandaient “la révision de leur statut, la démocratisation des structures de gestion universitaire et des hausses d’indemnités”.
Annonçant la supension du mouvement, le SGESRS avait appelé au dialogue avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique tout en maintenant les revendications.
Selon des sources syndicales, la quasi totalité des enseignants titulaires, estimés à plus de 6.800, avaient fait grève, le ministère évaluant le nombre de grévistes à 470.
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