Traduction : “Vous ne les arrêterez pas, mais vous pouvez vous protéger. Votre Créateur connait votre intérêt mieux que vous”

Cette photo, qui circule parmi les internautes égyptiens, nous a été transférée par l’un de nos Observateurs. Son message s’adresse aux femmes : sortez voilées pour éviter que les hommes ne vous tournent autour comme des mouches.

Cette campagne virale – le texte est en arabe égyptien, mais nous n’avons pas pu identifier l’origine du document – incite les femmes à porter le niqab, c’est-à-dire une tenue qui couvre entièrement le corps et ne laisse que les yeux découverts. En Egypte, le hijab, qui ne couvre qu’une partie du visage, est de plus en plus porté, mais le niqab reste lui très minoritaire.

“Je trouve ça insultant de comparer la femme à une sucette”

Farnaz Seifi est une féministe iranienne. Elle a porté le voile jusqu’à son arrivée en Europe l’année dernière.

” Mon expérience de femme dans le seul pays du monde où le port du voile est obligatoire m’a appris que cela ne nous prémunit en rien du harcèlement sexuel. En Iran, même les femmes qui portent le tchador [en Iran, le tchador est noir ; il couvre tout le corps et ne laisse que le visage apparaître] sont victimes de harcèlement. Même dans la rue ! J’ai rencontré beaucoup d’hommes en Iran qui affirment qu’une femme voilée est plus sexy.

Cette campagne découle d’une interprétation vraiment radicale de l’Islam. C’est de la pure propagande. Dans les textes islamiques, il est écrit de couvrir les cheveux et le cou, pas le visage. Et personnellement, je trouve ça insultant de comparer la femme à une sucette. Quelles que soient les personnes à l’origine de ce message, ils voient la femme comme un objet sexuel et comme un être inférieur. Limiter le choix des femmes ne sera jamais la bonne solution contre le harcèlement sexuel.

En Iran, on porte des jeans, des Converse et des foulards qui cachent à peine nos cheveux. On a réussi à adapter le foulard à la mode. Depuis que j’ai quitté l’Iran, je n’ai jamais plus porté le voile. Au début, j’étais vraiment heureuse. Je ne l’avais pas choisi et je n’ai jamais aimé le porter. Je n’avais d’ailleurs même pas pris de foulard dans ma valise.”

“Si elle [ma femme] décidait d’enlever son voile, je ne m’y opposerais pas.”

Abdul Monem Mahmoud est un blogueur membre des frères musulmans. Il vit au Caire.

” Selon la charia, la femme doit porter un voile qui couvre sa tête et son corps. Mais je pense que c’est sa volonté qui compte avant tout. Ma femme porte un voile qui couvre sa tête et son corps, mais elle a un jean en dessous. Si elle décidait d’enlever son voile, je ne m’y opposerais pas. Je respecte ses choix.

Le voile n’est pas un gage de respectabilité. C’est le comportement des femmes qui compte, leur éducation, leur intelligence. Car je connais des femmes voilées qui agissent contre la morale islamique.

Selon moi, cette image est réductrice parce qu’elle affirme que seule la femme voilée est “sérieuse”. Cette vision a de nombreux adeptes dans la société arabe et égyptienne. Les télévisions arabes prêchent souvent pour un voile complet. En Egypte, certains leaders religieux recommandent le “niqab” ou même la “burqa”. Mais je pense que c’est étranger à notre culture et à la religion musulmane.

C’est un discours influencé par le modèle iranien et par les wahhabites. Nous devons faire attention à ce que véhiculent les chaînes du satellite. Je suis un frère musulman, mais je respecte la liberté de chacun. Et la femme doit vivre en conformité avec ses désirs.”


Réactions publiées sur le site Les observateurs de la chaine d’information continue France24