« On avait un problème et à présent il est résolu. » (José Maria Aznar [1]

Le lecteur qui a commenté mon article [2] sur le discours prononcé par le président français M. Nicolas Sarkozy n’est certainement le seul à qui – pour des raisons subjectives, pour manque d’informations ou pour d’autres raisons de sympathie suspecte et de vil opportunisme – déplaît la vérité. Les uns comme les autres disposent de moyens considérables et de tribunes innombrables pour falsifier l’histoire surtout quand cette vérité se rapporte à la question palestinienne et par conséquent à la création de l’État d’Israël. Tout d’abord dans l’article commentant le discours du chef d’état français devant la Knesset, l’amalgame qui semble, à juste raison, gêner notre lecteur vient de la bouche même de Monsieur Sarkozy et se trouve parfaitement ancré dans son esprit, dans celui de l’intellect occidental et particulièrement de cette classe politique bien déterminée : N’a-t-il pas dit, M. Sarkozy que le cœur de tout juif où qu’il se trouve sur la planète [y compris celui qui pourrait se trouver à Djerba en Tunisie] doit battre d’abord pour l’État d’Israël ? Or un citoyen normal n’importe où dans le monde s’attache, par la force des choses et par la logique sociale, à la terre de sa naissance, de sa culture, de son histoire des ambitions de son peuple et de ses aspirations. Un sentiment patriotique légitime et raisonnable est, bien sûr, tout à fait compatible avec le sentiment de solidarité et de destin commun que devrait éprouver tout citoyen, où qu’il soit, avec le reste des humains. C’est le signe parfait de bonne santé morale qui indiquerait que nous vivons bien dans un monde civilisé. Hors tel que le monde se présente tout indique, bien malheureusement le contraire. Pour des raisons multiples, l’humanité semble s’être installée confortablement, comme jamais auparavant dans la barbarie même si certaines apparences suggèrent tout à fait autre chose. Mais là n’est pas la question.

Car depuis que l’Occident, dans sa totalité, refusant de lâcher prise de son hégémonie, cultivant coup après coup ou guerre après guerre, sa domination sempiternelle sur monde, ait décidé tout simplement d’exporter la problématique, il n’a fait – comme il était déjà prévisible, non seulement depuis le partage de l’empire ottoman au début du siècle dernier , mais tout au long de son histoire – que créer plus de tragédies, de souffrances à des milliers, sinon des millions de victimes et des fleuves de sangs qui coulent depuis l’arrivée des premiers colons israéliens, dans cette même région du monde d’abord, et, ce bien avant l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir. La suite est plus ou moins connue. Et le comble c’est qu’il persiste à faire croire que ça soit la bonne solution de d’installer les sionistes en Palestine et par-dessus-le-marché, faire porter les frais de tout le gâchis et les conséquences désastreuses de ses deux grandes guerres sur le compte des arabes et des musulmans comme s’ils étaient eux-mêmes réellement les acteurs de ces guerres et non les victimes.

Ainsi la phrase prononcée par un dirigeant européen contemporain est édifiante sur l’esprit occidental prédateur par nature. S’expliquant, d’une manière lapidaire, sur les problèmes de l’immigration, régulière ou non, ce monsieur avait donné l’ordre à ses policiers d’expulser manu militari tout immigré en situation non compatible avec les normes et les valeurs occidentales. Mais voilà que les dures manières employées par ces policiers qui accompagnaient le pauvre immigré à l’intérieur de l’avion ont fini non pas par le ramener vers son pays d’origine sinon ils l’ont expédié vers l’au-delà pour la paix éternelle de son âme. Commentant la tragédie, ce dirigeant a textuellement dit : « On avait un problème et à présent il est résolu ». Pendant quelques jours les journaux, quelques uns contre mais la majorité pour, avaient commenté le drame et par la suite plus rien. C’est un cas typique et propre à l’esprit occidental. D’ailleurs la question est d’actualité en ces jours du mois de juillet 2008.

Dans la région de Murcia, Almeria et les villages avoisinants, les informations nous parlent de razzias sur les pauvres immigrés dans leur majorité des magrébins. Il est question de plus d’un millier de détenus. On n’a fait aucune distinction entre les réguliers et les non réguliers. Bien que ça ne soit pas l’objet de notre sujet, néanmoins c’est un dérivant parmi tant d’autres de l’injustice majuscule que supportent les peuples arabes et musulmans.

À Jenine c’est pire qu’à Auschwitz.

Oser tout simplement critiquer et non pas lutter contre une monumentale aberration avec tout ce quelle comporte d’injustice incommensurable, car après tout, personne au monde ne peut empêcher le peuple palestinien, et les peuples arabes et musulmans, de lutter contre des envahisseurs quels que soient leurs arguments et beaucoup moins quand ces arguments relèvent de la mythologie. Tout dernièrement c’est l’ex-président américain Jimmy Carter qui est épinglé pour ses déclarations et pour son livre « Palestine : Peace Not Apartheid ou Palestine : Paix Non Apartheid» assez critique envers les israéliens, mais sans mettre en question l’existence de l’État sioniste, comparant leur comportement vis-à-vis des palestiniens à celui de l’apartheid pratiqué en Afrique du Sud à l’époque du pouvoir blanc jusqu’à la libération de Nelson Mandela en 1991. Non seulement, Carter est accusé publiquement d’antisémite et d’éprouver des sentiments de haine envers les juifs, sinon on l’accuse encore d’avoir des sympathies nazis ![3]

Les écrivains, l’espagnol Juan Goytisolo et le portugais José Saramago, Prix Nobel de littérature en 1998, n’avaient pas pu se retenir de qualifier l’horreur qu’ils venaient de voir de leurs propres yeux à Jenine en 2002 au point que Saramago s’est exclamé : « Mais c’est pire qu’à Auschwitz ». Eh bien tous les deux ont été priés, de bonnes manières, de quitter le plus rapidement possible l’état d’Israël. Et depuis ils se sont vu inscrire leurs noms sur la longue liste noire des persona non grata. On n’ignore si Saramago, pour ses sympathies procubaines n’est pas encore inscrit sur l’autre liste noire parallèle tenue par la Maison Blanche en tant que « vulgaire terroriste. » Terroriste toujours selon la définition exclusive partagée par les américains et les israéliens. Beaucoup d’autres éminents professeurs, historiens et écrivains sont sur la même liste israélienne au moins. Sinon généralement sur les deux. Roger Garaudy, le français avait déjà précédé de plusieurs années tous les autres. L’écrivain anglais David Irving, le compatriote de M. Balfour, celui à qui on doit la fameuse promesse faite aux fondateurs de l’état d’Israël avec la déclaration de 1917 qui porte pour l’éternité son nom, lui aussi est accusé d’antisémitisme. Toutes ces persécutions menées, tambour battant, par un nombre infini d’associations strictement et aveuglement pro-israéliennes constituées uniquement par des juifs ne font qu’approfondir l’amalgame qu’on veuille, comme le fait le lecteur déjà cité, coller aux autres. Lisons cette phrase de la bouche même de M. Benjamin Netanyahu : « Je sais que je parle au nom de chaque israélien et au nom de chaque juif dans le monde, quand je dis aujourd’hui : Merci peuple des États-Unis ».[4] Qui amalgame cher monsieur ?

L’AIPAC, le tout puissant pouvoir mondial.

Quant au plus que célèbre et extrêmement puissant Lobby israélien AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) devant lequel défilent – à chaque élection présidentielle – un par un tous les candidats à la présidence des États-Unis, Démocrates comme Républicains, pour déclarer leur allégeance indéfectible à l’État d’Israël, sans laquelle aucun n’a la moindre chance d’arriver à la Maison Blanche. [5] Tous assurent qu’une fois au pouvoir, ils feront tout, afin que les israéliens continuent à recevoir des milliards de dollars et tout le matériel de guerre nécessaire pour garantir, comme jusqu’à présent, la suprématie totale en mer, sur terre et dans le ciel sur tous leurs voisins réunis. On voit bien qui élie quoi et les limites réelles de la démocratie, non seulement aux États-Unis, mais dans tout l’Occident. « Les individus et groupes qui composent ce puissant lobby aux États-Unis”, écrivent encore les auteurs du livre « The Israël lobby and the U.S Foreign Policy » John Mearsheimer et Stephen M. Walt duquel on doit la grande partie des vérités qui vont suivre tout au long de cet article, sur cet État et sur l’histoire de sa création, se préoccupent profondément pour Israël et n’acceptent d’aucune manière que des politiciens américains émettent la moindre critique contre les israéliens, même quand la critique est justifiée et se trouve dans l’intérêt de l’État israélien.

Tout au contraire, ces groupes exigent des dirigeants américains qu’ils traitent Israël comme s’il était le “51ième État.”[6] « D’ailleurs ce lobby israélien à réussi à convaincre beaucoup d’américains en leur faisant croire que les intérêts des États-Unis et d’Israël sont, dans leur essence, les mêmes. En réalité, ils ne le sont pas. » Ajoutent les deux auteurs[7]. Qui amalgame quoi cher monsieur ? Cet exemple n’en est qu’un. Et il n’y a pas un seul pays au monde et surtout dans les pays occidentaux où l’influence des lobbys israéliens n’est pas foudroyante. Il importe peu si aux États-Unis on l’appelle lobby et ailleurs en Occident on l’appelle association ou organisation, l’effet est toujours le même, létal, pour quiconque ose remettre en question ou réfuter tel ou tel argument.

Les arguments et les mythes.

1- Le petit état assiégé :

La France tout comme tous les autres pays occidentaux, du plus petit au plus vaste, comme les États-Unis ou le Canada, considèrent leur passé colonial comme des brillantes pages de civilisation. Alors qu’en réalité il s’agit des pages des plus sombres de l’histoire de l’humanité jusqu’à présent. À lui seul, un pays comme la Hollande avait, durant des siècles pillé et massacré des peuples entiers, en Afrique, en Asie et en Amérique. La Belgique le pays voisin a dévasté une grande partie de l’Afrique. La France a fait autant que les deux pays réunis en Afrique comme ailleurs et considère encore, aujourd’hui même, que l’Afrique du Nord, l’Afrique Centrale et l’Afrique Occidentale comme sa chasse gardée. D’ailleurs cette région d’Afrique du Nord, change de dénomination selon les besoins du moment et des maîtres. Aujourd’hui monsieur Sarkozy nous a inventé une nouvelle dénomination : La rive sud de la méditerranée dans l’Union Méditerranéenne qui se trouve dans son esprit. Pour d’autres par exemple les espagnols c’est le Maghreb etc. Le Parlement français était sur le point d’adopter une loi qui élèverait, à la satisfaction morale et à un hypothétique soulagement de conscience des anciens colons et de leurs descendants, l’époque coloniale au rang de page glorieuse au cours de laquelle les colons se seraient transformés magiquement en brigades humanitaires qui se sont sacrifiés pour l’émancipation des peuples colonisés ! Ni plus ni moins.

Et comme certains des responsables algériens qui avaient protesté contre ce projet de loi français et avaient exigé, au moins un petit geste de la part de la France s’excusant pour les cent trente ans de colonialisme et de ses conséquences qui perdurent, ils n’ont eu que la phrase sibylline prononcée par – justement – le même Sarkozy lors de sa dernière visite en Algérie : « Il est regrettable que des erreurs ont été commises de part et d’autre… » D’ailleurs M. Sarkozy avait même menacé d’annuler la visite si certains algériens insistaient trop sur cette question. Ni les américains, ni les canadiens, ni aucun pays occidental n’ont jamais reconnu les crimes, les génocides et les exterminations commises durant des siècles et jusqu’à nos jours. Pourtant dès qu’il s’agit d’Israël, ils s’évertuent en moralité. Ils n’ont rien d’autre sur la conscience que la sécurité du « petit Israël » qui s’affronte à un dangereux voisinage. Le peuple israélien, selon la morale occidentale a toujours eu des ennemis à ses frontières et des terroristes toujours prêts à frapper. Hors rien de tout cela n’est vrai. L’imposture dans ce cas est monumentale. Sinon voyons les réalités historiques :

Au nom des victimes, les bourreaux se transforment en anges.

« L’idée répandue sur le comment s’est créé l’État d’Israël et son comportement postérieur envers les palestiniens ainsi qu’envers les états voisins est totalement erronée. Elle est basée sur un ensemble de mythes et mensonges concernant les évènements du passé que les académiciens israéliens – durant les dernières vingt années – ont systématiquement réfutés et démentis. Bien qu’il n’existe aucun doute sur le fait que les juifs aient été des victimes en Europe, ils se sont transformés durant le long du dernier siècle, en bourreaux au Moyen Orient. Leurs principales victimes étaient et le demeurent les palestiniens. Cette idée principale est non seulement soutenue par des évidences indiscutables, sinon elle est aussi intuitivement plausible. Après tout comment ont-ils pu, les juifs qui arrivaient d’Europe en Palestine, créer leur propre État sans utiliser des moyens extrêmes contre la population arabe qui vivait en cette terre sur laquelle ils voulaient construire leur nouvel État ? – Avec les moyens qu’avaient utilisés les européens qui vont créer les États-Unis et le Canada, c’est-à-dire en commettant les plus graves et plus atroces crimes contre les habitants autochtones.[8]» (…)

Ce que les sionistes considèrent leur guerre d’indépendance, elle serait en réalité composée de deux conflits séparés, écrivent les auteurs du livre The Israël Lobby. Le premier consiste en la guerre civile entre palestiniens et juifs commencé le 29 novembre 1947 (Le jour où l’ONU avait adopté la résolution sur le partage de la Palestine sous mandat britannique) et durera jusqu’au 14 mai 1948 (Le jour que l’État d’Israël déclarera comme le jour de son indépendance).Le deuxième conflit a été une guerre entre Israël et cinq armées arabes, qui commença le 15 mai 1948 pour se terminer le 07 juin 1949. Les sionistes avaient réussi une victoire hors de toute proportion sur les palestiniens dans cette guerre civile. Ils mirent à profit leurs avantages en nombre et en qualité aussi bien en soldats qu’en munitions. Les unités de combat juives étaient beaucoup mieux organisées et entraînées que les forces palestiniennes qui avaient été décimées par les britanniques durant la révolte de 1936-1939 et de laquelle ils ne s’en sont plus récupérées en 1948.

Selon l’historien israélien Ilan Pape, quelques milliers de soldats palestiniens et arabes irréguliers se sont confrontés à des dizaines de milliers de troupes juives bien aguerries. Et comme on pouvait bien s’y attendre, les dirigeants israéliens étaient bien conscients de ce déséquilibre des forces et l’exploitèrent, comme il se doit à leur avantage. (…)Les israéliens avaient aussi des avantages considérables en éléments humains sur les cinq armées arabes durant la guerre de 1948. L’historien israélien Benny Morris signale à ce sujet que quand les combats avaient commencé vers le milieu du mois de mai 1948, Israël aligna 35.000 soldats en comparaison avec les soldats arabes envahisseurs qui comptaient entre 25.000 et 30.000. Quand l’Opération Dani avait commencé en juillet, les israéliens alignèrent 65.000 hommes et en décembre 90.000 hommes armés. À chaque phase ils augmentaient significativement leurs forces et ainsi, le nombre des forces armées israéliennes dépassaient de loin l’ensemble des forces palestiniennes et arabes. En même temps, les israéliens disposaient davantage d’armements. (…) En conclusion, les sionistes gagnèrent la guerre civile contre les palestiniens et la guerre contre les arabes envahisseurs pour la simple raison qu’ils avaient disposé de puissances de feu considérables par rapport à leurs adversaires malgré la suprématie en nombre des populations arabes. Comme le signale Morris, la puissance de feu, l’élément humain et l’organisation furent déterminants quant à l’issue de la bataille.»

Les manipulations tous azimuts, l’usage du mensonge et des mythes, les farces, les faits accomplis, sont parmi les caractéristiques constantes de l’État d’Israël et de l’esprit sioniste. Encore un exemple flagrant de la supercherie des israéliens.

« Le mythe d’Israël victime, écrivent les mêmes auteurs[9] se reflète bien dans l’opinion très répandue concernant la guerre de 1967 qui affirme que l’Égypte et la Syrie sont les principaux responsables pour avoir commencé la guerre. Il se disait que les arabes étaient en train de préparer une guerre contre Israël quand les forces armées sionistes allaient les surprendre et gagner par un coup de main en remportant une éclatante victoire. Hors les nouveaux documents qui viennent de voir la lumière du jour laissent pourtant bien clair que les arabes n’avaient aucune intention de commencer une guerre à la fin du printemps de 1967 et encore moins l’intention de détruire l’Etat juif. Avi Shlaim, un éminent historien israélien de la « Nouvelle Histoire » a écrit que tous les commentateurs des évènements sont unanimes sur le fait que Nasser [Le président égyptien à l’époque] n’avait ni voulu ni planifié une guerre quelconque contre Israël. En réalité c’est à Israël que revient la responsabilité considérable d’avoir fait éclater la guerre. Shlaim ajoute, que la stratégie israélienne dans l’escalade avec la Syrie serait probablement le facteur déterminant qui a entraîné le Moyen Orient dans la guerre en 1967 et ce malgré l’opinion généralisée à ce sujet qui signalait l’agression syrienne supposée comme la principale cause de la guerre. Shlomo Ben Ami, un autre historien israélien va encore plus loin et écrit : C’est Isaac Rabin, le chef de l’État Major des forces armées israéliennes qui avait conduit intentionnellement Israël à la guerre contre la Syrie. Rabin était bien décidé à provoquer une guerre contre la Syrie parce qu’il pensait que c’était l’unique moyen d’empêcher les syriens d’appuyer les attaques du Fatah contre Israël.

Depuis nous sommes pratiquement au même point et malgré tout, le mythe, du pauvre petit Israël, assiégé par un océan d’arabes envahisseurs se maintient presque intact. Toutes ces victoires du petit David contre le Goliath, signale le même historien Morris,

offrent une éloquente évidence du patriotisme des israéliens, de leur capacité d’organisation et de leur habilité militaire, mais révèlent surtout combien Israël était loin de se trouver sans défense même aux premières années de sa création. Aujourd’hui, Israël est la puissance militaire la plus importante dans tout le Moyen Orient. Ses forces conventionnelles sont très supérieures à celles de tous ses voisins réunis et en plus il est le seul État à disposer des armes nucléaires.[Selon l’ex-président américain Jimmy Carter, Israël dispose d’au moins 150 bombes atomiques] (…) Selon une étude faite en 2005 par le prestigieux Centre Jaffée des Etudes Stratégiques de l’Université de Tel Aviv, la balance stratégique penche nettement en faveur d’Israël et la différence entre sa propre capacité militaire ainsi que ses pouvoirs de dissuasion et ceux de tousses voisins constitue un gouffre d’une profondeur insondable.»

Et pour conclure sur ce point les auteurs américains du livre en référence se posent la question sur le rôle des États-Unis qui prétendent – selon l’un des principes fondamentaux de leur constitution – venir toujours au secours des faibles.

« Si le principe du soutien du faible s’appliquait d’une manière convaincante et crédible, les États-Unis seraient venus au secours de ceux qui résistent à l’État d’Israël et non pas l’inverse »

En conclusion à partir du moment où le fondateur du mouvement sioniste au Congrès de Bâle en 1897, le hongrois Benjamin Ze’ev, plus connu sous le nom de Theodor Herzl, et jusqu’à nos jours, jamais les israéliens n’avaient manqué de moyens pour avoir toujours une suprématie militaire écrasante sur tous leurs voisins réunis. Un an avant la fondation du mouvement sioniste, le même personnage avait déjà fondé Le Fonds National Juif pour l’achat des terres en Palestine. On était encore loin de l’holocauste qui va arriver presque un demi-siècle plus tard.

2- Réparations pour les crimes du passé :

Avant la persécution des juifs en Europe et l’apparition de l’antisémitisme avec probablement son point culminant l’inquisition en Espagne, au début du 16ième siècle à l’arrivée des rois catholiques et les désastres causés par le régime hitlérien au milieu du 20ième siècle, et, après jusqu’à nos jours, l’histoire de l’hégémonie occidentale sur le reste du monde n’a pas porté aux quatre coins de la planète de la civilisation et des roses mais bien les crimes les plus abominables, des massacres les plus monstrueux et les génocides incomptables en Amérique, en Afrique, en Asie et partout ailleurs. Pour tous ces crimes et génocides aucun pays occidental n’a jamais été traduit en justice nulle part à l’exception de l’Allemagne qui est devenue le bouc émissaire acceptant, comme un Christ, d’endosser tous les méfaits des autres et accepte d’être crucifiée. Et ce sont uniquement les sionistes israéliens qui en profitent de cette espèce de justice. Mais le problème c’est que l’hégémonie occidentale n’est pas le passé, elle est le présent. Et si on laisse faire elle sera aussi le futur.

Dans le livre « The Israël Lobby on peut lire encore :

« Comme les juifs ont souffert des persécutions durant des siècles, beaucoup estiment qu’Israël mérite un traitement spécial de la par des États-Unis.

[En réalité c’est un traitement spécial de la part de tout l’Occident dans sa totalité. Pour ce qui concerne le «traitement » spécial dédié par l’Allemagne, il a plutôt l’allure d’une extorsion consentie, multiforme et illimitée dans le temps et dans le volume. Des milliards d’euros donnés en espèce aux engins militaires les plus meurtriers en passant par la mise à la disposition de l’État d’Israël tous les services secrets allemands et sa collaboration totale. ]

Cette vision des choses constitue la base du programme original du sionisme qui joue un rôle déterminant à l’heure de convaincre les États-Unis et les autres états d’apporter leur soutien financier à Israël. Et ça continue à avoir résonnance jusqu’à nos jours.

“Il est indéniable que les juifs ont dû pâtir durement de l’antisémitisme et la création de l’État d’Israël n’a été qu’une réponse adéquate à la longue histoire de crimes. Cette histoire

[L’histoire des crimes de l’Occident qui n’a épargné pratiquement aucun peuple de la planète et pas seulement les juifs. Des peuples entiers ont disparus de la planète, eux ils n’ont pas eu le temps de constituer des organisations et des lobbies puisqu’ils sont totalement disparus. Pour le reste il semble que les sionistes ont monopolisé définitivement ce domaine pour en faire avec toutes ses pièces, comme l’écrit Norman Finkelstein, l’Industrie de l’Holocauste.[10]

est suffisante pour elle-même pour fournir un argument considérable de force morale pour appuyer la fondation et l’existence continuelle de l’État d’Israël. Ce soutien est d’ailleurs conforme au compromis général que les Etats-Unis ont pris en charge vis-à-vis de l’autodétermination des nations. Nonobstant il est impossible d’ignorer que la création d’Israël ait entraîné des crimes considérables et additionnels contre une tierce partie impliquée par force et dans une grande mesure innocente : Les palestiniens. Les crimes commis contre les juifs justifient bien le soutien à l’existence d’Israël, mais les crimes contre les palestiniens ont fini par miner sérieusement ce droit à un traitement de faveur.

L’histoire des ces évènements est largement justifiée par d’indiscutables dossiers. Quand le sionisme politique a commencé d’exister sérieusement vers la fin du XIX siècle, il n’y avait en Palestine qu’entre 15.000 et 17.000 juifs.

[Dans la plupart des pays arabes il y avait à la même époque plus ou moins des nombres pareils de citoyens juifs dont certains continuent aujourd’hui encore à y vivre comme par exemple au Maroc, en Tunisie, en Egypte, et même au Yémen.]

En 1893, par exemple, les arabes palestiniens constituaient plus ou moins les 95% de la population en Palestine. Le fait qu’à l’époque ils étaient sous le régime Ottoman, n’enlève rien au fait qu’ils étaient propriétaires depuis plus de treize siècles. L’archaïque maxime sioniste qui veut dire que la Palestine était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » n’a aucun fondement et est totalement erronée en ce qui concerne la terre, puisque elle se trouvait bien habitée.

Les premiers sionistes qui se faisaient à l’espoir de voir les vagues successives de juifs qui quittaient l’Europe au cours les dernières décennies du XIX siècle allaient venir en Palestine et de cette manière allaient constituer un avantage numérique sur les habitants arabes de la région, vont être déçus puisque la majorité de ces juifs ont préféré émigrer vers les États-Unis. Seulement 100.000 des quatre millions de juifs qui ont abandonné l’Europe entre 1880 et 1920 émigrèrent effectivement en Palestine. Jusqu’à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, le nombre des juifs en Palestine n’arrivait même pas au niveau du généreux contingent d’immigrants établi par les britanniques. En 1948 à la fondation de l’État d’Israël, ses 650.000 juifs constituaient autour des 35% de la population totale de la Palestine et ne possédaient que les 5% des terres.

Le seul état au monde sans frontières, ni réelles ni artificielles.

Dès le départ les sionistes les plus importants étaient décidés à créer un État juif qui englobe toute la Palestine y inclus des territoires du Liban et de la Syrie. (…) Aux États-Unis [Et dans tout l’Occident] existe une idée très répandue et plus particulièrement au sein des inconditionnels d’Israël qui veut faire croire que les sionistes étaient désireux d’arriver à un accord sur une Palestine divisée d’une manière permanente en deux et qu’en effet ils acceptaient le plan de partition proposé par les britanniques à travers la Commission Peel en 1937 et celle de l’ONU en 1947. Mais ce qui est sûr c’est que leur acceptation des ces plans n’a jamais signifié qu’ils aient renoncé à leur volonté de n’accepter qu’une partie de la Palestine pour toujours, ni qu’ils n’aient jamais envisagé voir se créer un quelconque État palestinien. Les innombrables études les plus récentes confirment d’une manière catégorique que la direction sioniste, si quelquefois elle s’est montrée disposée à accepter la partition, ce n’était qu’une manœuvre tactique et un premier pas vers leur lointain et authentique objectif. Les sionistes n’avaient aucune intention de coexister avec un état palestinien viable à long terme. Un tel développement des évènements entre en conflit direct avec le rêve de la création de l’État juif sur toute l’étendue de la Palestine.

L’opposition entre les sionistes au plan de partition conçu par la Commission Peel était acharnée. Leur chef Ben Gurion, à dure peine, a réussi à convaincre ses camarades pour accepter le plan. Ils ont accepté la proposition parce qu’ils ont compris que dans les intentions de Ben Gurion de s’approprier de toute la Palestine n’était qu’une question de temps. Le dirigeant sioniste laissait bien clair ce point durant l’été de 1937, quand s’adressant au comité exécutif sioniste déclara : « Une fois l’État établi et de grandes forces armées constituées, on abolira la partition et nous nous étendrions sur toute la Palestine. » Dans la même manière il l’écrit dans la même année à son fils : « Il s’agit d’ériger immédiatement et sans délai l’État Juif même si ce n’est que sur une partie du territoire. Le reste viendra à son moment. Il faut que ça arrive et sûrement ça viendra. (…)

Ben Gurion faisait durant la première moitié de 1947, des commentaires à ce sujet à travers lesquels il était bien clair que dans son esprit il pensait à toute la Palestine. Par exemple dans une étude faite par un chercheur israélien comme Uri Ben Eliezer on peut lire : « Le 13 mai 1947 Ben Gurion déclarait devant l’assemblée de l’Agence Exécutive Juive qui se tenait aux États-Unis : Nous voulons la terre d’Israël dans sa totalité. C’est l’intention originelle. Une semaine plus tard, parlant devant l’Assemblée Élue de Jérusalem, le dirigeant du Yishuv se demandait à haute voix : Y a-t-il un seul entre nous, qui ne soit pas d’accord sur l’intention originelle de la Déclaration de Balfour et du Mandat ainsi que sur l’intention originelle, contenue dans les espoirs des générations successives de juifs, n’était autre que l’établissement de l’État sur toute la Terre d’Israël ? Parlant avec le Secrétaire du Mapai[Le parti de la gauche israélienne à l’époque] Ben Gurion affirma que ça serait une grave erreur de renoncer à la moindre parcelle de terre. Nous n’avons pas le droit de faire une chose pareille, assure-t-il et en plus ce n’est même pas nécessaire. (…)

En tout cas ce qui est sûr c’est que Ben Gurion avait déjà négocié un accord avec le roi Abdallah de Transjordanie sur la division de la Palestine entre Israël et la Transjordanie, empêchant ainsi les palestiniens d’avoir leur propre État. Cet accord secret a été réalisé sous les auspices de la Grande Bretagne permettant ainsi à la Transjordanie de s’approprier de la Cisjordanie et à Israël de tout le reste de la Palestine dès qu’il le pourra. (…) La Transjordanie qui deviendra par la suite la Jordanie avec la Cisjordanie comme sa principale composante le perdra durant la guerre des six jours. Elle sera conquise par l’IDF (Sigles en anglais des Forces de Défense israéliennes.)En résumé, les pères fondateurs de l’État hébreux qui étaient résolus dès le premier instant à créer le « Grand Israël » ne laissaient aucune possibilité pour un État palestinien et très peu de marge pour les palestiniens devenus sujets israéliens arabes dans l’État juif.

Tenant en considération que les arabes étaient en majorité numérique indiscutable par rapport aux juifs en Palestine et que les sionistes étaient décidés à conquérir tout territoire qui tombe sous leurs mains, ils n’avaient néanmoins pas beaucoup de choix que de procéder à l’expulsion massive de grands nombres d’arabes pour faire le vide nécessaire à la création de l’État d’Israël. Il n’y a pas d’autre forme pour atteindre l’objectif, car les arabes ne vont pas abandonner d’une manière volontaire leurs terres.(…) Ainsi le plan de partition de l’ONU qui prévoyait l’établissement de l’État hébreux sur les 55% et 45% pour les palestiniens était dès le départ condamné à l’échec. Évidemment, il n’y a aucune forme de pouvoir créer l’État juif sur la totalité de la Palestine sans au préalable convaincre un grand nombre d’arabes de quitter leurs terres. À la lumière de ces réalités, le sujet de l’expulsion qui était devenait le thème principal de conversations entre les sionistes l’était au fond dès les premiers temps de ce mouvement. En plus on considère l’expulsion comme l’unique forme réaliste de résoudre le problème démographique qui pourrait surgir sur le chemin de la création d’un État juif.

Ben Gurion détecta le problème dans toute sa clarté en 1941 en écrivant : « Il est impossible d’imaginer une évacuation [de la population arabe] sans recourir inévitablement à l’usage d’une force violente. » Ou comme il l’écrivait à son fils en octobre 1937 : «Nous devons organiser une force défensive moderne […] et par la suite, j’e suis sûr, personne ne pourra plus nous empêcher de nous installer partout dans le pays comme bon nous semble, que ça soit par accord mutuel ou par d’autres moyens efficaces. « Il est évident que Ben Gurion était pour les évacuations massives. Il comprenait bien que la création d’un État juif ne pourrait se faire avec au milieu une forte minorité d’arabes hostiles (…) Ben Gurion avait bien ses raisons. Ça doit rester bien clair que s’il n’a pas été fait ce qu’il fallait, l’État n’aurait jamais vu l’existence. Il impossible de masquer la réalité. Sans le déracinement des palestiniens, jamais ici, il n’y aurait eu un État juif.

La déportation est une stratégie indiscutablement horrible et ça n’intéresse aucun groupe qui envisage l’expulsion d’une population rivale de claironner à la face du monde entier ses véritables intentions. Ainsi après avoir signalé en 1941 qu’il soit inimaginable d’envisager la déportation massive sans faire obligatoirement usage de la force violente, Ben Gurion insista par écrit sur le fait qu’en aucune manière telle procédure ne devrait être explicitement inscrite dans aucun programme. (…) Réfléchissant sur la grande sensibilité de la question de la déportation, les pères fondateurs de l’État d’Israël, écrit l’historien Benny Morris, il est fréquent de voir ces dirigeants sionistes ordonner aux sténographes de quitter la salle de réunion pour se reposer afin d’exclure des registres et des archives toutes les recommandations qui se faisaient sur la question par écrit. (…) Pour illustrer encore mieux cette vision sioniste de l’étendu de leur État, Uri Avnery[11], dans un article sous le titre « L’Agenda occulte, la feuille de route secrète du sionisme.» écrit, entre autres, le suivant : « Mais quel est le cœur de la paix ? – Une frontière. Quand deux peuples voisins font la paix, la première des choses qu’ils font, ils déterminent les frontières entre eux. C’est exactement ce qui n’existe pas dans l’esprit de l’establishment israélien. Car une telle chose contredit l’éthos fondamental de l’entreprise sioniste.

Il est vrai, qu’en diverses circonstances et occasions tout au long de l’histoire, le mouvement sioniste a tracé des cartes géographiques. À la fin de la première Guerre Mondiale on a présenté, à la Conférence de Paix, une carte de l’État juif qui s’étendrait du fleuve Litani au Liban jusqu’à El Arish dans le désert du Sinaï. La carte tracée par Vladimir Ze’ev Jabotinsky qui va se convertir en emblème de l’Irgoun, copiait les frontières originelles du mandat britannique avec les deux rives du fleuve Jordan. Quant à Israël Eldad, l’un des dirigeants du groupe Stern, il a fait circuler durant des longues années une carte géographique de l’Empire d’Israël qui s’étend de la méditerranée jusqu’au fleuve de l’Euphrate en Mésopotamie et qui comprend la totalité de la Jordanie, du Liban ainsi que de gros morceaux de la Syrie et de l’Égypte. Son fils, députés de l’extrême droite au parlement israélien, Ariel Eldad, n’a jamais renoncé à la carte de papa. Après la guerre des six jours, la carte qui jouissait de l’approbation de la droite, comprenait tous les territoires conquis y compris le Plateau du Golan et tout le Sinaï. Enfin de compte toutes ces cartes ne sont que des divertissements. Car l’authentique vision sioniste n’admet pas de cartes géographiques. C’est une vision d’un État sans frontières. Un état en perpétuelle extension en fonction de son pouvoir démographique, militaire et politique. Dans ce cas la stratégie sioniste est similaire à celle des eaux d’un fleuve qui coule vers la mer. Le fleuve avance à travers le paysage, traçant des méandres, esquivant les obstacles, se dévie tantôt à droite, tantôt à gauche. Des fois il coule à la superficie, d’autres il le fait en souterrain et tout le long de son trajet, il accapare des débits des autres courants d’eau. Et ainsi de suite jusqu’à son destin final.

C’est l’authentique agenda sioniste, immuable, occulte, conscient et inconscient. Il n’a besoin ni de décisions, ni de formules, ni de cartes géographiques, il est tout simplement gravé dans le code génétique du mouvement [sioniste] (…) Chacun des milliers de fonctionnaires et subordonnés qui se dédient durant des décennies à cette entreprise savent exactement ce qu’ils doivent faire sans avoir à recevoir des instructions précises. C’est la raison pour laquelle David Ben Gourion a refusé d’inclure dans la Déclaration d’Indépendance la moindre allusion à des frontières. Le bonhomme n’avait pas la moindre intention de se conformer aux frontières fixées par la résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies le 29 novembre 1947. Tous ses successeurs partageaient son point de vue. Même dans les accords d’Oslo il est question d’esquisses de « zones » mais jamais de frontières d’aucune sorte. Le président Bush a considéré comme valable un tel projet quand il a proposé « un État palestinien avec des frontières provisoires ». Toute une nouveauté au sein de la législation internationale ! En effet en cela Israël partage bien des similitudes avec les États-Unis. Ils se sont créés tout au long de la Côte Est et ne se sont jamais arrêtés avant d’atteindre la Côte Ouest à l’autre extrême du Continent. Les incessants flux des immigrants arrivant d’Europe se sont déversés sur l’Ouest démantelant les frontières, violant tous les traités, exterminant tous les autochtones de ces terres, déclenchant la guerre contre le Mexique ils ont finalement conquis le Texas. Pour envahir, par la suite, l’Amérique Centrale et Cuba. La consigne qui les incitait, les excitait et justifiait toutes leurs actions, signée en 1845 par John O’ Sullivan, s’appelle : « Manifest Destiny.»

Notre Dieu n’est pas le leur.

L’occasion de procéder à l’expulsion massive des palestiniens et à la création de l’État d’Israël se présenta finalement en 1948. Cette année-là les forces armées juives vont obliger plus de 700.000 palestiniens à prendre le chemin de l’exil. Les israéliens et leurs partisans aux États-Unis [et partout en Occident] ont soutenu durant tout le temps que les arabes [palestiniens bien entendu] avaient abandonné leurs terres volontairement, suivant les instructions qu’ils recevaient des dirigeants des pays arabes de la région. Tous les chercheurs et historiens ont aujourd’hui totalement démonté ce mythe. En effet les dirigeants arabes, au contraire, ont insisté afin que les populations palestiniennes ne bougent pas de leurs terre mais, devant la terreur et la peur de souffrir une mort violente aux mains des forces sionistes terrifiantes, la majorité d’entre elles ont fini par s’en fuir. Une fois la guerre terminée (celle de 1948), Israël a interdit le retour des exilés palestiniens. En juin 1948 Ben Gurion donnait instructions afin que tous les moyens soient mis en œuvre pour ne jamais permettre ce retour. Vers 1962 Israël s’était approprié de presque 93% de la terre à l’intérieur des limites de l’État. [Alors, comme on l’a vu plus haut, à la fondation de l’État hébreux en 1948, les juifs ne détenaient que 5% de l’ensemble de la Palestine]

Et pour atteindre une telle proportion, il a fallu détruire plus de 531 villages arabes et onze établissements urbains ont été totalement vidés de leurs populations arabes. Moshe Dayan, ancien ministre de Défense d’Israël, s’exprimant sur la catastrophe infligée par les sionistes aux arabes afin de créer l’État juif déclarait : « Nous avons construit nos villages sur les mêmes lieux où il y avait des villages arabes. Personne ne doit se sentir coupable. D’ailleurs personne ne sait les noms de ces villages disparus à jamais. Et comme il n’y avait ni de manuels de géographie ni des livres, par conséquent on peut conclure que ces villages arabes n’avaient jamais non plus existé. […] Pourtant c’est sûr, il n’y a rien d’édifié dans ce pays qu’il ne le soit pas sur des constructions arabes antérieures. » Les dirigeants sionistes savaient parfaitement que la création de l’État d’Israël allait entraîner une énorme injustice envers le peuple palestinien. Ainsi l’a dit Ben Gurion en 1956 à Nahum Goldman, le président du Congrès Juif Mondial, « si j’étais un dirigeant arabe, jamais je n’aurais ni cherché à trouver un accord avec Israël. C’est une réaction naturelle : Nous leur avons confisqué leur pays. Evidemment Dieu nous l’a promis à nous autres mais […] que leur importe à eux ? – Notre Dieu n’est pas le leur.

Il est vrai que nous provenons d’Israël, mais ça fait de ça plus de deux mille ans. Et quel intérêt à ça pourraient-ils eux attacher à cela ? D’autre part l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz mais […] sont-ils eux les coupables de tout ça ? – Ils ne voient qu’une chose : Nous sommes arrivés et nous leur avons volé leur pays. Pourquoi voulez-vous qu’ils acceptent ça ? […] Berl Katznelson, un allié inflexible de Ben Gurion et un des principaux intellectuels parmi les premiers sionistes, l’a exprimé d’une manière grossière en affirmant que « l’entreprise sioniste est une entreprise de conquête.» Durant toutes les six décennies antérieures à la création de l’État hébreux (Du congrès de Bâle en 1897 à 1948) tous les dirigeants sionistes se sont constamment évertués à nier toutes ambitions nationales légitimes des palestiniens. Golda Meir qui a fait fonction de premier ministre par exemple a atteint la louche et non moins grande notoriété à déclarer que ce qu’on appelle « un palestinien » ça n’existe nulle part. […] Enfin de compte les crimes commis contre les juifs en Europe ne fournissent aucune justification morale pour le droit à l’existence de l’État d’Israël.

3-Les vertueux israéliens et les méchants arabes.

Un autre argument moral veut décrire Israël comme un pays qui a toujours à tout moment cherché à faire la paix et a fait montre d’une grande et noble retenue même au moment des graves provocations et des pires harcèlements. Pour le contraire, les arabes n’ont jamais agi, comme prétendu, en dehors d’une méchanceté bien ancrée dans leur mentalité et avec une violence aveugle. Cette version des faits est un leitmotiv incessant qui se répète dans toutes les déclarations des dirigeants israéliens et tous les défenseurs et protecteurs américains [ou occidentaux en général] d’Israël. […] L’IDF, selon Ariel Sharon et Ehud Olmert, entres autres, est une armée dotée du plus grand sens moral dans le monde.» Cette description du comportement des israéliens constitue un autre mythe.[…] Toutes les recherches et études exclusivement israéliennes prouvent que bien que depuis les premiers sionistes, les israéliens étaient loin d’être des anges envers les palestiniens. Les habitants arabes avaient résisté à toutes les tentatives sionistes pour s’emparer de leurs terres. Quelquefois dans leur résistance ils sont arrivés à tuer quelques uns des envahisseurs juifs ou détruisant leurs maisons.

Pourtant cette résistance était bien prévisible quand on sait que les sionistes envisageaient bien de créer leur État sur des terres arabes. « Si j’étais arabe – sincèrement déclarait Ben Gurion en 1937 – je me rebellerai farouchement avec plus d’amertume et de désespoir contre une immigration qui va un jour convertir la Palestine et tous ses habitants arabes en un territoire de domination juive. » […] Le même Ben Gurion écrira dans son agenda personnel : « La nécessité de réagir avec force et atrocité est inévitable. Il est essentiel d’être précis au moment choisi et prompt à frapper fort dans les lieux déterminés. Toute famille qu’on décide d’incriminer doit être démolie sans compassion, femmes et enfants inclus. Sinon ça ne serait pas efficace. […] Il n’est pas de faire de distinction entre coupables et innocents. Il n’y a rien de surprenant dans ce niveau d’exécution des ordres venant du sommet de la direction sioniste – Ben Gurion qui ne faisait que résumer la politique émergente – conduira les troupes juives à commettre des atrocités effroyables. En fin de compte l’histoire est jalonnée de guerres livrées entre des peuples différents les uns des autres. Mais indépendamment de tout cela, les atrocités évoquées dans ce cas précis privent Israël de toute revendication d’un statut moral spécial quelconque.

Le comportement postérieur d’Israël envers ses adversaires arabes et envers ses citoyens palestiniens a été continuellement d’une brutalité telle au point de trahir toute aspiration à être considérée comme une conduite morale exemplaire. Entre 1949 et 1956 – par exemple – estime Benny Morris « les forces armées régulières de la sécurité israélienne et les volontaires civiles de la garde armée, avec leurs mines et de leurs bombes piégées ont assassiné un nombre indéterminé d’arabes infiltrés [à l’intérieur de ce qui est devenu l’État d’Israël]. Entre 2700 et 5000. » Il n’y a pas de doute que certains d’entre eux se sont infiltrés pour combattre les israéliens, mais selon les preuves dont on dispose « l’immense majorité des assassinés n’étaient même pas armés et se sont infiltrés pour des raisons économiques ou sociales. » Morris signale que cette politique de « feu à discrétion » débouchait sur « une série d’atrocités » perpétrées contre ces pauvres infiltrés.

Ces actes ne sont nullement une anomalie. L’IDF assassinèrent à des centaines de prisonniers de guerre égyptiens durant les guerres de 1956 et 1967. En 1967 on a expulsé entre 100.000 et 260.000 palestiniens de la Cisjordanie récemment conquise et plus de 80.000 syriens du Plateau de Golan. Quand des victimes de ces opérations de nettoyage ethnique avaient tenté de regagner clandestinement leurs domiciles, souvent sans arme, les israéliens les ont abattus, sans sommation, dès qu’ils les ont aperçus. Amnesty International évalue qu’entre 1967 et 2003 Israël a détruit plus de dix mille maisons en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. En outre Israël, pour le moins, fut complice durant son invasion du Liban en 1982 de la milice chrétienne qui a causé un carnage chez les réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila. Une Commission d’investigation israélienne avait révélé que le ministre de la Défense, Ariel Sharon était personnellement responsable dans ces atrocités. Aussi louable et admirable soit-il l’effort de la Commission, de pointer du doigt directement vers un haut responsable de l’armée, faut-il aussi le rappeler que postérieurement les votants israéliens vont l’élire au poste de premier ministre. […]

Durant la Première Intifada (1987-1991), par exemple, les forces de l’IDF avaient distribué aux troupes des matraques et ont incité les soldats à briser les os des manifestants palestiniens. La délégation suédoise de l’organisation Save the Children a fait public en 1990 un rapport accablant pour les israéliens d’un millier de pages dans lequel sont détaillés les effets de ses évènements.


[1] M. José Maria Aznar est l’ex chef  du gouvernement espagnol (1996-2004) Actuellement il s’adonne à combattre le « populisme » en Amérique du Sud.
[2] Posté sur www.nawaat.org en date du 24 juin 2008.
[3] Voir le livre  The Israël lobby and U.S Foreign Policy des deux professeurs universitaires, John J.Mearsheimer et Stephen M. Walt, 2007 page 29.
[4] Idem page 49.
[5] Idem page 23
[6] Idem.
[7] Idem page 27.
[8] Extrait du livre “The Israel Lobby and The U.S Foreign Policy”  page 137.
[9]  John J.Maersheimer et Stephen M. Walt dans le meme livre The Israel Lobby and The U.S. Foreign Policy. Page 145.
[10] L’Industrie de l’Holocauste » est parue début 2001 aux éditions de La Fabrique
[11] Uri Avnery est un journaliste israélien. Son article est posté sur le site www.conterpunch.org/avnery 0415008.ht