Par KongoTimes!
À un an des élections législatives et présidentielles, le chef de l’Etat redistribue les rôles au sein de son équipe et s’appuie sur de nouveaux venus. Enquête.
À nouvelle étape, nouvelles têtes. La Tunisie est à un an des élections législatives et Présidentielle de 2009. Pour le président Zine el-Abidine Ben Ali, 71 ans, assure de 1’emporter et d’accomplir ainsi un cinquième – et dernier – mandat de cinq ans, le chômage des jeunes constitue une source de préoccupation majeure, compte tenu surtout des incertitudes qui pèsent sur la conjoncture économique européenne.
Sans doute ces considérations ont-elles pesé lorsque le président a mis en place sa nouvelle équipe en cette période de rentrée politique. Une installation conduite en trois temps : le renouvellement du Comite central du parti, lors du congrès du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir) qui s’est tenu du 28 juillet au 2 aout, le remaniement partiel du gouvernement le 29 aout et la recomposition du Bureau politique du RCD le 5 septembre.
Si cette redistribution des rôles obéit au credo du « changement dans la continuité » cher au président, elle n’en a pas moins abouti – une première depuis vingt ans – à la désignation d’un numéro deux du régime – le Premier ministre Mohamed Ghannouchi -, au rajeunissement d’une partie de 1’équipe gouvernementale et a 1’envoi de signaux laissant présager que la prochaine étape sera celle d’une plus grande ouverture. Voyage dans la nouvelle galaxie Ben Ali.
Dans le régime présidentiel tunisien, le chef de l’Etat est seul maitre à bord. Tout procède de lui. C’est lui qui compose le gouvernement, orchestre les nominations, préside, outre le Conseil des ministres, qui se tient chaque mois, les conseils interministériels sectoriels (au moins une fois par semaine). Autour de lui gravite une équipe de collaborateurs dévoués que Ton peut repartir en quatre cercles.
Le premier se compose de membres du Bureau politique du RCD, le parti-Etat président par Ben Ali. Le deuxième est constitue des membres du staff de la présidence. Le troisième regroupe les valeurs sures ou prometteuses dans la technostructure gouvernementale. Le quatrième cercle, enfin, hétéroclite et plus informel, rassemble des hommes d’affaires et, bien sur, des proches.
« LES QUATRE MOUSQUETAIRES »
Dans le premier cercle figurent ceux que 1’on pourrait appeler « les quatre mousquetaires » : Mohamed Ghannouchi, Premier ministre depuis 1999, qui devient le numéro deux du parti-Etat après sa désignation comme unique vice-président du bureau politique du RCD (il remplace a ce poste Hamed Karoui, 80 ans, sur le départ pour raisons de sante); Abdelaziz Ben Dhia, ministre d’Etat, conseiller spécial auprès du président de la République et porte-parole de la Présidence, qui jouait jusque-là le rôle de Premier ministre-bis pour les affaires politiques ; Abdelwa-hab Abdallah, ministre des Affaires étrangères, qui dispose d’un atout de poids: il a longtemps été un pensionnaire du palais présidentiel et, de ce fait, sait aller au-devant des attentes du chef de l’Etat; enfin, Mohamed Ghariani, ancien conseiller spécial auprès du président Ben Ali, dont il a été le communicant et qui s’est vu confier le secrétariat général du RCD, une mission qui prend tout son sens a un an des élections.
Les quatre hommes font partie du bureau politique, compose de 9 personnes, toutes choisies par le chef de l’Etat parmi les 350 membres du Comite central, dont 80 sont désignés par lui-même.
Les membres du cabinet présidentiel, qui constituent le deuxième cercle, gardent généralement un profil bas. N’ayant théoriquement pas de pouvoirs de décision, ils ont pour rôle de préparer celles du président et d’en assurer le suivi selon leur compétence. Leurs noms ne sont souvent connus du grand public que lorsqu’ils quittent le Palais pour un poste ministériel.
Ahmed lyadh Ouederni, 55 ans, ministre-directeur du cabinet présidentiel, est un universitaire dont on sait qu’il a pour principale charge de coordonner la préparation des discours du président. Parmi les neuf ministres conseillers, chefs des départements qui couvrent la quasi-totalité des secteurs et qui fonctionnent sous la houlette de Ben Dhia, les plus connus sont l’universitaire Mongi Safra, 58 ans, charge des Affaires économiques, Hamed Mlika, 69 ans, pour les Affaires politiques, Abdelhamid Slama, 66 ans, pour les Sports et la Culture, Slaheddine Cherif, 71 ans, secrétaire général de la présidence charge des Affaires juridiques, et Taoufik Cheikhrouhou, 63 ans, pour les Affaires sociales, dont il a été auparavant le ministre.
LES VALEURS SURES
Le passage de la pépinière présidentielle au troisième cercle, qui regroupe plusieurs membres du gouvernement, est fréquent. Ainsi de Nouri Jouini, 47 ans, qui, après des études a HEC Tunis et un PhD aux Etats-Unis, a connu une ascension fulgurante, passant de 1’enseignement universitaire aux fonctions de conseiller économique a la Présidence, puis de secrétaire d’Etat a la Privatisation et, depuis 2002, de ministre du Développement et de la Coopération internationale.
Idem pour Rafik Hadj Kacem, 58 ans, ancien ministre conseiller du président, nomme, en 2002, ministre de l’Intérieur et du Développement local, et, plus récemment, pour Slim Tlatli, 57 ans, qui, après avoir dirige 1’unité présidentielle chargée du suivi des grands projets des investisseurs du Golfe, est passe au rang de ministre de l’Emploi et de 1’Insertion professionnelle des jeunes, avec pour mission de remettre a niveau ce secteur, qui est 1’une des priorités du gouvernement.
Plusieurs ministres, par leur présence dans les gouvernements successifs, peuvent être ranges dans la catégorie des valeurs sures. C’est le cas de Afif Chelbi, 54 ans, ministre de 1’Industrie, de 1’Energie et des Petites et Moyennes Entreprises, dont les performances sont remarquables. C’est aussi le cas de deux ministres qui accompagnent Ben Ali depuis son arrivée au pouvoir, en 1987: Mondher Zenaidi, 57 ans, qui, après un passage remarqué aux ministères du Transport, du Tourisme et surtout du Commerce, est aujourd’hui charge de la modernisation du secteur de la sante, et Abderrahim Zouari, 63 ans, qui s’est bien adapte au ministère, technique, des Transports, se débarrassant du même coup de 1’étiquette de « ministre politique » qui lui a longtemps colle a la peau.
Plusieurs ministres clés peuvent compter dans ce cercle: c’est le cas de Bechir Tekkari, 56 ans, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, de Kamel Morjane, 60 ans, ministre de la Défense, ancien haut-commissaire adjoint de 1’ONU pour les refugies et ancien représentant spécial du secrétaire général de PONU en République démocratique du Congo, qui passe pour être un ami du président, et Rachid Kechich, 57 ans, ministre des Finances. Gouverneur de la Banque centrale, Taoufik Baccar, 58 ans, est également apprécié en haut lieu pour son rôle dans la restructuration et 1’assainissement du secteur bancaire, ainsi que dans la libération du change extérieur.
COMME SARKOZY
Dernière recrue en date au sein du troisième cercle, Samir Labidi, 46 ans, nouveau ministre de la Jeunesse, des Sports et de 1’Education physique. Sa promotion s’inscrit dans le cadre de la politique d’ouverture de Ben Ali qui consiste, comme celle de Sarkozy, à débaucher les meilleurs éléments de 1’opposition, comme il 1’a fait avec Moncer Rouissi, 1’un de ses plus proches collaborateurs des 1987, et, par la suite, avec feu Daly Jazi et feu Mohamed Charfl.
Avocat de profession, Labidi a été un contestataire lorsqu’il était secrétaire général de 1’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget), avant d’être sollicite par le chef de 1’Etat, qui le nomme représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Office de 1’ONU, à Genève, ou il a défendu le dossier des droits de 1’homme.
La galaxie Ben Ali s’étend a un quatrième cercle comprenant des chefs d’entreprise comme Aziz Miled, 72 ans, Moncef Mzabi, 56 ans, qui ont fait partie de ses comites de campagne lors des précédentes présidentielles, Hedi Djilani, 60 ans, patron des patrons, ainsi que Belhassen Trabelsi, 45 ans, et Sakhr Materi, 28 ans, par ailleurs des proches par alliance – le premier est son beau-frère, le second son gendre – et membres du comite central du RCD.
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