Samedi 31 janvier 2009 à 9h30, j’ai assisté a un rassemblement au siège de l’UGTT, place Mohamed Ali, pour manifester contre la convention relative à des augmentations spécifiques accordées à l’enseignement supérieur. J’assiste rarement à ce type de rassemblement, je ne suis pas une militante active et je n’appartiens à aucun courant politique. Non pas que la vie de la cité ne m’intéresse pas mais j’ai toujours été partisane du libre arbitre et quand il m’arrive de m’engager pour une cause c’est parce que je la ressens comme étant profondément mienne.
Monsieur le Secrétaire Général de l’UGTT je vous fais cette lettre, que vous lirez peut être si vous avez le temps, pour que vous sachiez clairement ce qu’a pu ressentir une travailleuse lambda au cours de cette réunion. J’ai vu des enseignants universitaires unis dans leur courroux, j’ai vu Monsieur Sami Aouadi, Secrétaire Général de la FGESRS, essayer tant bien que mal de ménager la chèvre et le chou. Mais j’ai surtout dû écouter, pendant trop longtemps le grotesque monologue de Monsieur Moncef Zahi, représentant du Bureau Exécutif, fermé au dialogue et sourd aux protestations de l’auditoire qui lui faisait face. A l’indignation de tous, il a, sur un ton suffisant, annoncé qu’il avait signé cet accord tout en sachant qu’il ne satisfaisait personne (entendez par là les enseignants universitaires et les médecins). Chercher l’erreur !!!
Submergé par son propre besoin de reconnaissance et son orgueil démesuré, cet homme n’a pas su ou pas voulu reconnaitre la blessure des enseignants universitaires. Alors que la situation exigeait un tant soit peu de retenue, ce représentant du BE de l’UGTT a, au contraire, comme on dit chez nous, ajouté de l’huile sur le feu. Dans une autre situation, j’aurais presque pu compatir à son mal être mais pas là. Trop c’est trop !!! Ma décision de vous écrire était antérieure à cette réunion mais cette dernière ingérence du BE de l’UGTT dans l’essence même de ce qui me définit fait déborder la coupe déjà remplie. Il y a toujours un moment ou l’on doit répondre de ses actes et de ses paroles et hélas ce jour-là le bureau exécutif a perdu une occasion d’apaiser les tensions. Pire même, il est arrivé à déclencher l’expression d’une personne appartenant à la majorité silencieuse. Aujourd’hui je vous dis : cela suffit, raz le bol, vous dépassez les bornes de ce que je suis capable de tolérer.
Je vous accuse Monsieur le Secrétaire Général d’avoir persisté dans vos décisions malgré la protestation.
Je vous accuse Monsieur le Secrétaire Général de m’avoir insulté personnellement en essayant de m’infantiliser.
Je vous accuse Monsieur le Secrétaire Général de m’avoir sacrifié à l’autel de vos ambitions personnelles.
Je vous accuse Monsieur le Secrétaire Général d’avoir sapé la confiance que je plaçais dans l’UGTT.
Rappelez-vous que c’est l’existence de milliers de travailleurs lambda comme moi qui vous donnent votre légitimité. Un bon berger ne sacrifie aucune brebis (même égarée), il essaie de la ramener dans son troupeau car il sait que c’est chacune des brebis qui compose le troupeau. On ne gagne pas une cause en sacrifiant un groupe d’individus aussi minoritaire soit il mais en respectant toutes les individualité s qui constituent l’ensemble. Cela s’appelle la cohésion sociale. Le syndicalisme ne va pas de pair avec le paternalisme ou la prise de pouvoir. Il est normalement un contrepoids décisif qui donne à la République et à la Démocratie ses lettres de noblesses. Vos amitiés et vos choix de vie personnels ne regardent que vous tant que vous êtes capable de faire la part des choses. Dès lors que vos actions agressent les droits de ceux que vous proclamez défendre ne soyez pas étonné qu’une simple travailleuse exprime son mécontentement.
L’effet Papillon établit qu’une infime variation d’un élément peut s’amplifier progressivement, jusqu’à provoquer des changements énormes au bout d’un certain temps. Appliquée aux sociétés humaines, cette notion voudrait dire que des changements de comportement qui semblent insignifiants au départ peuvent déclencher des bouleversements à grande échelle.
A un âge ou vous devriez vous rapprocher de la sagesse et faire le bilan de vos actions et engagements passés, reconnaissez Monsieur, qu’hélas, votre responsabilité dans la récente action du bureau exécutif n’engendre pas l’apaisement mais apporte trouble et confusion dans mon attachement à l’UGTT.
Cela étant, si vous aviez lu avec plus d’attention les travaux scientifiques concernant l’analyse de l’évolution de nos sociétés, vous auriez alors appris que dans le futur, les transformations sociales seront de plus en plus liées à quelques actions individuelles plutôt qu’à des phénomènes de masse.
Monsieur le Secrétaire General, c’est pas pour vous fâcher, il faut que je vous dise, ma décision est prise je quitte l’UGTT. Je préfère placer mes espoirs dans l’effet Papillon.
Samia Mouelhi*
Slimane Ben Miled*
Tunis le 11 février 2009
* Enseignants Universitaires et Militants syndicalistes de la région de Tunis
Source : Forums de « Démocratie Syndicale et Politique » et de « Infos Syndicales de l’Enseignement Supérieur » via Facebook.
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