Dans un précédent post où j’évoquais l’affaire de jeunes clandestins tunisiens retenus à Lampedusa, j’affirmais à tort que nos médias officiels n’en avaient touché mot. Je n’ai pas imaginé un instant que la propagande puisse se préoccuper de ces jeunes “perturbateurs” qui nuisent à l’image de notre Disneyland-Tunisie et qui pourraient gâcher les festivités de la prochaine réélection de notre gentil président. C’était sans compter sur l’inventivité et l’imagination de nos journalistes de la presse qui à force de fumer du mauve voient du rose là ou ça vire au noir. C’est ainsi que dans cet article de la Presse nos comiques osent nous rapporter que nos jeunes clandestins félicitent le président qui a daigné s’intéresser à leur misérable condition. Ces fumeurs invétérés du mauve rajoutent en plus que le maire de Lampedusa salue l’attention particulière accordés par la Tunisie à ses ressortissants. Ils ont juste oublié de nous évoquer les scènes de liesses populaires où des italiens auraient exprimé leur soutien au président Ben Ali et leur reconnaissance à sa politique avant-gardiste…
L’hypocritocratie
Cette manière de retourner en faveur du régime le malheur de ces jeunes n’est pas sans nous rappeler la couverture des évènements du bassin minier où nos journalistes n’ont retenus de tout le mouvement social avec son lot de morts et de prisonniers que la prétendue politique présidentielle d’encouragement de PME… Ce procédé de désinformation devenu tellement habituel dans notre pays procède d’une philosophie de gouvernance particulière que l’État semble avoir adopté depuis 20 ans. Nous ne pouvons pas éternellement relever la cécité des journalistes et caricaturer leur articles sans rappeler qu’une volonté politique se cache derrière ce contrôle acharné des médias. Cette pratique s’explique en partie par la crainte de nos dirigeants de voir “la masse” réagir aux situations de crise qui frappent le pays. l’idée d’une possible empathie des masses envers les mouvements sociaux effraie l’État au point que la censure, l’occultation ou le travestissement de l’information s’érigent en institution étatique. Ce que je désigne par hypocritocratie c’est cette gestion consciente et rationnelle du mensonge. Maintenant, il nous reste à expliquer les motivations d’une telle politique. Est-ce seulement la protection du régime et les intérêts particuliers de la classe dirigeantes ou est-ce un paternalisme étatique bienveillant qui décide à notre place de nos sentiments, de nos idées et de notre intérêt général ?
C’est sur cette question ouverte mes amis que je clos ce post. En ce qui me concerne je reste convaincu que les meilleures intentions sont salies lorsqu’on use de tels moyens. Il ne s’agit pas seulement d’une éthique du pouvoir mais d’une méthode efficace de gouvernance qui mise sur la transparence et la critique pour rectifier et ajuster son action au profit de l’intérêt général…
Source : Le Blog de Z
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