Il est difficile de se dorer la pilule et de profiter paisiblement de ses vacances lorsque des média étrangers évoquent à notre place les frasques de nos marabouts. Je ne pouvais pas laisser ces mécréants d’occidentaux profaner notre patrimoine national sans toucher mot. En plus, comme on ne peut pas compter sur le secours de notre presse nationale, il me devenait insupportable de ne pas user de ma plume ensablée pour sauver ce qui reste de l’image écornée de notre belle Tunisie.

Sidi Imed & Sidi Moez

En effet, plusieurs médias français dont Rue89 et le JDD nous rapportent que le juge français qui avait déjà eu l’outrecuidance en 2006 d’accuser Sidi Imed et son frères Sidi Moez du vol de 3 yachts vient de ressortir le dossier et de demander le renvoi en correctionnel de nos deux jeunes marabouts, beaux-frères de notre cher président. Dans les couloirs de La Presse certains chuchotent qu’il s’agit là d’un complot colonialiste visant à déstabiliser notre gentil régime avant l’échéance électorale d’octobre 2009. Ces minables petits journalistes n’étaient pas capables de comprendre que c’est notre régime qui déstabilise l’occident et qui défie ses paradigmes et que ce sont nos marabouts qui se jouent de la justice française et non le contraire. Comme toujours, ils ont préféré taire cette information et donner ainsi raison aux médias français faisant passer nos deux marabouts pour de vulgaires voleurs de yachts alors qu’il en était autrement:

Sidi Imed n’avait pas volé n’importe quel yacht, mais celui du banquier Bruno Roger! C’est tout un symbole. Par ce geste Sidi Imed aidé de son frère annonce une lutte sans merci contre le libéralisme planétaire et les grands patrons responsables de la pauvreté et de l’exploitation des masses. Sidi Imed n’était d’ailleurs pas à sa première bataille contre le capitalisme. Selon Libération, avant l’affaire des yachts, Sidi Imed avait fait disparaitre la voiture du PDG de BMW. Moins spectaculaire certes que la prise en otage du patron de Mercedes par la RAF (Fraction Armée Rouge, 1977), il n’en reste pas moins que Sidi Imed révèle par ses actions pacifistes son amour pour la Justice sociale et l’Humanité toute entière, chose que nos idiots de la Presse n’ont pas su décrypter. honte à eux!

Mais heureusement que nos marabouts n’ont pas besoin de ces incapables pour se défendre comme des grands. N’ayant rien à se reprocher Sidi Imed vient de répondre au juge Risson avec toute l’élégance qu’on lui connait:

Baissez vos culottes les marabouts nous pilotent (3)

Sidi El Materi

Je regrette d’avoir, dans un de mes derniers articles, malmené ce jeune marabout surtout que celui-ci semble être un de mes fidèles lecteurs. A toi Sakhr, si tu me lis, toutes mes plates excuses pour avoir évoqué ta vie conjuguale et surtout pour avoir cru à tort que les astres étaient de ton côté et que tu allais nous remporter l’appel d’offre de la troisième licence de téléphonie. Moi qui pensais que tu étais le gendre préféré de notre cher président, je découvre pantois que Sidi Mabrouk, autre gendre présidentiel, avait reçu plus que toi les faveurs du ciel pour décrocher ce fructueux marché.

Et puis il y a cette fâcheuse histoire de l’interview fictive avec Aznavour que ton journal Le temps a osé publier. Toi qui te bats pour une presse libre et indépendante, tu t’es trouvé humilié par un de tes journalistes et tu l’as immédiatement limogé pour sauver l’honneur du journalisme tunisien. Peut-être que tu le savais déjà, mais ce pauvre monsieur que tu as licencié était en réalité victime d’une méprisable manipulation. Il semblerait selon les dires de personnes bien avisées, que dans le clan des marabouts tripolitains, certains seraient jaloux de tes prouesses de patrons de presse et auraient cherché par un Aznavour fictif à piéger ton journaliste et décrédibiliser par cela ton journal.

En tout cas sache que pour de nombreux tunisiens moi compris, si l’on devait choisir entre toi ou les tripolitains, y a pas photo, c’est toujours toi et ta Zitouna qui aura notre soutien! ça reste moins constipant que le cactus.

Conclusion

Mes chers amis, les aventures de nos marabouts ne doivent pas être prises au-delà de ce qu’elles sont: des symptômes, des épiphénomènes. Leurs frasques ne méritent pas une ligne dans un blog comme le mien qui prétend être à la poursuite d’objectifs citoyens. Néanmoins, leurs histoires et leurs scandales qui nous arrivent par la presse étrangère nous donnent une preuve supplémentaire, si besoin est, de la faillite morale de notre organisation politique actuelle. C’est en cela qu’il est tout aussi citoyen de relever ces dysfonctionnements et de refuser que dans notre pays des marabouts puissent jouir d’impunité et de monopoles du fait de leur liens de parenté avec le pouvoir! Il est citoyen de dénoncer cela même si cela ne changera rien “au changement”. Nos enfants sauront au moins que nous nous en foutions pas!

Source : Débat Tunisie