Dans une inter­view à la BBC remon­tant à 2008, Tim Berner Lee, l’inventeur du World Wide Web, s’etait clai­re­ment pro­noncé contre les sys­tèmes de sur­veillance des réseaux comme le Deep Packet Inspection. Pour lui, les consom­ma­teurs devaient être pro­té­gés contre les tech­no­lo­gies qui peuvent sur­veiller leurs acti­vi­tés en ligne.

Tim Berner Lee don­nait alors un exemple frap­pant : “Je veux être cer­tain que si je consulte une mul­ti­tude de sites sur un can­cer par­ti­cu­lier, je ne vais pas voir ma prime d’assurance grim­per de 5% sous pré­texte qu’ils sont au cou­rant de cela”.

La sur­veillance des réseaux n’est en effet pas réser­vée aux seuls dic­ta­teurs et aux démo­cra­ties chan­ce­lantes, les publi­ci­taires s’y inté­ressent égale­ment. Le sys­tème Phorm pour­rait être opé­ra­tion­nel sur l’internet fourni par British Telecom d’ici peu, mais rien n’est encore confirmé, et les déné­ga­tions de BT n’ont fait que faire retom­ber le cours de bourse de Phorm, pas les inquié­tudes des consom­ma­teurs Britanniques.

Phorm com­mer­cia­lise une solu­tion basée sur le Deep Packet Inspection, qui consiste à sur­veiller les infor­ma­tions cir­cu­lant sur inter­net pour ins­pec­ter le contenu des pages consul­tées par un inter­naute, au niveau du four­nis­seur d’accès inter­net, le tout cou­plé à une tech­no­lo­gie de ciblage com­por­te­men­tal. Le but est d’y insé­rer de la publi­cité ciblée et adap­tée à l’historique de navi­ga­tion de l’internaute.

Cette même tech­no­lo­gie, le Deep Packet Inspection, est uti­li­sée dans plu­sieurs dic­ta­tures, comme la Chine et la Tunisie, pour sur­veiller et cen­su­rer inter­net. Elle est envi­sa­gée très sérieu­se­ment en France afin de sur­veiller la popu­la­tion Française.

Phorm, de son coté, argue du fait que son sys­tème offre “une sécu­rité accrue”, en pré­ve­nant ses uti­li­sa­teurs de sites de phi­shing. Un argu­ment pro­po­sant plus de sécu­rité contre plus de sur­veillance qui n’est pas sans rap­pe­ler les décla­ra­tions du député Jacque Myard, qui se plai­gnait récem­ment d’un inter­net ‘com­plè­te­ment pourri’.

Va-t-on voir appa­raitre ce type de tech­no­lo­gie en France ? Rien n’est sûr pour l’instant, mais une chose est cer­taine : la sur­veillance des réseaux sera l’une des thé­ma­tique forte de l’année 2010, et les mar­chands on com­mencé depuis un cer­tain temps leur cam­pagne de lob­bying.

L’utilisation de tech­no­lo­gies de Deep Packet Inspection à des fins publi­ci­taires a fait l’objet d’échanges très vifs, ces der­nières années, entre Viviane Redding, alors com­mis­saire Européenne aux Communications, et le gou­ver­ne­ment Anglais. Mais l’Europe n’a pas encore eu à se pro­non­cer sur l’utilisation de ces mêmes tech­no­lo­gies pour sur­veiller la popu­la­tion, aucun pays Européen n’ayant jusqu’ici fran­chi le pas qui nous sépare de la Chine. Gageons que cela ne sau­rait tarder.

Fabrice Epelboin
ReadWriteWeb.com