Étant inscrit sur la liste des journalistes accrédités auprès du Conseil des ministres arabes de l’intérieur (dont le siège permanent est à Tunis), j’ai reçu lundi 15 mars un carton d’invitation du secrétariat général du Conseil me permettant d’accéder à la salle de réunion, afin de pouvoir couvrir les travaux de la 27ème session du Conseil qui démarre aujourd’hui 16. J’ai pu vérifier également que mon nom figurait sur la liste des journalistes inscrits pour assister à la session sous le numéro 17 et devait, par conséquent, récupérer mon badge lundi à l’hôtel où se tiennent les travaux.

Mais à mon grand étonnement, j’ai reçu un coup de file du secrétariat général du Conseil me priant de « ne pas utiliser l’invitation parce qu’ils ne veulent pas que j’assiste aux travaux». Qui « ils »? J’ai tout de suite réalisé que les autorités tunisiennes m’empêchent de couvrir une réunion à caractère régional qui se déroule sur le sol tunisien et sur laquelle elles ne devraient pas avoir de droit de regard.

Cet acte arbitraire et illégitime revient à me priver de mon droit à exercer mon métier, d’autant plus que je suis habitué à couvrir les réunions annuelles des ministres arabes de l’intérieur à Tunis depuis 1988 et toutes les autres réunions à caractère régional ou international depuis 1980. Cette obstruction qui affecte énormément mon travail professionnel est un stade avancé de la campagne menée par les autorités contre les journalistes indépendants, afin de bloquer leurs activités professionnelles et les réduire au silence.

Il faut rappeler que bien que détendeur de ma carte professionnelle depuis 1981, je suis systématiquement privé depuis quelques années de mon droit à assister aux points de presse, séminaires et autres rencontres officielles où la participation des journalistes est soumises au seul humeur des responsables de la soviétique « Agence tunisienne de communication extérieure », seule instance habilitée à livrer des badges aux correspondants de la presse étrangère.

Le dernier acte équivaut, par conséquent, au verrouillage de tous les espaces d’exercices de sa profession pour un journaliste indépendant. Cet empêchement équivaut à barrer la route à un avocat afin qu’il n’accède pas au Palais de justice pour défendre ses clients, ou retenir un ingénieur qui se rend sur un chantier.

Je lance un appel pressant à tous les syndicats de journalistes ainsi qu’à toutes les organisations nationales et internationales concernées par la défense du métier, à s’élever contre ces pratiques odieuses et dénoncer le blocus imposé à un grand nombre de journalistes tunisiens indépendants afin de les déduire au chômage.

Tunis le 16 Mars 2010

Rachid Khechana
Rédacteur en chef d’Al Maoukif (Le point)
Correspondant free-lance de plusieurs journaux et sites
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