Il est évident qu’un conseil de la révolution ou un front commun de la révolution est une nécessité pour débloquer la situation et redonner l’initiative à ce qu’on a appelé Notre révolution, car nous remarquons aujourd’hui que l’initiative lui échappe. Le pouvoir illégitime des héritiers du dictateur et ses médias nous opposent, sans cesse, les mêmes griefs:
1- vous n’avez pas d’organisation représentative de l’ensemble de l’opposition capable d’assurer la transition vers la démocratie, ni même un leader charismatique.
2- Le mouvement populaire est spontané et la tutelle que cherche à exercer l’opposition sur ce mouvement est, donc, illégitime. Bien que reconnaissant ne pas avoir initié ce soulèvement de la jeunesse tunisienne, ladite opposition cherche à l’instrumentaliser. Cet argument largement répandu tend à priver le soulèvement de ses soutiens naturels que sont l’UGTT et les élites opposées au régime de Ben Ali.
Il est vrai que toute l’opposition a été prise de court. Contrairement aux autres révolutions, la notre a été le fruit d’un soulèvement populaire, spontané et sans leader. L’opposition était affaiblie et trop divisée, du fait de la politique répressive de Ben Ali. L’absence d’une structure représentative de toute l’opposition et l’avidité de pouvoir d’une partie de cette opposition ont été une aubaine pour les héritiers politiques de Ben Ali restés au pouvoir. Des personnalités politiques, dites indépendantes, qui prétendaient soutenir totalement la révolution n’ont pu résister à l’offre de collaboration qui leur a été faite par Ghannouchi. Ces héritiers de Ben Ali restés au pouvoir ont déjà marqué un point: diviser l’opposition et créer des collabos prêts à toutes les concessions, pourvu qu’ils obtiennent quelques maroquins.
Les médias sont encore entre les mains de l’État de Ben Ali. Ils parlent, désormais, au nom de la révolution, prétendent que cette dernière a réalisé tous ses objectifs et taxent toute volonté de poursuivre la révolution de surenchère et d’extrémisme qui plongeraient le pays dans la crise et le chaos. Nous voyons bien que l’appareil étatique est encore entre les mains des gardiens du régime de Ben Ali. La contre-révolution n’est plus ce qu’elle était il y quelques décennies. Aujourd’hui les ennemis de la révolution lui déclarent la guerre, mais submergés par la déferlante révolutionnaire ils font semblant d’adopter ses idéaux avec toute la ferveur du nouvel adepte pour mieux la vider de son contenu jour après jour – l’épouvantail du péril islamiste aidant. Peut-on appeler REVOLUTION un mouvement, somme toute réformiste qui procède par étapes pour ménager la susceptibilité de messieurs Ghannouchi, Friaa et consorts, qui ont longtemps été le bras droit servile du dictateur fuyard, un mouvement dont des personnalités, jadis, respectables et respectés, se bousculent, aujourd’hui, sans vergogne pour se faire offrir un petit ministère ou un minuscule secrétariat d’État, sans valeur comparés aux ministères clés occupés par les Ghannouchi, Friaa et Morjane, un mouvement qui tolère que des corrompus de l’entourage de Ben Ali arrêtés par l’armée soient livrés à une institution policière, non moins corrompue et soupçonnée de fidélité à Ben Ali et au clan des Trabelsi.
Nous assistons, aujourd’hui, à une triste mise en scène, une mascarade: soudainement tous les serviteurs et supporters de Ben Ali se découvrent une fibre révolutionnaire. Voyez comment cette armée de propagandistes- porte-voix de la dictature- appelés abusivement journalistes et animateurs-télé ont changé leur fusils d’épaule d’une manière ridicule et caricaturale. Après la fraternisation, bien médiatisée, avec les policiers (assassins compris) de la dakhilia. et le pardon qu’on leur a généreusement offert, bientôt nous assisterons peut-être à un défilé des plus grands tortionnaires de la Dakhilia et des sinistres prisons tunisiennes nous décrivant leurs “souffrances”, eux aussi, sous la dictature. Il ne manque plus à cette triste comédie de réconciliation généralisée que le retour du dictateur scandant “vive la révolution”, pour qu’enfin la boucle de la réconciliation de l’ancien avec le nouveau soit bouclée. On veut à tout prix créer du neuf à partir du vieux.
Seul un conseil de la révolution est à même de nous sortir de ce ridicule et de rappeler à Ghannouchi et à son équipe qu’il ne s’agit pas de partage de pouvoir, ni de réformes, ni de fraternisation avec les bourreaux, mais de révolution. Une révolution qui triomphe ne négocie pas avec ses ennemis, mais obtient leur capitulation sans conditions et sans effusion de sang. On a suffisamment signalé le caractère civique et non violent de ce mouvement et souligné le rôle qu’ont joué les réseaux sociaux et les médias tels qu’Al-jazeera. Il est temps que nos élites prennent conscience de la gravité de la situation et daignent expliquer à notre bon peuple et aux médias du monde entier que ladite spontanéité du soulèvement n’enlève rien au fait que tout mouvement social a sa propre histoire. Ce mouvement et la radicalité de ses revendications sont le produit de quatre décennies de luttes et de sacrifices auxquelles beaucoup d’individus et d’organisations politiques, syndicales et de droit de l’homme ont pris part. Nous devons mettre en garde les ennemis et les détracteurs de notre mouvement et leur dire que le peuple tunisien est, certes, pacifique, mais pas dupe, et qu’il est prêt à prendre d’assaut, pacifiquement, les sièges du gouvernement et du parlement pour obtenir la capitulation totale du régime de Ben Ali. L’obstination des ministres du dictateur à ne pas se soumettre à la volonté du peuple et à se cramponner au pouvoir, s’explique peut-être par le fait qu’ils estiment avoir besoin de quelques mois supplémentaires pour étouffer des affaires gênantes ou sauver des dossiers qui les impliquent personnellement.
Même sans leader, ce mouvement peut triompher grâce à sa jeunesse déterminée à ne plus vivre sous la dictature. Être sans leader est un signe de bonne santé, surtout quand on se rappelle le culte de la personnalité qui a marqué notre histoire depuis l’indépendance politique de notre pays en 1956. Une absence de leader charismatique renforce les institutions dans un État de droit. Le système politique, dans ce cas, est fort par ses institutions démocratiques, et nullement par le charisme d’un leader fut-il brillant par ses diplômes ou ses qualités humaines. Le peuple tunisien n’a connu que le régime présidentiel le plus autoritaire, où l’État n’avait d’existence que formelle. Ben Ali aurait pu nous dire sans pretension, aucune, que l’Etat c’était lui. Il avait des pouvoirs quasi-divins sur les citoyens-sujets. Aucun contre-pouvoir n’était admis par le président-roi qui n’avait de contact qu’avec des courtisans qui faussaient son jugement et entretenaient sa folie des grandeurs, d’où la phrase de Ben Ali, qui a marqué son dernier discours: Ils m’ont induit en erreur. Pour ne pas avoir affaire à un nouveau psychopathe, nous devons opter pour un régime parlementaire, car ce système limite fortement les pouvoirs du président et renforce ceux des élus du peuple, d’où l’importance, dans ce régime, des élections parlementaires. Nous devons, aussi, apprendre à nos enfants à ne jamais plier l’échine devant “les puissants”, à respecter l’institution tant qu’elle les respecte et à ne jamais se mettre au service des gouvernants, car c’est à ces derniers de se mettre au service des citoyens. Enfin la dominance n’induit pas forcément la soumission de l’autre. C’est la soumission qui induit inéluctablement la dominance.
Bouraoui Taïeb
[…] This post was mentioned on Twitter by tounsi, Bochmat and Kenz-Eddine, Malek Khadhraoui. Malek Khadhraoui said: Est-ce une révolution ou une réforme en Tunisie? quelques réflexions http://t.co/wjr6FOV via @nawaat #sidibouzid […]
Merci Mr Bouraoui
Je suis entièrement de votre avis.Et sûrement, que nous débattrons du choix du prochain gouvernement intérimaire qui me tarde de voir formé…
En attendant, je ne doute pas que les brigades de la propagande Ghannouchiste va bientôt affluer !!!
Bien à vous
Samir
Merci
votre plume m’est salutaire et me redonne du beaume au coeur après avoir lu sur la toile toute les manipulations que vous décrivez.
intissar
Vers l’instauration d’un CONSEIL NATIONAL DE LA REVOULUTION du 14 janvier 2011.
Le Gouvernorat de Kasserine vient récemment de créer un Comité de sauvegarde de la Révolution tunisienne du 14 janvier 2011. Cette inititative est excellente et devrait être étendue à l’ensemble de la Republique tunisienne où chaque Gouvernorat de Tunisie procèdera à son tour à la création d’un Comité de Révolution pour la Sauvegarde de la Révolution du 14 janvier 2011.
L’ensemble de ces Comités de Révolution issus de l’ensemble des Gouvernorats constitueront le CONSEIL NATIONAL DE LA REVOLUTION du 14 janvier 2011.
La composition du Conseil National de la Revolution se ferait de la manière suivante :
chaque Comité de révolution désignera parmi ses Membres, deux Membres pour chaque Gouvernorat de Tunisie qui totalisés dans l’ensemble des Gouvernorats de Tunisie constitueront les Membres du Conseil de la Révolution tunisienne du 14 janvier 2011.
L’Armée tunisienne doit veiller à la protection des Comités de révolution ainsi que le Conseil National de Révolution du 14 janvier 2011 et ne doit pas empêcher leurs fonctionnements, ni s’ingérer dans leurs travaux car l’Armée c’est aussi le Peuple tunisien.
Le Conseil National de la Révolution du 14 janvier 2011 doit sans se dissoudre, créer une ASSEMBLEE NATIONALE CONSTITUANTE qui avec l’appui de l’Armée tunisienne doit dissoudre la Chambre des députés et son Président, la Chambre des Conseillers et son Président, le Conseil Constitutionnel, la Cour des Comptes, le Gouvernement actuel ainsi que son Premier Ministre et d’autres institutions…
Un mandat devrait préalablement être donné par le Président de la République actuelle par intérim à l’Assemblée NATIONALE CONSTITUANTE pour procéder à ces dissolutions de l’ensemble des institutions politiques tunisiennes héritées du régime de BEN ALI, institutions non désirées actuellement par le Peuple tunisien.
L’Assemblé Nationale Constituante doit annoncer la naissance d’une nouvelle REPUBLIQUE en s’attachant à la rédaction d’une nouvelle Constitution tunisienne qui aurait la participation de l’ensemble des représentants des partis politiques sans exception, de l’ensemble des représentants des syndicats, ainsi que d’un certain nombre de personnalités compétentes désignées au niveau de chaque Gouvernorat.
Le Conseil National de la Revolution tunisienne serait une institution permanente pour veiller à l’application des revendications du peuple tunisien. De son côté, l’Assemblée Constituante aurait pour tâche délaborer outre la Constitution, des nouvelles lois relatives aux partis politiques, au Code électoral, à l’investissement des étrangers, à la Presse, etc…afin de remplacer tout l’arsenal juridique hérité du régime de BEN ALI.
Si l’Armée tunisienne ainsi que le Gouvernement tunisien de Ghannouchi et son Président par intérim MBAZZA refusent l’instauration d’un Conseil de Révolution ainsi que L’instauration également d’un ASSEMBLEE NATIONALE CONSTITUANTE dont les Membres seraient désignés par le Conseil National de la Revolution, alors le Peuple Tunisien par ses Comités de Revolution serait dans son droit de se soulever contre le Gouvernement actuel et la Chambre des députés qui ne sont plus ses représentants, jusqu’à leur chute..
Fait le 25 janvier 2011
par G.H.
Un bon début !!!
Tres interressant et pratique… Il faut le diffuser par tout! Jusqu’a quelque connu et respect en Tunisie puisse sponsoriser cette initiative and veille a son avancement! Quoi d’autres!
EC
Pouvez-vous fournir des liens svp… pour diffuser ces infos ?
Merci !
L’article de G.H “vers l’instauration d’un Conseil National de la REVOLUTION est très important. Pourriez-vous S.V.P le diffuser le maximum possible dans d’autes sites pour qu’il soit lu en Tunisie…
Merci
ARFA.
Dans Indymedia Euskalerria il y a une analyse la-dessus très intéressante, (Insurrection ou révolution?) de Raveli K., à cette adresse: http://euskalherria.indymedia.org/eu/2011/01/71871.shtml
Malheureusement en espagnol, mais ça vaudrait la peine d’en faire une traduction.
je trouve cette analyse appropriéem mais aussi très pertinente. Le texte mérite d’être lu par tous les tunisiens et des responsables de l’UGTT. Il faut aussi médiatiser et faire de le publicité Bouche à oreilles pour l’initiative “Vers l’instauration d’un CONSEIL NATIONAL DE LA REVOULUTION du 14 janvier 2011”. Il ne faut pas lâcher la lutte pour pour finir avec ce pseudo gouvernement de transition.
Si les ex de Ben Ali reussissent à se maintenir au pouvoir avec l’annone demain du remaniement, le couple “Morjane Kamel, en tant que président chouchou de Rumsfeld et Mustapha Nabli chouchou de Paul Wolfowitz” serait leur hypothèse et stratégie. La révolution sera ainsi trahie par des réformes mineures qui seront votées par des députés de Ben ALI.Il faut le lien avec la présence à Tunis du Numéro 2 du State Department Jeff Feltman qui ire demain à Paris pour consultation et validation.
n’oublions pas qu’il ya des milliers d’RCD qui ne veulent pas perdre tous les avantages qu’ils ont accumulé depuis plus de 20 ans et qui continuent de faire la propagande du gouvernement de ghannouchi alors ne les laissez pas gagner du terrain, continuons la resistance
M Bouraoui:
Je suis tout a fait d’accord avec ton analyse, tes idees revolutionnaires et les points soulevees. Bravo!
Je suis convincu qu’on est en train de se manupuler par ces maudits idiots sous des pretextes inexistants! I have to swictch to English Sorry!
I’m absolutely perplexed by what I saw yesterday on out National TV: equal time, equal pictures given to two demonstrations: one for the Temporary Government and the other against the Temporary Governmnet. This picture took me back to old times where our TV shows pro Governmnet, pro RCD, pro this and this, etc… They are still treating the Tunisian mind with mockery! They are still insulting our intelligence!! There are poeple coming as far away as Gafsa and SB to demonstrate in Tunis demanding for the WHOLE TUNISIA to protect the REVOLUTION and others just want to protect their little and small interests: Here are some slogans:
1. Pro Temporary Government: we want our kids to go back to school… my daughter may not get the baccalaureat this year… my this and this, etc…
2. Revolution: Protection of revolution, no to dictarship, no to crininals in Gvt, Yes to freedom, yes to liberty, Yes to equality, etc… BASICALLY THERE IS NO MENTION OF “MY THIS AND THIS…”
So there you see the differeence in demands:
the first are “Murtazqa” of the RCD, those who want to keep things as usual and probably they are paid to this or want to empty the REVOLUTION so they will not be judjed for what they did…
The second: genouine people who want to protect our freedom etc…
In front of this I’m really frustrated and I’m sure that if nothing is done to protect the REVOLUTION, Tunisia will loose Big time… THE ONLY SOLUTION IS TO GET THESE JOKERS FROM THE TEMPORARY GOVERNMENT INCLUDING THE “OPPOSITION” PROFITEERS…
Another thing, I’m really sad to see those “Opposition” people and others sitting down with those who killed the life in us and trying to defend this “Union”!! WHY!!! WHY ALL OF THIS!!! FOR WHAT!! FOR SOME 15 MINUTES OF FAME!!! I HAVE NO EXPLANATION!!!!!!!!
EC
@ G. H.
Je me suis mal exprimé dans mon dernier post…
En fait, je voudrais savoir si il y a un lien, un site… où figure votre proposition
Merci
Samir
Chers frères& soeurs Tunisiens.
Vous ne pouvez pas réaliser à quel point la Révolution que vous avez mené constitue,pour nous,un acte de fierté.
Cette révolution qui a pris naissance dans l’odeur de la chaire humaine en combustion ne peut etre réduite à du jasmin.
Mr BOURAOUI propose la mise en place d’un régime parlementaire.
Ce régime est une arme à double tranchant.Il peut etre porteur d’une instabilité chronique car basé sur des alliances entre partis(cas de l’ITALIE).
La vie politique en TUNISIE va connaitre l’éclosion de nombreuses forces ou partis prétendant,légitimement,au pouvoir.
Le jeu des alliances politiques,indispensable dans tout régime parlementaire,sera certainement difficile après tant d’années d’oppression.VIGILANCE,VIGILANCE,VIGILANCE.
Salutations fraternelles.
je suis complètement d’accord avec l’analyse de Mr Bouraoui, mais, aujourd’hui, la question de la direction est une question crutiale.
Une révolution peut être déclenchée de manière spontanée,mais , pour continuer et réussir , il doit y avoir une direction, surtout, lorsqu’on se rend compte , comme c’est le cas aujourd’hui, que les contre-révolutionnaires non déclarés et certains qui lèvent très haut le drapeau de la révolution en vue de la mater, sont très nombreux et non identifiés.
La question d’une direction de la révolution est une question urgente, la forme qu’elle doit prendre pose problème, dans la mesure où certaines formes peuvent choquer nombre de Tunisiens qui veulent un passage pacifique et le plus possible dans un cadre légal.A réfléchir.
La révolte ne s’est pas appuyée sur la légalité, mais sur un légitime ras le bol exprimé par les gens…
Cette révolte est toujours en cours. Elle conteste sa légitimité à Ghannouchi … Il faut être très naïf pour croire que Ghannouchi veut sauver la Tunisie, à moins d’être acquis à la cause de cet héritier de Ben Ali…
oui tout a fait d’accord avec un conseil de protection de notre révolution, de fideleté pour le sang de nos martyrs, il faut bouger , je n’ai aucune confiance en ghannoucha, ni aux médias qui commencent à changer de discours, en profit du gouvernement provsoir, hier j’ai vu le débat sur nessma tv, qui m’a déçu, se toute façon le conseil qui a été fondée hier pour la protection de la révoluttion est une nécessité, et je le soutien, personnellement je n’attends rien du gouvernement provisoir.