Une des maison des trabelsi brulée dans les jours qui suivent la fuite de Ben Ali. Getty Image

Je n’ai pas quitté Tunis depuis le début des événements qui ont conduit à la chute de la dictature. J’ai voulu passer ce dimanche loin dans la campagne, question de me dépayser et de faire un peut le constat de ces événements dans des petits villages dont personne n’en parlait.

J’ai été d’abord à Mjez-El-Bab voir le tribunal dans lequel j’ai exercé pendant les années 80 qui a été totalement incendié. A l’entré du village une belle villa à niveau avec baie vitrée semble avoir été visée en particulier par les manifestants attire mon attention. Je demande à qui elle appartient et on me nomme un médecin que tout le village à l’habitude de consulter depuis des années. Je trouve cela étrange, pourquoi des manifestants s’attaquent au domicile d’un médecin ?

A quelque dizaines de mètres plus loin le poste de police est totalement calciné et complètement abandonné. Quand les manifestants l’ont attaqué ils ont défoncé les casiers du chef de poste et on trouvé le registre de plus d’une centaine d’indicateurs. Les commissions d’informations qui varient entre 15 et 30 dinars sont mentionnées chaque fois devant le nom avec date et référence du rapport le nombre est ahurissant des centaines jurent ceux qui ont pu consulter le document. Il y a aussi une colonne à part avec le titre « Indicateurs bénévoles » et c’est la que figure les noms de personnes qui font l’espion sans rémunération parmi lesquels des médecins et des personnes dont personne n’aurait soupçonné qu’ils s’adonnaient à un tel métier.

Un peut plus loin, on me montre le siège d’une permanence du parti dont la porte à été défoncé et totalement mise à sac avec des traces de documents incendiés. Une famille qui s’été déjà installée est en plein ménage et le monsieur s’affaire à installer une nouvelle porte pour sa maison. Plus loin la banque, le siège de la recette des finances et la bibliothèque ont tous les façades en débris avant d’arriver au tribunal qui à été totalement mis a feu y compris la maison de fonction du juge de la localité au vue des traces de la fumée rien n’a été épargné même la porte d’entrée n’existait plus. Dans la chambre d’archive de ce tribunal existe des milliers de registres d’actes notariés qui s’étale sur plus de trois siècles est qui constituaient un véritable trésor de l’histoire de la région qui viennent de disparaitre définitivement dans l’incendie.

Les actes de pillages qui ont suivi le 14 janvier ont dépassé par leur nombre et leur ampleur ce qu’on peut imaginer. Des bandes organisées équipées de camion et voiture et souvent armés ont dévalisé pendant de jour comme de nuit pendant toute la période écoulée des dizaines de dépôts société hangars et fermes en veritable razzias qui n’ont rien laissé derrière. Aujourd’hui de jour comme de nuit la ville, ou ce qui en reste, est en alerte générale, chacun essaye de protéger ses bien en se demandant cela va durer jusqu’à quand.

Je me suis arrêté à un village à une dizaine de kilomètre de Mjez el Bab. Dans le café tout le monde parlait de la même chose. Ici seuls les sièges de la cellule du Parti, du Omda et du poste de la garde nationale ont été visés. Et tout le monde racontait la découverte dans le bureau du chef de la garde nationale qui à mis tout le village en émoi. Ce village qui comptait au plus 3000 habitant vient de découvrir qu’il été espionné par 95 indicateurs. Des hommes comme des femmes au dessus de tout soupçon rapportaient au chef de poste les moindres soupçons et mouvement de leurs proches comme de leurs voisins. On les nommait chacun par son nom et celui de son père et de sa mère et par sa profession pour plus de précision pour mieux les authentifier comme si j’été l’un des leurs sensé de les connaitre tous par cœur. En plus de la liste complète des indicateurs ils ont trouvé ils ont trouvé les fiches des personnes du village particulièrement mis sous observation. Un monsieur me disait moi j’ai découvert ma fiche avec la mention de « citoyen dangereux » le rapport mentionnait ses déplacements, ses fréquentations et les doutes qui pèsent sur lui. Il répète les différents rapports dont il été l’objet en disant chaque fois qui aura été l’auteur et tout le café en rigolait.

Ainsi des gens qui sont nés et toujours vécus ensembles se trouvent soudain trahis par leur plus proches parents et amis pour des modiques sommes de 10 à 20 dinars. Ces indicateurs se terrent et n’osent plus se montrer, certains ont même quitté le village en attendant de se faire oublier. Ce que j’ai appris dans ce village m’a rappelé se qui s’est passé en Allemagne de l’est après la chute du mur quand ils ont publié les archives secrètes de la police politique permettant à certains de découvrir qu’ils étés espionnés par leur femmes ou maris. Ben Ali à fait mieux, il a dressé tout un pays les uns contre les autres en érigeant la délation en système de gouvernement.

Yahyaoui Mokhtar
Tunis le 30 01 2011
Publié sur : Tunisia Watch