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Un soldat surveille l'entrée du siège du RCD, à Tunis, le 20 janvier. Un soldat surveille l’entrée du siège du RCD, à Tunis, le 20 janvier.AFP/MARTIN BUREAU

Pour mieux comprend cette machine infernale qu’est le RCD et dans la continuité de ce que j’ai développé auparavant sur son vrai faux lien avec le parti du Destour, je vous invite ici, à travers ma propre lecture subjective, à une petite analyse de ce parti qui a monopolisé l’espace politique pendant 23 ans.

Cette petite analyse aura pour ambition de mieux déceler la réaction des dernières forces de cette machine, leur plan à court terme et leur positionnement sur l’échiquier politique dans les prochaines élections.
Cette machine aux deux couleurs dominantes que sont le rouge et le violet n’est pas si homogène que cela puisse paraître, et le brigadier ZABA, supposé nain en politique n’était pas si dépourvu de malice et de talent tacticien pour remettre en marche un parti en pleine crise existentialiste à la fin des années 80.

C’est ainsi qu’il a su aux premiers jours du putsch, faire revenir des destouriens démocrates qui avait quitté le parti avec Ahmed Mestiri pour créer le MDS, tels les Habib Boulares et compères ou encore, et pas à pas faire revenir les Foued Mbazaa et autres militants classés comme bourguibistes pour redorer le blason de son nouvel appareil et garder le lien avec les militants des premières heures, qui sont vendables (ou banquables) devant l’intelligentsia tunisienne ou européenne.

Cette petite classe embourgeoisée et désintéressée a permis d’assurer une crédibilité à un politicien qui n’en est pas un et leur a permis de terminer en beauté leur carrière militante avec des postes honorifiques de président d’assemblée (toujours tunisois pour gagner la sympathie de tunis) ou d’instances dotées d’aucun pouvoir.

Cette première classe a eu le double crime de servir d’alibi à un dictateur et de s’être coupée de la base qui l’a pourtant hissée aux strapontins.

Derrière ce premier rideau, ZABA concoctait un bureau politique incolore et inodore totalement coupé de la base du parti pour ne jamais constituer un risque quelconque, ce bureau politique qui dans tout parti est élu était composée des hautes fonctionnaires, porteurs de dossiers sans aucune maturité politique et qui représentait généralement les ministères d’Etat ou encore des symboles de calcul politique (sexe, région, etc…).

Cette deuxième classe est comme la première complètement out.
Derrière ces deux premiers rideaux satinés, se cachaient les vrais loups du RCD, persona non grata au temps de bourguiba, tels les karoui ou les baccouche (hédi) ou les dignes héritiers et disciples des bons vieux faucons destouriens tels les abdallah kallel (disciple de abdallah farhat).
A partit de ce rideau, commence les choses sérieuses et dangereuses, ce sont les membres de la garde prétorienne politicienne de ben ali, avec bien sûr, des hauts et des bas, mais qui restent présents dans toutes les magouilles (et le mot est faible) politiciennes.

Cette classe assoiffée de pouvoir, plus benalienne que ben ali lui-même, derrière leur charme politique, car c’est des vrai politiciens, gardaient la maison propre et à la botte de ZABA.

À cette équipe se joint d’autres jeunes loups (qui ne sont plus jeunes) qui tiennent ou tenaient le parti du RCD grâce à leur base régionale et l’appui de leur bastion pour toujours peser dans l’architecture de ben ali, même si ce dernier veut s’en débarrasser, et ce sont les fameux abderrahim zouari et compères du nord ouest, sud ouest et sud est qui n’ont fait que salir davantage la scène politique.

Cette horde de loups ne lâchera jamais prise et vous voyez aujourd’hui ce baccouche qui joue au démocrate et tenter de rassembler (sans le déclarer bien sûr) les membres du RCD sous le chapeau des « dignes héritiers » du parti du destour. Cette classe représente un réel danger et ils sont capables du pire.

Avant dernier groupe, الامانة العامة ou le secrétariat du parti, qui, contrairement à ce que vous pensez, n’est pas élue, vu que ZABA a horreur des élections même au sein de son jou jou, ce secrétariat, à la tête duquel ZABA a désigné un « jeune », mohamed ghariani, pour trois raisons principales : bons et loyaux services de destruction de la vie estudiantine à la tête de l’UGET qui a été confisqué par le RCD depuis le fameux congrès de korba, pour préparer la campagne présidentielle de 2009 en insufflant un soit disant un air de jeunesse à un parti qui n’a plus aucune vie et intelligence et enfin pour contrer les vieux et jeunes loups du RCD, en faisant passer le message suivant : C’est moi qui commande.

Ce secrétariat aussi vide intellectuellement et politiquement que la cervelle de ben ali, n’a pour seule crédibilité que le fait d’être le dernier greffier d’un parti voué au néant, mais c’est la structure qui tient la maison, qui contrôle la logistique du parti, qui a le carnet d’adresse des sbires du parti et qui a les bons dossiers sur tout futur RCDiste politicard dissident. Il représente ainsi le 2ème groupe influent du RCD et qui est en train de préparer les répliques tout doucement, tout calmement.

Le dernier groupe enfin, c’est le groupe orgueilleux, c’est-à-dire les membres élus du comité central ou لجنة المركزية, orgueilleux car contrairement aux éléphants du RCD ou les seniors coupés de la base du parti qui sont nommés par ben ali (tels ceux du premier groupe, les ministres et autres vielles armoiries du parti ou encore les trabelsi et matri), ceux-là sont élus « démocratiquement » par la base des militants. Démocratiquement cela s’entend avec énormément de magouilles régionales, d’alliances sahel-sud est contre sud-ouest/nord-ouest ou le contraire auxquelles s’ajoute énormément de corruption pour gagner in finé un strapontin dans ce comité qui ne décide absolument de rien (et tant mieux) dans la stratégie politique mais peuvent à partir de ce poste gagner les poste de députés, diplomates ou alors gagner une License de vendeur de glibettes et autres petits commerces.

Ce dernier groupe aussi vide politiquement que les premiers est de plus gangréné par les fameux opportunistes, ceux qui sont capables de vendre père et mère pour leur salut politique.

Toutefois ces membres, forts dans leur région, ayant les moyens d’acheter des voix mais surtout habitués des élections internes et externes peuvent former un groupe puissant dans le jeu électoral. D’ailleurs, ce groupe (une partie cela s’entend) a été le premier groupe du RCD à parler, à vouloir corriger le tir, à former un groupement en mettant à leur tête le député représentant de Sidi Bouzid (le symbole est là).

A travers cette analyse, on peut donc comprendre la force de cette machine infernale qui ne lâchera jamais et les tactiques sont nombreuses :

Jouer la carte des indépendants : un coup d’état démocratique pourra être fait par la suite, si le système électoral qui sera mis en place sera un genre de proportionnelle à la française éliminant les petites composantes non présentes dans toutes les régions (et c’est le risque de plusieurs partis démocrates).

Jouer la carte des républicains : la scène à droite de l’échiquier est presque vide (si tant est que nous classons Ennahdha à l’extrême droite, ce qui n’est pas sûr avec une aile restant dans la logique des frères musulmans et une autre éventuellement dans la droite modérée), une alliance avec les partis écartés de la nouvelle démocratie (UDU, PUP) mais aussi le PDP qui n’est pas encore clair dans sa ligne politique (une fois copain copain avec les islamistes, une fois avec Attajdid) et qui a bizarrement défendu le Gouvernement de transition 1 avec toutes ses tares.

Ou enfin, jouer clairement la carte de rempart aux islamistes, et là ils peuvent exceller dans ce jeu de l’épouvantail, jeu qu’ils ont exercé pendant plus de 20 ans.

Tout ceci étant une partie des forces mais aussi des faiblesses intrinsèques de ce machin, mais sa plus grande faiblesse se résume en un mot : le vide. C’était un parti d’applaudissements et de propagande, il n’a aucune valeur.

….Ah, j’oubliais, Kamel Morjan J, c’est qui celui là ????? il me fait rire, il croit vraiment qu’il représente un poids dans son parti, il ne représente rien, ne connait personne, celui qui est parachuté ne gagne jamais en politique, seuls ceux de la base réussissent, par contre il pourra se présenter à la présidence de l’association des anciens diplomates.

Mohamed Madhkour