Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Le statut de la femme Tunisienne inspiré par Bourguiba, est un acquis avant-gardiste indiscutable ancré dans notre société depuis un demi siècle déjà , qui fait notre particularité dans le monde arabe et notre fierté. La vraie femme Tunisienne est instruite, libre et en même temps responsable, définitivement installée dans la vie moderne

Malheureusement force est de constater que depuis 3 ou 4 ans, le comportement de certaines de nos concitoyennes n’augure rien de bon pour notre pays. Ben Ali a su imposer pendant deux décennies une chape de plomb sur l’intellectuel des Tunisiennes et Tunisiens, a muselé toute expression politique tant et si bien qu’il a fini par produire des générations de « Khobzistes « de neutres , de sans avis . Les seuls espaces d’expression étaient les stades de foot ou les plateaux sportifs de la Télé, et accessoirement…les mosquées !. Une bonne frange de la population s’est abrutie, a perdu ses repères, s’est vidée de toute réflexion et a trouvé dans la religion un exutoire et un moyen d’occupation, voire d’expression. Cette expression est particulièrement visible chez les femmes par le port du soit- disant « voile islamique ». Ainsi voyons-nous circuler dans nos rues de véritables zombies portant d’étranges accoutrement venus de je ne sais où, qui dégradent plus qu’ils ne gratifient la femme.

Dans quelles conditions ces femmes en sont-elles arrivées à porter le voile ?

Dans cette frange, il est d’abord étonnant de retrouver une minorité de femmes instruites, fonctionnaires , cadres , enseignantes, qui veulent afficher leurs profession de foi. Elles portent le voile certainement par conviction. Bien sur qu’elles sont libres de le faire mais force est de constater qu’elles naviguent dans un savant mélange d’hypocrisie et de malhonnêteté intellectuelle. Elles clament que chacun a le droit de s’habiller à sa guise mais si la collègue au travail porte le pantalon , elle est immédiatement traitée de dissolue . Elles n’ignorent pas que si l’on veut appliquer les dogmes de l’islam au pied de la lettre, elles ne seraient pas là où elles sont. Acceptent-elles la polygamie par exemple ?

Acceptent-elles d’attendre l’autorisation de leur mari pour sortir travailler ? Acceptent-elles d’être peu digne de foi ou d’être frappées ? Toutes savent très bien qu’il leur est interdit de se maquiller en public ou de se mélanger aux hommes dans le travail , mais que font-elles alors dans l’administration et dans les lycées ? Ces femmes ont une duplicité intellectuelle manifeste qui les amène à une lecture particulière et très contradictoire de l’Islam, un Islam de convenances et de circonstances.

Une autre frange de femmes bien plus importante celle là ,est constituée par la cohorte des bonnes mères de famille très croyantes , peu instruites , qui sont, disons-le « à la retraite matrimoniale » et qui dans une sorte de résignation fataliste clament des « fih el barka » et des « errejouaa el rabbi » comme si auparavant elles étaient des mécréantes ! .Ces femmes frappées parfois par un malheur social ( décès , maladie grave , divorce ), fripées par les maternités , peu intéressées par leur physique , ayant délaissé complètement leur féminité et leur coquetterie naturelle se déguisent derrière ce fameux cache misère qu’est le voile , bien pratique avouons-le pour camoufler les cheveux grisonnant ou les difformités corporelles et ainsi « Rabbi yoster »

Enfin une troisième frange qui est la plus nombreuse est constituée jeunes filles des couches sociales défavorisées , à la scolarité précaire , en général peu dotées par la nature ,vivant sous le joug d’un frère barbu ou d’un père intransigeant , qui leur imposent le port du voile, ou qui le portent par mimétisme de la cousine ou de la voisine . Leur seule éducation religieuse leur est dictée quotidiennement par ces antennes satellitaires ,véritable fléau audio visuel ,qui les polluent à longueur de journée par des diatribes , soit disant islamiques , effrayantes , débitées par des ignorants barbus réactionnaires ,dont la connaissance en islam est inversement proportionnelle à la longueur de leur barbes !.Cet état de fait est malheureusement palpable d’ailleurs partout dans le reste du monde arabe que ces chaînes arrosent, constituant de véritables réseaux subversifs obscurantistes, déformant complètement le vrai sens de l’islam

Cette réflexion sur le voile islamique risque peut-être de choquer certains, mais j’estime qu’elle est lucide et probablement partagée par une grande majorité de mes compatriotes. Sans faire de jeu de mots je dirai qu’il ne faut pas se voiler la face et qu’il faut regarder la réalité d’une manière objective. L’hypocrisie des hommes ,l’obscurantisme ,la bigoterie et l’ignorance ont permis l’installation du voile dans notre pays produisant une femme complètement en décalage avec son temps et son avenir , en décalage avec sa condition d’individu agissant dans une société égalitaire sans discrimination de sexe . Non, la femme tunisienne est autre ; elle est féminine instruite, intelligente et active. Elle est sur le même pied d’égalité que l’homme et n’est pas une vache ou un objet de convoitise qu’on doit camoufler .L ‘avenir lui appartient car elle n’est ni libertine… ni voilée.

Tarak Arfaoui