Historiquement, deux modèles économiques coexistaient, le modèle communiste et le modèle capitaliste. Sans rentrer dans les détails le modèle économique communiste a capitulé avec la chute du mur de Berlin. Le dernier bastion communiste encore en exercice est celui de la Chine, qui n’a guère gardé que le nom et désormais il est par excellence le digne représentant du système capitaliste mondial. Ainsi, de plus en plus les fondements de l’économie à l’échelle planétaire sont basés sur la mondialisation et par conséquent le capitalisme à outrance et la loi du marché. Le point culminant de cette mondialisation est la délocalisation industrielle vers les pays du tiers monde où le coût de la main d’œuvre est le plus bas possible et les revendications sociales sont presque néants. Les pays riches tirent leurs épingles du jeu, en étant à la tête des capitaux de la mondialisation et en gardant chez eux l’industrie « Hitech » à haute valeur ajoutée.

Au départ, un pays comme la Tunisie est considéré comme privilégié par la délocalisation sur ses terres de plusieurs entreprises à hauts potentiels en mains d’œuvres non qualifiées.

Le seul moyen pour y parvenir à cette délocalisation était de garder le coup de la main d’œuvre au plus bas possible. En Tunisie, pendant les dernières années et avec des faux choix stratégiques, les limites de cette politique commencent à apparaitre chez la population concernée. D’abord structuralement avec l’augmentation de la cherté de la vie (augmentation des cours des produits alimentaires de base et du pétrole), les salaires dérisoires deviennent obsolètes et ainsi les gens risquent de vivre indignement.

D’autre part, la politique nationale de scolarisation pousse vers la réussite sans se fier à l’excellence et par conséquent le quantitatif a pris la place sur le qualitatif générant une bombe à retardement qui vient d’exploser. Le nombre des diplômés illuminés, qui sont ouverts sur les réalités du monde extérieur, est de plus en plus grand avec des perspectives bouchées. Ce grand nombre est en inadéquation avec les capacités d’absorptions réelles de l’économie nationale, qui à cause de la mondialisation elle a été orientée vers la main d’œuvre non qualifiée. Cette réalité a engendré chez eux un sentiment d’injustice généralisé. Ainsi, la majorité des quelques postes à pourvoir est accordée en fonction de la notoriété des connaissances ou par des malversations de moins en moins camouflés. Ainsi, les plus méritants sont écartés injustement du marché du travail, et la grande majorité est confrontée à l’impasse du système. Non seulement le marché du travail ne leur offre aucune chance mais en plus tout travail non qualifié ne leur permet pas de vivre dignement après tants d’années d’études! C’est un malaise profond qui a entre autre été le déclencheur de la révolution du 14 janvier 2011.

Ce cercle vicieux peut être rompu transitoirement par des décisions de recrutement hâtives dans la fonction publique à coûts d’endettements massifs qui ne fera que recomposer la bombe à retardement en hécatombe qui explosera aussi un peu plus tard. Il faut que tout le monde sache que la fonction publique dans sa majorité n’est pas directement créatrice de richesse économique.

Elle fourni des services nobles pour la population telles que la santé, l’éducation et la sécurité par l’intermédiaire du contribuable. Ce contribuable est généré obligatoirement par les activités économiques industrielles, agricoles et des échanges internationaux (imports, exports et échanges touristiques). Par conséquent, la meilleure façon de rompre ce cercle vicieux est de le rendre en cercle vertueux mais cela nécessitera de la patience et de la contribution de tout le monde. Ce cercle vertueux est basé sur l’investissement dans des domaines porteurs et générateurs de richesse avec plus de justesse en faveur des régions de l’intérieur du pays mais il nécessite aussi la compréhension de tout le monde.

D’abord le gouvernement de transition aussi légitime ou pas soit-il ou toute autre autorité transitoire qui dirigera le pays les prochains mois, doit au préalable détailler les lacunes et les acquis de notre économie. Il doit suggérer des propositions d’amélioration vers une nouvelle voie dans la mondialisation. Un pays comme la Tunisie ne peut échapper à la mondialisation mais qui doit aussi prendre en considération l’aspect de plus de justesse pour promouvoir le pouvoir d’achat de la population. Le gouvernement démocratiquement élu par la suite peut s’inspirer de ce rapport pour l’appliquer selon les volontés du peuple mais sans entêtement idéologique ni populisme.

Ensuite, les syndicalistes véritables garants de la révolution. Vous avez joué parfaitement votre rôle de contre-pouvoir et sans la persévérance de vos cadres et de votre base nous ne serions peut être pas là, gardez toujours ce rôle. Néanmoins, il ne faut pas que le patronat soit considéré comme un adversaire mais plutôt comme un partenaire, pour ne pas créer une atmosphère électrique nuisible pour tout le monde. D’autre part, il ne faut pas oublier qu’on a besoin de ses patrons pour les inciter à investir dans les régions défavorisés du pays et pour créer des emplois pour les chômeurs. Sans contribuer à une ambiance sereine d’investissement ne nous pouvons que pousser vers la faillite de quelques entreprises et vers la fuite des capitaux. Il ne faut pas oublier qu’on le veuille ou pas, l’économie tunisienne doit faire partie de la mondialisation et doit être compétitive pour garder sa part de marché. Ainsi, l’instauration d’un climat de dialogue avec le patronat sur des nouvelles bases de transparence et d’acquis sociaux est plus raisonnable mais chaque partie doit y mettre du sien. Une troisième voie est possible avec plus d’avantages sociaux, qui doit être exigée par les syndicats mais ils doivent la bien vendre pour qu’elle devienne désirée par le patronat.

Ensuite, aux jeunes chômeurs diplômés et aux gens oubliés du pays qui étaient les instigateurs de la révolution. D’abord exigez que vous ayez immédiatement un minimum de dignité, avec une caisse de chômage et une caisse de solidarité. Exigez aussi la possibilité de rêver à un avenir meilleur et à la mise en place d’une dynamique créatrice de richesse et d’emplois. Vous mentira celui qui prétendra qu’il va vous trouver une solution immédiate. Il faut exiger la transparence et la justesse pour que le plus compétent et non le plus notable sera recruté en premier. Il faut donner une chance au financement pour les plus créatifs et les plus entreprenants d’entres vous. Il faut exiger un développement régional équitable et un développement des investissements dans les régions intérieurs du pays. Mais non vous ne pouvez pas être tous des professeurs de l’enseignement secondaire ou supérieur par ce qu’il y a eu des mauvais choix stratégiques qu’il ne faut pas continuer à suivre mais qu’il faut corriger. Alors il faut aussi exiger l’instauration de centres de formations et de recyclages en fonction des orientations stratégiques du développement régional et national pour que tout un chacun aura au moins sa part de rêve et que rapidement il le concrétisera. Il faut aussi garder sa voix audible, exiger une liberté de presse et d’expression et une indépendance totale de la justice, vraies garants de la pérennité des acquis.

Ensuite, aux investisseurs tunisiens pour qu’ils deviennent une partie de la solution aux maux de notre société. Il est temps qu’ils prennent le train qui est en marche et qu’ils acceptent un changement des règles du jeu. Il est temps qu’ils acceptent qu’un contrôle de fisc n’est pas qualifié de punition mais plutôt c’est une obligation et devenir des contribuables responsables. Ils doivent aussi accepter la syndication du personnel et les revendications sociales, mais il faut que ça soit responsable avec une logique de dialogue et non de surenchères ou de diktats des deux parts. Il est temps d’accepter de jouer le jeu d’une compétition loyale entre les entreprises et de travailler dans la légalité sans abus de pouvoir ni favoritisme. Une troisième voie est possible en préservant le capital qui leur est due, mais aussi en rémunérant mieux leurs personnel et penser que le facteur humain doit être au sommet des considérations. Ceci ne sera possible que si ces investisseurs seront respectés par tout le monde et la paix et le calme seront de retour. Nous tous nous devrions les convaincre pour qu’ils deviennent nos partenaires et non nos ennemis!

Enfin, le pays voisins et amis de la Tunisie nous avons besoin de vous comme vous avez besoin de nous. Nous devrions réussir notre révolution pour nous et pour vous. Pour nous il faut chercher un meilleur niveau de vie et profiter de la liberté et de la démocratie. Notre stabilité est aussi dans votre intérêt. Pour la rive nord de la Méditerranée notre prospérité garantira que nos jeunes n’iront pas illégalement chercher chez vous un rêve aussi futile soit-il. Notre prospérité est un rempart à l’obscurantisme et aux thèses extrémistes qui peuvent être facilement exportable chez vous. Alors soyez à la hauteur de ce rendez vous de l’histoire comprenez vite les défis. Vos entreprises déjà existantes en Tunisie il faut les convaincre de rester et il faut les incités à mieux rémunérés leurs personnels malgré la tentation de la délocalisation dans des cieux plus stables maintenant (mais jusqu’à quand!) et d’un coup de mains d’œuvres plus bas.

Ecoutez l’appel de nos jeunes diplômés qui ont besoin que vous croyez en eux en investissant dans des produits à haute valeur ajoutée, tels que la biotechnologie, les produits pharmaceutiques, informatiques et « Hitech » en général. Nous avons les compétences nécessaires et vous seriez agréablement surpris si vous décidez de nous aidés. Pour les pays de l’Afrique du Nord, les cours de l’histoire nous indiquent que rien n’arrêtera la voix de la liberté. Il faut alors une révolution des palais, à défaut elle deviendra la révolution des peuples! Nous rêvons du Maghreb Arabe Uni et nous espérons que rapidement il deviendra réalité. En fin pour le reste du monde une nouvelle voie de la mondialisation est possible elle doit garantir un minimum de dignité pour tout un chacun. Alors vos excellences les invités du « Forum de Carthage » créer une nouvelle voie de mondialisation. La Tunisie peut être considérée comme un prototype dont la réussite peut être exportée universellement. L’échec serait amère pour nous mais aussi pour vous tous!