Les révélations de John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt dans leur ouvrage intitulé « le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine » ont levé le voile concernant l’influence de l’AIPAC et, de manière générale, le lobby sioniste sur la politique américaine. D’autres sources ont abondé dans ce sens pour décrire comment le lobby, et son « Campus Watch », véritable organisme de flicage et de chasse aux sorcières anti-antisionistes, ont réussi à s’implanter et à sévir dans la plupart des campus américaines.
Depuis quelques temps, dans ces universités jusque là, inconditionnelles d’Israël, on assiste à une véritable bataille rangée entre anti et pro israéliens.

Qualifiant l’état d’Israël de brutal et répressif, allant jusqu’à le comparer au régime nazi, les adhérents au mouvement–appellent à l’application de boycotts et de sanctions globales à son encontre. Le mouvement qui a vu le jour en 2005, est parti des campus du Nord des Etats-Unis, de New-York à Boston en passant par Chicago et Los Angeles. Il n’a depuis cessé de prendre de l’ampleur, touchant même les communautés urbaines.
Depuis le début de ce mois de Mars, les rassemblements et les manifestations se sont multipliés. Des étudiants ont érigé des imitations du « Mur de l’Apartheid » dans l’UCLA and Brooklyn College, alors qu’à Columbia Univesity, des étudiants vêtus des tenues militaires de Tsahal, mettaient en scène des soldats israéliens brutalisant des Palestiniens aux checkpoints.
A l’Harvard Univesity, un grand nombre d’académiciens ont appelé à se désolidariser d’Israël tandis que Hedy Epstein, un survivant de l’Holocauste comparait les Israéliens aux Nazis à la Florida International Univesity and UC Irvine. Des émeutes ont même éclaté à Carleton Univesity à Ottawa quand la direction a refusé de signer une motion de désolidarisation à l’égard d’Israël.

En réponse à cette campagne de dénigrement, des étudiants juifs ont lancé une campagne d’informations sur les efforts consentis par Israël pour arriver à une paix juste et durable
Connue sous le nom d’IPW – Israël Peace Week- , la campagne a été lancée dans 50 universités, de Columbia Univesity, Harvard Univesity, Tufts Univesity, Yale Univesity, Emory Univesity, UCLA, Tulane Univesity, à George Washington Univesity.
Conçue par cinq étudiants inscrits au programme des activistes de la Hasbara ( propagande pour l’état d’Israël), l’initiative reprend à son actif les messages de base de cette propagande à savoir le désir de paix d’Israël, l’absence de partenaires sérieux, les valeurs démocratiques défendues par Israël dans un Moyen –Orient despotique, le respect des Droits de l’homme et les avancées économiques et techniques malgré un environnement hostile. Il va de soi qu’un accent particulier est mis sur les menaces représentées par le Hezbollah, Hamas ou un Iran nucléaire.

Selon la presse israélienne, la plupart des manifestations IAW sont organisées par des étudiants appartenant au groupe SJP – Students for Justice in Palestine- Selon cette même presse, il s’agit d’un groupe composé « d’imposteurs» dans la mesure où, occultant la vie sous l’Autorité palestinienne et le Hamas, il a pris le parti de diaboliser Israël. Ses membres prêchent auprès d’étudiants de sensibilités libéralo-progressistes, formant ainsi coalition avec les mouvements anti guerre, les syndicats, et alignant leur mouvement sur des causes telles que les luttes pour l’égalité et les droits pour tous, indépendamment du genre, de la race ou de la croyance.  

Si les sondages continuent à montrer qu’une grande majorité des Américains soutiennent encore Israël, l’intensité et la force de persuasion de la propagande anti- israélienne ne laisse aucun doute sur le risque pour Israël de voir se dégrader chaque jour un peu plus, la perception qu’auront de lui ces futurs leaders des Etats-Unis. De nombreux étudiants juifs, élevés dans le détachement de l’identité juive et développant aujourd’hui une véritable aversion pour Israël, ont rejoint ces groupes où ils sont rapidement considérés comme des héros.

A l’heure où les soulèvements des jeunesses arabes assoiffées de liberté et de dignité, forcent le respect de tous y compris les membres du Congrès américain, n’est-il pas temps pour Israël de procéder à une nouvelle lecture des évènements pour en tirer les conclusions nécessaires à sa survie ? Et si demain, tous les pays arabes devenaient des démocraties, entretenant d’excellentes relations avec les Etats-Unis et l’Occident, que lui restera –il comme arguments pour continuer à impunément mener sa politique de spoliation et de colonisation ?