A l’orée de cette démocratie que nous avons appellé, certains plus forts que d’autres il est vrai, de nos voeux, il est naturel que des questions primordiales pour l’avenir du pays soient posées. Celle de la part de la religion dans la société tunisienne prend une place prépondérante. La richesse des idées échangées, la virulence des propos parfois, et puis, disons-le, les peurs que cette question charrie, demontrent qu’aucune impasse ne peut être faite sur l’affaire, et qu’il convient de prendre tout de suite ce débat à bras le corps. Ceci est une contribution. Elle appelle commentaires. Elle ne me fera pas que des amis, notamment parmi… mes amis.
Le régime déchu a fait son lit de la peur de l’autre. Prenant pour alibi la situation Algerienne du début des années 90, il nous a presente un contrat social, synallagmatique diront les amis juristes: l’obligation du gouvernement est de prévenir le chaos et l’insécurité; celle des citoyens est de se taire. Et l’affaire fut faite.
Ce même contrat a été proposé aux pays occidentaux, et accepté par eux. Mêmes termes : nous assurons la sécurité aux portes de l’Europe; vous fermez les yeux sur la bavures. Là aussi, l’affaire fut rondement conclue.
Aujourd’hui nous avons tiré les lecons de l’expérience. La révolution tunisienne, ainsi que celles qui agitent le monde arabe, n’a pas été fomentée par les tenants d’idéologies religieuses, elles n’a pas porté de slogans à caractère religieux. Elle a lancé un dementi cinglant aux théories du clash des civilisations. Il y a donc eu dol ! Nous avons été trompés. Huntington peut aller se rhabiller et nous devons repenser notre contrat social en Tunisie.
Voici l’opportunité de montrer que le pays qui a vu la première constitution du monde arabe, qui a été à l’avant garde de nombreux combats de civilisation, peut apporter une reponse particulière, originale, tunisienne, à la question de la place de la religion, de l’islam, dans la société, dans la politique, dans la vie des citoyens. Cette réponse, doit être fidèle à l’esprit, à l’histoire et à l’ADN tunisienne : elle doit être pensée, intelligente et inclusive. Elle doit prendre pour socle un peuple pétri des valeurs d’un Islam ouvert et tolérant. Elle doit avoir pour capital les acquis historiques comme celui du Code du Statut Personnel, promulgué immédiatement après l’indépendance, en 1956. Cette réponse doit, surtout, reposer sur la liberté de conscience et le rejet de tout accaparrement de la religion à des fins politiques. Puisque c’est la le noeud du problème.
L’islam est un fait social, et non politique :
Il y a eu des déclarations quant au caractère intouchable de l’article premier de la Constitution. C’est un article qui, après moult débats, a été adopté par les hommes réunis au Bardo en 1959, et qui avait alors constitué un equilibre qui répondait à la réalité de l’époque. Une déclaration qui posait une situation en construction, après des décennies d’occupation. Aujourd’hui encore, cet article encadre la réalité indiscutable du caractère arabe, musulman, républicain, souverain, libre et indépendant du pays. Il serait vain en 2011 de questionner l’une ou l’autre des ces dimensions ou de remettre en cause le fait social, culturel, civilisationnel, religieux, mais non politique, que constitue la prégnance de l’islam tunisien dans ce pays.
C’est donc en partant de ce fait social qu’il convient d’appréhender le débat autour de ce que l’on appelle, par référence aux situation d’autres pays, notamment européens, la “laïcité”, un concept sur lequel il faudra s’entendre. Pour rappel, la laïcité en Europe est née de la réaction à la prépondérance cléricale sur les sociétés. Nous n’avons pas la même histoire et ici, comme ailleurs, restons Tunisiens plutôt que de calquer des modèles et des concepts venus d’outre-mer.
Je soupçonne, et j’espère avoir raison, que ce concept de laïcité en Tunisie, renferme la volonté, simple, normale, mais forte, de laisser à chacun l’exercice de sa liberté individuelle et à chaque groupe l’exercice de sa liberté collective. C’est un appel pour que, quelle que soit la majorité gouvernante, la “puissance répressive de l’Etat” ne se déploie pas contre ceux qui veulent faire entendre, et vivre, leur différence de pensée, de comportement et de croyance.
Cette même violence qui a été utilisée de maniere sauvage contre toutes les tendances de l’opposition au regime précédent. Si c’est bien de cette définition de la laïcité qu’il s’agit, nous avons une chance de réaliser le compromis historique de la séparation entre le fait social religieux, et le fait politique.
Par contre, si nous engagions le débat sur la laïcité comme une manière de reaction contre ce fait social religieux, nous risquerions une confrontation, une division inutile dont nous devons impérativement faire l’économie. C’est pour cela que les appels négatifs contre des personnalités “islamistes” tunisiennes me paraissent mal inspirés. Les pétitions “contre” Ennahdha, “contre” Ghannouchi, “contre” Mourou, bref, les appels “contre”, peuvent donner au débat une tournure malsaine. Cet appel à la laïcité doit rester positif, constructif et ouvert. Ne faisons pas ce que nous reprochons aux autres d’avoir l’intention de faire.
Alors comment d’une part assurer que les partis politiques qui se réclament du socle social islamique ne dérivent pas vers des discours d’intolérance ? Comment rassurer celles et ceux qui voient les derives islamistes, salafistes dans d’autres pays musulmans et qui ne veulent pas courir le risque d’un débat tronqué et dangereux, parce qu’une partie se sera vêtue du manteau intouchable de la religion et aura voué ses opposants aux gémonies. Comment, d’autre part, s’assurer contre un retour des réflexes anti-islamiques primaires qui ont caracterise l’ancien régime ? Ce sont ces questions qu’il faudra poser, peut être en utilisant certaines lignes rouges à ne pas depasser, des garde fous juridiques, sociaux, et par dessus tout politiques, à travers le droit au suffrage, libre et périodique.
Au plan juridique, si l’islam a été inscrit dans la constitution, c’est avant tout en tant qu’affirmation identitaire après, comme souligné plus haut, des décennies durant lesquelles cette identité avait été réduite. Aujourd’hui, après plus de vingt ans d’erosion des libertés, une autre affirmation doit être inscrite dans la constitution, dans les mêmes lettre majuscules : Celle du droit d’expression, du droit à la difference, de la liberté de conscience et de la liberté du culte. Que nul ne puisse se faire propriétaire exclusif de la religion, quelle qu’elle soit, et en l’occurrence, en Tunisie, de l’islam. Que la constitution, en se basant sur son article premier, indique plus avant que la pratique religieuse, libre, doit se faire en dehors de la sphère politique. La mosquée devra restée inclusive et ne saurait remplacer ou completer l’espace politique. Les prêches des imams, pour libres qu’ils doivent rester, ne doivent pas entacher d’appels politiques le lieu protégé, sacré ou se reunissent les croyants. Le pouvoir politique, quant à lui, devra se cantonner à la gestion administrative des religions, à leur apporter subsides et soutien, sans interférer autrement que par ce que prévoit la loi.
La loi devra aussi tirer une ligne rouge, évidente en Tunisie, celle des acquis irréfragables, clairement definis du Code du Statut Personnel (CSP). Ceux ci sont intouchables, et ceux d’entre eux à caractère général et fondamental doivent être inscrits dans la constitution, sous la rubrique de l’égalité des citoyens, de l’égalité entre les genres et de la préservation des acquis sociaux du pays. Le CSP n’est pas un texte sacré, loin de là, mais toute révision de ce texte ne peut se faire que dans le cadre de progrès sociaux à mesurer par exemple à l’aune des accords internationaux auxquels la Tunisie adhère. La question de l’héritage par exemple devra être posée, discutée, débattue, avec ce qui se fait ailleurs dans le monde pour référence. C’est une question qui, de nos jours, a une dimension économique importante, et s’inscrit bien plus dans le paysage social que dans l’espace religieux.
Au plan politique, le rôle des partis sera fondamental. Dans un pays qui s’ouvre à la démocratie et au débat d’idées, il ne faudra pas sous-estimer la fonction et la responsabilité pédagogique des dirigeants politiques. Ces derniers, au delà de la mode actuelle de la création à tout va de formations politiques, auront le devoir patriotique de la formation de la base. C’est ce travail auquel s’était attelé Bourguiba sa vie durant, et qui lui a donné la légitimité historique et politique. Même si les dérives du pouvoir personnel ont eu les conséquences que nous savons, la formation des esprits restera à mettre au crédit du premier, et seul honorable, président de la république.
Et puis c’est l’engagement citoyen qui sera plus fondamental encore. Que chacun de nous prenne le temps, le 24 juillet, ou plus tard, d’aller exprimer par le vote son point de vue et inscrire ainsi son modèle de société dans la réalité politique du pays.
La formule “one man, one vote, one time” lancée dans les années 90 pour demontrer de la vanité de la démocratie dans les sociétés musulmanes et rationnaliser la réduction violente des partis islamistes est passée de mode. Ne faisons pas de (mauvais) procès d’intention à certains de nos concitoyens qui ne pensent pas toujours comme nous. Nous avons souhaité la democratie. Elle est la. Elle est indivisible!
Je finirai par cette citation importante de Mohamed Talbi:
Certes, la liberté est indivisible. Elle est pour tous, y compris pour les Salafites. Aucune entrave ne doit être opposée à leurs discours passéistes. Mais de même pour leurs adversaires. La clé, en ce moment où le destin de la Tunisie peut se jouer, est donc entre les mains des défenseurs des libertés et de la démocratie. Il faut veiller pour que la victoire du peuple sur la dictature, ne soit pas récupérée par les ennemis de la liberté et de la démocratie. Si le peuple veut que sa victoire, qu’il a payée du sang de sa jeunesse, ne lui soit pas confisquée, il doit rester mobilisé et vigilant. Il ne doit faire confiance à aucun gouvernant que sous bénéfice d’inventaire constant dans la transparence la plus absolue….Bref ! Le combat pour la liberté n’est jamais définitivement gagné. C’est un combat permanent qui doit être sans cesse renouvelé.
Ferid Belhaj is a World Bank Country Director based in Sydney, Australia.
Si Ferid, il est toujours rassurant de voir un tunisien exprimer une telle maturité politique.
Si 5% des tunisiens avaient votre ouverture d’esprit, alors le pays serait sauvé.
March 31, 2011 بيان الهيئة المدنية لحماية الثورة ببنقران يكذب
ادعاءات بعض الفنانين التونسيين حول الشباب المتدين في الجهة
http://24sur24.posterous.com/47905842
La démocratie et la laïcité sont des instruments pour la normalisation des peuples du monde.
Courir après eux c’est tombé dans le piège de l’uniformisation des Nations voulue par l’ordre mondial (capitalisme).
Vous voulez faire partie du village mondial, sans identité, ni culture, ni tradition ou conserver votre indépendance et résister ?
T’as pas le choix, tu fais parti de cette village malgré toi. Je pense que tu fais l’amalgame entre ignorance et identité ou culture, sinon pq auras tu peur de s’ouvrir aux autres cultures.
Il ne faut pas oublier que notre religion a réussi à dominer toute les autres pensées religieuses, comme preuve l’Indonésie qui s’est converti en islam par des simples commerçants religieux, tout en préservant ses coutumes culturelles.
Je suis loin d’être un fanatique religieux. Non je ne fais pas d’amalgame, la laïcité c’est l’amalgame, amalgame culturel, religieux. La liberté c’est d’avoir le choix, ce que pour le moment le mondialisme qui veut la laïcité n’autorise pas. Cette liberté il faut la conquérir notamment en refusant le mondialisme.
ps: Aucune religion ne peut se prévaloir de supériorité par rapport à une autre, seul les Juifs le peuple élus
Pour toi la mondialisation ce sont les injustices envers certains pays qui refusent la domination américaine ou européenne. Et Tu penses qu’il sera mieux d’aller en confrontation plutôt que de jouer leurs jeux.
Je site juste à titre d’exemple, la chine a réussi à contourné le jeux à son profil, et aujourd’hui elle est la première détenteur de devise en dollar et en euro, ce qui lui permet de détruire l’amerique et l’europe sans faire recours à la force.
Par contre, il y a l’Iran un pays riche en pétrole et qui a choisi la confrontation ce qui a fait de son peuple des citoyens pauvres, qui manifestent leurs refus au régime dans le refus de la religion elle même.
Bien sûr il faut absolument préserver ses différences, sa culture et son identité.
Il ne faut pas craindre la “confrontation” comme tu dis. Faudrait il courber l’échine, se renier pour vivre heureux? Non. La souveraineté de la Nation est un impératif absolu.
“Supériorité” des Juifs et non du Judaïsme.
Excellent!
D’abord l’un des rares articles ces dernier jours, mais bon je ne suis pas d’accord avec vous sur le faite que “L’islam est un fait social, et non politique” Mr je suis sur que la majorité des tunisien ne connaissent pas l’islam et les lois et l’organisation de l’état islamique et pareille dans le monde. Déjà les personnes appelé islamiste eux même ne connaisse pas la vérité de l’islam, vu que nous avons eu un trou énorme au niveau de notre histoire. Nous avons perdu plein d’idée avec des expériences dans des pays différents qui n’ont pas les mêmes conditions avec d’autres qui ont réalisé une réussite phénoménale avec l’islam politique. Tous ça avec une guerre médiatique phycologique et économique pour détourné la réalité.
Mr je suis sur que vous ne connaissez pas que nos lois vous avez simplement l’idée que nous coupons la main des voleurs et nous tuons les tueurs. Hors que la vérité est loin de ce que vous connaissez. De toute façon l’islam est une réalité l’islam politique aussi est une réalité et ce que vous ne savez pas aussi les Salafiste existe aussi et nous sommes 100 000 personnes et nous avons nos associations et trois magazines et 5 site web dont un fait parti des meilleurs sites visité en Tunisie.
@ Si Ferid
Bonjour,
Tant de “dialectique” et de précautions pour, finalement, nous “vendre” une laïcité à la française! C’est la première idée qui m’est venue à l’esprit à la lecture de votre article, bien ficelé au demeurant. La seconde idée, et vous l’avez souligné, la laïcité dans nos sociétés est un épineux problème. Epineux, car il renvoie, à tort ou à raison, à la domination occidentale, au colonialisme, au mimétisme, etc., mais aussi à la liberté de conscience qui nous terrifie tant. Pourtant, il faudra un jour nous atteler à en débattre sérieusement, tout en tentant de ne pas tomber dans ces travers. Autrement dit, en tentant de les dépasser. Pour y parvenir, feu Mohamed Arkoun suggérait un “certain ressaisissement”: que les sociétés régies par l’Islam se ressaisissent et se comprennent elles-mêmes…afin de pouvoir opérer ce dépassement nécessaire, qui est un peu déconstruction. Mais pour ce faire, et c’est ainsi que je comprends la suggestion de Arkoun et, finalement, votre point de vue, il nous faudrait une bonne dose d’autocritique. Cette dernière nous aiderait, entre autres et pour faire court, à dépasser deux obstacles majeurs, deux intégrismes majeurs, le laïcicisme (sic) et notre islamisme…Sans compter qu’elle nous permettrait de (enfin!)nous dire et de nous intituer nous-mêmes, sans passer, comme nous l’avons fait jusqu’ici, par les lunettes déformantes de l’Autre…
Cordialement.
Notre peuple a su imposer une tolerance vehuculant nos relations sociale! cette liberte a ete le moteur de l eveil de notre societe!Refuser la main mise des politiques sur la religion est la clef de la construction de la societe de progres tant revee!….La classe politique , surtout de gauche, doit clarifier sa position et se positionner sur l echiquier politique:etre democrate soit! mais avoir des distances par rapport a une droite ou la droite extreme est plus que necessaire!….L ecole est un lieu de savoir et d apprentissage,la mosque est un lieu de culte ouvert a tous !”la rue” est lieu “d echanges et de debat” la presse est l outil de tous !…Reste la radio et surtout la tele!!Pendant des annees nous avons resistes aux idees” de l obscur “teleguidees de l autre cote d alhijaz!!!!…La presence d ennahda est un signe de sante de notre democratie !mais la democratie a besoin de savoir ce que chacun propse pour demain: quel projet de societe? Chaque parti se bat pour arriver au pouvoir pour mettre en place sa vision de notre societe! Mais pardon: le seul son de cloche que nous entendons: RIEN! sur l economie rien sur la culture rien sur….. OU si peut etre ” le porte parole” va nous eclairer! ALJAZEERA je veux dire : economie du marche lien etroit avec la grande finance, l anti- laicite (regarder la bande annonce de l entretien avec ahmed ben nour : propos tenus par un journaliste vedette de la chaine),Le quatar comme modele! ( l intervention en libye en dit long : la chaine+ les avions+les $)….. La tunisie que nous cherchons a construire tous est une tunisie plurielle ou tout et chacun peut y vivre librement (le noir et blanc m inquietes!)OUI l article premier de la constitution dit que la tunisie est arabe musulmane et parlant l arabe!mais nous devons “constitutionnaliser” notre CSP ,l ecole lieu de savoir ;la mosque lieu de prierres!!! N ayant pas de construire l avenir, sur ces socles dependera la reussite de notre civilisation!!
C’est exactement la que le monde oxcidental veux bien nous voir dans une division d’ideology ( ainsi que Ben Ali et sa bande ) pour montrer ou convaincre le monde qu’il etait le meilleur choix pour notre pays.
on doit etre plus flexible dans nos idees , et aussi realiste .
la Tunisie est un pays Afro-Arabo- Musulaman malgres tout le monde et aussi c’est un pays Mediterranean . et pour ce , on ne pourra jamais enlever de notre culture et de notre histoire ni l’Islam ni la Langue Arabe ni notre citoyennete africaine .
alors a mon avis on doit voir les choses de tout angle possible et qui pourras ameliorer la vie quotidienne de tout Tunisiens sans exception . on a souffer suffisemment et on veux vivre librement et democratiquement en paix avec nous meme et avec le reste du monde.
a rajouter N ayant pas peur de construire l avenir …..
Dans les débats sur la tolérance, le XVIIe siècle occidental a vu naître, en particulier en Hollande et à Amsterdam qui servait de refuge à ceux qui fuyaient l’ostracisme et les guerres de religions, toutes les théories politiques qui forment encore le socle des positions respectives des protagonistes du débat sur la laïcité. Ayant participé à un séminaire de doctorat en philosophie sur cette question, j’avais particulièrement retenu le concept du calviniste Pierre Bayle: le droit à l’erreur de conscience. Celui-ci implique non seulement la reconnaissance que l’autre, tout autant que moi-même, peut se tromper en matière d’évaluation des vérités dogmatiques, mais aussi que, peu importe s’il se trompe ou non, il a droit à l’expression, à la manifestation publique de ses croyances, aux comportements que prescrivent celles-ci, et ce, dans l’assurance de sa sécurité physique et morale, garantie par les pouvoirs publics. Autrement dit, ce n’est pas l’accès à la vérité, révélée ou non, erronée ou non, qui confère les droits civiques, c’est un contrat social…
Je ne suis pas du tout partisan de la laïcité «à la française» et j’ai plutôt maille à partir avec ses tenants ici, dans la société québécoise. Car, au Québec aussi, le débat sur la laïcité fait rage et d’ailleurs certaines figures du «laïcisme pur et dur», sont des nord-africaines (Djemilla Ben Habib par exemple). Ce mouvement a trouvé des alliés chez les nationalistes «franco-français» qui, au nom de la préservation de la culture québécoise, de ses racines, tentent d’interdire sur la place publique toute manifestation religieuse ostentatoire (on pense au voile évidemment). Mais, précisément, dans une société qui était catholique presque mur-à-mur, cette position en apparence universaliste, ne vise en fait que les groupes minoritaires, en l’occurrence les musulmans en particulier. Le paradoxe étant qu’au nom d’une laïcité «à la française», qui a des prétentions universelles, on renforce, dans les faits et la pratique de tous les jours, le communautarisme sectaire de la majorité… De la norme sociale, que toute culture recèle par son histoire intrinsèque, on veut faire une obligation pour tous. Là, les libertés sont à la dérive.
Dans cette perspective, j’appuie totalement votre approche de l’islam comme norme sociale et culturelle, enracinée dans l’histoire tunisienne, mais qui doit être «mis en parenthèse» pour assurer la liberté de conscience qui est un des socles fondamentaux de la démocratie et de son exercice.
Montréal, Québec
http://arabasta1.blogspot.com/2011/03/blog-post.html
L’explication cléricale pour la laïcité ne fonctionne pas avec les pays traditionnellement protestants, bouddhistes etc. L’explication pour laquelle la Tunisie n’a jamais adopté la laïcité est simple : les différents dirigeants tunisiens n’ont jamais voulu le multiculturalisme et n’ont donc accepté qu’une partie de la population ne soit autre chose que musulman ou éventuellement juif. C’est tellement plus simple (et hypocrite) d’estimer que la population est à 99 % musulmane et que les non-musulmans et non-juifs sont étrangers. Ils ont tellement peur que reconnaitre une autre minorité religieuse leur rendrait plus difficile la tâche de contrôler la population. Vivement un recensement ou un sondage religieux comme on en trouve dans les pays qui n’ont pas peur du multiculturalisme.
@Nirvana : Justement la laïcité constitutionnelle ce n’est pas le multiculturalisme, mais exactement le contraire à savoir l’uniformisation du peuple.
Ne pas avoir une religion d’Etat (principe de la laïcité) n’uniformise aucunement le peuple, alors que ca peut éventuellement être le cas avec une religion d’Etat (quoique même dans des pays comme l’Iran ou l’Arabie saoudite, ils n’y sont pas encore jamais arrivé).
J’espère, Farid, que vous serez compris. Cela dit, il faut appeler un chat, “un chat”, si on ne veut pas tomber dans l’ambiguïté et laisser des portes ouvertes à des parties dont le fond de commerce est un texte écrit il y a 15 siècles.
A l’époque il n’y avait pas d’électricité, et donc pas beaucoup de lumière, avec tout mes respects pour les croyants.
A défaut d’absence de mention du caractère laïc dans la nouvelle constitution, le tunisien doit prendre conscience que religion et politique ne font pas bon ménage.
Vous prenez une lourde responsabilité lors de votre vote.
Nous tunisiens, sommes tous en majorité musulmans, mais il est nécessaire sinon indispensable pour que la démocratie s’installe définitivement, de séparer la politique de la religion.
http://www.lapresse.tn/31032011/25851/quand-la-culture-est-prise-en-otage.html
le pire quand on voit que les artistes soufre dans une dictature ,à l’époque aussi le poète ABOU NAWAAS est mort dans son prison ,pourtant il vive dans un pays islamique ,et la seule conclusion qu’on peut tirer il n’y a qu’avec la laïcité qu’on peut avoir une vrai liberté sinon c’est le “nifak”.
Le probleme ne sont ni la laicité ni le sécularisme.Le problème
c est que ces deux philosophies sont de purs produits occidentaux instrumentalisés politiquement et économiquement( par la Banque Mondiale entre autres) pour pouvoir continuer à dominer les peuples du Sud et ce en pretendant à l universalité.
L universalité de toute philosophie signifie dans notre cas, qu il faut formuler une laicité et un sécularisme sur la base d un dialogue et de compromis partagés par l humanité entière et non par une minorité de l humanité dominante et arrogante.
L Islam permet une lecture laique et seculariste de la foi et de la vie. A nous musulmans de formuler notre modele laic et séculariste islamique, mais ne parlez surtout pas de laicité de sécularisme et de démocratie qui massacrent les afghans, terrorise les palestiniens oppprime les musulmans en France et se gargarise de ses bienfaits pour l humanité !
@ahmed bin fadlan:l’amalgame c’est exactement se que tu viens de faire en comparons le malheurs de peuple palestiniens à celui de peuple afghans ,car le grand monstre en afghanistant c’est le taliban qui se fait passer pour le sauveur des forces occidentales pourtant le vrai libérateur c’est MASSOUD L’AFGHAN qui a vaincu les russes et qui a combâtu les talibans et qui fût assassiner lâchement par deux tunisiens à qui les talibans réussissent un vrai lavage de cerveau .il faut pas oublier que ses même taliban ont préféré le pouvoir sur la religion et il assassine leur frère afghans pour seul but .alors s’il vous plait arrêter cette amalgame .
affirmer que l islam est social et non politique c est gros.le prophete saws etait un chef de guerre,les califes etaient des chefs politiques,abdelwaheb etait associe au roi d arabie,la nahdha a ete creee pour lutter contre les anglais,les freres musulmans ont un but politique avoue et prioritaire et l iran est un gouvernement islamiste,a part ca l islam n a rien a voir avec la politique……
Précision historique Ennhadah ou harakat al ikhwan al mouslimin a été crée par le roi Farouk pour lutter contre le parti national egyptien le Wafd!!
il en est de même de Khomeiny qui fut pendant 30 ans appointé au palais du chah!
Aucun mouvement intégriste ne s’est épanoui dans la lutte de libération au contraire
Quelle remarquable analyse !!! Vraiment l’intelligensia tunisienne est non seulement à la hauteur des enjeux qui se dressent devant ellle mais elle est un exemple pour le monde sur les questions qui le travaillent aujourd’hui.
Excellente analyse effectivement qui souligne bien que religion et politique sont assez incompatibles.
La religion est une affaire personnelle mais aussi culturelle. Elle peut inspirer certaines “tendances sociales” mais ne doit pas prendre le pas sur le politique qui relève d’une gestion globale de la vie d’un état.
Un bel exemple, bien masqué, mais toujours vérifié: les problèmes socio-politiques que crèe partout dans le monde le prosélitisme des évangélistes!