Bourguiba de son temps avait dit il faut se méfier de trois régions en Tunisie :

البّازيد ما تعطوهمش مناصب، الفراشيش لا تشبعوهم لا تجوعوهم و عروشات الحوض المنجمي كان شعلو ما عادش يريضو

(Ne donnez jamais de pouvoir aux Bouzidiens, n’affamez ni ne rassasiez jamais les Frechich et gare aux tribus du bassin minier, s’ils se révoltent rien ne les calmera)
Visiblement ceux qui tirent les ficelles se souviennent bien de cet avertissement et savent très bien ce que nous a légué le colonialisme : les tribus de la région du bassin minier ont toujours eu des rapports conflictuels avec les beys, les colons et Bourguiba n’en avait pas fini avec la guérilla de ces tribus sinon avec un dispositif sécuritaire particulier et allant jusqu’à la pendaison et assassinats de fellaga anticolonialistes issus de cette région..
Aujourd’hui bien que le bassin minier de Gafsa compte parmi les plus anciennes concentrations ouvrières de la Tunisie, la conscience de classe y reste parmi les plus basses. Pour casser l’unité des travailleurs et faire face à leur tendance indépendantiste, les différents pouvoirs sous Ben Ali ont habilement utilisé les rivalités tribales, la combinaison répression/corruption et la démagogie. L’UGTT, relevant elle aussi de la même logique régionale et tribale, contribue activement à maintenir cet état lamentable.
Et d’après les témoignages des habitants de Métlaoui, Gafsa et Tozeur tout a commencé après l’annonce des résultats d’un concours organisé en vue de recruter des cadres au sein de la CPG, ce concours a été remporté par une majorité de citoyens non originaires de la ville ce qui a provoqué une colère chez les natifs qui ont toujours réclamé leur priorité aux postes au sein de cette compagnie qui est pratiquement le seul pourvoyeur de travail dans la région rappelant le 5 janvier 2008 à Redeyef : mille candidats se présentent pour seulement 81 postes à pourvoir. Les résultats affichés sont jugés frauduleux, ne respectant pas les accords en termes de quotas pour les fils de mineurs estropiés, les orphelins, etc., et marqués par le clientélisme, la corruption et le népotisme: ils provoquent un tollé parmi les candidats…
ceci a été l’occasion à saisir et à utiliser comme étincelle pour lancer cette guerre..Saisie par qui ? on me cite des noms parmi lesquels Lotfi Dineri et surtout Amara Abbassi reviennent souvent, symbole de la bureaucratie corrompue et des valets de l’ex parti au pouvoir qui souvent se sont partagés les postes qui seraient par la suite vendus, attribués aux proches ou cédés suivant des réseaux clientélistes. Celui ci a été arrêté lors des premières émeutes en janvier et relâché après 24h et dont la demeure ainsi que les propriétés sont gardées par les forces de l’ordre cette fois..là on se pose des questions..
Des témoignages a en devenir malade : on égorge les hommes, on éventre les femmes enceintes vivantes, on tabasse les enfants, on défigure les morts..Des scènes dignes des génocides serbes ou palestiniens mais cette fois la race et la religion n’en sont pas les causes, cette fois c’est leur plan de terre brulée : Qu’ils brulent ! Qu’ils s’entretuent ! Pourvu qu’on nous réclame et qu’on nous acclame !
Ces émeutes n’ont rien d’une coïncidence et je m’en rends compte encore plus quand ça coïncide avec une rupture du silence de zaba ! Prévoit-il une entrée triomphale à la manière du sauveur du pays d’une guerre civile ? Combien parmi nous sont conscients de cette manipulation ? Sommes-nous une minorité d’où ce silence complice ou une majorité qui pourra se mobiliser en urgence pour obliger l’état à bouger et arrêter cette mascarade ?
Et pour ne pas être l’idiot qui regarde le doigt quand on lui montre la lune selon le proverbe chinois rendons nous a l’évidence d’une urgence a traiter la situation honteusement précaire de cette micro société avec ses particularités et ne gardons pas tabous les crimes économiques et sociaux, cachés ou peu évoqués, du régime de Ben Ali dont elle a souffert !