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Par Houcine Ghali,

Ainsi donc, les bourgeois et les citadins tunisiens n’ont découvert le spectre de la pauvrerté qui ronge l’intérieur du pays qu’après le 14 janvier 2011, date de la révolution entreprise par ces désérités, oubliés, chômeurs, paysans et ruraux exclus des plans de développement des différents gouvernements qui se sont imposés depuis l’indépendance en 1956 pour tracer la destinée du peuple tunisien.

Que de noms de villages, de bourgades et de bleds n’ont sonnés aux oreilles des Tunisois, des Sfaxiens, des Sahéliens que quelques semaines après la révolution avec des reportages qui montrent la désolation, la misère et le denouement avec des gourbis d’un autre siècle, une promiscuité dangereuse, une absence totale desinfrastrutures indispensables pour une vie digne de l’être humain. Des femmes qui crient misère, des hommes qui ne peuvent pas se tenir debout tellement leurs corps ont été ereintés par un labeur pénible et suffisant à peine à leur procurer une nourriture banale. Les médicaments, les visites médicales, ils n’en ont profité que très peu tellement les dispensaires et les hôpitaux se trouvent éloignés de leurs demeures.

Entre le 12 et le 24 janvier dernier, j’étais en Tunisie, et j’ai demandé à un marsois s’ il sait où se trouve le village de Jedeniana ( 50. 000 habitants ). Il m’a répondu, le plus sérieusement du monde : ” Au Tchad “!

C’est dire combien le monde rural en Tunisie est le dernier des soucis des citoyens du Grand Tunis et des villes surtout côtières.

Bien sûr, étonnés et touchés par ce qu’ils viennent de découvrir de monstrueux dans les régions reculées du pays, les citoyens n’ont pas manqué de venir au secours de ces malheureux et leurs actions continuent jusqu’à présent. Le gouvernement provisoire a lui aussi ordonné quelques aides ponctuelles. Cet élan de solidarité est à saluer, mais les Tunisiens doivent comprendre que la pauvreté dans le pays est avant tout un problème politique, C’est à dire que lorsque le pouvoir de Bourguiba et surtout de Ben Ali a axé sa stratégie sur l’enrichissement de la classe dominante, avec en plus l’instauration d’un système mafieux et la prépondérance de la corruption, il est normal qu’une minorité amasse des fortunes au détriment de la misère qui touche les plus démunis. Ajoutons à tout cela l’esprit régionaliste qui a été appliqué à tous les plans économiques concernant le pays depuis plus de 50 ans, et on constate aisément maintenant pourquoi des régions entières de l’intéreur se trouvent dans la misère la plus absolue.

La Tunisie est en train de payer 50 ans de manque d’intérêt pour l’agriculture. Les politiques de développement ont négligé les petits paysans produisant des cultures vivriéres. Elles se sont focalisées sur les filières d’exportations, le tourisme et le textile, sans oublier l’apport facile et san investissement de l’apport en devises d’un million deux cents mille travailleurs tunisiens à l’étranger. C’est ainsi que la pauvreté rurale a augmenté d’une manière dramatique.

C’est pourquoi, il es du devoir de tous les partis politiques qui se battent pour la prise du pouvoir, ainsi que des associations de la société civile, de consacrer une place prépondérante dans leurs programmes politiques et leurs visions économiques, au monde rural longtemps marginalisé, oublié, blessé et meurtri. Car la pauvreté, ce n’est pas seulement la faim, mais aussi la misère psychologique, l’absence de soins, d’accès à la culture et aux loisirs et la perte de la dignité humaine.