Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Par Wafa El Abed (*),

Je ne connais pas Nadia el Fani, je n ai aucun rapport avec elle.

Je suis musulmane pratiquante et très fière de l’être.

Aujourd’hui, comme la majorité d’entre nous, je suis vexée, choquée, extenuée voire même anéantie par l’état de provocation qui perdure une fois que le calme règne, ce que j’estime planifié et prémédité.

Toutefois, je me suis posée la question ou plutôt la renverser ; au lieu de subir la provocation et chercher derrière les jugements des personnes différentes de nous, pourquoi ne pas chercher derrière la signification de l’expression : ni dieu , ni maitre pour essayer d’apaiser cette frustration qui se cache derrière une terminologie qu’on ignore , sans même prendre la peine de rechercher le dessous de chaque expression.

Juste prenez le temps de lire ce qui se trouve dans l’encyclopédie des expressions, je vous invite tous à entamer des recherches avant de procéder à des attaques sans vain Apprenons, à écouter, à rechercher, à dialoguer et ne plus nous induire dans les erreurs… nous sommes tous conscients par les conséquences de la provocation, ce qui s’est passé au cinéma Africa et au tribunal en est témoin… On a pas mal trébuché jusqu’ au fait d’être aveuglés par nos ignorances.

La prise de conscience de notre ignorance est le meilleur chemin de la connaissance : Ni Dieu ni maître : Avoir un esprit libre voire libertaire.

Alain Rey explique dans le “Robert, Dictionnaire Historique de la Langue Française“ que la valeur politique du mot Maître est illustrée pendant la féodalité (vers 1190) en parlant du seigneur par rapport au vassal, du roi par rapport à ceux qui sont chargés de le représenter (1530), et dans l’expression redondante “seigneur et maître” (1690) appliquée par ironie au mari. Il ajoute ensuite que l’idée de supériorité s’applique aussi en religion à propos de Dieu, dénommé “maître des seigneurs” ( XVe s.), “maître des rois” (1645, Corneille) ou “maître du monde” (1685, La Fontaine).

C’est à cette idée de soumission à une autorité supérieure indiscutable que fait référence l’expression “ni Dieu, ni maître”. “N’avoir ni Dieu, ni maître” c’est etre libre de penser, de bouger et de vivre sans aucune contrainte.

Cette locution est, à l’origine, le titre du journal du libertaire socialiste Louis-Auguste Blanqui. Dans ce journal, créé en 1880, le fondateur défend ses thèses anarchistes et révolutionnaires.

L’expression est devenue, ensuite, la devise du mouvement anarchiste: La plupart des anarchistes s’accordent sur un slogan pour définir leur idéologie, “ni Dieu, ni Maître“, mais que veut dire cette expression au juste. Elle ne veut pas dire qu’il faut insulter les croyances spirituelles des individus ou des groupes mais plutôt qu’il faut combattre tous ceux qui utilisent la religion pour contrôler la pensée et les actes des croyants et non croyants. De la même façon ne pas obéir à un maître ne veut pas dire ignorer le diagnostic d’un médecin quand il affirme qu’on est atteint d’une maladie, mais plutôt le refus de toute contrainte physique ou mentale provenant d’une autorité illégitime quelconque. L’État, la police et les patrons ne font pas simplement nous informer d’une situation donnée pour ensuite nous laisser le soin de décider pour nous-mêmes quel choix nous préférons. Ils nous forcent sous la menace de la violence et de la faim. Ils nous obligent à les servir, à les obéir et à mourir dans les guerres qu’ils ont créées.

* Avocate et responsable de la commission juridique de l’association Tunisie Tolérance.