Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

L’attaque du cinéma AfricArt le dimanche 26 juin 2011 est inqualifiable et l’agression de son directeur Habib Belhedi est un acte grave contre l’un des actants de la vie culturelle tunisienne des plus actifs. Ce qui aggrave ces actes c’est l’indifférence ambiante et l’impunité la plus totale dans laquelle ce déroule ce vandalisme et cette sauvagerie. Nous sommes en danger, nous commençons la mutation. Réactions éparses : quelques politiques condamnent timidement, d’autres accusent les organisateurs de provocation. Déjà en panne de praxis culturelle le ministère de tutelle regrette du bout des lèvres. Quelle hypocrisie générale !!!

Quels sont ces comportements humains et leur influence face à la montée d’une “idéologie” : la violence et la négation de l’autre. Un phénomène minoritaire qui a entraîné l’incrédulité des citoyens qui l’ont rejeté dans un premier temps ; cependant ce rejet a été suivi d’une indifférence quand le phénomène s’amplifiait, les gens commençant à s’habituer à ce qui les repoussait. Ce qui est crucial c’est la passivité de monsieur tout le monde qui assiste à cette montée en puissance. Il faut souligner la capacité d’un tel phénomène à rallier des gens différents autour d’un thème central et le fait qu’il profite des frustrations et autres déceptions de chacun. Le sujet d’un film, les sites pornos, les maisons closes.les bars les seins nus des touristes …”dérangent et agressent” le commun des mortels.

Allumons les feux de détresse.

Pourtant une certaine intelligentsia regarde ailleurs : dans son facebook narcissique masturbatoire, or n’oublions pas le pouvoir de cela même qui sont capables de dissimuler les idéologies aliénantes, les mensonges des propagandes sous le couvert de la raison.

Basta !! Rappelez vous en1989 la légitimé accordée par certains intellectuels à l’ancien régime et le préjugé favorable accordé à coup de signature de pétitions. Arrêtons de parler de dommages collatéraux de la révolution et les signes de bonne santé démocratique. Suffit de parler avec les formules toutes faites, regardez les rhinocéros se multiplient. Halte aux agressions des gens de la culture on les a marginalisés et on continue de le faire, aucun parti politique ne parle de culture. Pourtant au cœur de tout système politique se trouve l’homme et l’homme c’est la culture. Les jeunes qui ont attaqué l’AfricArt portaient des maillots du Club africain et de l’Espérance, peut être comme signe d’appartenance mais surtout comme signe de communication. Stop à la violence !! Rappelez-vous qu’en Algérie cela à commencer comme cela et puis les rhinocéros ont proliférés. Mais non on n’est pas en Algérie vous diront certains, regardez les bien ceux là ils ont des protubérances qui commencent à sortir de la tête, au nom d’une pseudo-rationalité dans laquelle ils se réfugient instinctivement et confortablement pour argumenter et tout justifier. Or, cette réflexion se développe de façon mécanique, déshumanise et aliène la pensée même.

Le peuple blasé, quant à lui zappe ce nouveau phénomène de société comme les dix chaines pornos du dreambox. Allons y laissons pousser les cornes : un fascisme remplace l’autre, une peur remplace l’autre. Les cimetières et les morts, les prisons et les marginaux, les hôpitaux la peste le choléra, la lèpre, le sida c’est loin en dehors de nous, chacun se dit que c’est extramuros. Loin des yeux loin du cœur : Methlaoui c’est des tribus, Dhiba et les réfugiés c’est le lointain sud, l’AfricArt c’est des artistes. On étiquette, on met des catégories, on justifie, on analyse, entretemps les cornes poussent et le virus atteint chaque jour quelqu’un d’autre. Mais bien sur j’ai oubliée c’est les résultats du bac et la saison des mariages.

Demain c’est la métamorphose, je serais Rhinoceros 2.

N.B : Rhinocéros d’Eugène Ionesco dépeint une épidémie imaginaire de « rhinocérite », maladie qui effraie tous les habitants d’une ville et les transforme bientôt tous en rhinocéros, Protégés par leur carapace et armés de leur corne, ils détruisent systématiquement tout ce qui ne leur ressemble pas. Cette pièce traite du totalitarisme, de l’endoctrinement et de la fanatisation qui agissent souvent comme une véritable épidémie.