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Par Sarhane Hichri,

Pour moi, l’image des femmes c’est celle de ma mère qui m’a mis au monde et m’a élevé avec amour et attention. Celle de ma femme qui me donne l’occasion de vivre ma vie d’homme, de partager mes joies et mes peines, de construire une famille et d’élever des enfants. Celle de ma fille qui me procure les plus belles émotions qu’il me sera permis de vivre sur cette terre. Celle des mes grands-mères et de mes tantes qui m’ont transmis une identité familiale, une culture ancestrale, des croyances religieuses, des traditions, et m’ont toujours entouré et choyé dans leur bienveillance. Celle de mes cousines qui ont partagé mon enfance et m’ont permis de graver dans ma mémoire les plus beaux souvenirs. L’image des femmes c’est aussi celle des petites copines qui m’ont appris tout au long de ma vie à découvrir l’amour et à construire mon identité masculine. C’est l’image de toutes celles qui, à l’école et à l’université, ont participé à mon instruction, m’ont appris à nuancer mes jugements masculins et à pondérer mes opinions d’homme. De toutes celles qui, par leur travail, leurs idées, leur créativité et leur engagement contribuent à construire le beau pays que j’aime et à oeuvrer pour un meilleur un avenir pour nos propres enfants.

Et, je le rappelle avec insistance, à tous ceux qui se plaisent à l’oublier si vite : les femmes tunisiennes sont aussi celles qui ont partagé les espoirs et les revendications de toute la nation qui s’est révoltée pour rejeter l’injustice et revendiquer la liberté. Les femmes ce sont aussi celles qui ont sacrifié leur vie dans la lutte contre la colonisation. Celles qui, tout au long de notre histoire, ont été aux avant postes pour dénoncer les oppressions et les injustices que subit le peuple. Et je pourrais certainement étendre à l’infini cette liste car, honnêtement, je ne connais pas un seul souvenir, pas un seul bonheur, pas une seule avancée, pas une seule fierté, pas un seul combat et pas une seule victoire, mené sans les femmes.

Dans ces conditions, comment pourrions-nous accepter de laisser prospérer des discours qui semblent circonscrire le genre féminin à son rôle de génitrice. Comment dans ces conditions accepter le retour en force de réflexes machistes avec leur lot de dénigrements mesquins, ridicules et insultants envers les femmes. Comment se taire face à tous les projets sexistes latents dont les porte-paroles s’activent aujourd’hui à nous convaincre de l’inégalité innée des deux genres. Comment ne rien répondre à ceux qui, sur la base de leurs propres interprétations des préceptes religieux, essayent de trouver une justification à la discrimination et à l’enchaînement dans lesquels ils espèrent tenir leur femme, nos femmes, toutes les femmes?

Il me semble qu’il est de notre devoir à tous de réclamer avec force et véhémence notre refus de cette régression et notre volonté de faire de notre un pays un exemple pour l’égalité, la modernité et la tolérance. Et je vous propose d’adhérer à la déclaration qui suit et de la proposer à l’ensemble des personnes physiques et morales de notre pays.

Je déclare adhérer sans réserve au principe fondamental de l’égalité absolue entre les hommes et les femmes face à la loi et je m’engage solennellement à ne jamais remettre ce principe en cause au nom d’une quelconque idéologie.

Je dénonce clairement, avec force et insistance, toutes les idées sexistes et tous les comportements machistes qui visent à mépriser les réalisations de la femme, à la rabaisser et à contester sa capacité à être l’égale des hommes.

Je reconnais la légitimité des femmes à bénéficier des mêmes droits et des mêmes devoirs inscrits dans la constitution, les lois et les règles.

Je reconnais le droit des femmes à participer librement à l’ensemble des activités politiques, économiques, sociales, sportives, culturelles et religieuses et je soutiens que la femme est actrice à part entière de la vie sociale, économique et culturelle et partenaire égale à l’homme dans l’ensemble de ces activités.

Je m’engage à protéger les acquis que la constitution tunisienne et son code du statut personnel ont garanti aux femmes et à œuvrer pour le respect de leur application dans la vie publique et privée, dans le sens d’une plus grande égalité

Je demande à toutes les personnes physiques et à toutes les personnes morales de veiller à l’application et au respect du principe d’égalité absolue entre les hommes et les femmes et d’oeuvrer pour que cette égalité soit inscrite dans la constitution et transcrite dans toutes les lois et tous les règlements.

Je demande à toutes les personnes physiques et morales de lutter quotidiennement contre tous les dénigrements basés sur le genre et je revendique la création d’un délit de sexisme afin de pouvoir condamner les éventuels dépassements.