On est emportés par le cour des événements..
On est emportés par le rythme et par notre engagement..
On est emportés par ce processus infernal dans lequel nos gaffes et mal-adresses nous déstabilisent encore d’avantage..

On est perdus dans ce que nous faisons, et pour ce dont nous croyons..
On est perdus dans nos craintes, espoirs, et les projets que nous entreprenons..
On est perdus dans cette file de faits historiques qui défile devant nos yeux et à travers ce que nous vivons chaque jours..

Chaque jour on fait face à de nouveaux défis..
Chaque jour ramène une nouvelle réalité, parfois radicalement différente..
Chaque jour, on se réveille sur nos causes, on dort sur des constats et des aspirations pour le lendemain, si on réussi à dormir..

Qui on est? Cela importe peu..

Ce qui nous définit c’est pas nos identités respectives mais les causes pour lesquelles nous sommes là..
Ce qui nous définit c’est pour ce dont on s’active et les valeurs qu’on exprime en le faisant..
Ce qui nous définit n’est jamais le “moi” plus “toi”, mais c’est toujours le “nous” et le “eux”, ceux pour qui on se bat..

Mais on passe, tous je suppose, par l’un de ces moments, très courts mais marquants, dans lesquels on s’arrête pour revoir ce qu’on fait et la manière avec laquelle nous le faisons..

Je sens de moins en moins votre engagement..
Je sens de moins en moins votre unité..
Je sens de moins en moins votre déni du “moi” et le dévouement total pour le “eux”..
Je sens de moins en moins votre âme révolutionnaire, celle qui m’a inspiré et a fait en sorte que je sois l’un de vous..
Et,
Je sens de plus en plus vos divisions et divergences..
Je sens de plus en plus votre répit sur vous même au depend des peines qui font de vous ce que vous êtes..
Je sens de plus en plus votre tendance à chercher les lumières, comme si, durant ce combat illuminant, vous étiez dans des zones d’ombre..
Je sens de plus en plus vos intentions opportunistes se révéler et vos ambitions machiavéliques s’afficher..

Vous me faites mal… Vous me décevez.. Vous me faites revoir toute ma perception de vous, de moi, et de nous (S’il y’en a de nous).

Des activistes qui se comportent comme si c’étaient des stars de cinéma. Comme si tout ce que nous vivons n’est en fait qu’une pièce de théâtre ou une production cinématographique de mauvais goût..
Des juristes qui paniquent en nous expliquant d’une manière pathétique qu’est ce qu’on peut faire et qu’est ce qu’on ne peut pas en se basant sur les lois de Ben Ali. Comme si il ne s’agissait pas d’une révolution et comme si la volonté du peuple et sa légitimité devrait se contraindre par une loi initié par un dictateur et votée par des crapules..
Des bloggeurs qui partent à l’assaut de la constituante. Oui cela fait plaisir, mais qui fera le contre poids de la constituante?
Des journalistes qui restent encore en marge de la révolution et qui réfléchissent, agissent, et réagissent avec les même réflexes Benalistes..

Vous avez tourné le dos à Loujain..
Vous avez tourné le dos à Med Hanchi..
Vous avez tourné le dos à Rached El Arbi..
Vous avez tourné le dos à Wael Garrafi..
Vous avez tourné le dos à Med Jendoubi..
Vous avez tourné le dos à Chokri Riahi..
Vous avez tournez le dos à Nizar Slimi..
Vous avez tourné le dos à nos martyrs et blessés.. Et pleins d’autres..
Et,
Vous laissez Slim RIAHI agir dans l’ombre..
Vous laissez des hommes d’affaires corrompre notre démocratie naissante avec leur argent sale..
Vous laissez des partis politiques mener la danse dans un bal que nous avons ouvert ensemble.. Ils dansent avec elle, vous les voyez? Et ils vont l’amener coucher avec eux..
Vous laissez ce gouvernement achever ce qui reste de la révolution..
Vous laissez ce peuple pour compte. Vous, vous avez, apparament, trouvez vos comptes ailleurs..
Vous laissez vos frères d’armes finir le combat tout seuls. Vous savez les risques qu’ils prennent et le mal que ça leur fait, mais vous avez la tête ailleurs..

Mais ce qui me révolte surtout,

Vous vous réduisez, vous qui avez crée l’histoire, et tout les moments à venir..
Vous vous réduisez en intégrant un système que vous avez passé vos vies à combattre et que vous détenez votre gloire de sa défaite..
Vous vous réduisez en tournant le dos à des millions (voir des milliards en prenant en compte l’impact mondial de ce que nous avons accompli) pour gagner les faveurs d’une poignée de barjos disjonctés insignifiants qui n’ont pas encore compris, tout comme vous, que leurs heure a sonné..

Et vous me faites mal, enfants de ma chère patrie, compagnon d’armes..

Vous me faites mal en me laissant dans une foule réduite, qui ne cesse de se réduire..
Vous me faites mal en me décevant, moi qui a toujours été inspiré par votre courage et engagement..
Vous me faites mal quand vous me poussez à revoir pleins de choses… Mais les choses que je voulais pas revoir… Les bonnes choses..

Vous me faites mal parceque j’ai dû écrire cet article sur Nawaat.org!

Si j’avait été mené à vous adresser un message, ça serait le suivant:

L’élitisme et le militantisme ne vont pas ensemble, vous devez choisir votre camp..
Le peuple et ses causes sont vos raison d’être, prendre des distance serait alors synonyme de ne plus exister..
La gloire d’un activiste n’est pas dans le nombre de projecteurs qui éclairent son visage, mais le nombre de causes qu’il arrive à avancer..
C’est réjouissant d’être reçu par un haut responsable… Mais avez vous été reçus par la mère d’un martyr?
C’est honorable de recevoir un prix… Mais avez vous reçu le prix universel de la satisfaction personnelle?

PS.

  • Je ne vise personne en particulier, mais je n’épargne personne.
  • Excusez l’absence de toute analyse, il s’agit de ce que nous chérissions le plus, l’objectivité est trop demandée dans ce cas.
  • C’est un coup de gueule, je préféré que vous le prenez de cet angle. Comme ça vous n’êtes pas gênés et vous pourrez dire “Il déconne, il a perdu les repères”.
  • Une bonne partie de ce que j’ai dit s’applique sur moi, mais je garde le mérite de le dire et de l’affronter… Pour un nouveau départ!