على الرغم من وجود كم كبير من الطاقات الشابة وأخرى ذات الخبرة والتي تبذل مجهودات ملحوظة لأجل الرقي بالجامعة التونسية فإن مشاكل التعليم العالي والبحث العلمي كثيرة جداً إلى درجة أنه توجب فتح ملفيهما لإعادة بناءهما وهيكلتهما من جديد. و الترتيب العالمي للجامعة التونسية مترد جدا لدرجة تدفع إلى الفزع. الحديث عن مشاكل الجامعة التونسية يتطلب مجلدات فهناك الكثير مما يمكن قوله حول طريقة اختيار لجان الانتداب وحول شفافية عملها وهناك الكثير مما يمكن قوله حول الطريقة التي أدخل بها نظام امد وحول الارتجال والنقائص الموجودة به وهناك الكثير مما يمكن قوله حول واقع البحث العلمي ووحدات البحث وطريقة تقييمها ومتابعة أعمالها وهناك الكثير مما يمكن قوله حول النشر والمكتبات الجامعية و آليات التقييم الذاتي و إدماج مواصفات الجودة العالمية بالجامعة وهناك الكثير مما يمكن قوله حول الأوضاع الاجتماعية والاقتصادية للجامعيين. و هاته المواضيع, وعلى أهميتها, فأنه لا يمكن التطرق إليها بكل جدية دون المرور بمحطة ضرورية وهي دمقرطة هياكل الجامعة التونسية. ودمقرطة الجامعة تتمثل في انتخاب هياكلها من مجالس علمية ومديرين وعمداء بطريقة ديمقراطية تضمن وجود أصوات كل أصناف الجامعيين حسب تمثيليتهم. والمزية الكبرى لدمقرطة الجامعة تكمن في تكريس ثقافة الكفاءة ونبذ عقلية الولاء والمحسوبية واللوبيات التي ما فتأت تنخر الجامعة وتهمش الجانب العلمي على حساب ممارسات سياسوية تشخصن العلاقات بين الجامعيين. وخلنا أن ثورة الشعب التونسي ضد الدكتاتورية سوف تجعل من الجامعة التونسية مختبراً لتجارب ديمقراطية ولنفس جديد ولكن ذلك للأسف لم يحصل فالجامعة التونسيّة تعيش على وقع ما أفرزه تطبيق القانون المتسرّع المنظّم للانتخابات والمبني على الأمر عــ386دد المؤرّخ في 09 جوان 2011، ذلك أنّه يعتمد مبدأ الانتخاب غير المباشر دون مراعاة لتمثيليّة صنفيْ الأساتذة حسب نسبة العدد، فصنف ب مثلا من مدرّسي الجامعة والذي تتجاوز نسبته الـ80 % يتمّ تمثيله في الانتخابات بنفس عدد ممثّلي الصنف أ الذين يمثّلون أقلّ من 15% وهو ما رجّح سلفا كفّة المتنفّذين السابقين والمناشدين في المحافظة على مواقع التسيير والقرار في المجالس العلميّة والعمادات وحتّى رؤساء الجامعات.ولم تكن الوزارة لتقدم على تمرير هذا الأمر لولا إعطاء الضوء الأخضر من طرف النقابة العامّة للتعليم العالي التي ضربت بعرض الحائط قرار المجلس القطاعي المؤرّخ في أفريل 2011 والذي ألزمها باعتماد مبدإ الانتخاب المباشر حدّا أدنى للانتخابات بالجامعة، هذا إلى جانب إعراض نفس النقابة عن الرجوع إلى القاعدة الأستاذيّة أثناء مشاوراتها مع وزارة التعليم العالي.
وفوجئ الجميع بصدور هذا الأمر بضعة أيّام قبل إجراء الانتخابات دون نشر قائمة الجامعيين المتورّطين مع النظام السابق خاصّة منهم المناشدين والمشاركين عبر اللجان القطاعيّة في رسم السياسة الفاشلة بالجامعة وفي ظرف توقّفت فيه الدروس وكان الأساتذة منكبّين على إصلاح الامتحانات.
واليوم وبعد تمرير هذا القانون الانتخابي وبعد تمكن اللوبيات القديمة واصدقائهم ممن تعودوا على عقد الصفقات في الكواليس من دواليب التسيير بالجامعة وفي ظل ظهور مشاكل جديدة قديمة أفرزتها الأوضاع الحالية بالبلاد أهمها محاولات البعض الزج بالطلبة وبالجامعيين في صراعات اديولوجية وسياسية لا تخدم العلم والمعرفة و في ظل تكرر مشاهد العنف بمؤسساتنا الجامعية لم يبق للجامعيين إلا الالتفاف وإعادة الاعتبار لأنفسهم بأنفسهم والتنظم داخل هياكل مستقلة بعيدة كل البعد عن التجاذبات السياسية حتى يتمكنوا من طرح مشاكلهم وتقديم التصورات الضرورية التي من شأنها أن تساهم في إصلاح ما أفسدته سنوات الدكتاتورية وحتى يجعلوا من الجامعة التونسية منارة للعلم والبحث حسب مقاييس علمية وموضوعية.
أستاذ مساعد في الأدب الإنجليزي
كلية الآداب والعلوم الإنسانية بسوسة
Cher Zied, un petit bonjour d’abord. J’ai lu avec intérêt ton article, et je ne peux que partager le diagnostic que tu fais de la situation de l’université tunisienne. Moi même, docteur et ayant travaillé plusieurs années dans la recherche scientifique (CNRS en France et Institut Max Planck en Allemagne), et par attachement à mon cher pays, j’ai essayé durant cinq années de suite de passer le concours de l’enseignement supérieur (Assistant et Maître assistant). Chaque fois, j’ai eu droit à des commentaires élogieux concernant mon parcours et ”la solidité de mon dossier”…avec quand même à la sortie toujours le même résultat négatif! D’une naïveté extrême, j’ai ainsi mis du temps à comprendre que ces dits concours n’étaient en vérité que des singeries de façade ! Les dés étaient pipés à l’avance, et tout se manigançait dans les coulisses… Dans un article paru ici même (article intitulé ”Des crimes en général, et de la déculturation des peuples en particulier”), j’ai pu consacrer quelques lignes à ce sujet. Mais ce qui m’attriste le plus aujourd’hui, c’est que les choses ne semblent pas avoir véritablement changé(et tu es, cher Zied, mieux placé que moi pour en témoigner). Plus grave encore, cela n’a pas l’air de se limiter à la seule Université, mais s’étend pratiquement à l’ensemble des institutions jusque-là connues pour leur compromission avec la dictature révolue, et qui en toute logique devaient être revues en profondeur; c’est le cas notamment de la presse et de la justice… C’est à se demander: Où est donc la révolution ?
Cela fait presque un an que je suis rentré dans mon pays. Ce jour-là, ce devait être pour moi une vraie renaissance; j’étais enthousiaste et empli de fierté. Une année passée, je suis encore et toujours au chômage… et c’est malheureux de le dire, je m’apprête aujourd’hui à reprendre ma valise et repartir en exil !
D’où viendra l’étincelle de la prochaine révolution
Voici un extrait d’une magnifique chanson que vous retrouverez facilement sur YouTube avec les indices suivant : « Pierre Perret » et « femme grillagée » :
« Quand la femme est grillagée
toutes les femmes sont outragées
les hommes les ont rejetées dans l’obscurité…
Elle ne prend jamais la parole
en public, ce n’est pas son rôle
elle est craintive, elle est soumise
pas question de lui faire la bise
on lui a appris à se soumettre,
à ne pas contrarier son maître
elle n’a droit qu’à quelques murmures,
les yeux baissés sur sa couture…
Quand la femme est grillagée
toutes les femmes sont outragées
les hommes les ont rejetées dans l’obscurité »…
Cette chanson nous rappelle ce à quoi pourraient ressembler nos femmes si les intégristes continuent à nous mener par le bout du nez. Après tant d’années de lutte pour l’émancipation de la femme tunisienne, des forces obscurantistes voudraient nous ramener au moyen-âge, au temps du « crois ou meurs » où l’intolérance avait encore sa place. Des femmes portant le niqab, ce voile noir qui couvre le corps de la tête aux pieds et qui leur donne une allure d’ombre inquiétante, se voient exclues des cours et des examens de nos facultés, par le fait même, déclenchent une polémique intéressante qui ouvre la porte à des dérives justifiables du genre : « Qu’elles restent chez elles si elles veulent se cacher! ». Dans une mise en scène digne d’une tragicomédie, entourées de leurs protecteurs barbus sous leur robe afghane, ces femmes nous disent qu’on a brimé leur liberté individuelle, qu’elles sont libres de porter ce qu’elles veulent, qu’on n’a pas respecté leurs droits…
Savez-vous, mesdemoiselles Niqab, que quand on n’a pas de visage, on n’a pas de nom? Savez-vous que se couvrir le visage est une pratique tribale, qui n’est pas prescrite par l’islam? Savez-vous que Dieu a tout simplement dit dans le Coran que les femmes doivent « rabattre leur fichu sur les échancrures de leur vêtement »? Savez-vous que le niqab est le symbole de la négation de l’identité et le refus de communiquer ouvertement avec le monde moderne?
Ces forces obscurantistes dont j’ai parlé, croient que le voile, niqab, hijab, burqa… et cie, protège la femme contre toute dérive de la testostérone masculine tel que proféré par l’élite de la phallocratie salafiste. Ce sont des gens comme mesdemoiselles Niqab qui brisent les rêves d’émancipation devenus en partie réalité. Ce sont ces fondamentalistes, peu importe leur faible nombre, qui distillent une intolérance provoquant du même coup celle de citoyens encore raisonnables, ouverts aux autres, mais tentés par des généralisations dont on sait, l’Histoire nous l’enseigne, jusqu’où elles peuvent nous conduire.
Une perception assez répandue juge que les salafistes ont la bénédiction de notre gouvernement, ce serpent à trois têtes, puisque ce dernier n’a jamais clairement désapprouvé leurs actes. Il laisse ces fanatiques faire la pluie et le beau temps dans nos villes et nos institutions. Ce gouvernement possède-t-il un plan diabolique pour changer le visage de notre pays, nos mœurs, et l’identité de notre pays, une identité basée sur la tolérance et le respect de l’autre? Serait-il en train de nous mijoter une nouvelle dictature, religieuse, cette fois-ci? Malheureusement, certains signes confirment ces appréhensions. Après les élections, notre premier ministre n’a jamais déclaré, comme il est convenu de faire dans toutes les démocraties, qu’il soit devenu le premier ministre de tous les tunisiens. Et cela me laisse croire avec la triste évidence qu’il est toujours le premier ministre de ses adeptes, islamistes.
M. Rached Ghannouchi est sans doute le grand manitou de notre gouvernement actuel, donc il est superflu de parler de premier ministre, de président ou autre. C’est lui qui souffle les grandes lignes à suivre. « Le califat est l’espoir de tout musulman », disait-il, dans une interview télévisée, un message codé à ses apôtres pour que toute l’entreprise converge vers ce but ultime. Ce genre de discours saugrenu et anachronique n’apaise pas les tunisiens venant de faire une révolution pour le travail, la liberté, et la dignité.
J’ai retenu deux choses de M. Ghannouchi, la première c’est qu’il n’est pas démocratique, car il n’a pas convoqué ses disciples en congrès pour se faire élire, éclaircir les idées, et passer au tamis les intégristes et garder les prétendus modérés de son parti. Et c’est tout à fait logique puisque la démocratie et le califat ne sont pas compatibles.
La deuxième chose c’est qu’il n’a pas l’intention qu’un jour ou l’autre lâcher facilement le pouvoir au profit de l’opposition, et c’est pour cela que ce gouvernement est allergique au mot « provisoire ». « J’ai confiance pour qu’Ennahdha passe de longs moments avec le peuple tunisien… », affirmait-il. Vous connaissez un calife donner sa place à un autre calife? Et j’ai bien peur que, pour arriver à sa fin, il ait desserré la laisse à la frange intégriste de son parti pour nous faire avaler sa charia. On voit des barbus trainant dans les rues et frappant à coups de bâton ceux qu’ils perçoivent comme différents de leur secte. Cette police religieuse, ou ces redresseurs de torts, comme ils aiment se faire appeler, appliquent les fatwas du comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice. C’est ce fameux comité, virtuel jusqu’à présent, composé d’érudits salafistes pour délivrer des fatwas, un genre de tribunal de déportation, que notre ministre des affaires religieuses voudrait officiellement créer dans tous les villes et villages, et qui viendrait se placer en parallèle à l’autorité de l’État.
Dans les mosquées, les imams les plus zélés crient dans leur micro que la révolution est une promesse de Dieu. « La jeunesse nous a apporté la liberté; maintenant, elle doit s’approcher de Dieu », hurlent-ils. C’est bien de parler de l’importance de la religion, mais pendant les manifestations, quand cette jeunesse respirait des gaz lacrymogènes et se faisait tuer, où étaient ces imams, et tous ces barbus? Aucun slogan n’a été entendu réclamant un État islamique pour remplacer la dictature de Ben Ali, et aucun Allah Akbar.
Et, maintenant, M. Sadek Chourou veut assassiner et mutiler les manifestants. Devant ces propos ahurissants, personne de nos représentants n’a quitté l’assemblée constituante en guise de protestation, personne n’a pris ses gros souliers et frappé sur son pupitre pour sortir notre gouvernement de son inquiétante léthargie. Dans ses réflexions existentielles, Ennahdha, à force de se regarder le nombril, a tendance à se couper de la réalité. Et l’arnaque du prêt-à-penser me fait parfois hurler, les membres, élus, de l’assemblée constituante, qui sont supposés nous accoucher d’une nouvelle constitution sont soumis aux diktats de leur gourou, et personne n’a le droit de critiquer ou voter librement.
Le seul coup de maître que M. Ghannouchi a fait c’est de neutraliser et museler les deux plus importants partis d’opposition, et surtout notre président de l’assemblée constituante et notre président tout court, qui est réduit à faire de la figuration et à jouer les faire-valoir démocratiques. Sur ce coup, le cheikh a agi comme un politicien averti. Quand il y a des figures influentes de ce calibre sur la scène politique, on aimerait les avoir dans notre camp plutôt que dans le camp adverse. Autrement dit, pour ne pas nuire, on aimerait les avoir dans notre tente pour pisser dehors que de les avoir dehors pour pisser dans notre tente. Et ç’a marché.
Quand je fouine dans l’internet, je vois nos jeunes, nos chevaliers de la révolution, faute d’avenir et de bons politiciens, se tourner vers le passé. On glorifie Bourguiba. Certains l’appellent le père de la nation, d’autres le libérateur de la femme, d’autres le fondateur de la Tunisie moderne… Tout cela est vrai, Bourguiba était un bon dictateur, mais il y a une autre chose qu’il a faite, et qui, à mes yeux, est encore plus importante : le planning familial. Nos barbus ne seront pas d’accord avec moi, je le sais, et ils vont même crier au sacrilège et à l’impiété, mais je vous laisse imaginer le cauchemar d’une Tunisie comptant 30 ou 40 millions d’habitants, nous, qui avons échoué à fournir une vie décente à 10 millions…
Nos dirigeants se voient très grands, et c’est pour cela qu’à chaque occasion, ils répètent que notre pays est petit. Depuis son retour de France, notre président n’avait qu’une ambition : devenir président, et c’est déjà fait. Notre premier ministre veut devenir Calife. Notre guide de la révolution, M. Rached Ghannouchi s’est déjà placé comme l’Ayatollah de notre pays. Tout est en place pour une république de banane à la sauce islamiste. Moi, je dis à ces gens que notre pays est plus grand que vous tous, voire le plus grand de la planète. Nos espoirs et nos ambitions sont infiniment plus grands que les vôtres et notre peuple saura prendre les moyens de les réaliser.
Enfin, je veux vous parler d’avenir, et ce n’est qu’avec un soupçon de pessimisme que je peux en parler parce que c’est idiot de penser qu’avec des salafistes on peut discuter ou arriver à un compromis. Inutile de dire qu’ils sont endoctrinés et qu’ils ne changeront jamais d’idée…, et, cela me fait penser à ce dicton : il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée…
Bien des années avant la chute de Ben Ali, j’avais sincèrement pressenti une révolution. Je l’avais prévu s’amorcer dans le virage de l’Espérance ou du Club Africain ou ailleurs, à la manière roumaine. J’ai vraiment cru que le cas de Ceausescu pourrait se reproduire avec le dictateur fuyard. À chaque fois que je voyais la violence monter dans les stades, les écoles, ou ailleurs, je me disais dans mon for intérieur : « ça y est, on y est… ». Et, finalement, l’excès a engendré l’excès, et, après des années de frustration, l’étincelle est venue du regretté Mohamed Bouazizi. À mon avis, l’étincelle de notre prochaine révolution ne pourra venir que des salafistes. Le jour où ils vont assassiner un journaliste, poignarder un professeur d’université, séquestrer un homme politique ou quelque chose de ce genre, ça sera le début de la prochaine révolution. Et ça viendra peut-être plus vite qu’on pense.