Opération d’excision en Egypte. Crédit Photo : Andrea Bruce

La femme toujours au centre des polémiques a du subir celles concernant le voile, puis le voile intégral et maintenant son clitoris. L’excision du clitoris est une mutilation génitale féminine (MGF). Wajdi Ghanim est en visite en Tunisie, connu pour ses prêches disons le extrémistes, parmi eux figure celui de la défense de l’excision. Le 12 février 2012 à la Coupole d’El Menzah, ce monsieur a su réunir plus de 10000 adeptes.

Le Code du Statut Personnel regroupant plusieurs lois progressistes tuinsiennes, promulgées le 13 aout 1956 mises en application sous Habib Bourguiba peu apres l’indépendance du pays, a permis de donner a la femme une place unique et privélégiée d’abord dans la société tunisienne puis dans le monde arabe. Différentes lois progressistes peuvent illustrer le CSP comme le fait d’abolir la polygamie ou de permettre le divorce.

Ainsi, la femme tunisienne doit savoir défendre ses acquis et pour cela, elle doit comprendre la signification, l’origine et enfin la manière dont cette pratique s’est ancrée dans les mentalités, afin de pouvoir la combattre.
L’excision incarne ce que l’humanité a de pire, de plus dur et de plus barbare. Pour Thomas Sankara, il faut « condamner sans appel cette pratique pourtant très populaire. Il faut aboutir a son extirpation totale des sociétés.”

Pour certains, comme l’explique Mathias Kanse, « le maintien du clitoris chez la femme tuait le nouveau-né qui l’effleurait » il fallait donc l’enlever. Pour d’autres, « la femme ne revêtait sa vraie nature que lorsqu’on lui enlevait son clitoris qui consituait un organe virilisant ». Enfin, dans les milieux musulmans, l’excision rend la femme pure.

Qu’est ce que l’excision concrètement ?

L’excision du clitoris, qui est une mutilation génitale féminine (MGF) implique l’ablation donc de la partie externe prépondérante du clitoris (équivalent de l’ablation du Gland chez l’homme) et de son capuchon. Cette mutilation est illégale dans la plupart des pays du monde.

Il existe différentes formes d’excision. Une ablation totale ou partielle du clitoris, avec souvent, les petites lèvres. La forme de mutilation génitale féminine la plus extrême nommée infublation consiste à l’ablation totale du clitoris, des petites lèvres, des grandes lèvres du vagin. L’entrée de ce dernier peut parfois etre cousue.

Pourquoi est ce qu’elle est pratiquée ?

L’excision est pratiquée dans de nombreuses parties du monde, ainsi elle est la plus courante en Afrique Subsaharienne (Sénégal, Cameroun, Burkina faso) et dans quelques régions du Proche Orient (Egypte) et de l’Asie du Sud-Est (Indonésie).

Elle est pratiquée pour différentes raisons, mais toutes se réfèrent a un grand principe : la tradition. L’excision fait souvent partie d’un patrimoine culturel ou traditionnel qu’il s’agirait de préserver et qui protégerait contre tout désir féminin.

Ainsi, on retrouvera parmi les principales justifications : la préservation de la virginité (le vagin étant cousu, ca paraît évident), l’amélioration du plaisir sexuel masculin (rétrécissement du vagin) effectivement ca ne risquait pas d’être le plaisir féminin, ce dernier étant réduit a néant. On retrouve également des raisons hygiéniques et esthétiques.

Que vient faire la Religion la dedans ?

Si aujourd’hui la majorité des personnes pratiquant ces mutilations est musulmane il n’en a pas toujours était ainsi. En effet, les pratiques d’excision sont considérées comme traditionnelles dans le sens ou elles se sont installées dans un contexte animiste ou pharaonique c’est a dire, bien avant l’arrivée des grandes religions monothéistes.

De plus, certaines communautés chrétiennes au Ghana et au Togo pratiquent l’excision tout comme la communauté juive des Falashas. Les sources religieuses juives, chrétiennes et musulmanes ne font pas de mention de cette pratique dans leurs livres Saints.

Il n’y a pas consensus parmi les savants sunnites sur le rapport entre islam et excision, en effet, ils peuvent aussi l’obliger que l’interdire. Le Coran ne prescrit aucune obligation d’excision, mais certains Hadiths sont utilisés par les savants a plus ou moins bon escient. Ainsi un Hadith indiquerait la chose suivante : « La circoncision est une tradition louable pour les hommes et un honneur pour les femmes ».

Témoignage

Cette jeune femme, aujourd’hui étudiante à paris, raconte son traumatisme subit lorsqu’elle habitait encore au Sénégal avec ses parents.

« Ma mère a été l’initiatrice de ce traumatisme, elle a voulue que cela m’arrive. Elle ma emmenée chez une dame dans un coin reculé de (Sénégal). Quand j’étais allongée, elle ma demandé pardon et elle a ajouté : « je fais ca pour toi, pour améliorer tes chances de faire un bon mariage ». Elle ajoute, « il ne faut pas croire que cela arrive qu’aux personnes issues de milieux défavorisées, au contraire, ma famille fait partie des plus grands de ce pays ».

Est à noter…

Wajdi Ghanim est un imam égyptien, invité en Tunisie par trois associations islamiques pour donner de nombreuses conférences dont une à la Coupole d’El Menzah. Il est essentiellement connu pour sa défense de la circoncision des femmes.

Cheikh Ghanim compte donc donner plusieurs conférences dans différentes régions de la Tunisie au programme :

Le Samedi 11/02/2012 : Mosquée El Ghofrane, cité El Entilaka puis le Dimanche 12/02/12 à la Coupole d’El Menzah, suite à quoi on le retrouvera le Lundi 13/02/1012 à la Grande Mosquée de Sousse mais également à la Grande Mosquée de Mahdia. Et enfin le Mardi 14/02/2012 à la Mosquée El Manara a Hammamet.

La visite impromptue de Wajdi Ghanim a de quoi surprendre. Elle a été annoncée sur la page facebook de la radio Zaytouna. Elle n’a cependant pas mentionné la provenance de l’invitation. On peut noter que jusqu’ici, a part le aucun parti ne s’était prononcé sur cette affaire.

Pratique illégale, de nombreuses organisations militent pour son abolition mondiale. La lutte contre l’excision fait partie des grands programmes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Cette dernière a même fait du 8 février 2006 la « Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines ».