Lundi 27 février 2012, 11h00 du matin, le téléphone sonne. A peine mon interlocuteur, un patient, a-t-il commencé de parler que mon coeur s’est instinctivement serré : sa voix ressemblait à un membre de la Police Politique de Sousse, M. B., qui avait l’habitude de me téléphoner, parfois pour des conseils médicaux, d’autres pour s’enquérir des sujets de certaines réunions syndicales (de Formation Médicale Continue !) mais essentiellement pour vérifier si j’étais bien à mon cabinet…
Non, je n’étais pas encore guéri !
En fait, ma réaction était probablement préparée par plusieurs petits “évènements”. D’abord, il y a quelques mois, un de mes amis, ancien exilé politique, m’avait parlé avec insistance de ce devoir de mémoire ayant pour but de réconcilier d’abord la victime avec elle-même, puis, avec la société. Ensuite, tour à tour, j’ai entendu Olfa Youssef parler, lors de la première conférence de Tariq Ramadan le 25 février 2012 à Tunis, de ce qu’elle appelle “résilience”, terme qu’elle a considéré adapté à la situation, à propos des anciennes victimes du Benalisme (je l’appuie pour son utilisation et je le reprends à mon compte) puis j’ai lu sa lettre ouverte à Hammadi Jebali ; enfin, le PARDON du numéro 162 du journal “Mouatinoun” a fini par fissurer la carapace qui me protégeait et qui m’a fait ressentir, durant une grosse fraction de seconde, une anxiété jamais réellement dépassée.
C’est pourquoi je choisis de me dévoiler totalement aux yeux de mes amis et même de ma famille proche qui ne sait pas grand chose sur une bonne partie de ce que j’ai vécu. Je me rends compte que j’en ai besoin pour tourner définitivement cette lourde page de ma vie qui m’a marqué à jamais.
Avant de commencer, je voudrais souligner qu’une partie du moins ce qui va suivre avait été adressée à une amie en France, L.T., après l’arrestation de feu Zouhair Yahyaoui, webmaster de TUNeZINE afin de l’utiliser au cas où je serais arrêté. Des dates et des périodes ont du être été changées, d’autres évènements me sont revenus à l’esprit après la révolution, quand j’ai revu certains de mes anciens compagnons d’infortune.
Je ne suis pas un militant islamiste ; je n’ai jamais appartenu à Ennahdha ou à un quelconque parti politique. Je suis proche politiquement du CPR, idéologiquement de ce qu’on appelle du vague nom “d’islamisme progressiste” et j’ai une grande sympathie pour Ennahdha et plus précisément pour mes amis nahdhaouis avec lesquels j’ai partagé tant de souffrances : le capital sympathie acquis en 20 mois de vie commune, 24 heures sur 24, est immense et même s’il est parfois écorné, je ne vois rien qui puisse le détruire.
Mon histoire est bien insignifiante comparée à celle d’autres mais chaque souffrance est unique et bien que plus de 20 ans se soient écoulées, tous ses événements demeurent ancrés dans ma tête. C’est que ma vie en a été totalement chamboulée.
Je m’appelle Foued Bouzaouache, je suis né en 1966 et je suis actuellement médecin généraliste de libre pratique à Messadine. Depuis janvier 2008, je suis le Secrétaire Général du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins du Centre, réélu pour un deuxième et dernier mandat en janvier 2012.
En 1987, je finissais assez brillamment mes études médicales à la Faculté de Médecine de Sousse. Après un an d’internat, je me suis marié, en octobre 89, avec une jeune étudiante, devenue secrétaire médicale depuis et deux mois après, j’ai passé avec succès le concours de résidanat (j’aime me rappeler que j’étais, à 23 ans, l’un des plus jeunes résidents de l’histoire de la Tunisie : ça fait du bien à l’ego) pour commencer mes stages de spécialité en Biologie Clinique, option Parasitologie, en juin 1990. Mon fils aîné est né en septembre 90.
Je ne vais pas vous raconter tout le climat malsain qui pesait alors sur la Tunisie. Un des collègues de mon père a été arrêté en avril 1991 en possession d’une publication d’Ennahdha et, sous la torture, croyant qu’on ne chercherait pas noise à mon père vu sa respectabilité, il leur “avoue” que c’était ce dernier qui la lui avait donnée. La police lui a alors adressé une convocation pour qu’il se présente au district de Police de Sousse mais n’ayant que trop entendu parler de la torture systématique, mon père a préféré s’enfuir et se cacher … chez moi. Jusqu’au 22 juin 91. Ce jour là, la police est venue nous arrêter, mon père et moi. C’était le jour de l’Aid el Kébir et j’étais rentré de Tunis où je faisais mes stages dans un laboratoire de recherche renommé à l’Institut Pasteur (le regretté LEEP, Laboratoire d’Epidémiologie et d’Ecologie Parasitaires). Je croyais au début que ce serait l’affaire de quelques heures, puisqu’ils ne pouvaient pas m’en vouloir d’avoir caché mon père. Il s’est avéré que c’était précisément moi qu’ils voulaient : j’avais prêté en Mai 91 ma voiture à l’un de mes amis (pour un mariage) et il s’en serait servi pour transporter des fugitifs (et même des armes, selon la police : deux fusils de chasse ?!) Mon ami avait pris la fuite et n’a jamais été arrêté (c’est lui d’ailleurs qui m’avait parlé du devoir de mémoire et que je citais au premier paragraphe)
Il faut dire que je n’ai pas été torturé, pas même une gifle ni de gros mots : tout ce qu’il y a de plus civilisé sauf que… je suis resté 16 jours au secteur de police de Sousse et j’ai été transféré en prison avec l’accusation suivante : “Association de malfaiteurs et détention de tracts susceptibles de troubler l’ordre public” et, cerise sur le gâteau, j’ai signé une confrontation avec le policier qui disait avoir trouvé les tracts et moi qui réfutais ses dires. Rien à voir avec la raison principale de mon arrestation! Les policiers m’avaient dit alors qu’ils me croyaient innocent mais que c’étaient les ordres…
En fait, cette quinzaine de jours dans les geôles de Sousse était la pire de ma vie : je ne dormais pratiquement pas à cause des cris des prisonniers torturés ; j’ai de mes yeux vu les traces de coups et des liens serrés chez mes co-détenus et j’appréhendais à chaque seconde l’instant où je serai appelé, ce qui n’a eu lieu que deux fois. Je n’oublierai pas ces jours sans me laver, les toilettes non protégées dans la geôle, le calvaire qui ne faisait que débuter de ma mère et de mon épouse qui ne savaient pas grand chose de notre sort à mon père et moi…
Je crois, a posteriori, que je dois le fait de ne pas avoir été torturé (et la relative torture “soft” de ceux qui avaient été arrêtés à cette période) au décès sous la torture à Sousse de l’étudiant Abdelwahed Abdelli, une dizaine de jours environ avant mon arrestation.
Le 8 juillet 1991, j’ai donc été conduit à la prison de Sousse ; en fait, dans tous les documents officiels, j’ai été arrêté le 8 juillet : 16 jours ont été gommés! J’ai depuis appris que c’était courant.
Entretemps, mon père a “bénéficié” d’un non lieu et a été libéré mais, “grâce” au zèle du directeur de l’établissement dans lequel il enseignait (depuis près de 30 ans), pourtant un de ses anciens élèves, il n’a jamais pu reprendre son poste d’enseignant bien qu’il ait porté plainte auprès du tribunal administratif. Il paraît même que la date de dépôt de sa plainte au tribunal administratif a été changée pour que son dossier soit rejeté pour vice de forme ! Il est resté près de 10 ans obligé de pointer de façon biquotidienne aux postes de police et de garde nationale et de déclarer ses déplacements hors du gouvernorat de Sousse !
Les premiers mois, nous (les prisonniers “spéciaux”) étions respectés ; nous étions mis ensemble ; nous étions dispensés du salut “de respect” aux gardiens et nous avions beaucoup de faveurs : lames pour nous raser, couffin non fouillé, visites prolongées, livres, courrier, bref, une prison modèle n’était l’exiguïté et le manque d’hygiène. Certains étudiants avaient même pu, durant quelques jours, passer des examens jusqu’à ce que l’ordre vienne “d’en haut” de les priver de ce droit. Toutefois, vers le début de l’automne et l’affaire du “Stinger”, tout s’est transformé et la vie est devenue très dure pour tous. J’avais, en tant que médecin, un statut particulier et on ne me cassait pas trop les pieds. D’ailleurs, ça se voyait que je n’étais pas vraiment un militant islamiste.
J’ai pu constater en prison les dégâts des tortures qu’avaient subies les islamistes dont j’ai pu recueillir de nombreux témoignages. S. D., un de mes compagnons de chambrée, a été particulièrement torturé lors de son arrestation. Il n’en parle jamais. Son collègue, mon ami F. S., a du utiliser durant des années des béquilles : il s’était fracturé la jambe en fuyant mais ça n’a pas empêché ses tortionnaires de lui faire subir les mêmes délices que ses compagnons. Z. M. s’est vu éclater les genoux et se plaint toujours de maux de tête persistants. X et Y ont été forcés de simuler un acte sexuel entre eux deux jusqu’à éjaculation en plus des décharges électriques sur les parties génitales… Je pourrais citer des dizaines de noms et de faits de torture. Sans parler de ce dont j’ai seulement entendu parler.
Toutefois, parmi tous les évènements que j’ai vécus, deux ont laissé des traces indélébiles dans mon âme et mon cœur.
– Le premier est survenu un jour d’octobre 1991. J’avais passé une fort mauvaise nuit en raison d’un crise d’asthme prolongée de mon compagnon de lit, B. J. (j’avais la chance d’avoir un lit, que je partageais avec ce co-détenu nahdhaoui) Dès le début de la promenade, je suis resté accroché à la grille, attendant le passage du médecin de la prison, Dr J. K. L’ayant vu, je l’ai interpellé en lui disant qu’il y avait un détenu qui était en état de mal asthmatique. Après s’être enquis de la qualité dont j’usais pour lui parler, il m’a répondu que ce n’était pas mes affaires. Moins d’une heure après, j’ai été convoqué au bureau du directeur de la prison avec lequel j’entretenais une bonne relation. Debout à l’entrée, je voyais au fond, assis tous les deux côte à côte, le directeur et Dr J. K. C’était ce dernier qui allait mener l’interrogatoire en me demandant qui j’étais pour avoir osé l’interpeller, si j’avais été jugé ou non et bien d’autres questions tout aussi policières. Après lui avoir répondu, il m’a sèchement signifié qu’en prison je n’étais rien du tout, que je ne devais m’occuper que de ma propre personne et que je devais m’estimer heureux s’il ne m’envoyait pas (lui, le médecin !) à Harboub (près de Medenine) ! Le directeur n’avait pipé mot ! Jamais je n’aurais cru être ainsi humilié et par un confrère de surcroît! J’ai revu plusieurs fois ces dernières années Dr J. K. ; il ne se souvient certainement pas de moi et je ne me suis encore jamais rappelé à son souvenir. J’ai failli le faire dernièrement à l’occasion d’une certaine élection mais je m’en étais ravisé.
– Le deuxième était bien plus traumatisant. Un vendredi de janvier 1992, je crois, alors que nous étions encore tous ensemble et en train de faire la prière du vendredi (la prière en groupe est interdite en prison), la porte s’est brutalement ouverte et l’assaut a été donné alors que nous étions prosternés en pleine prière : coups de pieds, blasphèmes, matraques, livres de Coran jetés, déchirés, écrasés par les brodequins… et puis, transferts forcés de nombreux détenus nahdhaouis et mélange forcé avec des détenus de droit commun. C’était la fin de la période “faste” d’emprisonnement.
Après 16 mois de prison (octobre 92), je passe enfin, avec 5 autres prisonniers dont le cas était très semblable au mien, devant le juge de première instance et, surprise (car c’était vraiment exceptionnel), il nous libère tous les six provisoirement, tellement les dossiers étaient vides et ridicules. Le verdict devait être prononcé le jour même et les avocats nous avaient dit s’attendre à un non lieu. En effet, ceux qui avaient conduit ma voiture en ont eu pour seulement un an (je n’ai jamais revu ma belle Ford Escort) Mais les voies de notre justice est impénétrable : nous apprenons une semaine après que les jugements avaient été annulés (!!) , que le juge avait été muté et que le jugement de première instance était à refaire. Je ne comprends pas encore ce qui s’était passé et si c’était légal. On ne nous a pas alors remis en prison.
J’ai profité de ma liberté provisoire pour rencontrer le ministre de la santé d’alors, Dr Hedi Mhenni, pour lui exposer mon cas et essayer de reprendre le cursus de ma spécialité : c’était un ami de feu mon oncle, Abdellatif Bouzaouache, gynécologue décédé d’un accident de voiture en octobre 90, et je pensais qu’il m’aiderait. J’ai eu droit à un “non” poli mais catégorique avec un “Je ne peux malheureusement rien pour toi”.
Pr Koussay Dellagi, alors directeur de l’Institut Pasteur, a bien essayé d’intervenir en ma faveur mais il a essuyé une fin de non recevoir. Qu’il soit remercié ainsi que mon patron, Pr Riadh Ben Ismail, et qu’il me pardonnent tous les tracas (de la part du Ministère de l’Intérieur notamment) dont j’ai été involontairement la cause pour le LEEP et l’Institut Pasteur à cette époque.
Certains membres de ma famille, sur conseils de personnes haut placées avec lesquelles elles étaient intimes, m’ont prié de faire une demande de “pardon” au président ; pour leur faire plaisir, j’ai bien écrit une lettre au président d’alors mais c’était pour lui exposer mon cas et insister sur mon innocence. Je n’ai eu aucune réponse. Je me suis alors mis à ma thèse. L’affaire continuait son chemin et en re-première instance, nous sommes condamnés pour un chef d’accusation “allégé” : “appartenance à une association non reconnue et détention en vue de distribution de tracts etc.” à 20 mois de prison, confirmés quelques semaines après en appel ! Je me souviendrai toujours de la question posée par le juge à mon avocat à la fin de sa plaidoirie : ”c’est en faveur de quel accusé que vous avez plaidé ?” Mon avocat m’avait regardé et avait souri, me faisant comprendre que c’était cuit, que les jugements étaient certainement prêts et décidés depuis longtemps!
En janvier 1994, début Ramadan, je retourne donc en prison pour accomplir le reliquat de 4 mois. Il faut dire que j’étais chanceux dans mon malheur puisque après quelques jours à Sousse et suite à une “interview” faite par des officiers “lettrés” du Ministère de l’Intérieur (consistant en des questions sur des chapitres d’oeuvres de Rached Ghannouchi qu’ils me lisaient, sur mes croyances religieuses etc. ; je leur avais répondu que j’étais un “néo-mu’tazilite”, ce qui avait semblé les amuser !) j’ai été transféré à la prison de Mornag : les autorités pénitentiaires y tentaient une expérience de “lavage de cerveau” de certains islamistes qui paraissaient moins têtus que d’autres. C’était une belle période : discussions animées, séances de cinéma les mercredis, de théâtre, où des acteurs étaient invités. En fait de “remise sur le droit chemin”, les islamistes emprisonnés, des universitaires pour la plupart, m’avaient épaté quand ils se sont fait un plaisir de hausser les débats à un point auquel je ne m’attendais pas avec les intellectuels et artistes invités pour nous convaincre de leurs idées… Je me suis même pris au jeu et je me suis amusé à intervenir face à un acteur tunisien très célèbre (je peux le dire maintenant : c’était Mohamed Hadaoui, quelqu’un de très cultivé, très poli, très respectueux et très respectable qui m’a laissé un excellent souvenir) mais en lui parlant un français “châtié” comme on n’en fait plus depuis des décennies (en fait, je m’y étais préparé la veille en lisant et relisant un dictionnaire de citations trouvé à la bibliothèque de la prison dont j’étais l’un des rares abonnés vu que la plupart des livres étaient en anglais !)
J’ai entendu dire après ma sortie que l’expérience avait été arrêtée car c’était un échec total!
A Mornag, j’ai aussi eu l’occasion d’apprendre le louvoiement et la manipulation avec l’administration pénitentiaire. En effet, avec un autre prisonnier politique, C. B. qui paraissait, comme moi, différent, l’administration de la prison a voulu jouer à faire de nous des délateurs. La confiance qui régnait entre moi et mon ami C. B. nous a permis de détourner les plans des officiers de la prison : ils croyaient nous utiliser et c’était nous deux qui les manipulions. C’était une aventure angoissante, palpitante, risquée qui a duré environ 2 mois (jusqu’à ma libération) mais nos co-détenus avaient pu avoir un peu “la paix” durant quelque temps et nous en avons tiré, C. B. et moi une certaine impression de “revanche”.
A ma sortie en mai 1994, j’ai demandé par écrit au Ministre de la Santé de me permettre de finir ma spécialité même de façon bénévole mais j’ai essuyé un refus net par un courrier où le Ministre exprimait son regret de ne pouvoir donner suite à ma demande…
Je reprends alors ma thèse, je la soutiens, toujours avec brio (mention “très honorable, avec les félicitations du jury et proposition au prix de thèse”) et j’ouvre la mort dans l’âme un cabinet de médecine générale en octobre 94 (un grand Merci à feu Dr Hachmi Ayari, Allah yarhmou, alors Président du Conseil National de l’Ordre des Médecins…) J’y suis encore. Je gagne très bien ma vie, bien mieux que si j’avais fini ma spécialité. Mais je n’ai pas oublié mes souris et mes psammomys de laboratoire. Mon cœur saigne tous les jours quand j’y pense ou quand je passe devant l’Institut Pasteur : c’était mon rêve d’enfant et je l’avais à peine réalisé qu’on me l’a volé…
Mais en pratiquant la médecine générale, j’ai découvert, grâce à des amis qui ont cru en moi, ma véritable vocation : la médecine de famille et la Formation Médicale Continue ainsi que l’encadrement des futurs médecins. Comme quoi, عسى أن تكرهوا شيئا وهو خير لكم
Je suis resté sept ans à pointer deux fois par jour au poste de police. Sept ans aussi à être réveillé vers deux heures du matin, n’importe quel jour, par les policiers, rien que pour s’assurer que je n’étais pas ailleurs. Jusqu’à récemment, j’étais pris d’une insurmontable angoisse dès que j’entendais une voiture s’arrêter près de chez moi ou une portière claquer. J’ai été aussi durant 10 ans privé de passeport…
En 97, cherchant à me trouver un rôle à jouer dans la société (à part d’être médecin) j’ai été tenté par la vie associative et je suis devenu membre de la section de Sousse du Syndicat Tunisien des Médecine Libéraux. Pour avoir une idée sur l’atmosphère délétère qui pesait alors, juste après les élections du bureau, mon cousin Hatem Achache que j’adore me prend à part et me demande : “qui t’a demandé d’intégrer le STML ?” : il avait peur que je sois envoyé en mission par Ennahdha pour infiltrer le Syndicat ! Heureusement, ses doutes ont été très rapidement dissipés une fois que nous avons appris à nous connaître. J’ai du, des années durant et jusqu’à très récemment, supporter les appels de la police politique pour s’enquérir des sujets de réunion du syndicat et si on y parlait politique.
En 1999, avec la démocratisation d’Internet, j’ai découvert ce qu’on allait appeler la cyberdissidence, caractérisée surtout par ses forums enflammés et, après une courte période sur le forum du CNLT, j’ai intégré l’équipe de feu Zouhair Yahyaoui, Allah yarhmou, jusqu’en 2006, sur TUNeZINE, sous le pseudonyme “Decepticus”. Mes publications étaient souvent reprises par le site Tunisnews.net . Toutefois, vous y trouverez une seule mention de mon nom : une pétition signée en février 2004 sous ma véritable identité en faveur de la reprise des études de Abdellatif Mekki et Jalel Ayed. Je n’ai jamais été questionné à ce propos mais j’ai passé une bonne période prêt à l’être.
Depuis mars 2006, je me suis totalement investi dans mon travail, le syndicalisme et, plus récemment, l’activité ordinale au sein du CROM à Sousse. Jusqu’à la révolution.
Ah! J’oubliais. J’ai été une seule fois “invité” toute une matinée au Ministère de l’Intérieur ; c’était en février 2010. Personne de mon entourage n’est au courant (sauf quelques proches, au cas où) et c’est la première fois que j’en parle. L’unique sujet qui les intéressait était mon activité sur le site de Ahl-alquran : connaissais-je les participants tunisiens ? quelles étaient mes relations avec les Coranistes ? mais rien ni sur mon passé ni sur TUNeZINE ni sur l’opposition ni sur la politique ! J’ai été très bien accueilli et la discussion m’a permis de constater le haut degré d’instruction et de culture de ceux qui avaient été chargés de m’interroger.
Je n’ai pas voulu bénéficier de l’amnistie : je n’ai pas commis d’acte pour lequel je devrais être pardonné. Peut-être penserais-je à une réouverture de mon procès ? Mais je ne crois pas, non : j’ai besoin de tourner très vite et à jamais cette page.
Voilà. C’est en très concentré une vingtaine d’années sous le règne de ZABA. Mon parcours sur le chemin de la résilience a peut-être été un peu long mais j’ai bon espoir que ce processus touche à sa fin.
A chacun son vécu, son expérience personnelle, son impression subjective. Si ça peut aider à exorciser un passé douloureux, à dépasser le statut, légitime pour une période limitée, de victime, je ne saurais trop conseiller à mes anciens compagnons d’infortune, auxquels la fortune sourit mais sournoisement, de faire très rapidement un travail sur eux-mêmes : en parler, nommer les émotions, les souffrances, les peines, les tortionnaires… ceci est un préalable indispensable au pardon qui ne peut venir que de quelqu’un qui s’est retrouvé, qui s’est réconcilié avec lui-même.
Je pense l’avoir fait.
Decepticus, alias Foued Bouzaouache
j’ai ete emu du debut j’usqu’a la fin car 2 de mes proches ont vecu le meme calvaire et les memes douleurs .vivant a l’etranger j’avais le sentiment de ne pas etre utile et au soutiens de mes compatriuotes tunisiens a chaque fois je prolongeais mes vacances pour etre au cote de mes cousins H.K et de Z.L et surtout j’avais le sentiment que nous etions tous irresponsables de laisser faire des choses pareils envers nos freres tunisiens et qu’on a attendu trop longtemps .on tout cas RESPECT RESPECT RESPECT
Merci, Si Chokri mais il n’y a aucune raison de te sentir coupable de quoi que ce soit : personne ne savait vraiment que faire ni comment le faire et tu as probablement été plus utile là où tu étais que si tu avais été en Tunisie.
Bonjour,
Je me joins à M. Gazzah pour vous dire tout mon respect. Votre libération de ce lourd fardeau augure, je l’espère, votre propre reconstruction mais aussi la libération de notre pays de tous ses démons. Et ces derniers tepms ils sont hélas nombreux!
Deux questions, si vous me le permettez:
1. Pourquoi ne pas dénoncer nommément vos tortionnaires, puisque, si j’ai bien compris, vous appelez les victimes comme vous à le faire?
2. Qu’en est-il de ce néo-mu’tazilisme? A moins que ce fût pour “les amuser”, comme vous dites et surtout pour éviter leur courroux.
Bien à vous et bonne (re) naissance.
Merci, Si Tahar. Pour répondre à vous questions :
1- J’ai été particulièrement chanceux puisque je n’ai pas été torturé. Tout au plus ai-je été victime d’une grande injustice. Ceux qui se sont rendus coupables envers ma famille et moi-même sont insignifiants pour être nommés. Dans le pire des cas, ils suivaient les ordres. J’ai surtout appelé à nommer les émotions.
Je me souviens que mon père leur jetait en pleine figure, à chaque fois : “je n’ai rien contre ceux qui ne font que suivre les ordres mais je ne pardonnerai jamais à ceux qui font de l’excès de zèle!” et ils étaient nombreux…
Ceux qui ont été victimes de tortures ont certainement des histoires mille fois plus effarantes et ce sont eux qui doivent faire leur “résilience” de la façon qui leur convient le plus.
2- Pour le Néo-mu’tazilisme j’étais sérieux. A cette époque, il y avait parmi les prisonniers politiques islamistes de nombreux courants, des plus “salafistes” (bien que j’aie des réserves sur cette appellation) aux plus progressistes (idem : réserves sur l’appellation) en passant par le chiisme (si, si…) et il y avait souvent des échanges très instructifs. Je ne cesserai certainement jamais de rechercher la vérité, sur le chemin de Dieu inchallah.
Bonjour,
Je vous remercie Si Foued de votre réponse. L’un des mérites de notre belle révolution c’est de nous “révéler” à nous-mêmes en tant que bric à brac d’identifications, y compris dans notre Islam que d’aucuns voudraient présenter comme un bloc monolithique. C’est un mérite, mais c’est un défi aussi. Vous l’avez relevé en vous libérant du poids d’un passé douloureux et en faisant des choix qu’on ne peut que respecter. Reste à la majorité des Tunisiens, y compris celles et ceux qui n’avaient pas souffert, de faire ce nécessaire travail d’autolibération de tous les imaginaires du passé, une sorte de travail d’autodécolonisation des esprits, afin qu’enfin cette belle révolution intègre son sens originel, celui de la dignité. Comme dans Parsifal, “seule guérit la blessure l’arme qui la fit”. Bien à vous.
Votre récit témoigne de votre force de caractère et de votre personnalité, elle apprend au citoyen “normal” qui n’est pas dans la sphère de la politique ou de l’engagement quel qu’il soit les difficultés des parcours de vie. Vous devriez vous atteler à convaincre les personnes qui ont connu un itinéraire similaire au vôtre de procéder à ce cheminement, car l’esprit de vengeance ronge aussi bien celui qui cherche à l’exercer que celui envers qui les accusations sont adressées et cela devient un cercle infernal. regardez comment certains peuples ayant subi des injustices se vengent sur d’autres peuples faute de pouvoir apaiser leurs souffrances.Je vous souhaite une bonne continuation et que votre témoignage puisse entraîner d’autres vers cette reconstruction de soi,ils n’en seront que plus grandis.
Merci, Iqbal. En fait, plus encore que la recherche personnelle d’une paix intérieure, j’espère que mon geste donnera des idées aux personnes qui ont souffert “bien plus que moi” (bien que toute souffrance soit unique et non comparable) afin de faire leur résilience et passer vraiment à autre chose.
Cher ami,
Je souhaite de tout mon cœur que pareilles épreuves ne se répètent jamais, ni pour toi, ni pour quelqu’un d’autre.
Comme tu as dû le constater personne n’échappe à son destin, c’est notre Karma et on doit l’accepter et l’assumer, ne dit-on pas que ce qui est écrit sur le front…
Avec le passage du temps, tout devrait être relativisé et comme tu le dis si bien il faut savoir tourner la page, sans pour autant tout oublier, garder des souvenirs vifs des événements qui nous ont le plus marqués, dans un coin de sa mémoire, permet de trouver la force de continuer à mener une vie normale et il le faut, sinon pour soi-même, ce sera pour sa famille, ses enfants, ses amis, son pays.
Savoir pardonner est une qualité rare, aussi rare que les hommes qui ont côtoyé des misères de toutes sortes et de grandes injustices et souffert le martyr pour en sortir non pas meurtris et blasés, mais plus forts que jamais, pleins de bonnes résolutions, confiants en leur avenir, empreints de justice et surtout ayant une tolérance incommensurable.
Il est nécessaire de puiser en soi toute l’énergie possible pour affronter la vie et s’y adapter et surtout, rassembler tous les grains de bonté en notre possession pour toujours être humains quelles que soient les circonstances et n’oublie jamais que la prison est pour les hommes.
Amitiés
Merci, Si Abdelfattah. Ton message me touche beaucoup, tu sais. Merci surtout pour cette phrase : “rassembler tous les grains de bonté en notre possession pour toujours être humains quelles que soient les circonstances” (et aussi pour ne pas avoir relevé les quelques petites fautes de concordance des temps qui se sont faufilées dans mon texte ;) )
Cher Foued,
ettounsi a payé le prix pour nous tous. Quelques jours avant l’arrestation de Zouhair Yahyaoui, ma famille m’avait envoyé un billet d’avion Montréal-Tunis, car je voulais passer l’été 2002 en Tunisie, après deux années passées au Canada. Après l’arrestation d’ettounsi, j’ai annulé mon projet de retour.
J’avais auparavant informé ettounsi de mon retour et lui avais parlé du “premier conseil de rédaction de TUNeZINE”, réunissant à Sousse ettounsi, Decepticus et Omar K.
Si la police politique avait attendu jusqu’à juillet 2002 pour arrêter ettounsi, nous aurions peut-être partagé le même sort que lui.
Que son âme repose en paix.
Le 13 mars prochain est le 7e anniversaire de son départ. Allah yarhmou, je pense toujours à lui. Il faut penser à commémorer cette date.
Il n’empêche que je parie que si on t’avait demandé de choisir entre venir, voir Zou et faire de la prison ou bien rester au Québec, rester libre mais ne jamais avoir l’occasion de le voir, tu aurais choisi la première éventualité. Me trompe-je ? :)
Il m’aura fallu quelques années avant de découvrir le visage qui allait avec l’instrumental “Commandante Che Guevarra” dédié à Zouhair. (Oui je sais ma réponse est un peu conne mais c’est pour dire que). Le 13 mars, il faut commémorer cette date car le combat de Zouhair derrière lequel nous nous sommes tous “rangés” est loin d’être terminé. Je l’espérais naïvement. Mais non.
Amitiés,
Salut Hasni :) Mais non! Léon n’est jamais con !
Et puis tu as raison; la lutte ne finit jamais sur le chemin de la liberté.
Bien à toi, cher ami
je compatis a votre mauvaise experience,mais apres toutes ces epreuves que pensez vous de la situation actuelle?trouvez vous du reconfort dans le chaos qu a cree nahdha dans le pays?c est des gens comme vous qui doivent avoir la priorite de s exprimer aujourdhui et qui en ont le devoir.
Merci beaucoup.
En fait, pour la situation actuelle (ou toute autre), j’ai appris, surtout de par mon activité comme médecin généraliste, à avoir une vision holistique de la problématique qui m’est proposée. J’attends de prendre du recul, d’avoir une vision dégagée et qui embrasse toutes les variables avant de dire si c’est un chaos ou non ; après le diagnostic de situation viendra le diagnostic des causes puis les propositions de solutions.
Une première impression que j’ai est que la troïka ne semblait pas avoir une approche holistique mais travaillait au cas par cas et ne faisait que réagir mais il me semble (encore une fois) qu’elle est sérieusement en train de revoir sa copie.
Ne soyons pas trop durs envers nous mêmes : nous sommes en train d’apprendre en autodidactes ce que nous n’avons jamais su.
Le Decepticus que je suis est plus optimiste que jamais… sur le long terme :)
Merci beaucoup.
Pour la situation actuelle, comme pour toute autre, en tant que médecin généraliste j’ai appris à avoir une approche holistique des problèmes qui me sont proposés. Tant que nous n’avons pas une vue d’ensemble de la situation, nous ne pouvons pas porter un diagnostic valable, donc en tirer les causes et proposer les remèdes. Il nous manque également les outils fiables pour évaluer la situation. Je ne peux donc pas parler de l’existence ni de l’absence d’un chaos.
Toutefois, j’ai l’impression que la Troïka traitait les problèmes au cas par cas, sans avoir cette vision holistique (qu’elle pensait vouloir utiliser) mais il me semble qu’elle est en train de revoir sérieusement sa copie. Enfin, il me semble…
Rabi maaq.
Merci beaucoup :)
Merci monsieur Foued de votre témoignage, c’est grâce à des témoignages comme le votre que la nouvelle génération trouvera la force de combattre l’oppression et l’injustice.
Avec tous mes respects.
Merci à toi, Tunisien :) En effet, c’est l’un des effets escomptés de ma publication. En avant les jeunes !
Je salue humblement votre parcours initiatique et votre grandeur d’âme si FOUED. Votre expérience, si émouvante, est riche en enseignements pour tout Tunisien qui cherche à comprendre les injustices dont souffraient beaucoup de ses compatriotes en catimini durant les années de braise de Zaba, dans l’espoir de vivre enfin dignement et librement. Cet espoir a besoin d’être soutenu et défendu à travers des témoignages comme le vôtre. Inchallah la Tunisie trouvera la voie du salut malgré tous les balbutiements qu’elle connait actuellement.
Merci Si Mustapha.
C’est d’ailleurs après avoir pris l’avis de mes amis les plus proches que j’ai décidé de publier mon expérience : ils avaient décrété que mon expérience était une affaire publique :) J’espère que ça aura les répercussions positives escomptées sur ceux qui en entendront parler…
Tous ce que je peux dire, mon ami, que te connaissant tu es très fort que dieux te Garde pour ta famille, et un conseil il n’est jamais trop tard de réaliser ton rêve. Je te lance le défi
Merci, Slim.
J’ai effectivement pensé, depuis quelque temps, à reprendre mon cursus mais je me suis trouvé entre “assouvir” une envie personnelle ou continuer à me consacrer à ma nouvelle vocation : la Médecine de Famille, la Formation Médicale Continue, la Formation des internes en Médecine de Famille. Le choix s’est très rapidement fait : je ne m’appartiens plus.
La carrière universitaire qui a semblé me bouder m’a été offerte depuis quelques années déjà grâce à Pr Ali Mtiraoui, Doyen actuel de la Faculté de Médecine de Sousse : je lui dois ma reconversion :) Avec mon ami Dr Farhat Guetat, J’ai désormais un pied à la Fac, je m’occupe de la formation des internes, de certains cours de cinquième année… une expérience unique en Tunisie pour des médecins généralistes de libre pratique !
Mais je n’oublie pas ma Biologie :)
si Foued vous faites parti des rares tunisiens qui peuvent se regarder dans une miroirs sans rougir…. Bon courage
Merci, Si Walid mais je pense que de tels tunisiens ne sont pas rares, loin de là :) Gardons confiance dans nos concitoyens :)
Un seul mot: tout mes respects Dr Bouzaouache. Je transmet votre article au Pr Dellagi.
Merci beaucoup ! Tous mes respects à Si Koussay
Tous mes Respects à Mr Bouzaouache, aussi bien l’homme que le docteur (et j’ajoute que vous n’êtes pas n’importe lequel,…)
Je tiens aussi à dire à Dr Foued que vous ne passez pas à l’inaperçu (en me mettant à votre place je crois que c’est important de savoir cela) et je reprend vos terme tiré de l’article ci-dessus:”Mais en pratiquant la médecine générale, j’ai découvert, grâce à des amis qui ont cru en moi, ma véritable vocation : la médecine de famille et la Formation Médicale…”
Ca me fait plaisir qu’une de mes patientes me lise :) Tes éloges me vont droit au coeur. Merci beaucoup
Dr. Foued: tous mes respects pour la dignité et la lucidité avec laquelle vous avez géré ce calvaire. Un ami très proche est passé par là, et a été contraint d’interrompre ses études d’ingénieur à l’etranger; mais il l’est devenu (ingénieur) malgré tout. Sinon, je je lisais vos articles sur Tunisnews, et rien que pour ca, je vous remercie!
C’est moi qui vous remercie. Je demeure convaincu que Dieu nous donne toujours la patience qu’il faut quand un malheur nous atteint : à nous de savoir la trouver et l’utiliser!
merci foued pour ce temoignage sur une periode cruelle de notre histoire ..cette confession ecrite avec des mots si touchants et si humanitaires ,ce courage de decrire un vecu avec tant de sincerité de negation de soi et loin de tout pseudo heroisme,d’esprit de revanche ou de haine est tout simplement..une leçon d’humanisme !!des centaines et des centaines de personnes se reconnaitront dans ce temoignage ! bravo pour le courage de se devoiler ..pour moi cé le sommum de tous les courages..et j’espere qu’a l’image de cette confession : toi ,tes amis anciens detenus et nous tous ( car nous avons tous subis ce calvaire de dictature a des degrés differents )puissions enfin nous liberer de nos demons du passé avec son lot de souffrance , de culpabilité et de haine et q’on reussisse tous a nous reconcilier avec nous meme et entre nous meme..manoeuvre pas evidente en ce temps de fanatismes ideologiques et de guerre politicienne ..la revolution a permis de liberer certe nos esperances nos expressions nos sens et instincts les plus violents mais malheureusement pas encore nos esprits humains encore prisonniers de nos ignorances ,peurs, pulsions et violences !!
Merci Lotfi. Je sais que ta famille n’a pas non plus été épargnée mais d’une autre manière. Oui, il y a beaucoup de travail à faire pour la plupart d’entre nous qui sommes passés par ces épreuves ! Rares sont ceux qui ont pu en sortir indemnes!
Salut Foued,
J’ai eu la chance ou la malchance de partager avec vous une partie du calvaire que vous décrivez ici. d’octobre à Novembre 1991 j’ai été votre voisin de “Ballaisse”. plein de souvenir me sont revenus de cette époque … Jeune étudiant en Normal Sup. à Sousse j’ai été arrêté pour les même raison que vous … je reconnaît tous les personnes qui se cachent derrière les pseudos avec lesquelles, pudiquement, vous les avez nommé. Comme vous je n’ai pas été trop torturé (grâce au Martyr de mon très cher Ami abdelwahed Abdelli) … et comme vous j’ai été torturé mentalement pendant 10 ans sans mes droits de citoyens, sans passeport avec à la clé le contrôle administratif quotidien. Je me rappelle des Soirées culturelle qui commençaient à 20h avec une revue de presse d’un certain S.D. aujourd’hui au gouvernement … des petites conférences que l’ont organisaient … des pièces de théâtre … des chants liturgiques repris au petit matin avec la troupe de musique (al mama2em al bidh, si je ne m’abuse) … je me rappelle d’un poème que vous aviez écrit et récité … des cours d’italien, de code, etc. que certains donnaient … plein de souvenirs qui me reviennent en lisant votre article … On a eu se recroisé début 1993 à la bibliothèque de l’institut Pasteur et on a eut une brève discussion sur nos souvenirs communs à la “Prison civile de Sousse” …Merci pour cet article et bonne continuation.
Oui, Mahmoud ! Je me souviens. J’ai même retrouvé le poème dont tu parles et pour lequel j’ai eu le premier prix de la “chambri 2” :) Je pense le publier en hommage à Zouhair Yhayaoui le 13 mars.
Eh! Oui! Que de souvenirs!
Bonne continuation à toi aussi, cher ami!
tous mes respects et merci pour cet article
Merci beaucoup, Ashraaf :)
trés ému,je ne trouve pas les mots exacts pour vous exprimer toute ma sympathie envers ce que tu as enduré pendant toute ces années et dire que les jeunes de maintenant n’attendent pas quelques mois pour que le pays se stabilise ils ne savent pas quels acquis nous avons maintenant à savoir la démocratie,la liberté de parole, élicitation pour ta franchise et j’espére que ce fardeau ne pésera pas beaucoup pour ta carriére de medecin
Merci, Hatem. Ne t’inquiète pas, bien au contraire, cette expérience m’a ouvert les yeux et m’a certainement rendu plus fort.
Et oui : il faut savoir donner du temps au temps…
A bientôt, dans la vraie vie :)
Juste avant de décoller, c’est avec une certaine émotion que j’ai découvert ton article .. je pense qu’il faut avoir été dans la “résistance engagée sous toutes ses formes” pour en prendre toute la mesure.
Et je suis très heureux de pouvoir mettre un pseudo puis un nom sur un visage.
Ya Decepticus …. que d’échanges sur le TuneZine.
Qu’est devenue la petite chérie de Zou ? sophie de mémoire, est-elle revenue en Tunisie ?
Dure période à cette époque et je reste malgré tout très inquiet car ceux qui ont partagés les cellules avec toi sont au pouvoir et ne font rien pour calmer le jeu.
Peut-être traumatisé mais pour l’instant les pseudo ont de beaux jours devant eux … en Tunisie !!!!!
Salut ! Bien content de te retrouver ! Sophie va bien ; elle ne vient pas souvent en Tunisie et je la comprends.
Concernant ceux qui sont au gouvernement maintenant, j’ai peut-être l’avantage d’avoir une vision externe sur des gens que je connais bien. C’est pourquoi j’ai beaucoup moins de craintes que la plupart de ceux qui ne les ont connus qu’après le 14 janvier. Wait and see…
Tu me rappelles que je disais à mes amis nahdhaouis que je serai leur premir opposant s’ils étaient au pouvoir et qu’ils commençaient à déconner. Ce qui n’est pas encore tout à fait le cas actuellement : ça cahote fort mais ça avance… enfin, j’espère :)
tous mes respects si foued .votre patience et devouement pour la cause de notre chere Tunisie sont un exemple pour tout tunisien .moi je suis heureux pour vous et je suis fier de vous .peut etre si vous avez continué votre specialité ,on n’aura pas eu la chance de vous connaitre . bonne chance ,je vous souhaite tout le bonheur du monde .
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre récit des événements durant cette période sombre de notre histoire ou toutes les libertés ont été bafouées et les institutions ont été appropriées en faveur du pouvoir. J’étais votre voisin, et comme vous l’avez cité vous étiez brillant dans vos études et vos voisins vous considèrent à l’époque comme un exemple de réussite et un modèle à suivre.
Je salut en vous votre modestie et votre ouverture d’esprit. Gardez le sourire qui est une de vos qualités.
Sahha mon ami,
ché pas si tu te rappelles encore… Les séances virtuelles du passé, des coups zabatiques par ci et par lá… Pas tellement si longtemps au fait… Bref ravi de te revoir en + mes félicitation pour la révolution, finalement, ainsi que pour le ramadan. En fin jte souhaite bon courage et bonne chance et à l’un dcès jours, qui sait?.
A propos j’ai préféré de guarder mon statut tel qu’il est, tant que j’ai commencé de la manière bein jreste ainsi quoi.
A propos saymin walla kil3aada ;)? En tout cas Sahha chribtikom.
Abdou.
laissez-moi vous le dire! C’est mon médecin de famille et j’en suis fière..et j’espère le garder longtemps
Tous mes respect si Foued , j’étais l’un des élèves de votre mère , et un des petits fils de vos voisins . J’étais très ému lorsque j’ai entendu votre histoire quand j’étais petit ( j’avais 10 -11 ans à l’époque ) . Et aujourd’hui que je connais la vérité , je le suis encore plus . Je suis passé il y a deux ans dans votre cab inet pour la signature de mon diplôme et j’en était fière. عسى أن يعوضك الله خيرا عن هذه الأعوام و عن حلم إختصاص لم يتحقق pour le plus grand bonheur des habitants de messadine qui ont eu en vous un medecin excellent et humaniste. Je ne sais pas Prq j’ai envie de vous dire pardon . Mes respects
Tous mes respect si Foued , j’étais l’un des élèves de votre mère , et un des petits fils de vos voisins . J’étais très ému lorsque j’ai entendu votre histoire quand j’étais petit ( j’avais 10 -11 ans à l’époque ) . Et aujourd’hui que je connais la vérité , je le suis hencore plus . Je suis passé il y a deux ans dans votre cab inet pour la signature de mon diplôme et j’en était fière. عسى أن يعوضك الله خيرا عن هذه الأعوام و عن حلم إختصاص لم يتحقق pour le plus grand bonheur des habitants de messadine qui ont eu en vous un medecin excellent et humaniste. Je ne sais pas Prq j’ai envie de vous dire pardon . Mes respects
Je me prosterne devant ta noble histoire foued.
Hommage à vous, Foued mais aussi à ta famille qui en a sûrement aussi souffert
Hommage à vous, Foued et je salue cette action qui triomphe de l’infinité des maux
Hommage à vous Foued je comprends aujourd’hui votre éternel sourire
Hommage à vous Foued votre sourire est vêtu d’une splendide armure de noblesse
Hommage a vous Foued de sculpter notre mémoire par la plume
Hommage à vous Foued d’éterniser ce patrimoine douloureux mais nécessaire pour notre prochain
ça fait longtemps que je n’ai pas lu d’article .. ni même une feuille.. pourtant j’étais une grande lectrice .. mais le sujet m’intriguait , connaissant personnellement Dr Bouzaoueche ..je ne saurais dire si je compatis.. ce n’est vraiment pas ce que je ressens .. peut être une désolation pour la spécialité non achevée , peut être pour le fait même d’être passé par une si mauvaise expérience sans avoir fait quelque chose pour la mériter .. bref, vous êtes une merveilleuse personne douce , généreuse et cultivée et surtout d’un contact très agréable et on ne soupçonnerait pas un instant une expérience aussi douloureuse dans votre vécu.. heureusement qu’elle n’était pas pire .. et heureusement que vous savez optimiser..
si foued, j’espère que personne plus jamais ne vive une expérience comme la votre quelque soient ses idées ou ses croyances. vous avez un devoir de mémoire de rappeler ce qui se passait sous le régime de ben ali et qui empêchera certainement les prochains gouvernants de refaire la même chose.
Bonsoir Foued,
Une modeste pensée à toi et à tous ceux qui ont souffert (à des degrés divers et parfois même jusqu’à ce que mort s’ensuive) et qui trouvent la force, puisée dans un triste et malheureux vécu, de s’ouvrir sur les autres pour un partage mais surtout pour ne pas occulter certaines vérités et perpétuer la mémoire.
Amicalement, Nabil
bonjour foued, j’ai été fortement interessé par ton récit et moi qui te connais bien depuis l’enfance
et qui connais un peu ce que tu a enduré je ne peux que te serrer les épaules et te dire quel brave homme tu es
mon cher frére et ami je suis très touché par ton récit car je garde et je garderais toujours tous mes respects pour vous et pour toute votre famille surtout à votre pére mr abdessalem qui était mon prof de sciences naturelles des années 73 -74 c’était un homme respectueux laborieux sincère et modeste toujours souriant possédant “un coeur propre” plein d’amour que notre bon dieu vous protège tous je termine en vous disant que disait notre prophète عجبا لامر المؤمن امره كله خير ان اصابه خير فشكر فهو خير له ان اصابه شر فصبر فهو خير له عليه الصلاة والسلام et meme si cette experience etait douloureuse pour vous et pour toute la famille mais vous l’avez assumée avec succès amicalement kamel.
Cher decepticus, j’ai été un de vos fidèles lecteurs sur TUNeZINE (au moment où les proxy etaient le meilleur cadeau qu’ on peut avoir), mais je n’ai jamais imaginé que Decepticus était notre médecin de famille.
Respect et chapeau bas.
Mes respects Dr. Bouzaouache.
tout mes respects Dr Foued
Amicalement Dr landolsi ramzi
Cher Foued ,j’étais très touché par la lecture de ta lettre dans laquelle tu relates avec un français superbe tes “années de braise”.tu l’as bien dit à la fin ,il faut tourner cette page définitivement et regarder vers l’avenir .Eh bien je ne suis pas complètement d’accord avec toi, car si on enterre toutes ces horreurs commises par ZABA et ses tortionnaires durant plus de 20 ans, notre révolution sera entachée de doutes et de “non dit” et notre démocratie sera chancelante et fragile car non “désinfectée” totalement et les risques de recidives persisteront .C’est bien de pardonner tous ceux qui ont fait mal et parfois très mal à des milliers de leurs concitoyens ,mais faut il d’abord les connaitre ,les nommer un à un ,les persuader à reconnaitre leurs exactions et à s’excuser auprès de leurs victimes .Après l’aveu vient le pardon!..Je conseille donc à chaque citoyen ayant subi des tortures sous ZABA d’écrire ou de dicter ses mémoires ( s’il n’a pas ta plume) de réunir toutes ces déclarations dans un grand registre régional et national et de lancer une véritable compagne de reconnaissance des faits suivie de pardon .Cette opération d’assainissement et de reconciliation entres les tunisiens bourreaux et victimes pourrait être faite par une organisation non gouvernementale et sans passer par la justice et ses lourdeurs.Tant que cette transparence n’existe pas et tant que le flou continue à couvrir notre démocratie encore balbutiante ,les fruits de notre “printemps” tarderont à murir et garderont un arrière goût d’amertume.Dr Moncef YOUNES
cher fouaed ; j’etais trés touché par ce tu as écris , pour tout ce que nous avons partagé ensemble chambre 2 ., mais tu as oublié une chose tés émotions et le trac , quand tu as la visite le samedi et surtout quand quand il y retard . .
Encore une fois …felicitations pour le CNOMT…toute confiance meritée
Quoi qu’on puisse imaginer le calvaire que tu as enduré …toi et ta famille on ne pourrait guere savoir vraiment les limites de cette expérience bipolaire qui renforce autant elle courbe le dos
sincerement je ne trouve pas mes mots qui d’ordinaire sont fluides comme de l’eau et bien parceque les larmes leur barrent le chemin ..des larmes d’amertume et de fierté ..amertume reliquat d’injustice qui t’as ete longtemps insurgée et fierté de t’avoir eu un jour comme ami de classe ( d’amphi ) et d’etre ton amie et ta collegue
j’abaisse mon chapeau pour ton courage …ta transparence et ton determinisme et je salue en toi Foued l’homme ..le medecin …le syndicaliste …et je comprend maintenant le secret de la serénité que j’ai toujours vue sur ton visage les rares fois ou je t’ai revu
mes respects demesurables pour ta personne integre et entiere …bonne continuation sur le chemin de la liberté et la dignité …be yourself for ever
ربي يحفظنا ويسترنا دنيا وأخرة
Si Foued un double bravo,pour le partage d’une histoire qui a été douloureuse non seulement pour vous mais pour toute votre votre famille ( et je sais de quoi je parle pour en avoir côtoyer une partie), et pour en avoir tiré les bonnes conclusions sans rancune aucune même vis à vis de vos tortionnaires. Vous êtes un médecin exemplaire et même si on vous a privé de finir votre spécialité ça ne vous a pas empêché de vous faire une place parmi les plus grands noms de la médecine dans le sahel. Bonne continuation
RESPECT ADMIRATION
Bravo si Foued pour ce parcours ,ce témoignage et ces différentes réponses aux commentaires, ça témoigne de vos qualités humaines. Je suis ravie de faire votre connaissance alors que votre nom m’est très familier . A bientôt cher confrère peut être bien lors de la célébration du 40 eme anniversaire de notre fac
chui trés émue …je salut votre courage si foued…je vous souhaite q d paix et d bonheur pr tt le restant de votre vie
cher ami je ne vais pas te blâmer c’est trop tard le mal est fait, mais j’aurai aimé que tu fasse comme tant de tes collègues qui ont suivi leur étude et ont fait bonne carrière dans la sérénité sans rentrer dans la poubelle de la politique qui a emmené tant de gens bien dans des gouffres à l’éternité, médecin brillant comme toi prkoi s’es mêlé à la politique, Cher ami pour faire la politique il faut être Sale et dingue, entre nous laissons la religion et Dieu de coté tout simplement parce que la religion reconnait la science mais cette dernière ne reconnait pas la religion, et puis après la révolte le pays s’est radicalisé et s’est tourné vers la religion et il ya eu l’apparition du Niquab, des Barbus, du Foulard et j’entendais bcp de gens autour de moi qui disaient c’est bien de retourner à nos valeurs islamique et la bonne conduite du prophète….. Juste une question ! Après ces illusions et retour en arrière avons-nous fait un pas en avant ou sommes nous revenu en arrière ?? Ghannouchi pour Séduire les électeurs il a su toucher leur faible quand il a promis de gouverner sous la « Chariaa » mais les résultats sont là et la situation est devenu catastrophique pour une Tunisie agonisante… ont parle trop de religion, du prophète, inchallah, si Dieu le veux etc… les arabes font les prières depuis la nuit des temps, mais arrivé à la Fin nous sommes quoi ? Qui ? Qu’ont elles produisent la religion et les prières ? Depuis la nuit des temps les arabes sont sanguinaires et presque tous les califes sont morts assassinés…. Les arabes entre eux ne se mettent jamais en accord, les arabes sont en faillite à tous les niveaux on ne fait que consommer jamais on pense à aider et participer à l’effort mondial pour faire avancer et progresser les sciences et les technologies, je suis mal dans ma peau de vivre dans sté hypocrite, Rachwa, hypocrisie, mensonges, laxisme, trahdin, arnaque, falsification, Dictature, et enfin la situation actuelle de Da3ech, de l’Irak , de la Libye et des Syriens qui s’entretuent chacun de son coté criant « Allahou Akbar » as-tu un SeuL pays Arabe Musulman qui mérite d’être cité comme exemple ? Enfin je constate que les génies qui font avancer les sciences et les technologies de pointe sont des personnes qui n’ont pas de Religion dans la tête, cher ami je n’est point l’intention de toucher à ta sensibilité juste une façon d’exposer mon point de vue…. ( souvent on pèse la faute sur le dos des autres jamais à Soi ) Je te prie d’ouvrir ces liens qui ont éclairé mon esprit, ( stp excuse mes fautes de frappe ou par inadvertance…..
https://www.youtube.com/watch?v=nzTRT5M6Kxg&feature=related
http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/tunisie-ennahdha-achete-des-armes-159195
http://www.marianne.net/Lettre-ouverte-au-monde-musulman_a241765.html
https://www.youtube.com/watch?v=f1AlScqHxaY
Désolé je croyais que mon commentaire était “parti en fumée” non que le site était modéré, et j’ai refait un autre commentaire, un “ersatz de comm””
Je prie ainsi le-la modérateur-e de publier mon premier commentaire, éventuellement. Merci