Pour une fois il y a du monde, pour voir le film « Fausse Note » de Majdi Smiri, avec une brochette d’acteurs du petit écran et du cinema : Hichem Rostom, Lotfi Dziri , Lotfi Abdelii, et même Mohamed Dahech l’humoriste.

Une affiche équivoque, ton de couleur verdâtre, trois hommes et une image violente « à l’américaine ».

Le film ne cache pas ses ambitions, dans toutes les présentations et pendant la campagne de promotion, l’expression « film à l’américaine » revient. Ceci me fait penser à ce que Fathi Doghri a reporté d’un entretien avec Godard : « Pensez-vous qu’il y a un cinéma arabe ? » -Godard : « Non, vous ne faites qu’imiter le cinéma occidental et sa structure. ».

J’entre dans la salle, un nombre record de personnes venues pour le visionnage. Même s’il y a des chaises vides, ça fait plaisir de voir d’autres occupées. Le film commence, l’univers de Majdi Smiri s’impose par lui même, le son fait son travail : amplifier l’intrigue et attirer l’attention du spectateur.

Après quinze minutes du début du film tout cela paraît lent, les gros plans se suivent pour tout et n’importe quoi. La gratuité des axes et des cadrages est assommante ; tout est prétexte au « style » sauf que trop c’est trop. Comment justifier un gros plan sur une assiette de fromage, et un plan visage sur Hichem Rostom qui mange du fromage ? De plus, la musique ne s’arrête pas. Cela donne l’impression que le réalisateur cherche, coûte que coûte, à impressionner le spectateur et à meubler une faiblesse scénaristique frappante. Les gens commencent à se déconcentrer dans les salles, ils rient et mangent.

Les belles voitures, une femmes surmaquillée disant des mots secrets, et puis le personnage de Juliette fille du « méchant », histoire d’amour impossible, qui aurait pu nuancer le film, mais qui est complètement tombé à l’eau. 50 minutes de déchaînement de testostérone, à coup de course poursuite pas crédible, de grosses caisses, de répliques clichées et j’en passe.

Le moment “émotion” devait être celui de la scène du port avec le pécheur ou le moment où il dit “je t’aime” à sa Juliette en pleine course poursuite. Mais voilà, éclat de rire dans la salle, personne ne s’identifie à ces dialogues, mélange de français pédant et de tunisien moue.

Je ne vais pas raconter le film, mais on peut saluer l’intention de surprendre à la fin. Par ailleurs tout cela était si prévisible. La surprise ne tenait qu’à un détail car le cinéma c’est “que des détails”.

“Fausse Note” est la preuve que faire un film ne se résume pas à réunir tous les clichés du genre “thriller”, il faut aussi de la recherche et une vraie intention artistique dans la mise en scène. “Fausse Note” ou comment imiter sans rien rajouter..

Mais comme je ne veux pas que nos salles ferment, achetez le ticket, entrez et faites-vous une opinion sur ce film, en espérant que les rires des spectateurs sortant de la salle de projection ne vous feront pas reculer.

Bande d’annonce de « Fausse Note » de Majdi Smiri