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Pas de drapeaux rouges pour la fête de la république! Cela aura étonné quelques uns et n’aura ému personne. Déjà en Mars, l’indépendance n’avait pas été fêtée -si on s’accorde sur une définition festive de la fête-. En même temps en Égypte, les frères musulmans ont lutté pour empêcher toute commémoration du mouvement nationaliste du 23 juillet mené par Nasser. Les “frères” ont obtenu une mi-victoire dont seuls les égyptiens ont la recette.

Nulle coïncidence, l’état national et tout ce qui le signifie dans la tête des gens n’est plus le bienvenu en terre arabe. l’échec cuisant de la construction des états n’aura laissé aucune chance pour ce qui est désormais considéré par certains comme une chimère. Nasser, Bourguiba, Assad, Kaddafi, Saddam et autres auront enfin trouvé un destin commun, celui de personnages hideux ayant brisé la barque de neur nation sur le rocher de leur dictature…ou ainsi semblent vouloir les dépeindre leur détracteurs.

Leurs détracteurs justement, qui sont-ils? Les islamistes certes. Ceux ci se disent patriotes. Patriotes mais pas nationaliste. Une jolie subtilité de langue qui cache une vérité politique fondamentale. L’état national n’a jamais été vraiment l’affaire de l’Islam politique. La nation selon leur optique est la nation de l’Islam. A son pays, on doit tout juste un sentiment d’appartenance et un devoir de loyauté. Mais on sait bien que sentimentalisme et politique n’ont jamais fait bon ménage.

Pourquoi est ce si important? Il faut remonter aux années cinquante. A l’époque, les états unis prenaient les leadership du monde en héritant les vieux empires britanniques et français. Sur leur chemin vers la main mise sur les affaires du monde, deux obstacles se sont présentés aux américains: Le premier a été le communisme soviétique; le second est le nationalisme. L’idée des américains pour se débarrasser de ces deux danger a été d’épuiser le premier dans un sprint d’armement qu’il ne tiendra jamais. Pour le nationalisme, il fallait tout juste le briser là où il s’opposerait aux intérêts des états unis et le canaliser là où il pourrait servir leur cause.
Les exemples ne manquent pas: de l’opération de la CIA contre Musaddak en Iran aux assassinats d’Alliende et de Lumumba en passant par les plans alpha et omega pour amadouer Nasser puis pour le détruire.

Bref, en ce qui nous intéresse, les états unis ont bien utilisé à leur profit l’antagonisme entre un conservatisme islamiste et un “progressisme” nationaliste. Ils se sont ainsi toujours accommodés des monarchies du golf qui, prétextant l’Islam, ont activement lutté contre toute forme de modernisme ou de renaissance nationale des peuples arabes. Alliés objectifs des américains, ils les ont soutenu et/ou financé tour à tour lors de la guerre du Yémen, de la guerre en Afghanistan et de la deuxième guerre du golf. Aujourd’hui aussi, ils se retrouvent encore dans le camp atlantiste avec la Turquie, Israël et d’autres pays arabes dans la manœuvre de la déconstruction de la Syrie (au delà de ce qu’on peut penser de ce qui s’y passe).

L’islamisme serait-il dans toutes ses formes un allié objectifs des “méchants américains”. Pas forcément, L’islamisme nationaliste à l’iranienne irrite au plus haut point Washington. l’Islamisme militant de hizbollah est une épine dans les pieds des américains et des israéliens tant il fait la démonstration de l’alliance possible entre islamisme et nationalisme. Quand a Hamas, elle est aujourd’hui à la croisée des chemins et finira, peut être, par gagner les rangs de “l’islamisme accommodant” sous la pression des frères musulman auxquels elle est affiliée.

l’Islam aura offert aux arabes leur premier état national central avec le prophète Mohamed et ses successeurs. L’accès à la civilisation s’en est suivi. Aujourd’hui, c’est en instrumentalisant cette religion qu’on est entrain de liquider le projet national de 400 millions d’individus. La sortie de la civilisation est au prochain carrefour..

Aymen Lahmar