Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens et Reporters Sans Frontières s’occupaient déjà de recenser les actes de violence et les agressions à l’égard des journalistes. Le Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse (CTLP) s’y met aussi, espérant ainsi que le fait de multiplier les voix permettra de faire baisser ce type d’acte.

Au cours du mois de novembre 2012 le Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse a recensé 11 violations contre la presse tunisienne. Le rapport publié par son Unité d’observation et de Documentation des violations contre la presse tunisienne, qui s’occupe de monitorer ce type d’acte, constate « que le rythme de dépassement pendant le mois de novembre 2012, est en constante évolution. » Et l’évolution serait spécialement marquée au niveau des convocations de journalistes devant la justice.

Ainsi un journaliste a comparu pour diffamation, une interdiction de diffusion d’émission a été tenté, un journaliste et un directeur de journal ont été inculpés, d’autres ont subit des agressions physiques, certains ont été empêchés de couvrir des événements…

Les violences et agressions contre les journalistes et personnel de l’information ne cessent pas. Le rapport du Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse ne devait initialement pas être publié maintenant : « Le rapport devrait être trimestriel mais l’actualité était trop importante pour attendre » explique Ahlem Bousserwel, coordinatrice de l’Unité d’observation et de documentation des violations contre la presse tunisienne du CTLP.

L’unité d’observation a été lancée en octobre dernier : « nous faisons un monitoring continu pour observer de prés ce qui se passe » explique Ahlem. Toute une procédure est mise en place lorsqu’une agression est rapportée : il y a un questionnaire précis à remplir, puis il y a une vérification des faits, avant que l’avocat Mondher Cherni, ne vérifie le dossier et décide si des poursuites judiciaires peuvent être intentées.

L’unité est formée de journalistes et des journalistes citoyens : Fahem Boukkadous en est le coordinateur, Mohamed Yacine Jlassi est le moniteur, Ahlem Bousserwel est assistante de projet, Tariq Gorani , blogueur syrien est le responsable du site et de la production vidéo.

Ce système permet également de classer les journalistes par spécialité, par région… et également de classer les atteintes et de faire la différence entre un simple agression et un harcèlement lorsque plusieurs événements sont faits contre le même média ou des journalistes, ou toujours commis par le même type d’individu.

Le CTLP, institution tunisienne proche du terrain et militante qui a ouvert ses portes au printemps 2011, défend la liberté de la presse en générale ne s’arrête pas aux journalistes mais concerne tous les acteurs en lien avec l’univers médiatiques : journalistes citoyens et blogueurs compris.

Le Centre se dresse en rempart pour aider les journalistes : « nous travaillons pour que les gens sachent qu’il ne faut pas violer les droits des journalistes. Nous sensibilisons les gens pour qu’il y ait un libre accès à l’information. Et avec le temps il y aura un changement de mentalité et de culture. » Un changement qui doit aussi bien avoir lieu au niveau des citoyens qu’au niveau des journalistes qui doivent apprendre à se protéger et à communiquer autour des agressions dont ils sont victimes , explique Ahlem.

Cette idée de transmission de la « protection » passe par le deuxième volet de l’action du CTLP qui consiste à former des jeunes et des correspondants en région. « Nous organisons des ateliers et des formations sur le terrain avec des professionnels internationaux. Nous avons déjà organisé une formation à propos de la liberté d’expression sur internet, un séminaire sur les médias et leur responsabilité lors des périodes de transition… »

Les ateliers et formations du CTLP s’adressent à toutes les catégories de personne travaillant à relayer l’information : « Il y a une mixité générale : de génération, de médium, de genre… » rapporte Ahlem Bousserwel.

On pourrait croire que le CTLP est une autre association de défense des journalistes dont l’activité concurrencerait celle du syndicat. C’est loin d’être le cas selon Ahlem, qui explique que le Centre ne se penche pas sur la question socio-économique de la profession, mais veut plutôt s’attaquer au fond et concentre principalement son travail à promouvoir la liberté de la presse et la protection des journalistes. Le CTPL a vu le jour grâce à une initiative de Fahem Boukkadous, journaliste militant, qui connait la réalité de la pratique journalistique de terrain et sait que la protection des journalistes est primordiale à un bon exercice de la profession.

Pour le CTLP protéger la liberté de la presse doit se faire au quotidien et doit concerner tous les acteurs de l’information : « journalistes, blogueurs, journaliste-citoyen, qui contribuent aussi à l’univers médiatique de la Tunisie même si ils ne sont pas « professionnellement » reconnus par l’Etat. Ils sont de toute façon reconnus pour leur poids médiatique…l’essentiel ne tient pas toujours dans une carte » conclut Ahlem.

Le rapport en français :

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