La plupart des problèmes qui surgissent dans la Tunisie postrévolutionnaire viennent de ce que la société prête plus d’attention aux phénomènes extérieurs qu’à ce qui se passe au fond intérieur du corps social. Or, il est bénéfique de porter son regard vers l’intérieur avant de le tourner vers dehors. En effet, la vie d’un individu est parsemée d’obstacles, d’embûches et de difficultés. Il serait bon, dès lors, de commencer par considérer les causes de nos embarras.
Tentons-en le recensement ? Le Tunisien est doué d’intelligence et, par cela même, il s’interroge. Il nourrit des doutes, des espoirs, des appréhensions. Dès lors, et puisqu’il semble que c’est le fait de penser qui engendre le citoyen constructif, ne serait-il pas préférable de penser à haute voix pour éclairer notre avenir ? Certes oui, car de même que la pensée suscite les difficultés, l’action de réfléchir les dénoue et nous amène à trouver des solutions.
Il apparaît donc qu’une part de notre pensée génère les questions, tandis qu’une autre les résout. D’un autre côté, le citoyen, désir naturellement le bonheur, la paix et le confort. Ne voit-on pas le plus misérable des Tunisiens tenter de défendre son existence contre les dangers qui l’assaillent, faisant tout pour éviter la souffrance et la douleur ?
Ainsi, chaque Tunisien désire le bonheur et repousse la souffrance. Dans ce sens, tous les citoyens sont égaux et ils possèdent, en plus de cette tendance juridico-naturelle, des facultés intellectuelles dont ils usent pour favoriser le bien et éloigner le mal, et c’est à ce point que naissent l’esprit de la citoyenneté qui symbolise le respect des droits et devoirs, permettant une vie en communauté harmonieuse et durable.
Chaque citoyen exerce à sa façon la citoyenneté telle qu’elle est établie par les lois et intégrée dans l’ensemble des mœurs de la société à laquelle il appartient. Dans la quête de l’allégresse, les citoyens ont emprunté des chemins différents qui se sont révélés le plus souvent complémentaires. Dès lors, comment faudra-t-il procéder pour reconstruire la nouvelle Tunisie ?
On a constaté, dans le cours de l’Histoire, que souvent, lorsque les différentes communautés humaines affrontent des crises, elles y répondent par une force envie pour survivre. Ici, il semble opportun de mettre la notion de l’événement révolutionnaire sous le microscope des diverses disciplines des sciences humaines pour on mesuré la fécondité. À ce niveau, les différentes analyses faites en ce domaine, nous montre un déplacement de l’approche du fait politique de l’amont vers l’aval : Tel est le nouveau grand déplacement, grâce auquel en peut parler d’une renaissance de l’esprit citoyen.
Néanmoins, il convient, tout d’abord, de se tourner vers le moment « zéro » pour restituer l’image de la Tunisie postrévolutionnaire ou en d’autre terme reconstituer l’acte révolutionnaire qui a balayé la dictature et la mentalité du despotisme orientale pour passer directement, et sans préparation, à la démocratie et à la pluralité dont l’usage est attesté à travers le nombre incalculable des partis politiques, à travers les associations de la société civile et via les différentes écoles idéologique qui circulent sur l’Agora.
Cette renaissance de la société tunisienne, cette reproduction collective de l’esprit de la citoyenneté signifie donc l’inauguration d’une nouvelle ère et une coupure épistémologique avec le passé. Le 14 Janvier 2011, quand le totalitarisme du pouvoir atteint son sommet et quand la corruption devint une maladie contagieuse qui contamine toutes les administrations de l’État, le peuple tunisien qui était immobile durant plus de 23 ans, commence à bouger ce qui a donné le grand séisme qui a approché la mort d’un régime avec tous ses symboles.
À ce moment, les tunisiens ont pris une discision historique : préparer le tombeau de ce régime, mais les fils d’Elisa décident aussi de se reconstruire de nouveau dans un acte qui cherche la vie, la liberté et la dignité. Ici, la résurrection est consommée, et le peuple figure comme un sphinx ressuscité qui défie son destin.
L’événement de la révolution est un Phénix qui ne disparait jamais de la mémoire collective des tunisiens (et surtout de la mémoire de cette génération qui était la dynamo de ce grand bouleversement). Après le grand événement, le temps est à reconduire le pays, à travailler la main dans la main pour le futur d’une Tunisie prospère. Le Phénix doit se métamorphoser en Sphinx qui s’allonge en majesté pour protéger les acquis de la révolution d’une société dont le futur devait êtres mieux que son passé.
Mohamed Arbi Nsiri
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