Tunis, 14 janvier 2013, c’est jour de manif, mais aussi jour de récup’ ! Afin d’aller au-delà de l’institutionnalisation de l’aspect « carnaval » de la révolution, nous sommes allés au contact des rassemblements les plus théoriquement apolitiques, pour constater que politique et esprit partisan sont en réalité omniprésents…
L’an 2 de la Tunisie démocratique part-il sur des bases saines ?
Finie l’ambiance conviviale du 13. Lundi matin, les jeux sont faits très tôt, pour ne pas dire que les dés sont pipés : les imposants cordons de police déployés au centre-ville ne sont pas le seul obstacle pour qui souhaitait commémorer spontanément la révolution : les autorités en ont déjà attribué les points symboliques, le Théâtre municipal et la Place du 14 janvier, respectivement au Mouvement Ennahdha et aux mouvements salafistes.
Du coup, les cortèges de l’opposition avancent en terrain miné. Quand ils n’essuient pas des coups via de sporadiques échauffourées, ce sont les brimades verbales habituelles, visibles ci-dessus : « Vous pesez 0% », lancent à leur passage les partisans d’Ennahdha ainsi que des manifestants visiblement « pieux ».
Plus problématique est la généralisation du slogan « Ni gauche, ni Nidaa », en ce qu’il est porteur d’une forme de tentation totalitaire. Une tentation faussement révolutionnaire quand elle exclut aussi ouvertement la gauche, et l’associe fallacieusement à l’ex RCD, quoique une partie de la gauche est tentée par une alliance avec le parti de Béji Caïd Essebsi.
Dans le même ordre d’idées, la municipalité de Tunis a autorisé des banderoles affichant des slogans inédits, à des points stratégiques, où l’on peut lire que « Notre révolution est celle de l’identité et des valeurs humanistes ». Personnellement je l’apprends ! Ainsi est glissée insidieusement l’idée que « l’identité » était une demande de la révolution de 2011 (ce qui est un mensonge qui la substitue ici au social), et qu’entre identité et idéaux universels, c’est la première qui prévaut.
Ceux qui sont restés attentifs aux débats de l’Assemblée constituante cette semaine auront observé que nous en sommes encore là également sur les bancs de l’ANC : à revenir sur des fondamentaux que nous pensions avoir dépassés. Comme la primauté de l’universel, une notion à nouveau associée à l’Occident par la droite religieuse, à mesure que l’échéance du vote sur le texte constitutionnel approche.
Ainsi Jamel Bouâjaja, élu Ennahdha (Bizerte), feint de se demander, décomplexé, « Mais quelle est donc l’identité de cette Constitution ? Est-elle arabo-musulmane répondant aux normes du Coran et de la Sunnah, laïcarde-moderniste répondant aux exigences de l’Occident, ou encore une Constitution sans identité, aspirant à contenter tout le monde ? ».
Mais l’ultra conservatisme n’a pas l’apanage de cette position archaïque. C’est Abderraouf Ayadi qui lors de sorties toujours plus extravagantes se chargeait de rappeler que l’extrême droite nationaliste est en parfaite harmonie sur ces thèmes avec les religieux, au nom du souverainisme. Le chef du mouvement Wafa va même plus loin en appelant les Tunisiens à se « défaire de leurs complexes vis-à-vis du djihad » (voir la vidéo complète ici).
Un paysage politique qui se décante
Pour autant, faut-il s’inquiéter pour la transition démocratique et le processus constitutionnel en cours ? Pas pour l’instant, s’agissant de l’extrême division de la rue, certes préoccupante, observée le 14. Très polarisés, ces clivages font davantage penser à une mise en marche balbutiante du pluralisme, avec tout ce que cela implique d’excès et de fausses notes.
L’alarmisme ne devrait pas être de mise non plus concernant une ANC où un islam politique non encore réformé est en somme dans son rôle. En tentant de criminaliser l’avortement, de lutter contre le sécularisme et l’abolition de la peine de mort, Ennahdha mime les droites et les extrêmes droites occidentales.
Pour peu que l’on soit optimiste, on retiendra que ces débats de société ont été ouverts dans les rangs des conservateurs précisément grâce à la phase constituante, qui amène ces derniers à négocier et parfois à reculer, même en étant techniquement majoritaires. Quant aux positions les plus exotiques, elles font de plus en plus sourire à l’intérieur de l’ANC et se marginalisent à vue d’œil.
Reste une position, médiatique celle-ci, qui a le vent en poupe : dans les colonnes d’une presse très lue, on entretient sciemment l’amalgame entre révolution et récupération politique de la révolution, pour justifier une forme de nostalgie qui ne dit pas son nom.
Session de rattrapage pour Nidaa Tounes
Le 14 janvier, le cortège Nidaa Tounes, esseulé, était lui aussi des plus politisés. Même quand ils se rapportent à la révolution, 100% des slogans sont dirigés contre le gouvernement. Une façon de suggérer que l’on ne peut pas célébrer la révolution sans « faire le jeu » du nouveau pouvoir.
Samedi 19 janvier, la rhétorique « Call of Duty » laissait place à l’appel du pragmatisme… Au grand complet, et plutôt profil bas, une délégation composée de « BCE » lui-même, Ridha Belhaj, Lazhar Karoui Chebbi, Mondher Belhaj Ali et Moncef Marzouk, se rend au siège du parti al Joumhouri, dans un geste politiquement intéressé.
Au menu, la « casserole de l’interview du Maghreb », dont il s’agit de laver l’affront juste à temps, quelques minutes avant que ne se réunisse le comité central d’al Joumhouri, chargé de trancher sur les questions d’alliances futures et d’éventuelle entrée au gouvernement. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le comité est encore réuni, 8 heures après le coup d’envoi.
Il faut dire que la classe politique tunisienne, déjà connue pour son goût prononcé pour les pourparlers marathoniens, remporte cette semaine la palme des tractations les plus interminables en coulisses. Une tradition du huis-clos perpétuée dès jeudi 17 janvier par Ettakatol, dont la réunion de crise était censée sceller son avenir au sein de la troïka, mais qui au final accouche d’une souris attentiste.
Face à ce marasme, dans sa déclaration finale à l’issue de la célébration du 67ème anniversaire de sa création, l’UGTT n’en démord pas : le syndicat a appelé samedi à réactiver sa proposition de dialogue national.
Mêmes atermoiements pour la diplomatie tunisienne cette fois : les 3 présidences se sont réunies jeudi pour déterminer une position commune quant à l’intervention française au Mali. Ambigu, le communiqué qui en ressort dit « comprendre la décision souveraine du Mali ». Mais dès le lendemain, Adenène Mnasser, porte-parole de la présidence, est contraint de préciser que « la Tunisie ne soutient pas l’intervention française »…
Pendant ce temps-là c’est le Kef qui prend le relai de « la révolution continue ». Après une grève générale et une marche géante a priori dénuées de tout reproche de politisation, les locaux demandent à présent le départ du gouverneur. Signe qu’à la Kasbah, on n’arrive décidément pas à s’extraire de la spirale infernale des insurrections chroniques.
Seif Soudani
Avec ce remaniement au niveau du gouvernement, comment la légitimité doit continuité ? De ma part il y a cinq enjeux principaux, est une solution à l’honneur de tout le monde.
1- Assurer la continuité de l’action gouvernementale : au niveau du gouvernement et la continuité de l’action gouvernementale, le tout doit continuer à s’exercer, au niveau de la gestion ordinaire des affaires, les différents suivis aux projets (réalisation pour les projets engager, la mise en œuvre des démarches…). La vie économique à besoin de continuité de la dynamique engagée (…), le travail sur les hautes instances des medias, de la justice… doit continuer et s’achever ;
2- L ’ANC a besoin d’un environnement politique et social favorable, pour mieux faire le travail demandé : au niveau de la constituante, les groupes de travail sur le constitution, le groupe de travail sur la loi électorale, sur l’isie, sur la justice transitionnelle et les affaires des martyrs, des blessés du basin minier et de la révolution, et le dossier des martyrs et torturé-é-s , prisonnier-e-s politiques et les militants militantes des droits de l’hommes, sous la dictature. S’il y a un groupe de travail sur les hautes instances des medias, de la justices… en lien avec le gouvernement il faut qu’il continue (il s’agit alors de la continuité de l’action du gouvernement et de la continuité des reformes urgentes qui vont permettre , une justice qui a le sens de la justice , ça va permettre aux medias de faire un travail démocratique et dans l’intérêt du peuple, et puis ça va permettre l’organisation des futures élections dans la transparence et la bonne organisation. Tout le monde est pour que les choses avancent au niveau de la constitution, au niveau le la nouvelle isie, au niveau de la justice transitionnelle, au niveau des hautes instances des medias, de la justice. A entendre les différents partis politiques, ils sont tous pour la justice transitionnelle, et que ce n’est pas un sujet qui divise, du moment où on se réclame de la révolution, et on souhaite mettre fin aux pratiques tyranniques et despotiques du passé. Il faut prendre les gens au mot et avancer ;
3- Rompre avec les accusations et les troubles sociaux, pour gagner un environnement saint: au niveau des mouvements sociaux, et colère sociale grèves, sit in, attaques répétitives aux forces de l’ordre… les groupes qui incitent aux troubles regagneront leurs coquilles. On accuse tout le temps, l’actuelle équipe de l’ugtt, et ses directions régionales, les directions et les militants des partis qui composent le front populaires et des anciens rcd, d’être derrière ces troubles et mouvement qui ne font que faire perdre aux gens leurs temps et à l’état ses moyens, alors par ce nouveau gouvernement élargi, on rentre dans une période de calme social et on laisse le nouveau gouvernement travailler pour achever sa mission jusqu’aux prochaines élections. Par la clarté d’agenda clair que ce nouveau gouvernement va poser, il n’aura pas des raisons « peurs, psychoses, des prétextes », pour rentrer dans des mouvements de troubles qui n’avancent qu’à l’anarchie, et qui n’est sont dans l’intérêt de personne, sauf servir la contre révolution. Nous auront tous une clarté et nous pouvons s’interposer par force et unis aux actions contre révolutionnaires (troubles, contre bandes, terrorisme). Les accusations mutuelles, (une fois l’ugtt, une autre fois les ligues de la protection de la révolution, et ainsi de suite en passant par le front populaire, nida tounis… tout cela cessera et on accorde ces + ou – 6/9 mois à ce nouveau gouvernement pour achever les missions du processus de la transition;
4- La fin des querelles infantiles : le tiraillement politique, dégage, et la préservation du pluralisme, bien venu. Là aussi tout le monde gagne : -Le pluralisme devient sans tiraillement, mais un combat d’expression politique libre et de proposition des idées et du projet, des différents projets. -La Tunisie à besoin de cette démarche dans un environnement saint, et ce n’est pas le sujet de la justice transitionnelle qui va énerver certaines parties, ni certaines personnes acteurs politiques ou syndicaux. à écouter tout le monde, ils sont, nous sommes tous d’accord pour que justice transitionnelle soit effectives, et que les responsables seront punis, et que la tunisie plie une fois pour toutes le passé de la dictature et qu’on rentre tous dans une ère de la démocratie et du pluralisme et du travail pour avancer dans la réalisation des objectifs de la révolution, nos objectifs d’avenir;
5- Mettre fin à la violence politique (les violences politiques), devient un engagement partagé : cette violence est condamnable, elle émane des différentes parties, donc il faut faire la paix, ou bien l’état est légitime est de droit de prendre des décisions sans discuter avec aucune partie, et engager des actions les plus adéquates pour faire régner la paix sur l’échelle de tout le territoire et les espaces de rassemblement politique (hôtels, salles…). Je ne demande pas l’intervention de l’armée sur chaque quartier, et à chaque réunion d’un parti, devant chaque local ou siège d’un parti ou un autre. Par la fin du tiraillement, d’incitation à la haine, la fin des discours qui propagent la peur, les peurs et les rumeurs, tous les partis politiques travailleront dans un atmosphère de sécurité, et celui qui dérive il assumera sa responsabilité immédiate, et surement future, lors des élections futures.
Conclusion :
Par constat d’une part de la situation difficile (troubles sociaux réplétifs, terrorisme qui menace), d’autre part par le fait de la signature du contrat social tripartite qui offre davantage de clarté des rôles de chaque signataires (état, ugtt, utica), et sans oublier l’engagement de l’ugtt de participer davantage à favoriser un climat social apaisé, et par le fait de la réussite du congrès du syndicat des patrons et leurs vœux annoncés et volonté exprimée de contribuer davantage au processus de développement « investissements/création d’emplois » et de travailler tous les trois (état/ugtt/utica) pour mieux garantir les meilleurs conditions de travail, de participer tous à créer un environnement saint pour les verbes (investir, entreprendre, travailler, gagner mieux sa vie), alors devant ces quatre états de fait, il devient judicieux de passer à une autre échelle de réussite (finir le processus de la transition).
Je propose alors :
– Au vu de ces éléments, par l’initiative du chef du gouvernement, il remet la démission de son gouvernement au président de la république ;
– le président de la république, et sans attendre ni réfléchir, le charge à nouveau de former un nouveau gouvernement adapter à la situation, (comme le 22 janvier un remaniement sera annoncé), on tardera l’annonce d’un jour ou deux pour mieux affiner la concertation avec d’autres parties qui ont hésité de prendre partie au remaniement , et on pourra avoir un ou deux autres partis qui intégreront le nouveau gouvernement. Et si la composition du nouveau gouvernement est prête, il lui remet immédiatement la liste, et le président déclare sur place l’investiture du nouveau gouvernement.
Remarque :
Si on agit de cette manière et au vu de ces 5 éléments « d’état de fait effectif » à mon sens et au vu des discours de chaque partie (gouvernement, ugtt, opposition, utica), tout le monde sortira la tête haute, car il ne s’agira en aucun cas d’un quelconque échec, ni pour le gouvernement, ni une réussite de la contre révolution, mais d’une réponse adaptée à la situation, et surtout que l’opposition actuelle dans sa forme du 24 octobre 2011 (pdp, elaridha echabbiya, poct…), elle n’était pas en condition de participer au gouvernement, et là , au jour d’aujourd’hui, elle a eu un long et bon temps nécessaire pour se formuler en des pôles, partis, fronts… mieux structurés et davantage unies et clairs dans leurs visions politiques, et que la transformation politique a touché aussi le cpr et ettakatoul qui font partie de l’exécutif gouvernemental, alors cette nouvelle situation de l’opposition, et de ces deux formations du gouvernement (cpr et ettakatoul) offre le besoin et même la nécessité , de revoir les alliances au niveau de l’exécutif gouvernemental, pour assurer davantage de représentativité vis-à-vis du peuple, et d’assurer une action gouvernementale avec davantage d’implication des composantes politiques. C’est la mission légitime du plus grand groupe représenté à l’ANC, du moment où ce large groupe d’ennahda n’est pas dans une logique de diviser la société, ou dans un optique d’allonger la période provisoire. Pour ce qui est du travail de l’ANC, les choses sur les grands dossiers (constitution, isie…) avancent, à ma connaissance, par la règle du consensus, et il n y a pas des grandes ambigüités qui empêchent le travail des constituants de continuer, et même par ce nouveau acte d’intelligence politique (le nouveau gouvernement), ça peu impulser davantage le travail à l’ANC.
Thaya tounis. Ben Ali harab. Mandhouj Tarek.
titre: Avec ce remaniement au niveau du gouvernement, comment la légitimité doit continuer ? et non pas doit continuité. merci.