Chaque semaine, nous essayerons, dans cette chronique, de résumer l’actualité économique nationale, afin d’avoir une vue d’ensemble et ne pas se noyer dans la masse gigantesque d’informations disponibles et de pouvoir, assurer ainsi, le suivi des projets annoncés.

Lundi 4

Le ministre des finances, Elyes Fakhfakh, annonce l’augmentation des prix des hydrocarbures : 100 millimes pour le sans plomb et 80 millimes pour le diesel. Il en profite pour annoncer aussi l’augmentation du prix de l’électricité de 7%. Ces mesures devraient, d’après lui, baisser le budget des subventions de 500 MD.

Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, demande au chef de l’éxécutif, H. Jbali d’assurer la stabilité politique du pays pour pouvoir relancer l’économie. A l’heure où j’écris cet article, je ne peux m’empêcher de penser à l’avenir de cette économie suite à ce qui se passe dans notre petit pays…

La CTN annonce la 1ère liaison maritime marchande régulière reliant Radès au port libyen El Khoms pour le 11 février.

Le ministère du commerce assure que le lait sera disponible en quantité suffisante en février. Pour soulager les yeux des manifestants attaqués au lacrymogène, rien de plus efficace…

Mardi 5

Une explosion dans les locaux du groupe chimique entraine une fuite d’ammoniac et déclenche la panique chez les habitants de la région de Chat Selem.

Les travaux pour le gazoduc du sud tunisien devront commencer en avril, et dureront 30 mois.

Les travaux pour l’autoroute A3 (Wedi Ezzarga- Bousselem) dureront 36 mois et commenceront après la saison des pluies.
Du nouveau pour le Réseau Ferré Rapide (RFR) ; la première tranche de 29 km coutera 950 MDT et sera terminé dans 3 ans.

Le ministre de l’agriculture impute la pénurie des engrais azotiques (DAP) aux grèves et aux sit-in dans le bassin minier.

La CONECT, centrale patronale née après la révolution, déclare que la loi de finances est décevante.

Mercredi 6

En entendant la terrible nouvelle , j’ai eu une pensée égoïste mais sincère : comment parler économie en de pareils moments. L’être humain est ainsi fait, mais j’ai décidé de le faire, par respect à cet homme qui a voué sa vie pour la justice sociale. Nulle justice sociale sans une économie qui permet à son peuple de vivre dignement. Mon travail sert, je l’espère, à éclairer les tunisiens sur les informations qui peuvent influer leur quotidien et leur vie et mon souhait est qu’ils puissent, à travers nos éclairages, comprendre les mécanismes qui gèrent et qui conditionnent leur économie et donc leur dignité.

Tout le pays réagit spontanément à l’annonce du crime atroce. Des manifestations et des actes de violence éclatent dans tous les gouvernorats. Le Tunindex s’écroule de plus de 3% en une seule journée, ce qui fera envisager une suspension des cotations, annulée au dernier moment.
Les tours opérateurs s’inquiètent pour la saison touristique, et en soirée, Jbali annonce la constitution d’un gouvernement de technocrates sans consulter aucun parti de la Troika.

Jeudi 7

La situation reste tendue dans une Tunisie sous le choc après son 1er assassinat politique de l’ère postcoloniale.
Le parti Ennahdha refuse catégoriquement les propositions de Jbali, ce qui crée un imbroglio politique et juridique.
L’UGTT annonce une grève générale pour le vendredi 8 Février, soutenue par les différents partis de l’opposition.

Vendredi 8

Chokri Belaid est accompagné par des milliers de tunisiens à sa dernière demeure sous une pluie de bombes lacrymogènes. Plusieurs marches symboliques sont organisées en parallèle dans tout le pays.
Des pilleurs en profitent pour saccager des biens publics et privés. Le calme finira par régner à la fin de la journée.

La grève générale est une réussite totale, ainsi, tout les vols depuis et vers la Tunisie sont annulés, chose inédite depuis le 14 janvier 2011.

H. Jbali insiste sur son gouvernement sans couleur politique malgré le refus de son parti.

Fitch Ratings pourrait baisser la note de la Tunisie suites aux derniers évènements.

J’ai eu beaucoup de mal à écrire ces quelques lignes. L’ampleur des dégâts que peut causer un acte si lâche nous laisse perplexes et l’économie peut nous paraitre bien futile et même inhumaine face à de tels évènements. Mais la vie, comme l’économie, continue. Je ne vous dirais pas bonne semaine cette fois, mais bonne chance, que le sang de nos martyrs immortels ne soit jamais versé en vain, et c’est pour cela que nous devons continuer, même si parfois, nous avons l’impression de ne plus en avoir ni le courage, ni l’envie.