Halte à l’abandon des réfugiés en Tunisie !
Le 17 mars 2013, 12 réfugiés parmi les 22 Palestiniens vivant à Choucha sont entrés en grève de la faim. Ces personnes ont été reconnues réfugiés par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR), statut qui, tant qu’il n’y aura pas de loi sur l’asile en Tunisie, ne donne aucun droit à ces personnes sur le sol tunisien. Leurs revendications rejoignent celle des réfugiés qui se sont mobilisés durant les dernières semaines : ils refusent les projets d’intégration en Tunisie et s’estiment discriminés en tant que Palestiniens dans l’accès aux services du camp et à la réinstallation. Cependant, ces réfugiés souffrent d’un problème juridique supplémentaire: sans Etat palestinien, ils ne peuvent compter sur leurs passeports pour se rendre dans d’autres pays ou retourner en Palestine. Comme tant d’autres réfugiés, la seule issue reste la réinstallation dans des pays dotés de systèmes d’asile et pouvant leur assurer une protection internationale.
Le FTDES rappelle que cette mobilisation n’est pas isolée. La dernière semaine du mois de janvier, les réfugiés non-statutaires de Choucha se sont rendus à Tunis pour observer un sit-in devant le HCR et demander la réouverture de leur dossier et la réinstallation pour tous. Le 27 février, des réfugiés statutaires installés à Medenine ont effectué un sit-in au bureau du HCR de Zarzis pour demander leur réinstallation, refusant les programmes d’intégration en Tunisie.
Les 5 et 6 mars, un groupe de réfugiés statutaires qui se rendait aux bureaux du HCR de Tunis pour refuser les programmes d’intégration et demander au HCR d’être réinstallés a été arrêté par les autorités et renvoyé au camp de Choucha. Plusieurs personnes ont été insultées et frappées lors de ce renvoi. Malgré l’ensemble de ces revendications et la fermeture imminente du camp de Choucha, aucune mesure n’a été prise par le HCR ni par le gouvernement tunisien.
Les réfugiés se trouvent donc dans l’impasse. Statutaires ou non, se trouvent sans aucun statut juridique en Tunisie et sans aucun droit. Ils refusent d’être intégrés en Tunisie et souhaitent rejoindre des pays dotés de systèmes de protection effectif, ce qui n’est pas le cas de la Tunisie qui n’a pas encore de loi sur l’asile. Tous expriment des craintes graves d’emprisonnement ou de mauvais traitements en cas de retour dans leur pays. Beaucoup ne disposent même plus de passeports, souvent perdus lors de leur fuite des combats en Libye. Dans cette impasse, les réfugiés risquent fort de finir par embarquer irrégulièrement pour l’Europe au péril de leur vie.
Devant cette situation, le FTDES dénonce fermement la passivité de l’Union Européenne, de la communauté internationale et des autorités tunisiennes devant des personnes qui se trouvent sans aucun droit et sans possibilité de sortir légalement du pays. Le FTDES souligne le risque pour ces personnes de retourner dans leur pays de nationalité mais aussi leur grande vulnérabilité en Tunisie tant qu’elles n’y auront pas de titre de séjour qui leur donne des droits. Nous soulignons aussi l’importance d’éviter à tout prix que d’autres tragédies en mer se produisent, comme nous en déplorons régulièrement jusqu’à aujourd’hui.
Nous demandons en conséquence:
la réouverture de l’ensemble des dossier d’asile des réfugiés non reconnus
l’octroi d’une réinstallation dans un pays doté de système d’asile à l’ensemble des réfugiés présents en Tunisie
tant que les deux mesures précédentes ne seront pas prises, l’octroi de titres de séjour tunisiens à l’ensemble des réfugiés
Le président du FTDES, Abderrahmane Hedhili
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