Crédit photo : Asma Abdelkarim

Le Salon du Livre de Paris n’est plus à présenter. Devenu une institution depuis sa création en 1981, le salon qui se tient tous les ans, depuis 1992, au Parc des Expositions de la capitale française, rassemble cette année plus de 2000 auteurs et 1200 exposants venant de 45 pays du Globe. Après Buenos Aires en 2011 et Moscou en 2012, c’est Barcelone, mais aussi un pays : la Roumanie, qui sont à l’honneur cette année. Le Salon, qui se tient du 22 au 25 mars, accueille, entre autres, plusieurs stands des pays de la région MENA. Ils sont quant à eux représentés, pour la plupart, par les stands des ministères de la Culture des pays respectifs et, en tout état de cause, par un organe officiel de l’Etat.

La Tunisie dispose d’un petit stand, orné d’un drapeau approximatif. Immense étoffe rouge satinée, froissée, au milieu de laquelle se perd une étoile et un croissant blancs, disproportionnés et décousus par endroits. Une maigre production, aux pages jaunies, est éparpillée sur les étalages. Mme Najat Milad, propriétaire de la librairie Averroès sise au boulevard Saint Germain à Paris, nous explique que la Tunisie ne participe pas officiellement au Salon du Livre de Paris cette année et que ce stand est le fruit d’un effort personnel de Mme Milad qui est de nationalité tunisienne : « Cela me fait mal au cœur que mon pays ne soit pas présent à une manifestation culturelle de cette envergure, j’ai pris l’initiative de louer ce stand avec mes propres moyens, c’est le minimum que je puisse faire pour mon pays qui souffre ». Ce geste est donc louable et l’aspect rudimentaire du stand devient compréhensible. L’Egypte est également totalement absente, et quand on connait l’héritage culturel de ce pays le constat est encore plus triste.

Il est vrai que le stand libanais est le plus diversifié par sa matière mais il reste relativement petit compte tenu du nombre des maisons d’édition présentes dans le pays. Dans les autres stands de la région, la politique de l’Etat semble être la ligne directrice de l’exposition et ce de l’Arabie Saoudite au Maroc, de l’Algérie au Sultanat d’Oman.

Hormis le stand du Salon International du Livre de Sharjah, salon programmé en la ville éponyme en novembre 2013, dont l’esthétique recherchée et le design attirent les visiteurs et les curieux, les stands de la région MENA brillent par leur aspect soporifique. On est loin de la dynamique qui anime les stands des maisons d’édition françaises ou les stands des médias français, à l’instar de Libération ou de France Télévisions, ou encore les stands des pays comme la Roumanie ou le Congo. Cet état de fait nous pousse à conclure que la promotion de la culture a encore du chemin à faire dans une région souvent secouée par les crises politiques et sociales.