Chadly Ayari, gouverneur de la Banque Centrale et Elyes Fakhfekh, ministre des finances. Crédit image : Leaders.com

Suite à la fuite de documents confidentiels qui concernent une demande d’intention à destination du FMI concernant un prêt de « précaution » de 2,7 Milliards de Dinars, plusieurs médias, dont Nawaat, ont analysé et critiqué ce choix économique. L’ancien ministre des finances de la Troïka, Mr H. Dimassi, s’est exprimé, sur une chaine de télévision, pour avertir que le FMI dictera ses exigences et que la situation économique alarmante et l’impossibilité de se financer autrement sont à l’origine de ce choix.

C. Ayari, gouverneur de la Banque Centrale, a répondu en organisant une conférence de presse, ce Lundi 1er Avril. Il s’est dit scandalisé par cet alarmisme exagéré, en insistant sur le fait que la souveraineté nationale n’est pas en danger. Il a insisté sur la non-négociabilité de la souveraineté nationale et réitéré la position officielle du gouvernement : « les réformes » proposées sont à l’initiative de la Tunisie et rien n’a encore été décidé.

Il a insisté sur la meilleure position de la Tunisie, par rapport à l’époque du premier ajustement structurel imposé au pays en 1986, en défilant des statistiques, favorables à son avis.
Il a aussi réitéré sa position concernant l’amélioration de la situation du secteur bancaire en assurant que le concours de la Banque Centrale aux banques est passé de 5 à 3 Milliards de Dinars par jour.

Dans ce cadre, il a annoncé la baisse du taux de réserve obligatoire sur les crédits de consommation, de 50% à 30%, ce qui aura pour effet de restimuler la consommation des ménages mais qui aura un effet négatif sur la balance commerciale et les réserves en devises du pays.
Il a ensuite attribué le ralentissement économique à la baisse de l’activité minière et non à la crise en Europe.

Nous rejoignons la position de notre confrère, Sofiene Ben Farhat, concernant le droit légitime de réponse sur nos colonnes, et sur la dénonciation de cette énième attaque envers les médias qui veulent soulever le débat concernant l’orientation économique du pays et le questionnement de l’impact de tels réformes inspirées par le dogme néo-libéral.

Nous demandons aussi des explications de Mr. Le Gouverneur quant à certaines informations :

  • Pourquoi n’avez-vous pas parlé de l’augmentation du ratio d’impayés bancaires qui augmentera de 13 à 18% d’après le document fourni au FMI ?
  • Pourquoi ne pas avouer le réel coût de la recapitalisation des banques qui avoisinera 2.6% du PBI (1.78 Milliards de Dinars) alors que l’état n’a prévu que 60 Millions de Dinars au titre de cette recapitalisation dans le budget 2012 ?
  • Qu’en est-il de cette loi de finances rectificative, qui prévoit de diminuer les dépenses d’investissement et d’allouer plus de 500 Millions de Dinars à cette recapitalisation ?
  • Est-ce que l’annulation du resserrement des crédits de consommation ne va pas accélérer l’augmentation de l’inflation qui a atteint 6,5% en Mars (Record absolu en passant) ?
  • Comment influencera le nouveau système de fixation des prix de l’Energie sur le niveau de vie du Tunisien ?
  • Qu’en-est il du vrai ratio d’endettement de la Tunisie, surtout en matière d’endettement à court terme ?
  • Pourquoi l’audit de la dette tunisienne n’est pas été inscrit dans l’agenda du gouvernement ?
  • Est-ce qu’une étude d’impact a été réalisée quant à la baisse du taux d’imposition des sociétés vers un taux nul ? Comment l’état compte financer ce cadeau fiscal qui représente plus de 1,7 Milliards de Dinars par an!
  • Qu’en est-il des chiffres erronés, nous avons démontré dans notre précédent article que ce n’est pas une question de timing !
  • Comment le secteur agricole et le secteur touristique vont-ils soutenir la croissance pour cette année ?
  • Savez vous que 70% de la production agricole ne suit pas la voie légale ?
  • Savez-vous que le nombre de touristes est en baisse de 1,6% par rapport à 2012 et de 10% par rapport à 2010 jusqu’à février 2013 ?
  • Est-ce que vous êtes conscient que pour la 1ère fois de l’histoire de la Tunisie Moderne, l’endettement public dépasse les investissements publics ? de 2.9 Milliards  de Dinars en plus !

Merci pour votre effort de communication, Mr. Le gouverneur, mais au nom de l’intelligence de ce peuple nous sollicitons quand même des précisions plus approfondies…