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Finalement, la journée mondiale de la liberté de la presse se termine sur une note positive. Dix-sept mois après sa promulgation le décret-loi 116 va enfin être mis en application. En effet, la présidence de la République vient d’annoncer la composition de la HAICA, dont Nouri Lejmi, professeur universitaire à l’IPSI, prend la tête.

C’est au cours d’une cérémonie au Palais de Carthage, en l’honneur de la journée mondiale de la liberté de la presse, que le président de la République a annoncé la mise en place de la HAICA. Après de nombreuses promesses non tenues les sceptiques étaient nombreux. Pourtant, cette fois, ça y est; la régulation de la communication audiovisuelle va enfin commencer.

Voici la liste des membres, dévoilée aujourd’hui :

Nouri Lejmi
Hichem Snoussi
Rachida Naifer
Radhia Saidi
Habib Belaid
Raja Chaouechi
Mohssen Riahi
Riadh Ferjani

Pour Larbi Chouikha, ancien membre de l’INRIC, la mise en place de la HAICA est une bonne chose : « C’est un événement ! Après 28 semaines d’attente, car la décision de l’activation du décret-loi 116 a été prise le 17 octobre 2012, après la gréve générale des médias. » Presque sept mois d’attente donc entre la première déclaration de la présidence et la mise en pratique.

Une mise en route doublement intéressante pour Larbi Chouikha :

Cela va nous permettre d’avoir une lecture de la réalité du paysage audiovisuel : j’aimerais savoir quelle chaîne diffuse avec autorisation, quelle chaîne diffuse sans autorisation, lesquelles ne se conforment pas au cahier des charges et aux lois… Grâce à la HAICA, nous allons avoir une lecture qui colle à la réalité de ce secteur audiovisuel et mettre en avant l’aspect de la transparence, car un média c’est une maison de verre et la HAICA doit nous garantir cette notion de maison de verre. Chaque chaîne de télévision ou radio privée doit rendre public ses financements au nom de la transparence. Autre aspect : la HAICA doit définir de façon la plus claire possible les missions de service public des chaînes de médias publics : il y a le droit à ce que les régions soient représentées, à ce que les jeunes aient une place, le fait de valoriser des goûts culturels minoritaires…

Larbi Chouikha

Dans ses missions, la HAICA doit également s’assurer que les campagnes électorales sont faites de manière équitable dans les médias. Pour remplir ses missions, elle doit donc bénéficier de tous les moyens pour pouvoir agir de manière indépendante. « Et surtout, souligne Larbi Chouikha, elle doit réussir à s’imposer par sa crédibilité. Or elle part avec un handicap du fait du délai d’attente avant sa mise en place. »

Les pourparlers pour la composition ont été longs. C’est finalement Nouri Lejmi, un professeur universitaire de l’IPSI qui en prend la présidence. M. Chouikha estime que son collègue et ami est «  quelqu’un qui a les compétences mais a qui il faut garantir les moyens afin qu’il puisse travailler et être ferme dans les décisions qu’il va prendre. »

Il estime également que les membres choisis ont la compétence et la qualité requise mais qu’il faudra, à eux aussi, donner les moyens d’agir. D’autre part, il explique que la HAICA ne peut cependant agir seule : «  il y a aussi un rôle de la société civile. Nous devons donc être vigilants de manière à ce que ce paysage audiovisuel reflète vraiment cette volonté d’asseoir des médias démocratiques. »