C’est avec fierté que les Tunisiens ont accueilli la palme d’or décernée à Abdellatif Kechiche pour son film La Vie d’Adèle au dernier festival de Cannes. Or le sujet du film qui suit l’histoire d’amour de deux jeunes lesbiennes ne fait pas l’unanimité et génère même des questions sur l’autorisation du film dans les salles tunisiennes. Or, bien d’autres films tunisiens ont déjà traité de l’homosexualité.
A peine la palme d’or annoncée dimanche 26 mai pour le réalisateur franco-tunisien que le film suscite déjà des critiques dans son pays natal. La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche né à Tunis et ayant grandi en France traite d’un sujet tabou en Tunisie, l’homosexualité.
Réactions prudentes sur un thème tabou
Selon le Code pénal tunisien, «la sodomie» est punie par la loi et condamne toute personne qui s’y livre à trois ans de prison selon l’article 230. Rien n’est évoqué sur les relations entre deux femmes. Il n’existe ainsi pas directement de législation visant les homosexuels en Tunisie qui forment malgré tout une communauté minoritaire. Or, le sujet reste un tabou dans la société tunisienne. L’homosexualité étant prohibé dans l’Islam, certains membres du gouvernement islamiste n’ont pas manqué d’exprimer leur opinion sur ce sujet comme le Ministre des droits de l’homme, Samir Dilou, qui a déclaré sur un plateau télévisé que l’homosexualité était une «perversion sexuelle» et une «maladie mentale» en février 2012. Rappelons également qu’en septembre 2012, le ministre a également rejeté parmi les recommandations de l’ONU lors du Conseil des droits de l’homme, celle sur la dépénalisation de l’homosexualité. Plus récemment, un homme politique, Mounir Baaâtour a comparu devant le juge d’instruction pour flagrant délit de «sodomie». Le juge a émis début avril un mandat d’arrêt contre lui. Aujourd’hui, c’est le Ministère de la culture qui a montré une certaine gêne dans une réaction sur la radio Kalima à propos du film La vie d’Adèle.
Le directeur général du cinéma au ministère de la Culture Fethi Kharrat a exprimé des réserves en disant que le film «s’adresse à un environnement particulier et qui peut provoquer certains réserves au sein du public tunisien.»
Le réalisateur tunisien a pourtant rendu hommage à la Tunisie dans son discours de remerciement.
Il a salué la «jeunesse tunisienne et des jeunes qui ont fait la révolution pour réaliser leur aspiration » et les a incités à « vivre, à s’exprimer et à s’aimer librement. » Les commentaires n’ont pas manqué sur les réseaux sociaux tunisiens.
Pour d’autres, il s’agirait d’une vraie et authentique relance du tourisme tunisien comme le souligne aussi la journaliste Samira Dami dans le journal La Presse qui commente les applaudissements et les 5000 journalistes accrédités à Cannes lors de la cérémonie de clôture:
«Cela vaut des milliers de fois mieux que les dizaines de milliards dépensés pour la promotion du tourisme. Un coup de pub artistique sans pareil».
La plus belle publicité pour la #Tunisie s’appelle #kechiche #Cannes2013
— Emna Ben Achour (@EmnaBA) 26 mai 2013
Ferid Boughedir, journaliste à Jeune Afrique dresse de son côté un portrait dithyrambique du réalisateur, qu’il qualifie «d’écorché vif perfectionniste ».Le quotidien le Temps, considère que Kechiche a accédé via ce film au rang des «grands cinéastes».
Un thème déjà abordé par les cinéastes tunisiens
Le cinéma tunisien n’a pas attendu Kechiche pour parler sexualité et homosexualité, d’ailleurs il parle trop souvent de ça. #Tunisie
— Oueld Ifriqiya (@Khamousss) 27 mai 2013
Or du côté du journal électronique Mag 14, le ton est bien plus sévère avec un titre explicite « Le cinéma tunisien frappe sous la ceinture ». Le journaliste questionne la représentativité de la culture tunisienne dans le film d’Abdelatif Kechiche. Mais l’article s’oriente ensuite sur «l’obsession» des cinéastes tunisiens à traiter de la sexualité. Il évoque le film Bezness de Nouri Bouzid ou encore l’Homme de cendres et le film le fil de Mehdi ben Attia. Il omet de parler de la sitcom Chouffi Hall où l’humoriste Lotfi Abdelli joue le rôle d’un homosexuel. L’article conclue sur le fait que ce cinéma reste «déconnecté» des réalités tunisiennes. Certains ont en effet critiqué le fait qu’il n’y ait de tunisien dans le film que la nationalité de son réalisateur, la production étant entièrement française.
La Tunisie prend la palme mais vous laisse le film.#Tunisie
— Salem Tunis (@Salem_Tunis) 26 mai 2013
Le film de Kechiche est un film de Culture française oui. Quel mal y a t il à le dire? #Tunisie
— Oueld Ifriqiya (@Khamousss) 27 mai 2013
Réactions politiques
Mais plus loin que le débat cinématographique, c’est le débat de société qui semble refaire surface notamment avec le doute sur la sortie en salles du film. Les politiques s’invitent ainsi dans la discussion. Néjib Chebbi, député Al Joumouhri félicite ainsi le cinéaste sur sa page Facebook « j’espère que les tunisiens, tous les tunisiens, par delà leurs clivages idéologiques, y voient la consécration de l’Art et un hommage rendu à la jeunesse et à la révolution tunisiennes ». Quant à Karima Souid, député Al Massar, elle a décclaré être fière d’être binationale en clin d’œil à la double nationalité du réalisateur. Sélim Abdesselem député Al Massar craint cependant que le film ne sorte directement en DVD par peur d’un « nouveau Persépolis ». C’est aussi l’avis de la réalisatrice Salma Baccar, également députée à l’ANC qui craint que le “contexte actuel de répression des libertés individuelles” et de “fausses polémiques” n’enlève au film ses chances d’être diffusé dans les salles tunisiennes.
“J’espère que le ministre de la Culture ne se contredira pas. S’il a dit être fier de cette palme octroyée à un Tunisien, il faut qu’il lui donne les moyens d’être vu par les Tunisiens. Il faut que nous puissions le voir et en débattre et non pas que sa diffusion débouche sur des violences comme dans le cas de Persépolis et du film de Nadia El Fani.”
Le parti islamiste Ennahdha est pour sa part resté silencieux. Le ministre de la Culture a quant à lui, rectifié le tir, en publiant un communiqué de félicitations à l’égard d’Abdellatif Kechiche, plus tard dans la matinée.
Mis à part le sujet traité, certaines scènes de sexe pourraient également gêner le public tunisien. Mais comme le souligne le site de la radio France info, la Tunisie ne serait pas le seul pays dans ce cas. Le film d’Abdellatif Kechiche pourrait être également interdit aux moins de 17 ans aux Etats-Unis.
sexe/nudité/homosexualité sont l’apanage du cinéma en #Tunisie depuis toujours, je comprends pas l’émoi suscité par #AminaFemen et #Kechiche
— Amine Babacheikh (@Amine_bbc) 27 mai 2013
Congratulation Adel.
we applaud excellence irrespective of source or the subject it treats.
Adel is tunisia’s son and that makes it all the sweeter.
well done adel.
bravo pour la Tunisie de la liberté et de l’excellence et tant pis pour les mentalités sclérosées
غريب أمرهم التوانسة وأغرب منهم السياسيون….قاعات السينما مهجورة و-presque الكل تسكرت وأجزم انو أكثر من 99 في المية منهم ما حط المؤخرة متاعو على كرسي في صالة سينما وها الفيلم إمتاع كشيش ما تفرج فيه حد حتى واحد ما يعرف تاريخ كشيش وأفلامو السابقة والكلهم توا يتشبرشوا ويحكييوا على مهرجان كان والسعفة الذهبية:
– للناس الفرحانة بكشيش : راهو إلي جابو ماهوش بفضلكم، والفيلم متاعو ما هوش تونسي،راهو إلي جابو ماهوش بفضلكم، لأنو التوانسة ما تستعرفش بالسينما وهاو نهبط خطاركان واحد فيكم باش يولي يمشي يتفرج في السينما من هنا ولغادي خاطر فرنسي من أصل تونسي ربح في كان.
– للمستنكرين وخاصة جماعة السياسة: يزييو من الكذب على رواحكم آش تفهموا فيها السينما وآش كانت تعنيلكم؟
A part ça ما نحبش نكسر راسي في حوارات فارغة ونتبع الرويق إلي قام وإلي باش يقوم حول الفيلم من أصله.
http://othelloettounsi.canalblog.com/archives/2013/05/28/27272364.html
@fils de carthage
il y alontemps que mon anglais s’est évaporé.je voulais juste vous signaler,en Français,que adèle est un prénom féminin comme celui de la fille de “Victor Hugo”.et non masculin comme chez nous en Tunisie.
thanks anne for the correction.
i thought of adele is a compacting or shortening of abdellatif.
there u go:how wrong man can be.
maybe it is my isolation i on a tropical pacific island north of australia
which made lose touch with the world there n everywhere.
kindest of regards to u from my part.
Merci @EmnaBA…, Avec l’incroyable publicité que Abdellatif vient de faire pour la Tunisie, si demain Ennahdha et ses chiens enragés de salafistes venaient à disparaitre, on verrait 12 millions de touristes arriver en Tunisie. C’est dire que notre misère est le résultat de nos propres méfaits : d’avoir voté en Octobre 2011 pour les fanatiques du Moyen Age.
J’aurais juré avoir mis un commentaire ici.. Commentaire sans injures ni autre hors sujet.. Nawaat adopte une nouvelle politique on dirait.. Allez bonne continuation et sans rancune! ^_^
Oh pardon c’était sur un autre article sur le même sujet! Vous pouvez effacer mes deux commentaires ici. :)
الجهل مصيبة.ومن أعجبه الفيلم لقد أعجبته نفسه الأمارة بالسوء.نسأل الله العافية