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Après l’assassinat du député Mohamed Brahmi, des partis d’opposition se sont immédiatement réunis pour demander la dissolution de l’ANC et du gouvernement. Un groupe de 42 députés a alors annoncé le gel de ses activités au sein de l’ANC. Si ils sont 73 à adopter cette posture le quorum ne sera plus atteint à l’Assemblée et plus aucune décision ne pourra être prise. Depuis le lancement de cette action, la bataille autour du nombre de députés ayant gelé leur activité bat son plein. Les chiffres divergent, les rumeurs sur les noms d’élus bloquant leur activité circulent. Difficile d’y voir clair. En réalité, la seule liste fiable et mise à jour régulièrement est celle de Marsad.

La liste de Marsad recense 60 députés

Il y a une semaine, le vendredi 26 juillet, 42 députés organisaient une conférence de presse pour annoncer le gel leur activité au sein de l’Assemblée. Ils s’assuraient ainsi de ne pas être remplacés et de bloquer le travail de l’ANC.

Le soir même, Marsad récupérait la liste des élus et vérifiait sa justesse, explique Ghada Louichi, en charge de Marsad. Le lendemain, une nouvelle liste d’une dizaine de noms s’ajoutait à la première. Depuis, à chaque nouvelle déclaration et à chaque mention d’un nom d’élu dans les médias, Marsad vérifie directement avec le député concerné la véracité du désistement.

La seule liste de noms fiable est donc celle que Marsad met en ligne sur son site, explique Karima Souid, députée du parti Massar et assesseur du président de l’ANC chargée de la communication, sur sa page Facebook :

Bonsoir, suite aux polémiques et intox, je vous prie de trouver ci-dessous la liste des élu(es) qui se retirent de l Anc, que je considère moi même comme officielle, et que Marsad.tn a publié après vérification auprès de ceux ci. Ils sont actuellement au nombre de 60.
Les élus qui ont fait leurs déclarations aux médias ( preuves à l appui et qui ensuite démentent leur retrait, ne figurent pas sur cette liste ).

http://t.co/EKKG6b8Ihi

Guerre des chiffres

Malgré cette liste, une guerre des chiffres est en train d’avoir lieu. Les jours qui ont suivi la conférence de presse, des députés du groupe des démissionnaires ont par exemple déclaré que 65 élus avaient gelé leur activité. Le gonflement des chiffres viendrait d’un manque d’organisation et du désistement de certains députés.

Hier, la chaine de télévision Al-Moutawasset, proche du parti Ennahdha, rapportait que 47 députés s’étaient retirés. Un chiffre que le compte Twitter du parti Ennahdha s’est empressé de reprendre et de diffuser :

 

La désinformation bat son plein avec l’utilisation de la photo de la députée Hasna Marsit, présentée comme non-démissionnaire, alors qu’elle l’est :

 

La députée, contactée par téléphone, dément la publication et s’étonne :

Quelques députés et moi-même avons eu une réunion avec Ennahdha pour parler de la situation, mais en aucun cas je n’ai changé d’avis. Ennahdha sait que je me suis retirée, mais ils ont tout de même mis ma photo pour faire croire que je ne l’avais pas fait.

Karima Souid n’est pas étonnée de ce type de comportement :

Le parti Ennahdha a des moyens financiers que nous n’avons pas et de nombreux community managers pour faire ce type de communication. La désinformation et les intox sont leur crédo. On le voit même chez leurs élus, qui mentent ouvertement dans les médias.

Seuls les députés pour la dissolution de l’ANC et du gouvernement semblent pris en compte par Ennahdha

Ennahdha jouerait sur les déclarations des députés et ne prendrait en compte que les élus qui sont pour la dissolution de l’ANC et du gouvernement, faisant fi par exemple de ceux qui bloquent leur activité mais ne veulent pas de la dissolution du gouvernement.

Par ailleurs, les déclarations de certains députés, annonçant dans les médias geler leur activité mais revenant sur leurs dires, ne fait qu’ajouter à la confusion. Selon Karima Souid, certains élus seraient en fait victimes de pressions de la part de la Troïka.

La bataille des chiffres permet à Ennahdha de minimiser le mouvement, qui pose pourtant déjà problème. De son côté, le bloc des démissionnaires cherche à gagner du poids pour continuer à rallier plus d’élus et s’assurer que l’opinion publique lui reste favorable.

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