Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

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Le présent texte est une traduction de l’article “The Grand Scam : Spinning Egypt’s Military Coup” de Esam AL-Amin*, paru le 19 juillet 2013 sur le site CounterPunch. Traduit pour Nawaat par Anonymous.

Chaque coup d’Etat dans l’histoire commence par un général de l’armée annonçant le renversement et l’arrestation du leader du pays, la suspension de la constitution et la dissolution de l’organe législatif. Si les gens résistent, cela dégénère en bain de sang. L’Egypte n’est pas une exception.

Alors que la poussière qui s’installe retombe et que le brouillard se dissipe au dessus de l’Egypte, dévoilant ainsi les événements, la scène politique devient beaucoup plus claire. Indépendamment de la façon dont chacun voit la situation, la bataille politique et idéologique qui avait fait rage pendant plus d’une année entre les partis islamistes et les partis libéraux et laïcs a été tranchée en raison d’un facteur décisif et simple : une intervention militaire par les généraux de l’Egypte au nom de ces derniers.

Comme je l’ai déjà avancé dans mes précédents articles, il n’y a aucun doute que le président Mohamed Morsi et la confrérie des Frères musulmans ont fait de mauvais calculs politiques et ont commis de nombreuses erreurs, particulièrement en ignorant les revendications de plusieurs groupes de jeunes révolutionnaires et en abandonnant leurs premiers partenaires de l’opposition. Ils se sont souvent comportés de façon naïve et arrogante. Mais dans n’importe quelle société civilisée et démocratique, le prix de l’incompétence ou du narcissisme est sanctionné politiquement par les urnes.

Élections et obstructionnisme : les élections importent-elles ?

Frustrée, l’opposition libérale et laïque a échoué maintes fois à gagner la confiance du peuple dans la mesure où l’électorat égyptien a exercé son libre arbitre lorsque des dizaines de millions d’Egyptiens sont allés aux urnes six fois en deux ans. Un mois plus tôt, en mars 2011, juste après le renversement du régime Moubarak, les Egyptiens ont voté par 77 % pour un référendum, préférant les islamistes qui ont mis en place la future feuille de route politique. Entre novembre 2011 et janvier 2012, ils ont voté pour les partis islamistes à une majorité écrasante dans la Chambre basse (73 %) et la Chambre haute (80 %) du Parlement. En juin 2012, pour la première fois de leur histoire, le candidat civil des Frères musulmans était élu, mais de justesse, en tant que président dans des élections libres et équitables. Enfin, en décembre dernier le peuple égyptien a ratifié par une majorité de 64 % la nouvelle constitution du pays. Les prochaines élections législatives étaient prévues pour cet été si la Cour suprême constitutionnelle (CSC) nommée par Moubarak n’était pas intervenue encore une fois pour invalider les nouvelles lois électorales.

Du point de vue des Frères musulmans et de leurs alliés islamistes, la CSC a joué un rôle d’obstruction tout au long de ce processus. A leur grande consternation, en juin 2012, le tribunal a dissous la Chambre basse du Parlement dans les quatre mois suivant son élection pour des raisons techniques. La CSC avait également pour objectif de dissoudre la Chambre haute du Parlement, ainsi que l’Assemblée constituante constitutionnelle (CCA) — l’organisme chargé de rédiger la nouvelle constitution — quelques jours avant qu’elle ne finisse son travail. Ceci força Morsi à intervenir et à émettre son malheureux décret constitutionnel, le 22 novembre 2012, afin de protéger la CCA de l’annulation judiciaire. Dans une tentative pour forcer sa dissolution, tous les membres laïques de la CCA ont démissionné en masse, bien que sa formation et les conditions de ce processus ont été convenus à l’avance, comme en témoigne les déclarations d’un membre de l’opposition en avril 2012.

Toutefois, la déclaration de Morsi s’est avérée être un moment décisif qui a galvanisé l’opposition qui, de façon prévisible, l’accusa d’une prise de pouvoir autoritaire. En réponse, Morsi a fait valoir que son décret était nécessaire afin de construire les institutions démocratiques de l’État qui étaient en train d’être démantelées par la CSC, unes par unes. Sous une pression publique immense, il fit marche arrière et annula le décret trois semaines après, mais seulement après avoir veillé à ce que la nouvelle constitution soit soumise à un référendum.

Après une campagne publique vigoureuse de l’opposition pour rejeter la constitution, elle a été approuvée par le peuple par près de deux pour un. La prochaine étape constitutionnelle aurait dû être l’organisation d’élections législatives dans les soixante jours. Mais bien que les lois électorales fussent les mêmes que celles convenues par toutes les parties lors des élections de 2012, l’opposition s’est plainte du fait que les lois favorisaient les partis islamistes et a menacé de boycotter les élections. En quatre mois, la CSC a rejeté et arrêté à deux reprises les élections pour des raisons techniques, ce qui a confirmé davantage la perception aux yeux des islamistes que la Cour suprême constitutionnelle nommée par Moubarak continuait à contrecarrer les institutions démocratiques naissantes du pays.

Amis étranges : la trinité non sainte des Emirats du Golfe, des foulouls et de l’opposition laïque en Egypte

Le 22 avril 2011, le prince héritier Mohammed Bin Zayed des EAU a ramené ses services de renseignements et responsables de la sécurité pour rencontrer le roi Abdallah d’Arabie saoudite pour discuter des répercussions du printemps arabe. Bin Zayed a averti que si les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) ne développaient pas une politique volontariste d’anticipation de la vague de soulèvements populaires qui balayaient le monde arabe à l’époque, aucun des monarques de la région n’allait survivre. Trois semaines plus tard, lors d’une réunion d’urgence au sommet à Riyad, il a délivré le même message à tous les chefs d’État du CCG. Tandis que le Qatar est resté indifférent à son message, les cinq autres pays se sont montrés réceptifs. Bin Zayed et le prince Bandar Bin Sultan, le chef du renseignement saoudien, ont été chargés de présenter un plan efficace pour contrer le phénomène du printemps arabe dans la région. Par la suite, le roi Abdallah a sollicité et obtenu l’aide du roi Abdallah II de Jordanie pour se joindre à cet effort tandis que le Qatar a été exclu de toutes les réunions futures.

Pendant des décennies, les Emirats arabes unis avaient été très proches de Moubarak et de ses acolytes. Des milliards de dollars de biens mal acquis pillés dans le pays ont été déposés dans des banques à Abu Dhabi et à Dubaï. Après le renversement de Moubarak, des dizaines de responsables de la sécurité et hommes d’affaires corrompus ont tranquillement quitté l’Egypte et se sont installés aux Emirats. Lorsque le dernier Premier ministre de Moubarak, Ahmad Shafiq, a perdu les élections présidentielles contre Morsi en juin 2012, il s’est également installé aux Emirats arabes unis. À l’automne de 2012, il est devenu évident que les EAU ont organisé un réseau de personnes qui complotaient sur le renversement de Morsi et des Frères musulmans.

Au bout de quelques semaines après la formation du nouveau gouvernement, Ahmad Shafiq et le défenseur et porte-parole de son parti politique, Mohammad Abu Hamid, ont annoncé le 21 août 2012, l’aboutissement de quinze demandes dont l’objectif est de renverser les « Frères musulmans ou le gouvernement des Frères ». Il a mis en garde contre la « frérisation » de l’État, à savoir la nomination de membres des Frères musulmans à des postes stratégiques et cruciaux, et leur reproche le manque de fourniture de services de base à la population. Abu Hamid a également appelé à des manifestations massives à la place Tahrir accusant ainsi Morsi de prise de pouvoir, de dictature et d’ingérence dans les tribunaux, bien avant que le président ait publié son malheureux décret constitutionnel trois mois plus tard. Il a en outre demandé l’interdiction des Frères musulmans et de leur filiale politique, ainsi que l’arrestation de ses dirigeants, qu’il a accusés de trahison. Toutes ses demandes sont ensuite devenues les points de discussion de tous les partis de l’opposition et des médias anti-Morsi.

Même si Morsi a pris les rênes du pouvoir dans le pays et a été en mesure de forcer le départ à la retraite des généraux de l’armée les plus anciens début août, son autorité était faible. Au lieu de purger les éléments les plus enracinés des centres de pouvoirs de Moubarak, à savoir l’armée, les services de renseignement, les services de sécurité et la police, il a cru naïvement qu’il pouvait les apaiser. Il a été berné en pensant qu’il avait gagné leur loyauté. En fait, ces agences, ainsi que le pouvoir judiciaire, les médias séculiers publics et privés, ainsi que la plupart de la bureaucratie, représentaient les intérêts de l’ « Etat profond », un réseaux vieux de plusieurs décennies de corruption et d’intérêts particuliers ancrés dans les institutions de l’État.

Une corruption qui a proliféré pendant les jours de Moubarak qui apaisait chaque segment critique de la société, comme la justice ou la police, par la distribution de vastes parcelles de terres à des prix extrêmement réduits à ces électeurs, qui à leur tour les revendaient au public pour des millions de livres. Par exemple, lorsque Ahmed Shafiq était responsable de l’Association des pilotes militaires dans les années 1990, il a vendu aux fils de Moubarak plus de 40 000 acres de terres dans le delta du Nil pour un dollar l’acre, tandis que la valeur réelle pour chaque acre était de dizaines de milliers de dollars. Cette vente a ensuite été appelée le « scandale des terres des pilotes » ; après avoir été exposée l’année dernière, Shafiq a été accusé de détournement de fonds publics et de corruption dans le cadre du scandale. Mais malgré les preuves accablantes, le système judiciaire corrompu innocenta au début de cette année Shafiq de tout acte répréhensible.

Lentement mais sûrement, les vestiges du régime Moubarak et des hommes d’affaires corrompus, mieux connus sous le nom de foulouls, se sont regroupés et ont fusionné autour des éléments de l’Etat profond. Pendant ce temps, l’opposition laïque, qui était en plein désarroi, forma pour la première fois un mouvement uni du nom de Front de salut national (FSN) après que Morsi ait publié son décret à la fin novembre. Il comprenait la plupart des candidats à la présidentielle qui ont échoué et plusieurs dizaines de partis laïcs, qui, ensemble, n’ont pas reçu plus de 25 % des voix lors des élections législatives. Ses dirigeants comprennent Amr Moussa, Hamdein Sabbahi, Elsayed Albadawi, Mohammad Abul Ghar, et le milliardaire Naguib Sawiris. Le Front de salut national choisit l’ancien chef de l’AIEA, Mohammed El Baradei, pour être son porte-parole.

En novembre 2012, le prince Bandar a présenté deux plans détaillés pour les Américains à travers la CIA. Le plan A était un complot pour renverser rapidement Morsi au début du mois de décembre alors que plan B est un plan à long terme qui comportait deux pistes. Une piste comprenait une série de protestations et de déstabilisations qui aboutirait à l’éviction de Morsi, tandis qu’une autre piste incluait l’union de l’opposition pour former une coalition pour défaire les Frères musulmans par les urnes si la première piste échouait. Alors que la CIA était parfaitement au courant du plan, elle ne l’a ni approuvé ni refusé dans la mesure où l’administration Obama, jouant sur les deux bords, poursuivait également le dialogue avec le gouvernement Morsi.

Le plan visant à renverser les Frères musulmans a été construit autour d’un complot visant à assassiner Morsi dans sa résidence le 5 décembre. Cependant, il a été révélé par un fidèle de niveau intermédiaire de la garde présidentielle quelques heures avant qu’il ne devait avoir lieu. Avec l’aide des Frères musulmans, Morsi réussit à déjouer le complot, mais il refusa d’exposer ou de discuter publiquement de cela.

En mars 2013, le chef du FSN, El Baradei, a rencontré Shafiq et Bin Zayed aux Émirats arabes unis. Ils ont tous convenu que la seule façon de déloger Morsi et les Frères musulmans du pouvoir étaient de saper leur autorité et de jouer sur la déstabilisation du pays à l’intérieur et de convaincre les gouvernements occidentaux, notamment les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, de soutenir un coup d’État militaire. Selon un récent rapport du WSJ, une série de réunions a eu lieu à la Naval Officers Club entre officiers supérieurs militaires, des représentants des foulouls y compris l’avocat du milliardaire et copain de Moubarak, Ahmed Ezz, l’architecte des élections législatives frauduleuses de 2010, et les leaders de l’opposition, y compris El Baradei. Selon ce rapport, qui n’a été ni nié ni réfuté par aucune partie, les généraux de l’armée ont dit à l’opposition qu’ils ne feraient rien pour évincer Morsi, à moins que des millions de personnes ne descendent dans les rues de leur côté.

Le complot s’alourdit

Alors que l’opposition a envoyé des messages contradictoires quant à savoir si oui ou non elle participerait aux prochaines élections législatives, les Frères musulmans et leurs alliés islamistes se préparaient pour les contestations imminentes. Pendant ce temps, la plupart des jeunes et des groupes révolutionnaires, fer de lance du soulèvement de 2011, ont été frustrés par la scène politique : un régime qui a ignoré leurs revendications et une opposition inefficace penchant pour l’obstructionnisme. Soudain, un nouveau mouvement de la jeunesse s’est imposé à la fin avril 2013. Ses premiers leaders obscurs l’ont appelé Tamarrod ou rébellion. La raison première invoquée pour lancer le mouvement était de recueillir 15 millions de signatures auprès du public, un million de plus que ce qu’a reçu Morsi lors des présidentielles, pour réclamer des élections présidentielles anticipées.

Les groupes d’opposition ont immédiatement embrassé Tamarrod et ont promis de les aider à atteindre leur objectif. L’homme d’affaires milliardaire et très critique des Frères musulmans, Sawiris, a revendiqué début juillet avoir donné des millions de dollars de publicité et de soutien au groupe. En outre, la machine de l’ancien Parti national démocratique (NPD), le parti politique de Moubarak, était en plein élan ; beaucoup de ses anciens fonctionnaires ont conduit les efforts nécessaires pour fournir les ressources nécessaires à la collecte de signatures dans toute l’Egypte. Pendant ce temps, les médias privés ont commencé une campagne de dénigrement vicieuse contre Morsi et les Frères musulmans. Depuis plusieurs mois, plus d’une douzaine de chaînes satellitaires ont été consacrées à la diabolisation de Morsi et de son groupe. Les Frères musulmans ont été accusés de tous les crimes et blâmés pour chaque problème auquel le pays était confronté. Parfois, même les médias publics, qui sont censés être neutres, se sont joints à cette campagne. En outre, la chaîne satellitaire pan-arabe, financée par l’Arabie, et dont le siège est aux Emirats Arabes Unis, Al-Arabiya, a rejoint la campagne en promouvant plusieurs activités de Tamarrod et en laissant place aux figures de l’opposition. Dans un cas, un présentateur célèbre a été enregistré par inadvertance, tenant un papier avec les réponses à ses questions alors qu’il interviewait un porte-parole de Tamarrod.

Étonnamment, non seulement les FM était mal équipés pour faire face à cette propagande de guerre, mais à leur détriment, ils ne l’ont pas prise au sérieux. Même lorsque leurs alliés islamistes ont averti la direction des Frères musulmans de la possibilité imminente d’un renversement une semaine avant que Morsi ne soit renversé, ils ont dédaigneusement répondu que « ils (l’opposition) avaient déjà eu vingt-cinq manifestations faibles, et celle-ci ne serait tout simplement que leur vingt-sixième ».

Il y a deux principales raisons pour lesquelles Morsi et les Frères musulmans n’étaient pas préoccupés par les manifestations imminentes. Tout d’abord, le chef de l’armée le général Abdel Fattah Sissi a assuré à plusieurs reprises à Morsi que l’armée ne renverserait pas le gouvernement et resterait fidèle au processus démocratique. Même quand Sissi a publié un compromis une semaine avant la date fatidique du 30 juin, il a dit au président qu’il n’avait rien à craindre et qu’il devait émettre cet avertissement afin de calmer certains de ses généraux militaires. La deuxième raison est que Morsi et les Frères musulmans ont été régulièrement assurés par l’ambassadrice américaine, Anne Patterson, que les États-Unis ne soutiendraient pas un mouvement mené par les militaires pour destituer un président démocratiquement élu.

Pendant ce temps, M. El Baradei a été pleinement engagé à contacter les dirigeants du monde pour les convaincre que la seule façon de s’en sortir pour l’Égypte était le renversement de Morsi. Début juillet, il a fièrement admis: « J’ai largement parlé avec deux d’entre eux (Obama et Kerry) et j’ai essayé de les convaincre de la nécessité de déposer Morsi ». En outre, les dirigeants de l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït ont pressé les Etats-Unis de soutenir l’intervention militaire imminente en Egypte. Ironie du sort, en mai et juin, les dirigeants occidentaux, y compris Obama et Kerry, faisaient pression sur Morsi et les dirigeants des Frères musulmans afin de nommer M. El Baradei comme Premier Ministre alors que ce dernier plaidait pour le renversement de Morsi.

Dans le cadre de la campagne de diabolisation pour convaincre l’Occident que la popularité des Frères musulmans diminuait, l’Arab American Institute (AAI) à Washington DC a été mandaté pour mener un sondage sur la baisse de popularité de Morsi et des Frères musulmans. Le président de l’AAI et laquais des EAU, James Zogby, a appelé à une conférence de presse le 28 juin pour annoncer que « Morsi dirige un gouvernement minoritaire dont le soutien public est désormais limité à son propre parti », et que « les Egyptiens ont perdu confiance dans le président Morsi et la capacité des Frères musulmans à gouverner ». Il a prédit que « des millions d’Egyptiens manifesteraient dans les rues contre Morsi et le gouvernement des FM ». Personne dans la conférence de presse n’a pris la peine de demander qui a réellement commandité et payé pour l’enquête qui prétendait interroger plus de cinq mille personnes à travers l’Egypte.

Déballage de mensonges

Toutes les démocraties font cela : l’Amérique, la France, l’Argentine, le Brésil

À la mi-juin, la campagne était pleinement en vigueur. Beaucoup de professeurs de sciences politiques et d’intellectuels de l’opposition, y compris Waheed Abdelmagid et Hasan Naf’ah, ainsi que des professeurs de droit constitutionnel comme Noor Farahat et Husam Issa, argumentaient à travers plusieurs réseaux de télévision que l’appel à « une élection présidentielle anticipée » n’était pas seulement un mécanisme accepté et disponible dans toutes les démocraties, mais qu’il avait été utilisé de nombreuses fois auparavant. A titre d’exemple, ils ont cité la démission de Nixon en 1974, Charles de Gaulle en France en 1969, Raúl Alfonsín en Argentine en 1989, et Fernando Collor de Mello au Brésil en 1992.

La malhonnêteté intellectuelle de ces élites libérales est épouvantable, car aucun des exemples cités n’étaient des appels réels pour des « élections présidentielles anticipées », sans parler de la destitution d’un président élu démocratiquement par un coup d’Etat militaire. Nixon a démissionné de la présidence à la veille de sa destitution par le Congrès. Gerald Ford, son vice-président a prêté serment en tant que président. Pas d’élections anticipées. De Gaulle a volontairement démissionné de la présidence après plus de 10 ans au pouvoir après avoir promis qu’il le ferait si le peuple ne suivait pas ses réformes du Sénat et des collectivités locales. Lorsque le peuple a rejeté son référendum, il a tenu sa promesse, bien qu’il n’était pas obligé de le faire selon la constitution. Après six ans de pouvoir, Alfonsín n’était même pas sur le bulletin de vote pour les élections présidentielles de 1989. Toutefois, des élections législatives et présidentielles se sont déroulées simultanément à l’été 1989. Le nouveau président devait être annoncé cinq mois plus tard, mais quand le candidat de son parti fut défait par l’opposition, Alfonsín a quitté son poste plus tôt pour permettre au nouveau président de l’opposition d’assumer le pouvoir. Pas d’élections anticipées. Après deux ans de pouvoir, De Mello a été mis en accusation par le législateur pour corruption dans une procédure constitutionnelle et a démissionné. Le fait qu’il n’existe aucun mécanisme constitutionnel dans le monde permettant une destitution par des manifestations populaires ne dérangeait pas ces figures libérales qui avaient l’intention de destituer un président librement élu par les militaires quel que soit le précédent dangereux qu’ils mettaient en place.

Le fameux auteur Alaa Al Aswani a non seulement cité quelques-uns des exemples ci-dessus comme des précédents valables pour déposer et renverser Morsi, mais il n’a pas vu l’ironie quand il a salué les militaires avec des accolades avant de terminer sa chronique hebdomadaire par sa déclaration habituelle : « La démocratie est la solution ». Il est un fait que certaines démocraties disposent d’un mécanisme constitutionnel pour révoquer un chef d’Etat. Bien qu’il n’existe pas de mécanisme pour le président américain, de nombreuses constitutions dans le monde permettent de révoquer leurs gouverneurs. En 2003, le peuple de Californie a révoqué le gouverneur Gray Davis. Mais cette révocation n’était pas le résultat de manifestations de rue ni de l’intervention de la Garde nationale. Il s’agissait plutôt d’un processus constitutionnel qui a impliqué la signature et l’authentification de millions de requêtes par la Cour suprême de l’Etat qui a autorisé le processus de révocation. Bien que la constitution égyptienne de 2012 permette la destitution du président par le Parlement, elle n’a pas permis la révocation.

Assez, c’est assez : Fin des coupures d’électricité et des pénuries de carburant

Tout au long du mois de juin, les médias ont continué leur assaut contre le gouvernement de Morsi, le blâmant de tous les maux qui affligent la société égyptienne, et cela a été intensifié par l’insistance sur trois problèmes particuliers : la détérioration de la sécurité, des pannes d’électricité fréquentes qui ont duré des heures ayant affecté non seulement des zones résidentielles, mais aussi industrielles, et des pénuries de carburant, provoquant de longues queues d’attente durant des heures aux stations-service.

L’Egypte possède 2 480 stations-service, avec environ 400 stations gérées par le gouvernement. Les 2 000 autres stations sont des propriétés privées appartenant à des magnats des affaires qui ont reçu des licences sous l’ère Moubarak parce qu’ils étaient proches du régime et étaient considérés comme très fidèles. Le gouvernement de Morsi a affirmé que chaque station avait reçu sa part et qu’il n’y avait aucune raison aux pénuries. En fait, quelques jours avant qu’il ne soit renversé, Morsi a mis en garde les propriétaires de ces stations de gaz qu’il allait révoquer leurs licences s’ils refusaient de fournir à leurs clients du carburant. Khalid Al-Shami, un jeune militant qui était dans l’opposition jusqu’au coup d’Etat militaire, a révélé le complot quand il a annoncé en public que la poignée de propriétaires privés des stations d’essence avaient conspiré pour créer la crise de la pénurie de carburant afin de provoquer le mécontentement du peuple contre Morsi. La meilleure preuve de la fabrication de ce problème de pénurie de carburant, c’est qu’il a disparu du jour au lendemain. Dès que Morsi a été renversé, il n’y avait plus de pénurie de carburant.

Quant à la détérioration du climat de sécurité et des coupures d’électricité, la conspiration était encore plus importante. Les policiers qui ont refusé de protéger des quartiers entiers sous le règne de Morsi, sont revenus en force. Les criminels et les voyous qui terrorisaient les gens dans la rue étaient de nouveau sous contrôle par le même appareil de sécurité de l’ère Moubarak, à l’exception des zones où les partisans de Morsi manifestent. Des pannes d’électricité qui ont duré des heures chaque jour dans presque tous les quartiers ont cessé du jour au lendemain. Le mystère de la résolution de ces deux problèmes insolubles a été révélé cette semaine. Sur les trente-cinq membres du cabinet sélectionnés par l’armée, huit ont été retenus dont le ministre de l’Intérieur en charge de la police et le ministre de l’Electricité. On aurait pu supposer que les premiers ministres à être limogés par le gouvernement post-coup d’État seraient au contraire ceux-là même dont le peuple s’est plaint de leur incompétence. L’opposition qui a appelé à rejeter ces ministres, les saluait et acclamait désormais leur maintien. En bref, beaucoup de fonctionnaires qui ont professé loyauté envers le malheureux président ont effectivement miné son autorité tout au long de son exercice, alors que l’opposition l’a accusé de placer des loyalistes des Frères musulmans au gouvernement.

Jeu de chiffres : Si vous dites un mensonge fort et assez longtemps, les gens finiront par le croire

Dès la deuxième semaine de juin, Tamarrod a annoncé qu’elle avait recueilli plus de 10 millions de signatures en six semaines. Dix jours plus tard, ce nombre était passé à 22 millions de signatures. Peu de temps après, le porte-parole de Tamarrod, Mahmoud Badr, a annoncé que l’objectif de la manifestation du 30 juin avait changé. Il n’était plus question d’appeler à des élections présidentielles anticipées, mais maintenant il était question d’exiger le renversement de Morsi, son remplacement par le président de la Cour constitutionnelle suprême, l’annulation de la constitution, l’interdiction des Frères musulmans, l’arrestation et le procès de ses dirigeants. Les jours qui sont suivi, les médias ont martelé le message jusqu’au jour fatidique.

Au 30 juin, chaque acteur connaissait son rôle. En milieu d’après-midi, Tamarrod a annoncé que le nombre de manifestants dans les rues étaient plus de 10 millions. Très vite, les chiffres se sont élevés à plus de 14 puis 17 puis 22 millions. Finalement, les médias ont affirmé que la manifestation du 30 juin à travers toute l’Egypte était la plus grande de toute l’histoire de l’humanité, avec pas moins de 33 millions de personnes dans les rues. Des avions militaires ont survolé ces formations pour divertir les foules dans les cieux au-dessus la place Tahrir, jetant des drapeaux égyptiens, de l’eau en bouteille et des dessins en forme de cœurs comme manifestation d’amour et d’affection pour les manifestants. L’armée a même fourni un hélicoptère militaire à Khalid Youssef, un célèbre réalisateur de cinéma connu pour son soutien à l’opposition et son hostilité aux Frères musulmans. Khalid Yousef a filmé la foule et a produit un film qui a été immédiatement diffusé non seulement dans tous les réseaux de télévision anti-Morsi à travers l’Egypte, mais aussi à la télévision d’Etat. En quelques heures, tous les médias affirmaient que les chiffres s’élevaient à des dizaines de millions de personnes avec entre 5 et 8 millions seulement sur la place. Le jour du coup d’Etat, feux d’artifice, shows, lasers et festivités étaient dans tous les écrans.

Comme je l’ai dit précédemment, il n’y a aucun doute qu’il y a eu une grande protestation et colère contre Morsi et les Frères musulmans. Mais le nombre était-il aussi élevé que celui revendiqué ? En octobre 1995, des centaines de milliers de personnes sont descendues sur le National Mall à Washington DC pour ce qui a été décrit comme la Marche des millions d’hommes, qui a rempli toute la place. Les organisateurs ont affirmé avoir atteint un million alors que la police a estimé la foule à quatre cent mille. La zone de la galerie nationale est d’environ 146 acres. Ainsi, il y avait entre 2 750 personnes (estimation de la police) et 6 750 personnes par acre (estimation des organisateurs). En d’autres termes, il y avait entre 0,7 à 1,7 personnes par mètre carré.

Au contraire, le secteur de la place Tahrir est de 12,3 acres. Amjad Almonzer, un ingénieur en communication et expert en Google Earth, l’a prouvé de façon concluante : même si toutes les rues adjacentes à la place Tahrir étaient inclues, l’espace ne devrait pas dépasser 25 acres. Même si l’on comptait quatre personnes par mètre carré et des dizaines de bâtiments environnants supprimés, il n’y aurait pas plus de 400 000 personnes ce jour-là. Si l’on retient le nombre 5 à 6 millions revendiqués par les partisans du coup d’Etat militaire, cela signifie qu’il y avait 50 à 60 personnes par mètre carré, ce qui est clairement une impossibilité physique. Même si l’on retient le chiffre de un million de personnes sur chaque pouce de la place Tahrir et des rues environnantes, cela signifie 10 personnes par mètre carré, une autre impossibilité. Même BBC a finalement remis en question ces chiffres gonflés.

Donc, au mieux, il y avait moins d’un demi-million de personnes sur la place Tahrir au sommet de la manifestation et probablement un nombre similaire à travers toute l’Egypte. Par conséquent, le choix de l’électorat égyptien a été sacrifié quand un ou deux millions de personnes ont protesté pendant un jour ou deux.

Pouvez-vous garder un secret ? Les médias Anti-Morsi l’ont épelé

Avant même qu’un seul manifestant ne soit allé sur la place Tahrir, Okaz, un quotidien saoudien, a publié en avance les détails du scénario qui s’est déroulé trois jours plus tard lorsque l’armée a renversé Morsi.

Le lendemain, Al-Ahram, le journal officiel le plus distribué de l’Egypte, a titré “démissionner ou être renversé.” Ce rapport a prédit dans les détails les plus effrayants la façon dont les événements se sont déroulés, y compris l’ultimatum militaire, le renversement de Morsi, l’arrestation des leaders des Frères musulmans et la suspension de la Constitution. A la tombée de la nuit du 3 juillet, le général Sisi a annoncé le renversement de Morsi, la suspension de la constitution, et le début d’une feuille de route politique. C’était exactement la même feuille de route que le président Morsi avait annoncé plus tôt, mais l’opposition l’a rejetée. La seule différence était son renversement.

Les Américains croisent les bras

Tout au long de la crise, l’ambassadrice américaine Patterson a joué le rôle de défenseur du processus démocratique et de la primauté du droit. Lorsque le général Sissi a publié son ultimatum au président le 1er juillet, l’administration américaine a montré son vrai visage. La conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice, a dit au conseiller en politique étrangère de Morsi, Essam al-Haddad, que c’était fini : soit Morsi démissionne soit il est renversé. Elle a indiqué qu’il devait démissionner, ce que Morsi a sommairement rejeté.

Une fois informé par Susan Rice du coup d’Etat imminent, Morsi a filmé un discours de 22 minutes sur un smartphone jurant de ne pas démissionner ni de se soumettre au coup d’Etat imminent. Ses soutiens ont rapidement envoyé par courriel le discours impromptu à ses partisans. Dans l’heure qui a suivi, il a été placé en garde à vue pour ne pas être vu ni entendu de nouveau.

Pendant ce temps, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a parlé au chef du putsch, le général Sissi, au moins cinq fois au cours de la crise. Il lui a conseillé d’annoncer la tenue d’élections dès que possible. En outre, il a assuré Sissi que l’administration américaine maintiendrait son aide militaire. Quelques jours plus tard, le secrétaire d’Etat adjoint, William Burns, s’est rendu en Egypte et a rencontré les putschistes et leurs facilitateurs civils. Pendant qu’au Caire, il a ignoré tous les faits entourant le renversement d’un président élu. En substance, son message était de soutenir le coup d’Etat et ses conséquences ; comme il le dit, « les États-Unis sont fermement engagés à aider l’Egypte à réussir dans cette deuxième chance de réaliser les objectifs de la révolution ».

Déjà en mars 2012, William Burns avait rencontré le Guide général des Frères musulmans, Mohammad Badie et son adjoint Khayrat Al-Chater. Il a proposé, si les Frères musulmans maintiennent le traité de paix avec Israël, de garantir 20 milliards de dollars de la part des pays du CCG pour aider l’économie égyptienne. Mais l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït ont refusé de fournir une quelconque aide lorsque Morsi était au pouvoir. Cependant, dans les deux jours qui ont suivi le coup d’Etat militaire, la promesse de William Burns a été remplie, mais avec les putschistes. Les dirigeants des trois pays ont félicité le général Sissi (et non le président fantoche installé par les militaires) pour avoir renversé Morsi et ont promis d’envoyer un don de 12 milliards de dollars pour aider à stabiliser l’économie.

En outre, William Burns a promis au chef du coup d’Etat que l’aide militaire américaine se poursuivra et que le prêt du FMI qui a traîné pendant plus de deux ans serait approuvé rapidement. En refusant de qualifier le renversement d’un président librement élu par un coup d’Etat de l’armée, l’administration américaine a démontré, une fois encore, que les nobles idéaux et la rhétorique ont été sacrifiés sur l’autel des intérêts nationaux de court terme.
Une des mesures pour évaluer les ramifications régionales des derniers événements est probablement la réaction d’Israël et des Palestiniens. Quand Moubarak a été renversé le 11 février 2011, les Palestiniens étaient en liesse et dansaient dans les rues, alors qu’Israël était en deuil. Mais quand Morsi a été renversé par les militaires le 3 juillet, les rôles étaient inversés.

Rappelez-vous : Droits de l’Homme ? Liberté d’expression ? Liberté de réunion ?

Au moment où les voix rassemblées derrière le général Sissi et dirigées par M. El Baradei, le grand imam d’Al-Azhar et le pape copte ont terminé leurs bénédictions pour le coup d’Etat militaire, les forces de sécurité étaient en force alors que des centaines de partisans des Frères musulmans y compris les hauts dirigeants étaient encerclés et accusés d’avoir fomenté la violence. Leurs avoirs ont été gelés et leurs immeubles saisis. Morsi a été détenu, étant donné que le procureur sous l’ère Moubarak a menacé de l’accuser de s’être “échappé de prison” quand il a été illégalement arrêté par des agents de sécurité de Moubarak le 27 janvier 2011, pendant les premiers jours de la révolution de 2011. De façon surprenante, les procureurs ont également annoncé qu’ils allaient enquêter sur le président pour « prise de contact et communication avec des corps étrangers », comme les dirigeants occidentaux durant son mandat.

Plus d’une dizaine de médias pro-Morsi, notamment les chaînes de télévision, des sites Web et des journaux ont été perquisitionnés et fermés. Le 8 juillet, l’armée a tué plus de 80 manifestants pro-Morsi et en a blessé plus de 1000 quand ils priaient et protestaient pacifiquement devant le Club de la Garde présidentielle, où Morsi était censé être détenu. Jusqu’à présent, plus de 270 personnes ont été tuées et des milliers blessées par l’armée et les forces de sécurité à travers l’Egypte.

Avec des preuves accablantes du contraire, l’armée a affirmé que ses soldats ont été attaqués. Les élites libérales et les défenseurs des droits de l’Homme ainsi que les porte-parole des médias ont fait écho aux propos des militaires et accusé les manifestants d’être proche d’une installation militaire. Cependant c’est loin d’être le cas. Bien qu’il appartienne à la Garde présidentielle, c’est un club social et sportif, où les officiers et leurs familles vont pour se divertir. Depuis le coup d’Etat militaire, le peuple égyptien a été soumis à une propagande militaire sans précédent depuis l’ère Nasser. Alors que Morsi n’a pas fermé un seul média malgré la campagne de diabolisation contre lui, tous les canaux pro-Morsi et sites web ont été fermés ou sévèrement restreints.

Deux poids, deux mesures : Non au décret de Morsi et de son procureur, mais oui à celui des militaires

L’opposition libérale a été outrée et s’est emballée quand Morsi a publié sa déclaration constitutionnelle de novembre 2012 et a limogé le procureur général corrompu nommé par Moubarak, une des revendications majeures des groupes révolutionnaires et de la jeunesse. En dépit de ses bonnes intentions pour accélérer la mise en place des institutions démocratiques qui ont été démantelées par la Cour suprême constitutionnelle, Morsi a été accusé d’autoritarisme et de vouloir mettre la main sur les institutions. Or, la plupart des libéraux et laïcs ont salué le décret constitutionnel du président fantoche qui a été installé par l’armée peu après le coup d’Etat. Je vais discuter les détails de ce décret dans un article ultérieur, mais il suffit de dire qu’il a accordé à un président choisi par les forces militaires des pouvoirs dont Morsi, le président démocratiquement élu, ne disposait pas, puisqu’une grande partie de ses pouvoirs ont été transférés au Premier ministre dans la constitution de 2012.

Par ailleurs, l’opposition libérale était en émoi lorsque Morsi avait unilatéralement nommé un procureur général à l’intégrité tellement incontestable que les juges et les procureurs corrompus l’ont harcelé et ont encerclé son bureau pendant des jours pour exiger sa démission. Pourtant, quand un nouveau procureur a également été unilatéralement nommé par le nouveau président par intérim, pas un seul juge, procureur ou chef de l’opposition ne s’y est opposé. En prenant ses fonctions, le premier ordre de ce nouveau procureur général était de geler les avoirs des dirigeants islamistes et d’ordonner leur arrestation.

S’il marche comme un canard et cancane comme un canard, vous ne devriez pas appeler cela un poulet

El Baradei, qui n’a été en rien élu, est maintenant vice-président de l’Egypte, tandis que Morsi, qui a été librement et démocratiquement élu par le peuple égyptien, est détenu et son lieu de détention est inconnu. Ces deux résultantes ont été déterminées par la volonté des généraux de l’armée et encouragés par leurs facilitateurs civils. La tromperie et le mensonge qu’on manifestés les élites libérales et laïques égyptiennes sont étonnants. Pendant des années, ils raillaient le refus des islamistes de respecter les principes démocratiques, l’État de droit, et de se soumettre à la volonté du peuple. Ils ont mis en garde contre les dictatures, les régimes militaires, et appelé à ne pas sacrifier les principes démocratiques, les droits de l’Homme, les libertés personnelles et la protection des minorités. Croire en des principes démocratiques, des droits de l’Homme et à la primauté du droit est un engagement à vie. On ne peut pas dire : « Je vais seulement avoir ces valeurs, les lundis, mardis, et mercredis. Mais pour le reste de la semaine, j’irai voir ailleurs. » C’est ce qu’on appelle l’hypocrisie.

ESAM-AL-AMIN-BookEsam Al-Amin est l’auteur de « Le réveil arabe dévoilé : Comprendre les transformations et révolutions au Moyen-Orient ». Il peut être contacté sur alamin1919@gmail.com